
Des apôtres aux premiers martyrs
Arnaud Delalande (auteur) et Andrea Riccadonna (illustrations)
Ed. Plein Vent
48 pages – 15,90 €
recension pasteur Gilles Castelnau
C’est un bel album biblique de bandes dessinées que nous offrent les éditions Plein Vent. La 4e de couverture écrit : « Comment les chrétiens ont-ils peu à peu façonné leur Église, et commencé à évangéliser sur toutes les routes, à travers l’Orient et tout l’Empire romain ? Comment en est-on venu, peu à peu, à la rédaction des Évangiles et à la constitution des textes canoniques ? »
En plus des très nombreuses illustrations d’Andrea Riccadonna, les textes de l’historien Arnaud Delalande sont assez longs et explicatifs : 46 grandes pages qui conviendront aux grands adolescents habitués à la lecture ainsi sûrement qu’à leurs parents.
Les auteurs ont pris la peine de suivre l’histoire de l’Église primitive depuis la Croix et la Résurrection du Christ, le don du Saint-Esprit le jour de Pentecôte, la naissance de la communauté de Jérusalem autour de Pierre, la conversion et les épitres de Paul, en ajoutant des retours en arrière pour rappeler paroles et actions de Jésus sur les chemins de Galilée.
Ils ont mis ces récits dans la bouche de Jean, vieillissant à Éphèse et les racontant à un petit jeune homme qui les ignorait. Excellente idée permettant de préciser un peu la chronologie des récits du Nouveau Testament.
Gageons que les lecteurs seront tous heureux et intéressés de retrouver présentés de manière aussi vivante et colorée les récits, parfois bien lointains, qu’on leur a racontés au catéchisme. Ou peut-être qu’ils n’ont pas connu en un catéchisme qu’ils n’ont pas fréquenté.
Le dessinateur aurait sans doute dû résister au plaisir des réaliser des dessins grandioses pour « décrire » la Résurrection du Christ, sa Transfiguration, son Ascension, ou l’Assomption de Marie : le surnaturel est un élan intérieur qui transcende le cœur et non une réalité objective que l’on peut représenter sans le dénaturer et le rendre non crédible.
Évidemment, les habitués de la Bible enthousiastes du dynamisme créateur qui surgit à la lecture de ses textes et qui s’y sentent entrainés dans un heureux élan de joie, seront peut-être décontenancés par la monotonie des couleurs ternes qu’a choisies Andrea Riccadonna et par le ton triste et la rédaction souvent angoissante des textes d’Arnaud Delalande. Plutôt que d’entrer dans l’esprit positif et vivant des rédacteurs du Nouveau Testament, les auteurs nous les montrent comme vus par un historien extérieur, ce qui donne une atmosphère évidemment peu attrayante en comparaison des textes bibliques, risquant ainsi de confirmer le jeune lecteur dans l’idée que « la religion est à éviter ».
Ah ! La lapidation d’Étienne qui couvre presque deux pages, comparées aux 6 versets de Luc !
Ah ! La conversion de Paul aux images sombres et dramatiques présentant l’apparition du Christ comme menaçante et effrayante pour les assistants.
Ah ! L’horrible décapitation de Jacques pourtant sobrement mentionnée dans les Actes par les seuls mots : « Hérode fit mourir par l’épée Jacques, frère de Jean. »
Ah ! La terrible crucifixion de Pierre la tête en bas à Rome « dans le circus Vaticanus » pourtant totalement ignorée de la Bible. Récit suivi, sur la même page de la mort de Paul à Rome également imaginaire, décapité en ayant la vision de l’affirmation concernant Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »
Imaginaire aussi l’issue du « conflit d’Antioche » dont le texte prétend que Paul, vaincu par Pierre « quitta Antioche dans une sorte d’exil » alors que la Bible lui donnait au contraire raison.
Cette présentation sur le même plan « historique » des « textes canoniques » et des récits légendaires issus de l’imagination populaire se retrouve partout, confondant des traditions catholiques ultérieure avec la vérité biblique.
Ainsi la retraite de Marie dans la maison de Jean à Éphèse, son Assomption céleste dans la gloire, ou la retraite de Marie-Madeleine dans sa grotte n’ont aucun fondement biblique. Les auteurs n’ont tout de même pas osé préciser qu’il s’agissait de la Sainte-Baume et ont omis le fameux récit de sa sœur sainte Marthe maitrisant le terrible dragon de la Tarasque dans les roseaux du Rhône !

page 10. Le magnifique et émouvant récit de Matthieu suggérant que la foi permet de ne pas se laisser noyer ne peut guère être rendu sans ridicule par Pierre dansant sur l’eau !

page 18. Les auteurs projettent sur l’Église primitive le culte marial qui n’a été développé que plusieurs siècles plus tard

page 32
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