
Andrea Verrocchio, un ange
Le Corps et l’âme
de Donatello à Michel-Ange
sculptures italiennes de la Renaissance
Musée du Louvre
jusqu'au 21 juin 2021
Gilles Castelnau
voir aussi sur ce site :
La collection du marquis de Campana
La collection Alana
Le Pérugin
Andrea Mantegna
La sculpture et les arts à Florence
20 mai 2021
Pour cette exposition qui présente en fait surtout des œuvres du « quattrocento » florentin, le musée du Louvre n’a pas voulu dégarnir ses vitrines et a sorti de ses immenses réserves les nombreuses merveilles que l’on ne voit jamais.
Nous sommes sous le règne de Laurent le Magnifique. Florence et toute l’Italie du Nord s’épanouit dans la beauté et le plaisir de vivre.
On abandonne peu à peu le glacé style gothique où la vie ne semblait possible que dans le cadre de l’Église et de ses saints personnages et on s’aperçoit que l’on peut représenter des sentiments personnels, la joie, l’amour ou la haine et que l’on peut même attribuer ces sentiments aux anges – que l’on aime beaucoup représenter – au Christ et à la Vierge même.
Andrea Verrocchio, un Ange, Florence, vers 1435 – Venise 1488. Ci-dessus en exergue
Le beau visage de cet ange, justement, montre un paisible sourire heureux. Il est vrai qu’il a bien soigné les magnifiques boucles de sa chevelure et qu’il laisse volontiers flotter les grands plis de son large vêtement manifestement proprement lavé et bien repassé. Les plumes de ses belles ailes sont bien entretenues et le portent dans le vent.

Melozzo degli Ambrosi, dit Melozzo da Forli, Ange jouant de la viole, 1472-1473
Les deux belles ailes colorées et l’auréole de celui-ci révèlent indubitablement sa provenance céleste, faute desquelles on le confondrait avec un des jeunes musiciens de l’entourage du Magnifique. La délicatesse avec laquelle il tient son archet, le raffinement de ses boucles blondes et le beau regard de ses grands yeux ne pouvaient non plus manquer de susciter des sentiments d’une sensualité ambiguë parmi les grands seigneurs du temps.

Giovanni Santi, La Muse Clio, vers 1475-1480
Inscription : CLIO GESTA CANENS TRANSACTIS TREMPORA REDDIT (En chantant les exploits, Clio redonne vie au passé).
L’inscription est discrète et bien petite qui précise bien que la demoiselle représentée est une muse qui ne chante que les exploits de l’antiquité. Elle n’est pas occupée à adorer l’enfant Jésus ou à louer Dieu comme le faisaient les saintes des décennies précédentes gothiques. Elle regarde librement autour d’elle, elle se permet des mouvements personnels qui font flotter hardiment ses vêtements autour d’elle. Il est manifestement « interdit d’interdire » ! Son regard révèle des pensées intérieures secrètes et la légère inclinaison de son visage incite à la prise de contact.
Les mère de cette époque devaient avoir bien de la peine à garder leurs filles à la maison comme le réclamait la morale traditionnelle.

Andrea Mantegna, Le Parnasse, 1496-1497
Scène de plaisir souriant et sans problème (on dirait aujourd’hui des jeunes qui s’amusent inconsidérément sans masque et sans distance barrière !). Les prêtres ne permettaient pas cela. Mais c’était la Renaissance : la scène n’est pas présidée par la Trinité ou par le pape mais pas Mars, Dieu de la guerre et Vénus, déesse de l’amour.
Un monde nouveau surgit. Les charmantes danseuses sont bien sensuelles et l’atmosphère enjouée plaisait à ces messieurs.

Artiste florentin, peut-être d’après Antonio Pollaiolo, Florence vers 1431 – Rome, 1498
La « furie » italienne enthousiasmait autant que les délices de l’amour. Des souvenirs historiques servaient de prétextes à ces violences de jeunes hommes nus. Le martyr attaché à l’arbre était-il Marsyas qui avait contrarié Apollon ou saint Sébastien ?

Andrea della Robbia, Christ de pitié, vers 1495
Ce titre de « Christ de pitié » rend bien compte du « style doux » qui prévaut à la fin du siècle : Ce Christ rayonne de tendresse et de compassion, d’empathie avec les hommes souffrants Il est plein de compassion plutôt que de l’irénisme gothique ou du dramatisme du début du siècle.
La couleur blanche lumineuse de la céramique qui se détache sur le fond bleu sombre transcende sa personne.

Tullio Lombardo, Bacchus et Ariane, vers 1505
L’exposition se termine avec un « Esclave » de Michel Ange et ces deux visages magnifiques qui inaugurent la beauté idéale humaniste du 16e siècle.
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