Le religieux dans la presse

Par

Les Indiens d’Amérique

« Terre éternelle de notre peuple »

Violations des Droits humains des État-Unis envers les peuples Numu/Nuwu et Newe dans la course pour le lithium

Donald Trump n’avait probablement pas assez d’ennemis ! Il y a ajouté les Indiens Numu, Nuwu et Newe (ou Shoshone) du Nevada, un État situé à l’ouest des États-Unis, voisin de la Californie. La ville du jeu Las Vegas est au Nevada mais surtout d’importants gisements de minéraux dont des gisements d’argent d’où son surnom officiel de « Silver State ». Et au Nevada, se trouve aussi une mine de lithium utilisé pour fabriquer des piles électriques et batteries d’accumulateurs rechargeables ou à haute tension entre autres.

Le gouvernement américain vient d’autoriser la compagnie minière Lithium America à ouvrir une mine sans se soucier des droits des populations indigènes et de l’accès à leurs terres ancestrales, importantes pour leurs pratiques religieuses et culturelles ou nombre des leurs sont enterrés.  Ces populations indiennes craignent aussi que la mine menace leur santé et leur réserve d’eau. En mars 2024, un descendant Indien de ces tribus avait expliqué : « Nous pensions que les colons qui respectent leurs propres tombes respecteraient les nôtres. Et que personne ne forerait notre cimetière. Mais ils l’ont fait. Ils nous traitent comme si nous étions des animaux inférieurs à eux. Ils ne nous respectent pas alors que nous les respectons. »  

Et un membre de la tribu shoshone se souvient qu’en 1865, le 1er bataillon du Nevada, de la cavalerie des États-Unis avait commis un massacre dans ces villages indiens alors qu’il n’y avait eu aucune provocation. Les soldats américains avaient tué hommes, femmes et enfants et ceux qui avaient réussi à fuir avaient été poursuivis et abattus par les soldats de l’Union. A la fin, la terre était couverte de corps, laissés sans sépulture pour qu’ils pourrissent. Les colons lui ont donné le nom de Thacker Pass, un nom adopté aujourd’hui pour la mine de lithium en cours d’installation. Le massacre et la violation des droits des Indiens de 1865 par des colons et des forces militaires américaines est à nouveau présent dans les communautés indigènes. Les Numu, Nuwu et Newe ont fait face à la violence et au racisme et à la certitude des colons d’avoir un droit originel sur ces terres. Depuis les années 1600, on a interné les peuples indiens dans des réserves après les avoir arrachés à leurs terres. Mais malgré les tentatives des États-Unis de détruire les communautés indiennes, au Nevada ou ailleurs en Amérique, elles résistent et demeurent spirituellement et physiquement connectés à leurs terres ancestrales. 

Les « charities » américaines

En critiquant les évêques catholiques américains pour leur soutien aux immigrants et en les accusant de se faire de l’argent sur l’aide apportée, le vice-président JD Vance, qui est un catholique récent, avait relancé des années d’attaques du Parti républicain contre l’Église catholique. Le 8 février, Michelle Boornstein, la journaliste chargée des questions religieuses au quotidien The Washington Post revient sur l’affaire Vance.

Et d’abord pour rappeler que c’est Georges W. Bush alors candidat républicain à la présidence qui avait appelé au financement des groupes religieux engagés dans l’aide aux sans-abri et arrivant au pouvoir avait, en 2001, lancé des partenariats avec des groupes religieux et le gouvernement. Un président républicain plus tard, des membres haut placés de l’administration Trump et des alliés du président dont son vice-président s’attaquent aux groupes religieux, notamment catholiques et luthériens, qui font ce même travail que Bush avait loué et remettent en question leurs efforts pour aider les migrants. « Ces attaques pourraient signaler une nouvelle approche politique envers la religion, selon certains experts, une approche qui consiste à dénigrer les groupes religieux – malgré l’image autoproclamée du président Donald Trump de défenseur des chrétiens [ces groupes, comme les évangéliques, qui dans certains cas ont permis l’accès au pouvoir de Trump]. » 

Ainsi, le mois dernier, relève le Washington Post, le vice-président JD Vance a critiqué l’aide de l’Église catholique américaine aux immigrants et aux réfugiés, « suggérant que l’Église est motivée par l’argent et a allégué sans preuve qu’elle travaille avec des millions d’’immigrants illégaux’. » (Les groupes catholiques dépensent plus d’argent pour les services aux immigrants qu’ils n’en reçoivent du gouvernement fédéral, selon un audit financier annuel.) Et quelques jours plus tard, raconte le Washington Post, « c’est un chrétien nationaliste allié de Trump qui a accusé les organisations luthériennes recevant des subventions du gouvernement fédéral pour aider les nécessiteux de « blanchiment d’argent ». 

Elon Musk a emboité le pas qualifiant d’« illégales » les organisations luthériennes travaillant aux États-Unis pour fournir des soins aux sans-abri, gérer des banques alimentaires et aider les migrants et les réfugiés. Et l’équipe du « Département de l’efficacité gouvernementale » ou DOGE, invention du cerveau chauffé à blanc de Musk a mis fin rapidement à ces paiements qualifiés d’« illégaux » sans aucune preuve évidemment. Et sans se demander non plus quelles seront les conséquences sur les sans–abri et autres affamés. La Maison Blanche inquiète manifestement, a annoncé un groupe de travail au ministère de la Justice pour enquêter sur les« préjugés antichrétiens » et autres crimes liés à la religion.

Mais la porte-parole de la Maison Blanche peut s’égosiller à clamer que « le Président Trump a  rassemblé la plus grande coalition d‘Américains croyants de l’histoire et qu’il continuera à poser des questions importantes sur les dépenses financées par les contribuables tout en défendant la liberté religieuse dans son pays et dans le monde », il faudrait peut-être qu’il commence par mettre au pas tous ces politiques qui attaquent le travail de charité des Églises, vivant témoignage des croyants.

Aide américaine aux Églises ukrainiennes

Les dirigeants des Églises ukrainiennes se disent choqués de l’arrêt immédiat et sans avertissement, des programmes d’aide étrangère par les États-Unis qui représentait un budget de 40 milliards de dollars et 10 000 emplois. 

« L’USAID, cette aide internationale américaine crée en 1961 a permis à l’Ukraine de se défendre ; cette décision est donc inimaginable » a déclaré le directeur de l’organisation catholique Caritas.  « Son aide a été essentielle pour nous permettre d’aider les personnes les plus nécessiteuses, victimes de cette guerre que mène la Russie. » Il a déclaré à l’hebdomadaire anglican Church Times qu’aucun avertissement n’avait été donné concernant la fermeture soudaine de l’USAID, dont le soutien, encouragé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, avait été vital pour l’aide fournie par Caritas aux villages proches de la ligne de front de 1 500 km.

Les appels à la reprise de l’aide sont venus de dirigeants d’Églises aux États-Unis, qui ont exhorté les chrétiens à contacter leurs représentants élus. Sur son site Web désormais suspendu, l’USAID a déclaré que son soutien à l’Ukraine, s’élevant à ce jour à 37,6 milliards de dollars, s’est avéré « essentiel » pour son « avenir économique et démocratique » et son « intégration euro-atlantique ». Lundi dernier pourtant, le Président américain continuant son travail de sape a déclaré que l’USAID était dirigé par « des fous radicaux de gauche » qui s’en tiraient avec une « fraude énorme » ! On appréciera encore une fois son sens de la modération et de la vérité…

Et les Ukrainiens craignent une « paix injuste » à n’importe quel prix, depuis que le Président a promis de mettre fin à la guerre. Craintes désormais amplifiées par la fermeture de l’USAID. Et la multiplication par cinq du nombre d’aumôniers orthodoxes russes affectés à « l’opération spéciale », euphémisme de Poutine pour désigner la guerre en Ukraine. On note aussi la construction, avec l’aide de l’État russe, d’un grand nombre d’Églises orthodoxes rattachées au patriarche Kirill dans les territoires nouvellement libérés d’Ukraine.  L’agence de presse des Églises orientales (NOK), basée en Allemagne, a publié la semaine dernière une nouvelle « confession de foi » du clergé orthodoxe russe opposé à la guerre, déplorant la « frivolité » des représentants de l’Église qui « utilisent le nom de Dieu dans leur rhétorique » et lui « dictent de quel côté Il devrait se trouver dans les conflits terrestres ». Comme celui avec l’Ukraine.

« Riviera » américaine à Gaza

Alain Frachon, journaliste au Monde a publié ce 6 février un texte relevant l’absurdité de la proposition de Trump de faire de la bande de Gaza une « Riviera ». « La proposition pourrait prêter à sourire, si la situation des otages israéliens et des Palestiniens sans abri n’était si grave », écrit Frachon. Ce qu’il y a de touchant chez Donald Trump, c’est la fidélité à son métier d’origine. La promotion immobilière, il est vrai, règle bien des problèmes.

Après tout, le conflit israélo-palestinien est une affaire de répartition foncière, une question notariale : deux peuples pour une même terre, comment faire ? Depuis la fin des années 1970, ses prédécesseurs à la Maison Blanche ont planché sur le sujet. Dresser la liste des causes qui sont à l’origine de l’échec d’un demi-siècle de processus de paix serait long et fastidieux […] Arrive Donald Trump. Il a l’avantage de ne pas avoir l’esprit embarrassé par toutes ces considérations. Ses années de promotion immobilière lui ont donné le sens du terrain : c’est quand un bâtiment est en ruine qu’il faut acheter. Ses années de télé-réalité lui ont aussi appris que la vraie réalité est d’abord cathodique Alors, riche de cette expérience, il casse les codes et il imagine : 40 kilomètres de côtes au bord de la Méditerranée orientale, quel promoteur y résisterait ? Il gamberge.

Un grand Mar-a-Lago, sa résidence en Floride, mais bien sûr, voilà l’idée ! Des villas de luxe dans les champs d’oliviers, des immeubles dans le style local sur le front de mer. Avec un golf peut-être, dans les dunes, Les acquéreurs vont se précipiter « du monde entier », a dit Trump. C’est assez simple à réaliser. Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza (avec la VIe flotte qui opère en Méditerranée ?), ils vont en acquérir la « propriété » (auprès de qui ? Les Gazaouis, l’Égypte, Israël, l’Autorité palestinienne, le Hamas, la Ligue arabe ?), et les amis du métier (des promoteurs américains, sans doute) vont, en quelques années, transformer l’ensemble en « Riviera ».

En attendant, les 2 millions de Palestiniens sur place seront relogés, « dans des belles maisons », en Égypte et en Jordanie – qu’il faudra construire, bien sûr : toujours cet attachement de Donald Trump au BTP. Tout sera payé par les pays du Golfe. Naturellement, certains Palestiniens pourront revenir dans la « Riviera », où les Israéliens aussi seront les bienvenus. Et tout le monde ira golfer sous les palmiers. On pourrait sourire si le sujet s’y prêtait, si la situation des otages israéliens et des centaines de milliers de Palestiniens sans abri, sans hôpitaux, sans écoles, n’était si grave. Les optimistes et les trumpistes défendront la créativité du président  […] Charitablement, ils évoqueront la manière Trump : lâcher une bombe pour toujours occuper l’espace médiatique, puis regarder ce qui retombe en espérant quelque effet positif. Pour l’heure, le programme Gaza-villas et déplacement de population est unanimement condamné dans le monde arabe, tout particulièrement au Caire et à Amman. Il résonne comme une menace pour le deuxième volet du cessez-le-feu conclu en janvier entre Israël et le Hamas : pourquoi l’appliquer si les Palestiniens doivent être chassés du territoire ?

Dans la mémoire collective palestinienne, la seule évocation d’un transfert de population sonne douloureusement comme la possibilité d’un nouvel exil après celui de 1948. Le plan Trump banalise le programme de l’ultradroite israélienne qui entend rouvrir des colonies à Gaza et prône l’installation des Gazaouis en Égypte […]. Au passage, le président a fâché son allié saoudien. Pour établir des relations diplomatiques avec Israël, assure Donald Trump, Riyad n’exigerait plus la reprise d’une négociation sur la création d’un État palestinien. A peine avait-il émis ce propos que la maison des Saoud publiait un long et catégorique communiqué jurant du contraire. Le projet « Riviera » a peut-être tué les accords d’Abraham, ce processus en cours de normalisation d’Israël dans son environnement arabe. Plus grave […] ce qui est en jeu avec la méthode Trump, c’est la parole des États-Unis. Alors que doit s’amorcer une négociation lourde et difficile sur la guerre en Ukraine, faudra-t-il à chaque propos du président du plus puissant pays du monde se poser la question : « Sérieux, pas sérieux ? »

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Et pendant ce temps, plus de 300 000 Palestiniens réfugiés dans le sud de l’enclave palestinienne remontent vers le Nord ayant parfois pour tout bagage quelques couvertures et cherchent parmi les ruines de Gaza sans rien reconnaître de ce qui fût leur vie. D’autres s’installent dans les ruines de maisons abandonnées par des familles à jamais disparues. La paroisse de la Sainte Famille à Gaza, seule paroisse catholique latine tente ainsi de pourvoir aux besoins de ces Gazouis qui arrivent en masse et s’ajoutent aux Gazaouis paroissiens de cette communauté et aux réfugiés qui ont afflué dans ses locaux durant les bombardements israéliens contre le Hamas.

Une réponse à “Le religieux dans la presse”

  1. Roderik Dudok de Wit

    Merci chère Claudine pour cet article si intéressant!
    Mais comment briser en France selon toi cette pensée unique de nombreux médias à l’encontre de ce peuple Palestinien si terrorisé, et ceci depuis si longtemps?
    Etre de gauche = être pro-Palestinien?
    Etre de centre-droit = être pro-Israélien?
    Quel schéma absurde… Comment faire bouger cette aberration?

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