Protestants dans la Ville

Page d'accueil    Liens    

 

Gilles Castelnau

Images et spiritualité

Libres opinions

Spiritualité

Dialogue interreligieux

Hébreu biblique

Généalogie

 

Claudine Castelnau

Nouvelles

Articles

Émissions de radio

Généalogie

 

Libéralisme théologique

Des pasteurs

Des laïcs

 

Roger Parmentier

Articles

La Bible « actualisée »

 

Réseau libéral anglophone

Renseignements

John S. Spong

 

JULIAN MELLADO

Textos en español

Textes en français

 

Giacomo Tessaro

Testi italiani

Textes en français

Croire aujourd'hui

 

 

 

La Résurrection du crucifié

 

« Si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi et vaine »

(I Corinthiens 15.17)

 

Gilles Castelnau

 

19 avril 2014

Un professeur de théologie américain demandait à ses étudiants d’imaginer en quoi leur foi serait modifiée si on leur prouvait – avec des preuves indiscutables - que Jésus n’avait jamais existé. Un grand silence lui avait seul répondu.

La question m'intéresse car une dame m'avait dit s'inquiéter pour son mari qui ne pouvait pas croire que Jésus s'était levé tout seul le matin de Pâques dans sa tombe, ni qu'il avait réellement marché sur l'eau et encore moins à sa naissance miraculeuse : pouvait-il être néanmoins enfant de Dieu ?

D'autres pensent qu'il est impossible d'adhérer intellectuellement au récit de la naissance miraculeuse de Jésus ou à l'affirmation qu'à l'Ascension il est monté directement au ciel (un jeune m'a dit : quand un corps s'élève verticalement, il n'arrive pas chez Dieu, il se satellise en orbite !)

Est-ce réellement sur ces éléments historiques que notre foi est fondée ? Notre existence est-elle vraiment renouvelée par de tels récits incroyables ?

Je sais bien ce que je dirais à ce professeur américain :

Si tout cela n'était pas vraiment historique, si même Jésus-Christ n’avais jamais existé, il subsisterait néanmoins le dynamisme créateur enthousiasmant que ces images bibliques suscitent en mon coeur, à commencer par celle d’un homme crucifié ressuscité, d'un impossible devenu possible, d'une vie jaillisant de la mort.

Sur quoi est donc fondée ma foi ? Certainement pas sur la vérité historique, géographique et même gynécologique (la naissance virginale de Jésus !)des récits bibliques. Ni non plus sur l'obligation d'adhérer au catéchisme doctrinal des Eglises chrétiennes.

Je n’ai pas de respect pour un Zeus brandissant la foudre.

Je souris du vieillard de la chapelle Sixtine touchant d’un geste délicat le doigt d’Adam.  (pourquoi d’ailleurs Michel Ange n’aurait-il pas représenté aussi une femme jeune et noire ?)

Je suis horrifié à l’idée du gardien de la porte du paradis et de l’enfer qui peut nous orienter selon son jugement vers l’une ou vers l’autre.

Je suis indifférent à l’égard de la vibration lumineuse animant incognito le big-bang des galaxies.

Mais je suis ému et enthousiasmé par le dynamisme créateur, le souffle intérieur, la force d'espérance que suscite en moi l'image impossible et finalement possible, du crucifié vaincu, moqué, condamné, écrasé par la souffrance, par les ténèbres et par la mort relevé par la créativité divine.
Je contemple, plantée dans notre monde, la croix symbolisant la souffrance et la mort mais j’aime la tradition protestante de la représenter vide, sans le corps du crucifié puisqu’il est ressuscité. Cette image traverse d’ailleurs toute la Bible.

Et au professeur américain j’aurais répondu : si vous me prouviez que Jésus n’a jamais existé, si vous me priviez de ce symbole central de ma vision du monde et de mon espérance, j’en cueillerais mille autres dans les pages de la Bible :

La sortie d’Égypte, du pays de l’esclavage, de la  souffrance et du désespoir par l’impossible passage à travers la mer Rouge pour l’entrée merveilleuse – et finalement possible - dans le pays mythique « où coulent le lait et le miel ». (Exode 3.8)

La victoire impossible et finalement possible de David, le petit pâtre sans armes sur le terrible géant Goliath menaçant et terrorisant le peuple Hébreu. (I Samuel 17.4)

L’impossible prière du psalmiste : « des profondeurs, je t’appelle, Éternel » (Ps 130).

L’impossible  retour d’Israël de la déportation à Babylone que rapporte Ézéchiel où Dieu dit : « je mettrai mon Esprit en vous et vous vivrez et je vous ramènerai dans le pays d’Israël » (Ezéchiel 17.14)

L’impossible parole adressée par Jésus au paralysé : « Prends courage, lève-toi, prends ton lit et va dans ta maison ». Matthieu 9.2)

L’impossible espérance promise : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » (Matthieu 5.4)

L’impossible parole adressée au chef haï des collecteurs d’impôts de Jéricho et qui voulait voir Jésus : « Zachée hâte-toi de descendre, il me faut demeurer dans ta maison... car celui-ci aussi est un fils d’Abraham ». (Luc 19.5)

Attitudes, paroles caractéristiques du Dieu de la vie, de l’Esprit de Résurrection. Paul disait : « Si le Christ n’est pas ressuscité notre foi est vaine » (I Corinthiens 15.17)

C’est cela la foi chrétienne : non pas répéter qu’un jour un crucifié dans l’obscurité de son tombeau s’est dressé tout seul, en rejetant son suaire de façon surnaturelle, non pas fonder son espérance sur le fait que Jésus aurait marché sur l'eau, qu'il serait da'illeurs né piraculeusement et serait monté au ciel avec son corps. mais prendre conscience de la présence en nous – et en « tout ce qui respire » (Psaume 150) - du Souffle créateur de vie, de la compassion divine source de renouveau, qui monte en nos cœurs, en l’âme de celui qui justement en a tellement besoin.
Résilience rendue possible à ces forces destructrices qui nous tirent vers le bas, nous environnent de souffrance, d’angoisse, de désespoir. Esprit de vie qui se mêle à notre propre esprit et fait justement que dans le malheur, le désespoir ne domine pas mais au contraire nous rend plus ouvert, plus panoramique, plus réceptif, plus heureux.

Alors finalement je dirais à ce professeur américain : je suis environné d’une si grande nuée de témoins
qui ont expérimenté la force de vie qui surgit toujours à nouveau au moment où la mort envahit tout,
qui ont vu cette lumière alors que l’obscurité régnait,
qui se sont relevés comme le paralysé alors que c’était impossible,
qui ont espéré contre toute espérance,
qui ont sentis dans leur détresse et leur péché la vie persister en eux,
et qu’ils sont aimés, acceptés, pardonnés, relevés.
Nous somme si nombreux à avoir expérimenté la Résurrection du Crucifié que nous considérons la croix vide comme le symbole central de la présence de guérison qui agit en nous,  du Dieu de la Vie.

 

 

Retour vers "croire aujourd'hui"
Retour vers "Pâques"
Vos commentaires et réactions

 

haut de la page

 

 

Les internautes qui souhaitent être directement informés des nouveautés publiées sur ce site
peuvent envoyer un e-mail à l'adresse que voici : Gilles Castelnau
Ils recevront alors, deux fois par mois, le lien « nouveautés »
Ce service est gratuit. Les adresses e-mail ne seront jamais communiquées à quiconque.