Eucharistie sans gluten
Peut-on utiliser du pain sans gluten et du jus de raisin lors d’un service de communion dans l’Église anglicane d’Angleterre ? On croit rêver lorsqu’on en arrive à poser le plus sérieusement du monde de telles questions, alors que l’Église anglicane comme d’autres Églises chrétiennes en Occident est en péril sérieux faute de clergé suffisant, de paroissiens dont le nombre décline dangereusement et ou de ressources financières en diminution constante, tous facteurs qui mettent en péril le témoignage de l’institution vis à vis du monde. Mais comme les médias ne voient souvent que le côté futile de l’affaire, la réponse d’un évêque à propos de cette question sur le pain de la communion sans gluten avait été « mal interprétée » et avait soulevé, écrit l’hebdomadaire anglican Church Times, « une vague de commentaires dans les médias. » La question visait à savoir si le canon B17 pouvait être modifié afin d’autoriser officiellement l’utilisation de pain sans gluten et de jus de raisin lors de l’eucharistie. Comme la réponse venait d’une autorité anglicane, et rappelait « la position bien établie » au sein de l’Église d’Angleterre selon laquelle « le pain fait avec du blé et le vin sont les éléments à consacrer lors de la communion » avait été compris par les médias entre autres, comme une interdiction du pain sans gluten et du jus de raisin … Il a fallu qu’un théologien déclare officiellement que « de nombreuses Églises anglicanes d’Angleterre communient aussi avec du pain sans gluten et du jus de raisin et que certaines hosties du fait de leur très faible teneur en blé étaient considérées comme sans gluten et recommandées entre autres par une association qui conseille les personnes atteintes de maladie coeliaque (intolérantes au gluten.) » Et le théologien a ajouté que « le droit canonique ne s’opposait pas à leur utilisation. » Nous voilà rassurés. Il reste à savoir pourquoi nous communions. Et au-delà des vrais malades du gluten, si l’obsession contemporaine autour de la nourriture ne reflète pas un désordre de notre humanité bien plus grave.
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« Auprès de Jésus »
Le bulletin de nouvelles du Vatican a publié tout récemment un « témoignage des chrétiens de Gaza réfugiés ‘auprès de Jésus’ », une image pour parler de l’Église catholique qui les accueille. Le curé de la paroisse de la Sainte Famille, le père Gabriel Romanelli, raconte les raids israéliens tout près, qui ont frappé à quelques mètres de son église, dans la nuit du 17 mars. « Parmi les 500 réfugiés hébergés dans l’église, ceux qui étaient partis pour retrouver une vie normale reviennent, “auprès de Jésus“ parce qu’ils se sentent plus en sécurité. Il dit que tout va bien mais que dans toute la bande de Gaza, on parle déjà de 350 morts et de plus de 1000 blessés après les raids menés par Israël, interrompant la trêve de deux mois. » Le père Romanelli ignorait au moment où il racontait cette angoisse et ce désespoir que les Gazaouis vivaient qu’un mois plus tard la situation serait pire. Il décrivait l’anxiété permanente des civiles palestiniens comme en témoignait le retour dans son église une douzaine de familles sur les vingt qui avaient essayé au cours des mois précédents de « s’installer dans ce qui restait de leurs maisons ou dans celles de parents », à la recherche d’une « vie plus sereine, plus normale. » [Et l’on se demande quelle vie « normale » on peut avoir alors lorsqu’on regarde des photos publiées sur le site des Nations Unies, qui montrent des enfants jouant dans les gravats, une jeune femme tentant d’étendre du linge parmi des monceaux de ruines, des maisons fracassées.] « Aujourd’hui, raconte le prêtre, tous ceux qui ne sont pas encore rentrés hésitent, parce que les nouvelles ne sont pas bonnes et que, pour eux, c’est plus sûr de rester “auprès de Jésus“, bien qu’il n’y ait aucun endroit sûr dans toute la bande de Gaza ». La paroisse du père Romanelli comptait 500 réfugiés en mars, et à même atteint 700 personnes, catholiques et orthodoxes. « Nous essayons de servir, nous aidons les personnes âgées, les enfants… », des gens qui ont besoin de tout. Dans la paroisse de la Sainte-Famille, on continue à prier, comme on l’a toujours fait, pour réussir, espère le prêtre, « à convaincre tout le monde que la paix est possible, qu’il faut travailler pour la paix, pour les œuvres de justice, et pour que le Seigneur donne à cette partie de la Terre Sainte une période de paix, pour tous, pour les Palestiniens et les Israéliens. »
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Actes anti-chrétiens à Jérusalem
Autre nouvelle inquiétante, celle de l’augmentation des actes anti-chrétiens à Jérusalem. C’est un site israélien interreligieux le Rossing Center basé à Jérusalem qui en parle cette fois-ci dans son rapport annuel cité par Alétéia, mais dans les mois passés on avait déjà constaté cette violence. Au moins 111 violents actes anti-chrétiens ont été enregistrés en 2023 contre 90 l’année 2022. Et leur nombre est sûrement bien plus élevé. Le rapport annuel du Rossing Center cite « des attaques physiques, insultes, profanations, avec une prépondérance de crachats en direction de religieux en habits. » Dans son rapport, le Rossing center écrit : « L’influence croissante de l’extrémisme religieux nationaliste dans la politique du gouvernement israélien a créé un environnement de menace constante pour les minorités religieuses, et en particulier pour les chrétiens. Viennent ensuite les attaques contre les propriétés chrétiennes (35), les dégradations de panneaux publics (14), le harcèlement verbal et la propagande anti-chrétienne (13) et la violation de la liberté religieuse (3) » signes d’un extrémiste religieux nationaliste juif. Dans la quasi-totalité des cas, les auteurs identifiés étaient de jeunes juifs ultra-orthodoxes appartenant à des cercles d’extrémisme religieux-nationaliste. « Le passage à l’acte est souvent motivé par un mélange de ferveur nationaliste et d’extrémisme religieux, en particulier au sein des groupes nationalistes ultra-orthodoxes, explique le rapport. Tous ces facteurs ont intensifié les craintes d’une érosion progressive du statu quo régissant les droits et les protections des communautés chrétiennes en Israël, ainsi que leurs libertés religieuses, renforçant encore leur sentiment de malaise et de marginalisation. » Une banalisation de la violence qui suscite chez les jeunes chrétiens un désir de partir. Dans l’enquête du Rossing Center, 48 % des jeunes chrétiens de moins de 30 ans interrogés ont déclaré qu’ils envisageaient de quitter la région et d’émigrer. Environ 77 % d’entre eux ont déclaré que la principale raison était l’escalade de la discrimination et de la violence subies par les chrétiens, ainsi que la détérioration générale de la situation sociopolitique en Israël.
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Un jardin découverts sous l’église du Saint-Sépulcre
Autre nouvelle venue de la vieille ville de Jérusalem. Fin mars, le Times of Israël, un quotidien en ligne israélien, a publié une nouvelle : « En écho à l’Évangile, les vestiges d’un jardin découverts sous l’église du Saint-Sépulcre. » Des fouilles archéologiques menées dans cette église de la Vieille Ville de Jérusalem auraient permis de découvrir les vestiges d’un jardin.
Il y a environ 2 000 ans, des oliviers et des vignes poussaient très probablement sur le sol où se trouve aujourd’hui l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Une découverte qui reflète la description faite dans l’évangile de Jean, où il évoquait ces lieux très précisément : « À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. C’est là qu’ils déposèrent Jésus », est-il écrit dans cet Évangile (chapitre 19, versets 41-42).
La présence, il y a très longtemps, d’oliviers et de vignes a été établie grâce à des analyses archéobotaniques et polliniques d’échantillons qui avaient été prélevés lors des excavations faites sous le sol de l’ancienne basilique. « Nous savons que cette zone faisait déjà partie de la ville à l’époque de l’empereur Hadrien, lorsque les Romains avaient construit Aelia Capitolina », la ville romaine qui avait été érigée sur les ruines de Jérusalem dans la première moitié du 2e siècle de notre ère.« Toutefois, à l’époque de Jésus, la zone ne faisait pas encore partie de la ville explique l’archéologue qui dirige les fouilles. Selon la tradition chrétienne, l’église du Saint-Sépulcre se dresse sur les lieux où Jésus aurait été crucifié. » C’est en voulant rénover le sol de l’église que les fouilles archéologiques ont été décidées. Mais elles ne commenceront qu’après Pâques afin que l’église du Saint-Sépulcre soit entièrement accessible aux pèlerins, des pèlerins de moins en moins nombreux, qui fuient la situation très tendue à Jérusalem et sont horrifiés aussi par ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie.
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