Le religieux dans la presse

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Le Président de la Fédération protestante de France a tenu à saluer le pape François. 

« Son décès suscite une vive émotion, écrit-il, une émotion largement partagée bien au-delà des frontières du catholicisme. Par sa parole, sa posture, et sa capacité d’écoute, il a su forcer un profond respect, y compris parmi les non-croyants. Dès les premiers hommages, les analyses s’affrontent pour tenter de le situer : avait-il une sensibilité de gauche ou était-il conservateur ? A-t-il été un réformateur répondant aux attentes de réformes de la Curie ? De l’Église ? Force est de constater que ces catégories apparaissent bien insuffisantes pour saisir l’originalité de son ministère.
 

Deux traits fondamentaux de sa personnalité offrent une clé de lecture de l’ensemble de son action. D’abord, sa conscience aiguë de l’unité du vivant. Le pape François percevait son ministère comme une responsabilité universelle, englobant l’humanité tout entière et la création. Il rappelait, à la suite de François d’Assise, que chaque être humain et chaque élément de la création possède une valeur inestimable. Ensuite, cette conscience s’accompagnait d’une empathie rare : chaque visage qu’il rencontrait illuminait le sien. Chaque drame humain le saisissait en son for intérieur.
 

Ces deux dimensions – conscience de l’unité et empathie – irriguent ses engagements majeurs : l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, la solidarité avec les pauvres et les migrants, le plaidoyer en faveur d’une écologie intégrale car « tout est lié », sa lutte contre l’antisémitisme et toute discrimination, sa proximité concrète avec les chrétiens de Gaza, son incessant appel à la paix. Elles éclairent également ses critiques vigoureuses des systèmes économiques peu soucieux des humains et de la création, celles des discours populistes niant le bien commun de tous les vivants, celle de la guerre et de ses logiques mortifères.
 Ces mêmes ressorts intérieurs ont guidé sa réforme de l’Église catholique et de la Curie romaine. Avec détermination mais sans rupture brutale, il a engagé l’Église sur un chemin d’écoute et de transformation. La rencontre privée du vice-président avec le pape n’avait pas été annoncée à l’avance, mais elle était très attendue […] La Fédération protestante de France rend grâce à un homme de foi dont la parole, libre et audacieuse, a résonné bien au-delà des frontières ecclésiales. Porteuse d’espérance, de vérité et de paix, elle a su réveiller les consciences. Son héritage continue d’inspirer celles et ceux qui œuvrent pour la paix, la dignité de toute vie et la fraternité humaine. »

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Le vice-Président américain J.D. Vance a rencontré le pape

« Cette rencontre, très attendue avec le Pape, d’un catholique important, le vice-Président américain J.D. Vance, qui a publiquement critiqué certains enseignements sociaux de l’Église catholique a duré quelques minutes. À la fin de la rencontre, Vance avait pris la main droite de François dans la sienne en disant « Je prie pour vous tous les jours », raconte la presse Après la rencontre, François avait été conduit à la Loggia des Bénédictions surplombant la place Saint-Pierre où l’archevêque maître des cérémonies apostoliques, avait lu, à haute voix le discours de Pâques de François – connu sous le nom d’Urbi et Orbi, « à Rome et au monde » – qui présentait une vision du monde en contraste frappant avec celle de l’administration Trump et de J.D. Vance ! 

« Quel mépris est parfois suscité envers les personnes vulnérables, les marginalisées et les migrants », a lu l’archevêque Ravelli, sans mentionner de pays ni de personne. Dans un autre passage le pape François avait écrit : « J’appelle tous ceux qui occupent des postes à responsabilité politique dans notre monde à ne pas céder à la logique de la peur, qui ne conduit qu’à l’isolement, mais plutôt à utiliser les ressources disponibles pour aider les plus démunis, lutter contre la faim et encourager les initiatives en faveur du développement. Ce sont les “armes” de la paix : des armes qui construisent l’avenir, au lieu de semer la mort. » Si Vance, un converti au catholicisme il y a 6 ans, a contesté la position de l’Église catholique américaine sur l’immigration – réprimandant la Conférence des évêques catholiques des États-Unis qui désapprouve sa politique et celle de Trump sur les migrants et reconnaissant des divergences avec le pape sur cette question –, il a également parfois cherché à apaiser les tensions avec le Vatican. Le pape est « fondamentalement une personne qui se soucie du troupeau de chrétiens sous sa direction », avait déclaré Vance lors d’un petit-déjeuner de prière catholique, fin février. La rencontre de Vance avec François intervenait environ deux mois après que le pape eut adressé une lettre extraordinaire aux évêques américains, dans laquelle il contestait les « déportations massives » de l’administration Trump. Dans cette lettre, le pape semblait critiquer Vance pour avoir suggéré que l’« ordo amoris » – un concept catholique médiéval – pourrait être utilisé pour justifier ces déportations, en définissant une hiérarchie dans la charité chrétienne : la famille en premier, suivie des voisins, de la communauté, des concitoyens et enfin de tous. François, dans sa réplique, avait répondu : « Le véritable ordo amoris à promouvoir est celui que nous découvrons en méditant constamment sur la parabole du “Bon Samaritain” ». « Vance est là, remarquait un diplomate de haut rang proche du Vatican, pour briser l’inimitié et contourner les préjugés potentiels par un geste personnel, afin [de tenter d’établir] une bonne relation avec le pape.  Et c’est une manœuvre très astucieuse : si le courant passe entre lui et le pape, cela surmontera tout obstacle idéologique. » Le temps a manifestement manqué au Pape comme à Vance pour établir ce rapport personnel. « L’affaire était d’importance pour l’Église catholique et l’administration Trump, J.D. Vance en tête, en pleine brouille relève le quotidien américain The Washington PostCar, en défendant la politique d’expulsions décidée par la Maison Blanche, Vance, cet adepte d’un courant « postlibéral », s’est permis de tancer l’Église, et à travers elle, le Vatican, sur son propre terrain, la théologie » [en adoptant l’Ordo Amoris de Saint Augustin]. Il reste que François disparu, le catholicisme identitaire et radical porté par Vance demeure en opposition frontale avec la doctrine léguée par le pape François plus compassionnelle et ouverte, A l’opposé de ceux qui, dans le catholicisme post-libéral militent pour un gouvernement fort au service de valeurs conservatrices et dont J.D. Vance est le porte-étendard, de l’immigration à la guerre dans la bande de Gaza ou le gel de l’aide humanitaire internationale. 

Le Washington Post relevait : « Certes, ce courant post-libéral relève encore de la niche au sein d’un catholicisme américain dominé par des tendances conservatrices plus traditionnelles. Certes, les évêques américains, même les plus conservateurs, se sont opposés à l’administration Trump sur le sujet de l’immigration, jusqu’à voir certains de leurs financements supprimés. Il n’empêche, tous se retrouvent dans leur contestation des politiques d’ouverture du pape François comme la bénédiction des couples homosexuels, ou la place plus importante donnée aux femmes dans l’Église », constatait le quotidien américain. 

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Le mur le long de la frontière américano-mexicaine

En 2016, après que Donald Trump, alors candidat à la présidence, eut promis de construire un mur le long de la frontière américano-mexicaine, le pape déclara : « Celui qui ne pense qu’à construire des murs, où qu’ils soient, et non à construire des ponts, n’est pas chrétien. » Durant le second mandat de Trump, François a présenté l’Église comme un rempart spirituel contre les déportations massives aux États-Unis […]  « L’expulsion de personnes qui, dans bien des cas, ont quitté leur pays pour des raisons d’extrême pauvreté, d’insécurité, d’exploitation, de persécution ou de grave dégradation de l’environnement, porte atteinte à la dignité de nombreux hommes et femmes, et de familles entières, et les place dans un état de vulnérabilité particulière », avait encore écrit François dans une récente lettre aux évêques américains. 

A propos des homosexuels, il avait à plusieurs reprises insisté : 

« Nous sommes tous enfants de Dieu, et Dieu nous aime tels que nous sommes et pour la force avec laquelle chacun de nous lutte pour sa dignité », avait-il déclaré, ajoutant que les responsables religieux « doivent œuvrer pour mettre fin aux lois discriminatoires envers les homosexuels ». Le pape avait précisé à l’adresse des évêques qu’ils « devaient entreprendre un processus de conversion et faire preuve de tendresse envers les homosexuels, comme Dieu en a pour chacun de nous. »

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