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Le Caravage, la Madone au serpent
1606, Villa Borghese, Rome

 

15 août
Assomption de Marie

 

Gilles Castelnau

 

Voir sur ce site
Les protestants et Marie

 

Magnificat de Marie

Marie dit :
Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur
parce qu'il jette les yeux sur la bassesse de sa servante.
Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse,
Parce que le Dieu puissant fait pour moi de grandes choses.
Son nom est saint, sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.
Il déploie la force de son bras ;
Il disperse ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses.
Il renverse les puissants de leurs trônes et il élève les humbles.
Il rassasie de biens les affamés, il renvoie les riches à vide.
Il secourt Israël, son serviteur et il se souvient de sa miséricorde,
Comme il l'avait dit à nos pères, à Abraham et à sa postérité pour toujours. Luc 1.46

.

 

Il y a une grande différence entre d’une part la véritable Marie, mère de Jésus et d’autre part, le personnage qu’une certaine tradition a élaboré.

J’en parle sans faire le moins du monde de l’anticatholicisme à l’égard de nos sympathiques partenaires catholiques et de mes amis prêtres : beaucoup d’entre eux sont très contents que nous disions tout haut, nous protestants, ce qu’ils pensent, eux, tout bas. On se souvient que plusieurs dizaines d’évêques ont adjuré le pape Pie XII de ne pas promulguer le dogme de l’Assomption, ce qu’il a pourtant fait le 1er novembre 1950 en s’appuyant – ce fut la première fois dans l’histoire de l’Église catholique – sur son « infaillibilité » qui lui avait été reconnue en 1870 par le concile de Vatican I :

« Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons
comme un dogme divinement révélé
que l'immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge,
après avoir achevé le cours de sa vie terrestre,
a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. 
»

Ce dogme est analogue à celui de l’« Immaculée conception », promulgué par le pape Pie IX le 8 décembre 1854. Ce dogme ne concerne pas la naissance miraculeuse de Jésus mais celle de Marie qui a été « conçue immaculée », c’est-à-dire sans être marquée par le « péché originel ».
Ces deux dogmes vont de pair avec les nombreux titres honorifiques qui lui sont traditionnellement attribués dans la piété catholique : Reine du ciel, Rose mystique, Étoile du matin, reine des anges...

Notre spiritualité protestante suit un chemin bien différent.
Nous centrons notre foi, notre espérance et notre amour sur la présence et la grâce de Dieu qui transfigure notre vie humaine, nous dynamise, nous apaise, nous renouvelle, nous « sauve ». Une présence divine qui monte en nous, selon le témoignage intérieur du Saint-Esprit.
Ce n’est pas ainsi que nous voyons Jésus s’approcher des femmes dans leur situation quotidienne, souvent aux prises avec de terribles problèmes et assumer leur situation : que l'on pense par exemple aux repas pris avec les prostituées ou à la scène de la femme adultère menacée de lapidation en Jean 8, qu’il sauve en disant :
 « Que celui qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ».

Ce n’est pas dans une élévation au ciel, en dehors des problèmes de ce monde que nous comprenons l’action de Dieu en faveur des femmes en butte aux problèmes de contraception, d’IVG, de sida, de divorces et de remariages, d'oppression masculine, d’élever seule des enfants avec un revenu insuffisant.
La présence de Dieu tonique, encourageante, fraternelle et compatissante ne propose pas aux femme le modèle d’une « rose mystique » toujours vierge et déjà glorifiée dans la pureté céleste. Sa créativité monte en elles pour leur donner le courage de vivre et la force intérieure qui nous fait tenir tous – et toutes – debout et droits sur nos pieds.
C’est cela que Jésus-Christ nous a fait voir et que les évangiles nous rapportent. Il ne s’agit pas de contempler une « Reine des anges » qui viendrait obtenir d’un Dieu tout-puissant qu’il règle surnaturellement nos problèmes :

« Sainte-Marie, mère de Dieu
priez pour nous, pauvres pécheurs 
maintenant et à l’heure de notre mort ». 


Sauvés par grâce, nous ne sommes pas de « pauvres pécheurs » et nous n’avons pas besoin qu’une « Étoile du matin » intercède auprès de Dieu - encore moins à l’heure de notre mort alors que c’est ici et maintenant que Dieu nous rend capables de la vie pleine et réussie digne de ses enfants - 
Enfants de Dieu, c’est avec joie et confiance que nous puisons en nous le courage de vivre et la force surnaturelle que le saint-Esprit fait monter en nos âmes.
Ce courage de vivre et cette force surnaturelle montait, certainement, dans le cœur de Marie – la vraie Marie, la mère de Jésus, lorsqu’elle l’éduquait – fort bien, j’en suis sûr !

Le tableau du Caravage mis ci-dessus en exergue représente une scène symbolique où Marie apprend à son fils, avec tendresse et fermeté, que l'on peut marcher sur les serpents, qu'il le faut, qu’il s’agit de l’attitude de tous les enfants de Dieu dignes de leur vocation. Elle l’encourage à surmonter sa peur et sa répulsion bien naturelles, à résister à la tentation de la fuite, de l'indifférence ; à ne pas pactiser, transiger, chercher son seul avantage, son seul profit, son égoïsme, son prestige..... son niveau de vie !


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Max Ernst, Jésus fessé par Marie, 1926


Ce tableau de Max Ernst ne suggère pas la raison pour laquelle Marie punit ainsi Jésus – dont l’auréole a roulé à ses pieds. On ne peut s’empêcher de penser que d’une manière ou d’une autre il s’est dérobé à sa vocation, à laquelle Marie le ramène avec conviction et... vigueur.

Marie, « bénie entre toutes les femmes » parce qu'elle s’est impliquée de façon privilégiée à la grande œuvre de Dieu en faisant émerger Jésus des brumes de l'enfance jusqu'à être pleinement le Christ.

Bien d'autres, avec elle, y ont aussi contribué : Luc mentionne les rabbins enseignant dans le temple, qui s'émerveillaient de l'intelligence avec laquelle Jésus comprenait les choses de Dieu : souvenons-nous de l'aisance avec laquelle, plus tard, il citait le prophète Ésaïe dans la synagogue de Nazareth pour y enraciner sa vocation (Luc 4. 17).
Joseph aussi, bien sûr, dont la Bible ne nous rapporte que la profession et le nom. Tous ceux, modestes inconnus qui lui ont appris, comme nous le faisons encore aujourd'hui pour nos enfants, à se reconnaître dans les récits bibliques : eux aussi, à leur manière, lui ont appris à « marcher sur les serpents ». Jusqu'à ce que ni maître ni mère n'aient plus d'importance :
« Heureuse est la femme qui t'a porté en elle et qui t'a allaité » 
lui crie quelqu'un. Mais il répond :
« Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la gardent » Luc 11. 28.

 

Les « apparitions » de Marie

Lourdes 1854

 

Les protestants ont pour habitude de comparer toute affirmation spirituelle à la Bible. Et justement les récits des « apparitions » de Marie, en 1854, à la petite Bernadette Soubirous ne sont en rien comparables avec le Magnificat que Luc nous rapporte :

Dieu renverse les puissants de leurs trônes et il élève les humbles.
Il rassasie de biens les affamés, il renvoie les riches à vide.

La vraie Marie, représentant le dynamisme créateur de Dieu envers les humbles et les affamés – c’était le cas de ces pauvres paysans - n’aurait pas fait marcher Bernadette à genoux jusqu'au fond de la grotte, embrasser le sol, pourtant sale et dégoûtant, manger de l’herbe, boire de l'eau d’une flaque et se barbouiller la figure de boue.

La présence de Dieu insuffle son dynamisme créateur au cœur des humbles et leur donne le courage d’affronter leur misère, de se relever, de vivre, en même temps qu’il dénonce l’indifférence ou l’oppression (au 19e siècle !) des dirigeants de l’époque.
Or, dans les récits des « apparitions » de Lourdes - et l'on pourrait dire la même chose de Fatima, de la Salette etc. -« Marie » ne s’adresse pas aux adultes, ne dit pas un mot à Bernadette du courage et du dynamisme que les pauvres de Lourdes et de France, si durement traités, peuvent puiser en eux pour parvenir au relèvement économique, social, politique que l’idéologie du Second Empire ne leur permettait pas. Comme si Marie ne se préoccupait en rien des fléaux sociaux et des graves injustices dont ils souffraient. Comme si elle s’était détournée de son Magnificat. 
Si « Marie » avait dit l’Évangile à Lourdes et encouragé les pauvres paysans à regagner leur dignité, on en parlerait aujourd’hui différemment, les pèlerinages auraient une tout autre allure et on ne célébrerait ni l’Assomption le 15 août ni l’Immaculée conception le 8 décembre !

La vraie Marie, l’épouse de Joseph, qui avait si bien élevé Jésus et, comme dit l’évangéliste Marc ses frères Jacques, Joses, Jude et Simon et ses sœurs, me semble avoir été fort bien représentée par le Caravage lorsqu’elle apprenait à Jésus à marcher sur les serpents et sur toute la puissance de l’ennemi et Max Ernst lorsqu’il avait besoin d’être remis sur le droit chemin.
La vraie Marie, notre sœur, exemple d’une fille de Dieu.

 

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Voir aussi

Gilles Castelnau

Les protestants et Marie


La spiritualité protestante, les fêtes que les protestants ignorent

Fatima

La leçon de Marie à Jésus
 

Max Ernst

Jésus fessé par Marie
 

Tissa Balasuriya

Marie est-elle de droite ?
 

Alain Houziaux

Le culte de la vierge Marie, pourquoi ?


Jean Besset 

Marie

 


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