Spiritualité
Comprendre
Jésus-Christ
Vendredi-saint
Pâques
Pentecôte
Noël
et aussi... l'Ascension
.
Introduction
Les dogmes concernant
Jésus-Christ : sa mort
sacrificielle, sa résurrection, son saint-Esprit, son
incarnation, ses titres de Fils de Dieu, de deuxième personne
de la Trinité etc. sont souvent mal vécus par nos
contemporains ; ils les jugent trop théoriques, peu
crédibles et ne les intègrent pas réellement
dans leur pensée religieuse ; sans oser les
récuser explicitement, ils les abandonnent au langage
d'Église et se contentent d'une relation directe et confuse
à la divinité.
Nous voudrions rechercher dans quelle mesure
ces grandes affirmations correspondent pourtant effectivement au
ministère de Jésus de Nazareth et expliquent en quoi sa
personne est au cœur de notre vision de l'humanité, du monde
et de Dieu. Nous incitons ainsi à un effort de
réflexion théologique qui enrichira, nous
l'espérons, la spiritualité du lecteur et aidera
peut-être certains à se réconcilier avec leur
foi.
Il est bon de savoir que les affirmations
doctrinales, conscientes ou inconscientes que nous véhiculons,
sous-tendent et orientent notre piété, nos
élans, notre prière même et d'être
conscient de la manière dont nous centrons notre foi. Ces
réflexions veulent y aider, en réfléchissant aux
quatre fêtes qui célèbrent
Jésus-Christ.
Nous ne commencerons pas cette
réflexion par Noël, en
posant dès le début l'annonce de la naissance
miraculeuse et de la divinité du Christ.
Centrer notre foi sur le titre de Fils de
Dieu risque trop de nous faire considérer le Christ comme un
être divin venu visiter la terre, métamorphosé
provisoirement en homme ordinaire. Nous sous-estimons alors son
implication dans notre existence humaine, le tragique de sa lutte
contre le mal, de sa passion et de sa mort. Sa résurrection
peut alors paraître banale et évidente.
Paul écrivait :
Les juifs demandent des miracles
et les païens cherchent la sagesse ; nous, nous
prêchons Christ crucifié ; scandale pour les juifs
et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de
Dieu pour ceux qui sont appelés, tant juifs que païens.
1 Corinthiens 1.22-24
Il ne disait pas : nous prêchons
le Fils de Dieu né miraculeusement d'une vierge.
Luc, disciple de Paul, mettait dans la bouche de Pierre une affirmation
analogue :
Que toute la maison
d'Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et
Christ ce Jésus que vous avez crucifié. Actes 2.36
Il ne disait pas : vous êtes
déicides, vous avez crucifié Dieu
lui-même.
D'ailleurs pour Paul le titre de « Fils de Dieu » ne provient pas de la naissance virginale du Christ
mais de sa résurrection :
(il a été)
déclaré Fils de Dieu avec puissance, selon l'Esprit de
sainteté, par sa résurrection d'entre les morts.
Romains 1.4
Tacite, auteur païen, écrivait en l'an 115 dans ses
Annales :
Celui qui est à l'origine
de ce nom (de chrétien), le Christ, fut exécuté
sous le règne de Tibère par le procurateur Ponce
Pilate.
Il ne disait pas : Ses partisans le
croient « Fils de
Dieu ».
Les récits de la nativité
du Seigneur ne se trouvent
d'ailleurs ni dans les épîtres de Paul, ni dans les
évangiles de Marc et de Jean ; seuls Matthieu et Luc les
connaissent ; leurs textes manifestent une telle
élaboration théologique que l'on est conduit à
penser qu'ils représentent en fait, pour ces deux
évangiles, une introduction que l'on ne comprend
réellement qu'après avoir lu l'ensemble du
récit : ce que nous faisons précisément
ici.
.
Le guide de ma
danse
Parmi les voix de notre
monde, celles qui évoquent
Jésus de Nazareth tranchent sur les autres, me concernent,
m'enthousiasment : « lève-toi et
marche », disait-il,
« va en
paix » ; il invitait
les infréquentables, son dynamisme était
créateur, son action gratuite et
désintéressée : espérance pour ceux
dont la vie était grise, le destin navrant, le coeur
bloqué. Il s'est ainsi dressé, en un combat à
mort, contre tout ce qui empêche de vivre. Il a vraiment
inauguré un monde heureux.
Mais il semble qu'il ait détruit
un équilibre existant en
notre monde entre le bonheur et le malheur, la vie et la mort, et
qu'il en ait payé le prix : c'est alors, que, vaincu dans
l'obscurité de sa tombe, il a entendu cette même parole
de Vie qu'il avait tant prononcée pour les autres. Son
relèvement de la mort est l'apogée de cet élan
vital qu'il apportait au monde et la marque décisive de
l'importance de son action.
Sa parole de joie résonne
encore et toujours pour nous
aujourd'hui : nos yeux brillent à la lecture du vieux
Livre ; l'Esprit, le Souffle qui l'animait et parlait par sa
bouche nous anime aussi. Nous sommes entraînés dans une
danse nouvelle où nous sommes aimés, acceptés,
encouragés. Nos yeux s'ouvrent de façon nouvelle
à ces forces du mal que Jésus défiait et nous
les affrontons pour nos prochains comme pour nous-mêmes, car
tout impossible devient possible à la force qui agit dans
notre faiblesse.
Et Dieu,
que je ne sais guère distinguer dans le bleu du ciel ou dans
les complications de mon coeur, c'est Jésus qui nous fait
comprendre qu'on le rencontre précisément dans ces
nouveaux faits et gestes : Dieu d'espérance et de
tendresse nous débarrassant des antiques cauchemars que sont
les divinités du Destin, du Jugement, des souffrances et de la
Mort.
Espérance à cause de la foi en ce Seigneur,
dans un amour renouvelé, émerveillement de la
danse !
Gilles Castelnau
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