Libre opinion
La
spiritualité protestante
La foi seule...
Questions souvent posées
Les fêtes que les protestants ignorent (Immaculée
conception, Assomption, Toussaint)
Voir
aussi Les
protestants et Marie
Les protestants
protestent, ce nom leur convient
bien ! Ils protestent de leur liberté de
pensée avec la Bible contre l'autorité d'une
institution, fut-elle celle de l'Église. Et ceci
depuis que Luther, au XVIe siècle, redécouvrant
le message trop négligé de la tendresse de Dieu
envers les hommes, protesta contre la vente des
indulgences qui, disait-on ouvrait le ciel.
« Si l'on ne me
convainc par des bonnes raisons tirées de la
Bible, ma conscience est prisonnière de la
Parole de Dieu. Hier stehe ich : je
m'en tiens là. »
La conscience, la
Bible, la convictions personnelle...
voilà les mots protestants. Et depuis cette
époque, les protestants n'ont plus ni pape, ni
évêques. Plus d'autorités qui viendrait
d'en-haut leur dire ce qu'ils doivent croire ou
faire. Plus de curé non plus pour diriger les
paroisses : des conseils s'en chargent,
élus par les paroissiens, à bulletins secrets et
les pasteurs ne sont là que pour aider les gens
à se faire une idée selon... leur conscience,
responsable chacun devant son Dieu.
Si le pasteur parle juste, en accord, pense-t-on
avec la Bible, on écoute. Sinon la liberté de
conscience reprend le dessus : ce ne sont
pas les pasteurs qu'on écoute, c'est Dieu !
Pourtant pas d'anarchie. Les protestants sont
très organisés. Ainsi en est-il des pays
protestants de l'Europe du Nord.
Protester est donc une
attitude positive. Les
protestants protestent en faveur de Dieu plutôt
qu'en faveur des hommes avec pour leur
devise :
« A Dieu seul soit
la gloire ! »
.
Les protestants aiment
la Bible mais protestent contre les
doctrines officielles.
Ils ne disent jamais « L'Église
enseigne que... » mais
prétendent se faire leur idée par eux-mêmes.
Réflexion de chacun devant Dieu avec sa
conscience, sa Bible et les autres.
La Bible :
Ce vieux Livre est toujours jeune, car à sa
lecture le souffle qui animait les auteurs
anciens nous convainc nous aussi. Une force
traverse ces pages chargée d'un tel courage de
vivre, d'un tel élan d'espérance que nos yeux
s'ouvrent de façon nouvelle à ces forces du mal
que les prophètes juifs, les apôtres et Jésus
défiaient. A leur lecture, tout semble devenir
possible dans un avenir ouvert, pour nos
prochains comme pour nous-mêmes.
Les protestants
discutent beaucoup et puisque
protester est positif aussi, les protestants
s'essayent toujours à nouveau à réformer leur
foi réformée ou en tout cas prétendent le faire,
Bible en main :
« l'Écriture
seule ! »
.
Les protestants
protestent contre les rites et les
sacrements.
Ils trouvent dans les récits des Évangiles
l'institution par Jésus-Christ des sacrements du
baptême et de la sainte cène ; gestes très
expressifs à partir des éléments tout simples
que sont l'eau, le pain, le vin ; qui ne
procurent rien de spécial. Aucune magie, aucun
acte sacré ayant une quelconque puissance
propre.
Ce n'est pas par le
baptême, ce n'est pas par la sainte cène,
ce n'est pas en recevant quelques gouttes d'eau,
en mangeant une bouchée de pain en buvant une
gorgée de vin que l'Esprit montera en nos
coeurs, que s'opérera la transformation de notre
vie et de notre pensée, que notre relation aux
autres deviendra plus belle.
Seule l'ouverture à
Dieu peut faire surgir en nos
coeur l'Être Nouveau ; ce n'est pas par le
baptême que l'on devient enfant de Dieu, c'est
par un élan de foi ; ce n'est pas dans le pain
et le vin de la sainte-cène que Dieu vient à
nous, c'est dans nos coeurs.
.
Les protestants
protestent contre les règlements.
A la suite de Luther, de Calvin et des autres
réformateurs, les protestants croient par dessus
tout à la bienveillance systématique de Dieu à
l'égard des hommes, à son amour sans condition,
modèle des relations que nous devrions avoir
aussi entre nous tous. Les théologiens disent la
« grâce ».
Dans un esprit de prière et de responsabilité,
on recherche l'ouverture des portes qui nous
enferment et que Dieu vient ouvrir devant nous.
Ce ne sont pas les
règles d'une morale étroite mais
bien plutôt un appel à entrer dans ce dynamisme
créateur divin qui libère les hommes des forces
mauvaises. Ce n'est pas pour donner des lois
strictes et souvent inhumaines que Jésus-Christ
a parlé, et ce n'est pas pour elles qu'il a
lutté jusqu'à être crucifié !
On évitera les
affirmations catégoriques disant
qu'aucune femme ne devra jamais avorter,
qu'aucune personne divorcée ne pourra jamais se
remarier, qu'aucun préservatif ne devra jamais
être utilisé (surtout lorsqu'on pense au
sida !).
On cherchera plutôt toujours à ranimer la
flamme, à déposer les fardeaux. Le poids du
passé ne doit pas écraser. C'est un vent de
renouveau, un Esprit de Résurrection qui souffle
dans les pages de la Bible et qui transcende nos
cœurs.
.
La piété protestante.
- Les
protestants ne cherchent pas à s'élever jusqu'à
Dieu par des rites et des prières. Ils pensent
que, depuis Noël, Dieu est parmi les hommes, en
nous, et qu'il faudrait en prendre davantage
conscience.
Il n'y a pas de moines et de religieuses
protestants menant une vie cloîtrée. La vie
chrétienne n'est jamais de renoncer au
monde ; la vie est bien sur la terre.
- Les
protestants croient à la résurrection des
hommes, à l'entrée, après la mort, dans
l'émerveillement de la Maison du Père. Mais ils
ne cherchent pas à entrer dès cette vie en
contact avec le ciel, avec le monde de
l'au-delà.
- Les
protestants ne prient que Dieu, ni la vierge
Marie ni les saints. Acceptés par grâce, les
protestants sont dépréoccupés de leur
salut : c'est de la vie quotidienne qu'il
faut s'occuper, pour oeuvrer à un monde
meilleur, que Dieu pénètre et renouvelle pour
notre courage créateur et notre paix intérieure.
L'Écriture
seule
Le protestant croit
que, dans la Bible, Dieu parle à
tous les hommes. Bien sûr, la Bible n'est pas
aussi claire que le guide Michelin ! Il
faut chercher et écouter avec un coeur
ouvert ; mais aidé par le Saint Esprit de
Dieu on trouve et on reçoit paix et dynamisme,
ouverture et fraternité.
Nous pouvons nous faire aider par les études en
commun, les livres de toute la tradition de
l'Église, mais c'est finalement nous-mêmes,
chacun personnellement, qui avons à choisir, à
répondre, à vivre.
Le protestant se veut à la fois libéré et lié,
visité et invité par la Bible. Seule, l'Écriture
a autorité sur sa vie, mais elle ne nous laisse
pas seuls.
Salut par
la foi
La foi est l'attitude
d'ouverture à cette Présence et
cette action de Dieu en nous ; c'est elle
seule qui compte. Dieu ne vient pas pour nous
juger, peser nos pensées et nos actes, nous
reprocher nos erreurs : il vient nous
délivrer, nous tirer d'affaire, il est la Source
de notre vie.
Nos pratiques religieuses, telles que la
participation au culte, nos prières et nos
chants, et avant tout la pratique de notre vie,
sont des réponses reconnaissantes au cadeau de
Dieu :
C'est par la grâce que vous êtes sauvés, disait
Paul, par le moyen de la foi ; cela ne
vient pas de vous, c'est le don de Dieu
Éphésiens 2. 8.
Liberté en
Jésus-Christ
L'Église est le
rassemblement de nos libertés croyantes.
Sa liturgie nous exprime ensemble, des divers
ministères et parmi eux celui du pasteur, nous
construisent en corps du Christ, en empire du
Saint-Esprit, en peuple de Dieu. Nos cultes
cherchent à être vrais mais aussi beaux, loyaux
mais aussi chaleureux, communautaires mais aussi
ouverts.
A Dieu
seul la gloire
Dieu, tel que
Jésus-Christ nous le fait connaître,
tel qu'il agit en nos coeurs (on le nomme alors
Saint-Esprit) est toujours plus grand que tout
ce que nous pensons, touchons, imaginons :
rien ne peut enfermer Dieu, ni une définition,
ni une Église, ni même une expérience.
Pourtant, Dieu attend de nous que nous le
glorifions, c'est-à-dire tout simplement que
nous le connaissions et le suivions avec amour
et liberté : c'est pourquoi Dieu lui-même
est venu vers nous en Jésus-Christ, annoncé par
les prophètes, attesté par les apôtres. Ce Dieu
qui dépasse toute notre intelligence et notre
imagination est donc aussi un dieu qui est venu
se mettre totalement à notre portée.
.
Questions
souvent posées
Mariage
des pasteurs
les femmes
pasteurs
Nos pasteurs se
marient, les femmes exercent les
mêmes ministères que les hommes. Les Écritures
ne nous semblent pas valoriser le célibat ni le
sexe masculin dans les ministères.
Le pape,
les évêques
Nous cherchons de
façon démocratique à reconnaître
la volonté de Dieu car nous ne trouvons pas dans
les Écritures qu'aucune hiérarchie puisse être
investie d'un pouvoir lui assurant une
prééminence.
Divisions
du protestantisme
Une seule famille
protestante répartie dans des
Églises diverses. Ce système convient à notre
esprit de liberté. Ce respect du pluralisme nous
paraît essentiel.
Questions
de morale
Divorce, respect de la
vie, etc.
Nous enseignons que la fidélité conjugale doit
être pour toute la vie, que la vie doit toujours
être respectée.
Mais dans l'Écriture nous trouvons que le
Christ a toujours valorisé l'homme contre les
règlements.
Notre éthique est fondée sur la recherche de
tendresse et de compréhension pour nos
compagnons humains, notre refus de bloquer les
situations par des décisions figées, notre
volonté d'ouvrir toute vie à un avenir toujours
créatif.
La vierge
Marie, les saints
Parmi tous ceux qui
sont entrés dans le grand
dessein de Dieu et font partie de la grande nuée
des témoins, Marie a mis Jésus au monde et l'a
élevé de façon remarquable et il est vrai que
toutes les générations la disent bienheureuse,
comme le dit l'évangile de Luc 1. 48.
Mais aucune prière ne lui est adressée pas plus
qu'aux saints. Ni Marie, ni un saint, ni un
homme ne peut être plus proche de nous, plus
attentionné que Dieu lui-même tel que
Jésus-Christ nous l'a fait connaître.
.
Les fêtes
que les protestants ignorent
L'Immaculée
conception
Cette fête catholique, célébrée le
8 décembre, signifie que Marie, en vertu
d'une grâce exceptionnelle, a été conçue sans
être marquée par le péché originel et n'a
jamais, dans la suite, connu le mal. Elle n'a
jamais refusé à Dieu la plus petite preuve
d'amour.
Parfaite réussite de l'humanité telle qu'elle
est voulue par Dieu, depuis le premier instant
de son existence, elle est enrichie des
splendeurs d'une sainteté tout à fait singulière
(Constitution sur
l'Église, Vatican II). Et le missel
actuel explique : « L'Immaculée
Conception n'est pas seulement pour Marie la
préservation du mal, elle est plénitude de
grâce : Dieu l'a "comblée de grâce",
"enveloppée du manteau de l'innocence" ».
1.
Comme c'est en vertu
d'une « grâce exceptionnelle »,
on a l'impression qu'elle n'a rien fait pour
cela, que c'est tant mieux pour elle, mais que
cela n'est en rien un bon exemple, puisque ce
n'est pas notre cas.
Aucun autre être dans
la Bible n'approche même de loin
cette situation. Ce qu'on ne peut pas dire de
Jésus : le titre même de Christ qu'on lui
donne est celui des rois d'Israël. Il ressemble
à Elie, à Moïse, à David... Tous participent de
la nature humaine et sont impliqués dans la
grande lutte pour un monde meilleur.
Marie ne ressemble à
personne, n'est impliquée
personnellement dans aucune lutte mentionnée
dans les évangiles ; sa sainteté semble
inutile : on ne comprend plus ce que fait
Dieu. Si Dieu est capable de créer quelqu'un de
semblable, pourquoi ne le fait-il pas
systématiquement, pourquoi Jésus n'en parle-t-il
jamais, pourquoi sommes-nous laissés avec notre
seules propres forces dans le grand combat pour
le Royaume de Dieu ?
2.
De plus la
préface de la messe du 8 décembre précise :
« Tu as préservé
la Vierge Marie de toutes les séquelles du
premier péché, et tu l'as comblée de grâce
pour préparer à ton Fils une mère vraiment
digne de lui... »
Jésus était déjà participant de la nature
divine par sa conception miraculeuse du saint
Esprit ; la sanctification de sa mère
réduit maintenant d'autant son ascendance
humaine. On est presque tombé dans le danger docète qui sous-estime
l'humanité de Jésus et fait de lui un dieu se
promenant sur terre.
Dans ce cas on n'a plus en lui un sauveur proche
de nous mais un Dieu intimidant. On se sent
alors obligé de faire appel à un intermédiaire
qui sera la Vierge Marie : c'est ainsi qu'elle
disait dans une de ses apparitions qu'elle
retenait le bras du Christ pour l'empêcher de
frapper les hommes.
Le mal fait par cette doctrine induisant le docétisme se répand
sur les fêtes fondamentales du christianisme :
Vendredi saint. Jésus
appartenant au ciel plus qu'au monde humain
n'est donc pas mêlé comme nous aux conflits de
l'ambiguïté de la vie. Divin, fils d'une mère comblée de grâce et enveloppée du
manteau de l'innocence, il n'a
pas été tenté comme nous. Il n'a pas failli
succomber, comme nous.
Il lui a fallu moins de courage qu'à nous pour
affronter le mal, les conflits avec les
Pharisiens, sa passion et la mort.
Pâques. Sa
résurrection que l'on rattache alors plutôt à sa
nature divine qu'à sa nature humaine est ramenée
au destin bien naturel d'un dieu ou d'un
demi-dieu ; elle n'est plus la bonne
nouvelle dynamisante et source d'espérance de la
première glorification d'un véritable homme de
notre monde. Paul le disait pourtant
clairement :
« Le Christ
est ressuscité d'entre les morts, il est
les prémices de ceux qui sont décédés.
Puisque la mort est venue par un homme
(Adam),
c'est aussi par un homme
(Christ) qu'est
venue la résurrection des morts.
Et comme meurent à cause de leur union
avec Adam, de même aussi tous revivront à
cause de leur union avec Christ ».
I Corinthiens 15.20-22.
Pentecôte. Si
Jésus est issu d'une mère enrichie depuis le
premier instant de son existence, des splendeurs
d'une sainteté tout à fait singulière, son
souffle, son esprit sont déjà imprégnés de
divinité et dans ces conditions sa réussite à
concrétiser l'union essentielle de Dieu et de
l'homme est beaucoup moins signifiante que s'il
est véritablement issu d'une mère totalement
humaine.
Noël. De même
Noël qui est la venue de Dieu parmi nous perd une
grande partie de sa signification si l'enfant de
la crèche n'est pas né d'une mère comme chacun de
nous. Son titre de Fils de Dieu ne nous invite
qu'à l'adorer et non plus à nous vouloir comme
lui, né d'en haut.
Il nous apparaît d'une nature différente de la
nôtre, comme sa mère est différente de nos mères
humaines et Noël n'est plus qu'une simple fête
surnaturelle.
Il vaut mieux se
garder de ce dogme de l'Immaculée
Conception qui nous éloigne dangereusement de la
Bonne Nouvelle de l'Évangile du Dieu avec nous.
.
L'Assomption
Cette fête catholique
est célébrée le 15 août. Le pape
Pie XII en promulguait le dogme le
1er novembre 1950 en ces termes :
« ..Nous affirmons,
Nous déclarons et Nous définissons comme un
dogme divinement révélé que l'immaculée Mère
de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir
achevé le cours de sa vie terrestre, a été
élevée en corps et en âme à la gloire
céleste. »
Cette affirmation va
de pair avec les titres
honorifiques qui lui sont attribués : Reine du ciel, Siège de
la sagesse, Cause de notre joie, Demeure du
Saint-Esprit, Rose mystique, Maison d'Or,
Porte du ciel, Étoile du matin, Refuge des
pécheurs, reine des anges, reine des
patriarches, reine de prophètes, reine des
apôtres...
A ce qui vient d'être
dit de l'Immaculée conception il
faut ajouter ceci :
La Vierge ainsi glorifiée est couverte, dans
l'imagerie populaire, des tissus précieux et des
bijoux correspondant à son élévation ; elle
est, en général, représentée dépourvue de
sexualité ; son rôle est réduit à la
maternité ; on ne lui reconnaît aucune
autre activité humaine. Elle est, certes, propre
à évoquer la transcendance de l'au-delà, mais
certainement pas à servir de modèle aux humbles
et fidèles enfants de Dieu que nous avons tous à
devenir.
De plus cette image de la Vierge valorise la
pureté, la virginité, et donc induit une
certaine éthique sexuelle bien particulière
présentée comme particulièrement exaltée au
ciel.
La situation
quotidienne des femmes, souvent
aux prises avec de terribles problèmes de
contraception, de sida, de divorces et de
remariages, d'oppression masculine, était connue
et assumée par Jésus de façon fraternelle et
compatissante : que l'on pense par exemple aux
repas pris avec les prostituées ou à la scène de
la femme adultère Jean 8. Il n'en est pas de
même avec l'affirmation de la glorification
personnelle d'une pureté toujours vierge.
Il nous semble
que la célébration de cette fête de l'Assomption
présente des inconvénients trop graves pour que
l'on accepte de la célébrer.
.
La
Toussaint
La Toussaint
et la fête des morts du lendemain sont des fêtes
catholiques. Elles donnent l'occasion aux foules
de se transporter sur les tombes et de les
fleurir de chrysanthèmes autorise ou même
provoque une relation ambiguë avec les défunts
qui détourne l'attention de la communion avec le
Dieu de la Vie.
La pierre des tombeaux
qui hypnotise, à la Toussaint, trop
de nos contemporains donne une image bien fausse
des défunts retournés à la Source de la Vie,
entrés dans l'émerveillement du face-à-face avec
Celui qu'ils contemplent enfin directement dans
la maison paternelle.
Le sentiment qui se
développe alors tout
naturellement est celui d'une proximité des
défunts, d'une communion que nous avons avec eux
face à Dieu. Comme s'ils ne nous avaient pas
vraiment quittés, comme si Dieu n'était pas plus
proche d'eux que nous ne le serons jamais.
Cela entraîne deux sortes de prières ambiguës.
Certains s'imaginent
que leurs parents défunts, ou leurs enfants ou un
grand-père (pour ne pas parler des saints !)
se préoccupent davantage d'eux que Dieu lui-même.
Ils entrent alors dans des prières de supplication
où la confiance en leurs parents défunts remplace
leur confiance en Dieu. Cela revient à penser que
Dieu n'accorde pas toute l'attention souhaitable à
notre situation et qu'il se laissera influencer
par l'intercession de défunts plus influents que
nous dans la mesure où ils sont déjà décédés.
Une telle conception va parfois même jusqu'à
l'athéisme et se rapproche même des religions
animistes, lorsque la prière ne demande plus
l'intercession auprès de Dieu mais
l'intervention directement des morts pour
communiquer les bienfaits demandés. Ce véritable
culte des ancêtres, pour inconscient qu'il soit,
n'en est pas moins une chute hors de l'alliance
d'amour de Dieu telle que le Christ nous l'a
révélée.
D'autres par contre
considèrent les défunts comme souffrant eux-mêmes
d'un manque d'intérêt de la part de Dieu que nous
pourrions combler depuis la terre. Les morts
pourraient dans cette optique avoir besoin de
nous, Dieu ne leur suffisant pas. C'est notamment
le cas dans la conception du purgatoire, lieu de
souffrance d'où les morts pourraient être libérés
plus rapidement grâce à nos prières et à des
messes que nous ferions dire.
Dieu n'est plus alors le grand libérateur que
le Christ nous révélait dans les évangiles mais
une sorte de geôlier attendant cruellement que
les défunts aient fini de se purifier loin de
lui et dans la souffrance. Nous serions plus
sensibles que Dieu lui-même à la souffrance et
au sentiment d'exclusion ainsi ressentis par les
âmes du purgatoire. De Dieu ou de nous, c'est
évidemment nous qui manifestons alors le plus de
compassion !
Une telle doctrine
nous laisse bien seuls, brebis sans berger
véritable, pour les combats de chaque
jour !
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