« Je ne vous appelle plus ‘serviteurs’ »

Par

Jean 14.6-12

Jésus dit : 
. Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.

Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu.

Philippe lui dit : 
. Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit.

Jésus lui dit : 
. Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père ; comment dis-tu : Montre-nous le Père ?

Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; et le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres.

Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi ; croyez du moins à cause de ces œuvres.

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père

Jean 15.14-15

Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.

Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père.

Je ne vous appelle plus serviteurs

Parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son seigneur

je vous ai appelés amis

Jésus nous situe dans une relation d’amitié avec lui-même et avec Dieu mais la conception « théiste » de Dieu implique bien une relation de dépendance, de seigneur-serviteur : 

Théisme

La conception théiste de Dieu est celle d’un Dieu qui serait un personnage tout-puissant extérieur au monde, Zeus brandissant la foudre et décidant du destin des hommes et des États. Celle aussi des maîtres dominant leurs esclaves. Elle est celle dans laquelle on se place, de manière infantile et dépendante en considérant que « Dieu » est maître du climat et en priant pour la pluie ou pour que celle-ci s’arrête, par exemple lors du cyclone de Mayotte.  Le pasteur évangélique Falwell prétendait que Dieu exauçait toujours ses prières et détournait les tempêtes de sa méga-church et de ses émetteurs de télévision et de radio, suscitant évidemment l’inquiétude de ses voisins ! Il avait d’ailleurs dit que la catastrophe survenue en Louisiane était une punition divine, Dieu étant horrifié par l’homosexualité qui y était tolérée.

Une fidèle, arrivée en retard à une réunion de l’église avait pourtant précisé qu’elle avait prié pour que le bus arrive à temps, pensant sans doute que Dieu aurait pu, s’il l’avait voulu, en modifier l’horaire.

Des fidèles catholiques se réunissent par milliers à Rome place Saint-Pierre pour demander à Dieu de bien vouloir guérir la pneumonie du pape, ce qui lui serait évidemment facile dans sa toute-puissance.

Dans tous ces cas, Jésus a raison de dire que l’on ne sait pas ce que veut et ce que fait Dieu de même qu’un « serviteur ne sait pas ce que fait son maitre ». Et justement il affirme que l’on doit se détourner d’une telle conception de Dieu.

Panthéisme
Le panthéisme consiste à vivre une communion fusionnelle dans la grande unité du cosmos avec Dieu immanent au monde. Les mystiques comme Jean de la Croix, Thérèse d’Avila, Thérèse de Lisieux jeunaient, priaient la nuit, se privant de nourriture et de sommeil, se flagellaient en une ouverture intérieure à Dieu lui permettant, pensaient-ils de prendre toute la place dans leur vie et les maintenant dans une passivité et une immobilité analogue aux « serviteurs ignorant ce que fait leur maître. »

Il en est de même de ceux qui s’efforcent de se fondre dans la grande roue de l’Univers, dans l’immobilité du zen ou du yoga, des horoscopes, de la pureté végétarienne ou végane, dans la contemplation émerveillée de la nature dans ses forêts, ses montagnes ou le ciel étoilé.

Nous faisons, certes, partie de la Nature, dont nous « ne savons pas ce qu’elle veut faire de nous » mais Jésus dit que nous sommes « amis » et on ne se prosterne pas en fusionnant avec ses amis sans « savoir ce qu’ils font ». De plus Jésus ajoute : « celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais ».

Panenthéisme

« Tout est en Dieu » ; Dieu en nous et il n’est pas sans nous, il est plus que nous.
On est ses amis et on fait aussi les œuvres qu’il fait.

De quelles œuvres s’agit-il ?

. Les deux premières « œuvres » avec lesquelles l’Évangile de Jean commence le ministère de Jésus sont celles dont il nous détourne : 

A Cana Jésus change en vin de noce l’eau des purifications rituelles et au Temple il disperse les marchands du temple interdisant donc ces sacrifices religieux. Ses disciples ne sont donc pas des serviteurs fidèles observant les gestes et rites plaisant à leur Seigneur. Jésus n’a jamais identifié la foi avec des règles religieuses ou morales. Il n’a jamais laissé croire que l’« amitié » de Dieu consistait à être honnête, travailleur, aller au temple, prier ni s’abstenir des IVG, du mariage pour tous ou ded l’homosexualité.

. Deux œuvres intermédiaires : la parole dite à Nicodème qu’il faut « naître de nouveau », donc ne pas s’attacher aux traditions de la Loi de Moïse et à la Samaritaine que ce n’est ni à Jérusalem ni sur telle montagne qu’il convient de prier.

. Cinq œuvres de Vie à imiter

Participer à la guérison du fils de l’officier royal : chacun contribue à sa manière à la vie de son prochain en encourageant les malades, les handicapés (les jeux paralympiques en ont été un exemple magnifique).

Permettre au paralysé, qui en était incapable, de se plonger dans l’eau de la piscine de Béthesda : Être là pour le prochain que tout le monde ignore !

Multiplier à notre manière les pains pour la foule affamée : ainsi les repas gratuits, les restaurants du Cœur, l’aide de l’État par la Sécurité sociale, le RSA etc.

Soutenir l’aveugle de naissance sans chercher son éventuelle culpabilité.

Redonner vie à Lazaremême si on n’est pas capable de le « ressuciter » !

En un mot, participer à l’œuvre de vie de Dieu dont on est l’ « ami » positif, librement et courageusement ouvert au renouveau de la Vie et ni le serviteur impuissant théiste d’un Dieu « tout-puissant » qui n’existe pas, ni le yogi contemplateur immobile et passif de la Nature.

.

Jésus est le chemin, la vérité et la vie : 

Son chemin de Vie n’est pas balisé par certaines doctrines et certains rites

La vérité ne se trouve ni à Jérusalem ni sur une montagne mais en s’ouvrant à l’Esprit de renouveau.

La Vie est dans la résurrection intérieure, le dynamisme créateur, l’Énergie que ses « amis » partagent avec lui.

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