- Gretta Vosper : Une
relation vivante avec Dieu
- Gretta
Vosper : Une
pasteur athée
- Gretta
Vosper : Quitter sa paroisse ?
- Gretta
Vosper : Comment aider les gens à
avoir une relation vivante avec Dieu ?
- Gretta Vosper :
Pour le renouvellement de nos
Eglises
- Claudine Castelnau :
Canada,
une pasteur athée
- Un article du
pasteur Jim Burklo : Dieu c'est qui ou quoi ?
- Un article de Sir Lloyd
Geering : Être religieux au 21e siècle
- Un dossier du pasteur
néerlandais Klaas Hendrikse qui ne croyait pas en Dieu
- Jonathan
Wynne-Jones 2 % des pasteurs anglicans ne
croient pas en Dieu
- La présentation du réseau Sea
of Faith (Théologie non-réaliste)
Et ci-dessous :
Un article de soutien de Sir
Lloyd Geering
La réponse de Gretta Vosper aux
questions des autorités de son Eglise
.
Sir
Lloyd Geering
Wellington,
Nouvelle Zélande
Pour
la défense de Gretta Vosper
In Defence of Gretta Vosper
traduction
Gilles Castelnau
Je comprends que Gretta
Vosper doit comparaître prochainement
devant un comité de son Église pour s’expliquer
au sujet de ses croyances. Je ne sais pas ce
qu’elle croit mais lorsque je l’ai rencontrée
j’ai trouvé en elle une foi chrétienne féconde
comme il y en a trop peu, particulièrement en
notre temps où les idées évoluent si rapidement.
Je lui donne ici mon soutien moral et
théologique.
Il est essentiel de faire la différence entre
la foi et les croyances. La foi est une attitude
de confiance et ne devrait pas être confondue
avec l’adhésion en une série de croyances. Les
croyances évoluent et murissent au cours de la
vie. Elles changent bien davantage encore au
cours des siècles au point que bien des
croyances d’hier sont devenues des superstitions
d’aujourd’hui. Comme le dit W. Cantwell Smith
dans son excellent livre « Faith and
Belief » (foi et croyance) : « les
croyances font partie du siècle dans lequel on
vit alors que la foi est dans tous les siècles
quelque chose d’essentiel pour l’existence
humaine ». La foi est de donner son
cœur et son âme aux plus hautes valeurs que l’on
connaisse et la plus haute valeur chrétienne est
l’amour.
Il est vrai que les anciens credo chrétiens et
les grandes confessions de foi de la Réforme
protestante ont joué dans le passé un rôle
important en fournissant un fondement et en
servant d’instrument d’unification pour une Voie
chrétienne – comme on disait - en
cours de structuration. Mais ils ont eu aussi
presque immédiatement, un effet de division en
éliminant de l’Église les fidèles qui ne
pouvaient y donner leur adhésion. Ces
confessions de foi excluent aujourd'hui
davantage de gens encore et les coupent de la
vie chrétienne dans la mesure où elles ont été
composées avant Copernic, Darwin et Einstein et
n’assimilent pas l’esprit scientifique dans
lequel nous vivons et pensons. Et ce qui est
encore plus grave c’est que, comme les biblistes
en prennent désormais conscience, elles
marginalisent ou même omettent l’enseignement
originel de Jésus sur l’amour.
L’amour chrétien est une tradition vivante et
par conséquent sujette au changement et au
développement. Mais aujourd'hui le monde change
si rapidement que l’Église ne parvient plus à
suivre ce changement et à se libérer des
traditions du passé. Elle s’obstine trop souvent
à envelopper le message fondamental de l’amour
dans un habillement désuet de croyances
surnaturelles.
L’Évangile d’amour qui a été prêché depuis le
temps de Paul et aussi un message de liberté.
Son épitre aux Galates le montre bien, il
invitait ses partenaires juifs à se libérer du
légalisme qui les emprisonnait et il critiquait
fortement ceux qui voulaient le maintenir. Il en
est de même aujourd'hui où l’Évangile chrétien
d’amour et de salut devrait nous proposer de
nous libérer des croyances du passé qui nous
emprisonnent.
Depuis la période des Lumières, les hommes ont
acquis la liberté de pensée et un esprit
critique. Et depuis les gens ont commencé à se
glisser hors de l’Église dans la mesure où ils
n’admettaient plus ce que l’Église leur
demandait de croire. Le temps est passé où on
pouvait exiger des gens qu’ils admettent ceci ou
cela. La paroisse dont je suis membre,
St-Andrew’s-on-the-Terrace, se déclare
« Église ouverte ». Tout le monde y
est bienvenu sans distinction de leurs
croyances. Ce qui nous réunit tous est notre
commun attachement à la tradition chrétienne et
notre volonté de mettre en pratique ses valeurs
d’amour, de compassion et de justice sociale.
D’après ce que l’on m’a dit, je comprends que
l’Église dont Gretta est pasteur est semblable à
St Andrew’s et je pense que Gretta doit être
encouragée dans ses recherches et approuvée pour
son courage et sa créativité.
.
Gretta Vosper
Réponse aux autorités de mon
Église
traduction
Gilles Castelnau
29 juin 2016
Croyez-vous en Dieu Père,
Fils et saint Esprit ?
Réponse
Si par Dieu Père, Fils et saint Esprit vous
faite expressément référence au Dieu trinitaire
constitué de trois personnes de même essence, un
être commandant à la Terre depuis un autre lieu,
surnaturel, ayant le pouvoir d’intervenir dans
le monde naturel – arbitrairement ou selon
un dessein – en exauçant nos prières de
demande ou en influençant nos esprits et donc
aussi nos actions, ou intervenant dans le monde
naturel – qu’on l’ait ou non motivé d’une
manière ou d’une autre – afin de modifier
la météo, la santé, le gain ou la perte
d’argent, les circonstances de la naissance – y
compris de son lieu géographique – un Dieu
accordant la santé, la nourriture et l’eau, le
genre, la sexualité, les capacités
intellectuelles ou la beauté et tout ce qui
permet aux hommes de vivre leur vie
individuelle, alors non, je ne crois rien de
tout cela.
Je ne crois pas non plus en un Dieu qui
existerait au-delà de l’univers tout en le
contenant et en l’interpénétrant de manière
incompréhensible selon un dessein également
incompréhensible.
Je ne trouve aucune preuve de l’existence de
tels dieux et je ne vois aucune justification à
une doctrine qui ignore les explications de la
science contemporaine et en évolution constante
ainsi que les perspectives éthiques de la
dignité humaine et des droits de la personne.
Je ne vois aucune raison pour laquelle nous
devrions nous détourner des connaissances des
innombrables théologiens qui ont démontré depuis
des siècles – en fait presque deux
millénaires - que la valeur intellectuelle de la
doctrine de la Trinité ne mérite ni
considération ni notre approbation.
Je ne vois non plus aucune raison d’exiger de
quiconque venant à un de nos cultes et
souhaitant participer à la vie dynamique et
intelligente d’une paroisse, qu’il admette la
Trinité ou une autre doctrine orthodoxe.
Je ne vois aucune raison de leur demander de
changer de langage et d’adopter un vocabulaire
ecclésiastique lorsqu’ils arrivent chez nous.
Et si l’on me donnait une preuve indiscutable de
l’existence d’un dieu ou de dieux, la vision de
notre monde avec ses inégalités cruelles et
absurdes, les tragédies, les maladies, les
angoisses m’empêcherait de le respecter et de
l’adorer, quel qu’en soit le prix.
Voici ma foi
Dieu, la prière
Je me suis lancé le défi de trouver cent mots
que l’on pourrait utiliser à la place du mot
« dieu ».
Je vous invite à faire de même. Certains mots se
présentent vite commme « grâce »,
« courage », « amour ».
D’autres exigent une réflexion plus approfondie.
Je pense que dieu est un concept plutôt qu’un
être. Un mot déjà utilisé pour désigner la
synthèse de nos idéaux les plus élevés. Je
n’utilise plus ce mot de « dieu » car
il véhicule trop l’idée de surnaturel, de
bénédiction ou de jugement, d’interventions
arbitraires et de l’idée qu’on peut être plus ou
moins bien vu de lui.
[...]
La prière est un élément très important d’une
vie équilibrée et engagée bien que je ne crois
pas qu’il y ait un Dieu qui l’écoute. Dans la
prière nous sommes attentif à nous-même, nous
faisons le tri de toutes les choses qui
surviennent. Nous honorons la beauté de
certaines, nous prenons conscience de notre
gratitude. Nous méditons la réalité de notre vie
et nous prenons des résolutions.
L’amour
Je crois en l’amour. Je crois qu’il est la
valeur la plus sacrée. Dire que quelque chose
est sacré signifie que ceci est tellement
important pour notre existence humaine, notre
humanité que nous ne pouvons pas le dénigrer, le
dégrader ou le détruire. Vivre sans cette chose
– en ce cas l’amour – signifierait que
nous avons abandonné toute humanité. L’amour est
sacré, il est essentiel à notre humanité.
Bien entendu je ne parle pas d’un amour
narcissique. Je pense à un amour qui coûte, qui
nous interpelle et nous transforme, qui nous
attire au-delà de ce que nous pensions être, de
ce que nous voulions demeurer, afin que notre
humanité soit complète. Un amour qui ne calcule
pas son prix mais le distribue à la communauté,
nous rapproche des autres et nous sort de notre
isolement.
La vérité
Nos ancêtres chrétiens recherchaient la vérité.
Sur la porte de la bibliothèque de la Faculté de
théologie de Virginie sont gravés dans le bois
les mots qu’au 19e siècle le doyen William
Sparrow prononçait à chacun de ses cours : « Cherchez la vérité,
quel qu’en soit le prix et d’où qu’elle
vienne ». Mais le doyen ajoutait
un mot qui n’est pas écrit sur la porte : « où qu’elle
conduise ».
Il encourageait les étudiants à entrer dans leur
ministère sans renoncer à leur intégrité
intellectuelle, ce qui signifie sans doute
qu’ils n’omettent pas de continuer à étudier car
la quête de la vérité est sans fin. En ce qui me
concerne elle se situe en tête des choses
auxquelles je crois.
Je crois en la vérité. Je crois qu’il est
important de la rechercher, peu importe d’où
elle vient, peu importe quel en est le prix à
payer, peu importe où elle conduit.
Il est clair que c’est mon engagement envers la
vérité – sa recherche et son partage – qui nous
a conduit à ce que nous vivons aujourd'hui.
Le courage
L’amour et la vérité ont besoin du courage dès
qu’il s’agit de protéger ceux que l’on aime ou
de faire émerger la vérité en en payant le prix.
C’est l’union de ces trois vertus, l’amour, la
vérité et le courage qui est créatrice tant dans
nos cœurs que dans nos relations humaines, dans
nos communautés et dans le monde. C’est sur
elles trois que mon ministère se fonde.
La justice
L’amour et la vérité amènent au courage et le
courage conduit à la justice. John Dominic Crossan a
fait remarquer que l’amour sans la justice n’est
que banal et la justice sans l’amour est
brutale. J’ajouterai aussi que la justice n’est
pas possible sans courage.
La compassion
Une de nos plus importantes vertus.
Et il y en a d’autres. Bien d’autres : la
sagesse, la prudence, le respect, la fraternité,
la joie, la conviction, la confiance, le pardon,
l’encouragement, la loyauté.
Elles peuvent naturellement, être toutes
trouvées - explicitement ou
implicitement – dans les récits de la
Bible, mais elles n’y ont pas pris naissance. Le
prétendre serait contradictoire avec la science
moderne et serait injuste à l’égard de
l’histoire de l’humanité quia existé
parallèlement et en dehors de l’histoire
biblique. Dire qu’elles auraient été crées par
un dieu qui nous les aurait ensuite données
serait malhonnête envers les plus belles
réalisations humaines.
Il en est pourtant une qui est profondément
enracinée dans la tradition chrétienne et qui
est l’espérance, promesse de quelque chose que
nous ne pouvons susciter nous-même. Je préfère
dire créer, accompagner, nommer, assurer,
reconnaître, déplorer, encourager, faire à
nouveau confiance.
Je ne peux pas aider à une mort apaisée en
parlant seulement d’espérance. Je ne peux pas
atténuer la nocivité du corporatisme, du
réchauffement climatique et autres choses
semblables avec l’espérance seule. Je ne peux
pas arrêter les violences conjugales, les
mauvais traitements à des personnes âgées ou les
abus sexuels sur les enfants avec l’espérance
seule. Je ne peux pas corriger le tragique de
notre attitude passée envers les peuples
indigènes avec l’espérance seule. Je ne peux pas
affronter la pauvreté, la violence, la
xénophobie, l’arrogance ou la maladie avec
l’espérance seule.
Ce n’est qu’avec l’usage responsable de la force
que je peux parler d’espérance. Je ne parlerai
pas d’espérance si je ne peux pas soulager la
souffrance ou le mal, restaurer des relations de
juste fraternité. Je n’offre pas d’espoir vide
et je n’aimerais pas qu’on m’en offre un.
[...]
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