Le religieux dans la presse

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Le Président Jimmy Carter

Jimmy Carter, 39e président des États-Unis, est mort, à l’âge de 100 ans, le dimanche 29 décembre 2024. Ouvertement évangélique et très pieux, il était le premier président américain à se déclarer chrétien « born again ». Jimmy Carter tout au long de sa vie, participera dès qu’il le pouvait à l’école du dimanche, la catéchèse destinée aux enfants, dans sa paroisse baptiste de Plains, une petite ville de Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis où il habitait depuis 1961, attirant chaque fois des curieux venus de tous les États-Unis

 Le président qui voulait moraliser la politique américaine

Contemporain de Valéry Giscard d’Estaing, associé aux accords de Camp David, pour la paix au Proche-Orient, Jimmy Carter était le plus ancien président des États-Unis encore en vie. En septembre 1978 rayonnant de ce large sourire qu’on lui connaissait, il joint ses mains avec chaleur à celles du président égyptien Anouar El Sadate et du premier ministre israélien Menahem Begin, scellant la signature des accords de Camp David. L’image, tout à la gloire du 39e président américain, a fait le tour du monde, célébré à l’étranger par un prix Nobel de la paix (2002). Son nom de James Earl Carter, alias Jimmy, restera aussi associé à l’humiliation de l’Amérique à travers la crise des otages américains en Iran, mais c’est une autre histoire. 

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C’est à Plains, sa petite ville natale de l’État de Géorgie que s’est ouvert, ce samedi 4 janvier l’hommage de la nation américaine à l’ancien président des États-Unis Jimmy Carter, mort le 29 décembre à l’âge de 100 ans. Les cérémonies en son honneur se poursuivront jusqu’au 9 janvier, déclarée journée de deuil national. Elles ont commencé ce samedi et dureront six jours, pour se souvenir, son cercueil porté par des agents du Secret Service, chargés de la protection des personnalités politiques jusqu’au corbillard, a sillonné la ville de Plains à laquelle l’ancien président était si attaché puis s’est arrêté devant la ferme familiale des Carter où il a grandi. Là, la cloche a sonné 39 fois, en hommage au 39e chef d’État américain qu’il a été. Ensuite, direction Atlanta, capitale de la Géorgie, avec un moment de recueillement devant le Capitole où il siégea comme sénateur puis gouverneur. Puis un arrêt au Carter Center, la Fondation crée en 1982 par les Carter, Rosalyn et Jimmy, une Fondation dont le but proclamé est la prévention et la résolution pacifique des conflits, l’observation des élections dans de nombreux pays où la défense de la démocratie est en jeu, la protection de l’environnement, l’aide au développement, ainsi que la réduction des souffrances humaines dont le trachome, une maladie infectieuse de l’œil qui touche nombre de pays dans le monde et provoque la cécité si elle n’est pas soignée. Son engagement au sein de cette Fondation lui avait valu un hommage appuyé du directeur de l’Organisation mondiale de la santé. Enfin ce mardi, la famille Carter accompagnera le cercueil, à bord de l’avion officiel jusqu’à Washington où il sera exposé au Capitole, siège du Congrès où siègent les élus du Sénat et de la Chambre des représentants, après une cérémonie d’hommage en présence des parlementaires. Enfin le public est invité à rendre hommage à l’ancien président mardi et mercredi et jeudi le cercueil quittera le Capitole pour la cathédrale nationale de Washington où se dérouleront les funérailles avec un éloge du président sortant Joe Biden et la présence annoncée de Bill Clinton, Georges W. Bush et Barack Obama. En hommage, les drapeaux américains ont été mis en berne pour 30 jours, y compris le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump… Enfin, des funérailles privées auront lieu à Plains, dans l’église baptiste, son Église.

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Les hommages à l’ancien président américain se multiplient à l’international depuis l’annonce de sa mort. On rend hommage à l’architecte des accords de Camp David, qui ont permis à l’Égypte et à Israël de faire la paix.  Lorsqu’il quitte le pouvoir en janvier 1981, ce passionné de démocratie et de justice sociale, entame, un nouveau chapitre de son engagement pour la démocratie. A la tête du « Centre Carter » qu’il crée à Atlanta, il supervise des dizaines de scrutins à travers le monde. Et se passionne inlassablement.

En 2002, le prix Nobel de la paix lui est attribué pour « ses décennies d’efforts infatigables en faveur d’une résolution pacifique des conflits internationaux, des progrès de la démocratie et des droits de l’Homme. » Les États-Unis ont perdu un homme de paix à l’engagement humanitaire constant.  Le Président Joe Biden, qui a décrété une journée de deuil national le 9 janvier, a regretté dans un communiqué la perte « d’un dirigeant, d’un homme d’État et d’un humanitaire extraordinaire »« Pour tous ceux qui cherchent à savoir ce que cela veut dire de vivre une vie qui a un but et un sens (…), étudiez Jimmy Carter, un homme de principe, de foi et d’humilité.»  a encore déclaré Joe Biden. Et le nouveau président élu, Donald Trump, a pour sa part insisté sur les « défis auxquels Jimmy a été confronté en tant que président ». « Il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour améliorer la vie de tous les Américains. Pour cela, nous lui devons tous reconnaissance ». Enfin nombre de commentateurs ont souligné ce désir de Jimmy Carter de « moraliser la vie politique américaine. » Mais les hommages à Jimmy Carter ont largement dépassé les frontières américaines. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, l’a ainsi décrit sur X comme  « un grand médiateur pour la paix au Moyen-Orient » tandis qu’Emmanuel Macron a salué un président qui « a défendu les droits des personnes les plus vulnérables et mené sans relâche le combat pour la paix. » Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a également insisté sur son engagement pour la paix, auquel il a été fidèle « tout au long de sa vie », marquée par « des décennies de service désintéressé »De nombreux dirigeants ont insisté sur son rôle crucial dans la signature des accords de Camp David en 1978, qui lui a valu de recevoir le prix Nobel de la paix au début des années 2000. « Son rôle important dans la réalisation de l’accord de paix entre l’Égypte et Israël restera gravé dans les annales de l’histoire et son œuvre humanitaire incarne un principe élevé d’amour, de paix et de fraternité », a écrit le chef de l’État égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, dans un message sur le réseau social X. Enfin le décès de Jimmy Carter a aussi eu une résonance particulière au Panama. Jimmy Carter avait permis de transférer à ce petit pays d’Amérique centrale le contrôle du canal qui relie l’océan Atlantique et l’océan Pacifique, Le président panaméen a souligné que « le passage à la Maison-Blanche de Jimmy Carter a marqué des moments, cruciaux pour le Panama pour négocier et conclure les traités en 1977, avec lesquels le transfert du canal au Panama et la pleine souveraineté de notre pays ont été réalisés », ce que Donald Trump paraît remettre en question aujourd’hui. Enfin, du Vatican, le pape a rappelé « l’engagement ferme de Carter, motivé par une foi chrétienne profonde, en faveur de la réconciliation et de la paix entre les peuples et de la défense des droits humains, ainsi que du bien-être des pauvres et des personnes dans le besoin », un beau témoignage. En conclusion de son message de condoléances, le pape a assuré de ses prières « tous ceux qui pleurent la perte  de Jimmy Carter. »

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De confession baptiste, une variété de protestantisme, l’ancien président a longtemps donné des cours de Bible à Plains en Géorgie, aux enfants de son Église Maranatha (une expression qui signifie en araméen, la langue parlée par Jésus, « Viens Seigneur ! »)  L’archevêque catholique d’Atlanta raconte avoir assisté à l’un des cours de Jimmy Carter à l’école du dimanche de Plains : « Ce matin-là, la leçon portait sur l’amour. Il a posé la question suivante : « Que devons-nous faire pour recevoir l’amour de Dieu ? » Les jeunes ont répondu à cette question avec beaucoup d’enthousiasme. À la fin, le président a dit : « Rien, nous ne devons rien faire parce que Dieu nous aime d’abord ». Lorsqu’il quitte le pouvoir en janvier 1981 à l’âge de 56 ans, ce passionné de démocratie et de justice sociale, une application directe de sa foi, il entame, avec une énergie indéniable, un nouveau chapitre. A la tête du « Centre Carter » qu’il crée à Atlanta, il supervise des dizaines de scrutins à travers le monde. Voyageur infatigable, on le retrouve partout : au Mexique, au Pérou, au Nicaragua, ou encore au Timor oriental. En Haïti, à Chypre, en Corée du Nord, il offre ses services, se passionne inlassablement, même si les résultats sont parfois ténus. En 2002, le prix Nobel de la paix lui est attribué pour ses décennies d’efforts infatigables en faveur d’une résolution pacifique des conflits internationaux, des progrès de la démocratie et des droits de l’homme [et de la femme]. On pourrait se souvenir de Jimmy Carter et de sa foi profonde en l’écoutant une dernière fois : En 2015, il avait entamé une radiothérapie pour des tumeurs au cerveau : « J’ai pensé, bien sûr, que j’allais mourir très rapidement. J’ai prié. Je n’ai pas demandé à Dieu de me laisser vivre plus longtemps mais je lui ai demandé de me donner une attitude digne face à la mort. Et j’ai réalisé que j’étais pleinement serein face la mort ».

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