
Sandro Botticelli, La Vierge et l’Enfant
Un rêve d’Italie
La collection du marquis Campana
Musée du Louvre
jusqu’au 18 février 2019
Gilles Castelnau
13 novembre 2018
Giampietro Campana a constitué la plus grande collection privée d’objets d’art italiens du 19e siècle. On a compté 10 000 objets !
Quand il a dû la vendre en 1861, l’Angleterre et la Russie en ont acheté une partie et la France de Napoléon III en a acquis la plus grande partie. Ses éléments ont été répartis entre le musée du Louvre et des musées de province.
Eugène Delacroix en a dit : « Cette collection, célèbre dans l’Europe entière, avait été pour nous tous, dès son apparition, un sujet d’admiration. » (Lettre à Charles Ernest Beulé, 1862)
Cette grande exposition en présente environs 500 : des vases romains, des statues, des tableaux. Un résumé – très important - de tout l’art de la péninsule italienne.

Buste de « Carnéade », orateur grec. 2e siècle ap. J.-C.
L ‘exposition présente un grand nombre de bustes et de vases – noirs et rouges - de l’époque romaine.

Dante Alighieri, 1473-1475
Nous sommes, en Italie, en plein renouveau de la première Renaissance. Jusqu’ici, dans toute l’Europe, le style gothique ne représentait les gens que dépersonnalisés, intégrés religieusement à une scène biblique ou de la vie ecclésiastique. En Italie surgit l’idée que les hommes ont un caractère, une individualité autonomes, indépendants de l’omniprésence de l’église.
On voit ici Dante, à l’attitude certes encore un peu immobile et figée, qui lit personnellement un livre, qui n’est pas forcément une bible. On sait qu’il écrivit la Divine Comédie dans un proto-italien et non pas en latin.
Ce portrait fait partie d’une série de 28 effigies d’hommes illustres qui décoraient sur deux rangs les murs du Studiolo du duc Federico da Montefeltro dans son palais d’Urbino.
A la mort du dernier duc d’Urbino en 1631, les panneaux reviennent à la famille Barberini et sont emportés à Rome.
En 1812, la branche Barberini Colonna di Sciarra en reçoit 14 par héritage, puis les vend au marquis Campana. L’autre moitié, demeurée au palais Barberini, est ramenée à Urbino en 1934 puis remontée au palais d’Urbino.
Sandro Botticelli, La Vierge et l’Enfant, 1467-1470
Ce tableau placé ci-dessus en exergue était, dit-on, tout particulièrement apprécié par Campana qui en soulignait la grâce.
Botticelli n’est pas encore vraiment sorti de l’ère gothique : la scène représentée est fort traditionnelle. Pourtant l’ouverture du quattrocento florentin se remarque dans l’attitude très vivante de l’enfant Jésus, au regard et à la main tournés vers sa mère ainsi qu’au visage de celle-ci qui est celui d’une jeune femme tout à fait réelle et dont l’expression dépasse la seule contemplation religieuse.

Domenico Ghirlandaio, La Vierge et l’Enfant avec le petit saint Jean Baptiste et trois anges, vers 1490
Ghirlandaio lui aussi réussit à intégrer la représentation traditionnelle de la Vierge Marie, l’Enfant Jésus et saint Jean-Baptiste dans le mode florentin contemporain : manifestement l’artiste s’est plu à peindre les magnifiques vêtements de la Vierge, son auréole associée à sa coiffure, l’attitude vivante et peut-être un peu dissipée des jeunes anges ressemblant à des pages.

Ariane à Naxos, 1510-1515
Les cassoni étaient des coffres appartenant au mobilier courant que les Florentin faisaient peindre. En faisant représenter la légende antique de Thésée et Ariane, le propriétaire de celui-ci entre délibérément dans la nouvelle culture de l’antiquité. Celle-ci lui permet de laisser son imagination s’évader librement dans un imaginaire fantastique peuplé de belles femmes, d’animaux étranges et de satyres, tout en les associant à une société actuelle reconnaissable à l’armure de Thésée et aux nefs à voile dans le lointain.
La peinture représente le moment où Thésée qui avait pourtant reçu d’Ariane l’épée qui devait lui permettre de tuer le Minotaure et fil qui lui faisait retrouver le chemin de sortie du labyrinthe, l’abandonne ensuite pendant son sommeil et s’enfuit avec sa sœur Phèdre. Ainsi abandonnée, Ariane est finalement séduite par Bacchus qui arrive monté en triomphe sur un âne et entouré de satyres.
On est au temps des grandes découvertes géographiques et astronomiques et bientôt théologiques avec Luther.

Marco Della Robbia, Ange porte-candélabre, premier quart du 16e siècle ?
Cet « ange » avec ses jolis cheveux et son regard direct ressemble plus aux garçons délurés de Florence qu’aux êtres androgynes éthérés du monde religieux !

Coupe, portrait de trois quarts, Julia Bella, vers 1530-1540
Les majoliques lustrées. Le marquis de Campana et ses contemporains apprécient les effets chatoyants des pièces lustrées. Pour imiter les faïences hispaniques qui plaisent à la clientèle italienne, les ateliers de la péninsule mettent au point cette technique à la fin du 15e siècle. Le lustre est un décor à base d’oxydes de cuivre et d’argent, appliqué sur la glaçure déjà cuite de la céramique. Lors d’une dernière cuisson dans un four privé d’oxygène, une couche extrêmement fine de particules métalliques se fixe à la surface produisant des effets métalliques dorés, rouges ou argentés, selon l’angle de vision.

Portrait de femme en Flore, première moitié du 17e siècle
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