peintre de la Bible
Musée Landowski,
Boulogne-Billancourt
.
Gilles
Castelnau
26 janvier 2011
Philippe
Lejeune a maintenant 84 ans,
toujours jeune et plus vivant que jamais
– il organise actuellement et jusqu’au
mois prochain une grande exposition à
Étampes - et continue à diriger dans
cette ville son excellente école de peinture qu’il
a créée il y a plus de 40 ans et qui a
formé de très nombreux peintres.
Son talent a été reconnu à de nombreuses
occasions et notamment il a été fait, il y a
cinq ans, chevalier de la Légion d’Honneur.
Il se centre
– et cela a toujours été sa grande
idée - à la fois sur des sujets bibliques
et sur l’art du portrait. Ce tableau du Repas chez Simon en
est un bon exemple. Les 4 personnes
représentées sur ce tableau : Jésus à
gauche, dont Madeleine touche encore le pied,
Simon le pharisien scandalisé par cette
familiarité d’une femme
« pécheresse » et la femme à la
porte, sont tous des portraits très fidèles de
personnes réelles, parents et amis du peintre.
On peut naturellement se demander comment ils
ont assumé le rôle théologique et spirituel
que Philippe Lejeune leur faisait jouer :
une pécheresse prostituée, le Christ lui-même,
le pharisien fondamentaliste et enfermé dans
sa propre pureté religieuse !
Marie-Madeleine
prosternée aux pieds de Jésus pleure
de reconnaissance et de tendresse pour
l’accueil bienveillant que Jésus lui a réservé
dans la maison de Simon, l’intégriste
pharisien moraliste et exigeant. Le vase de
parfum resté par terre la fait
reconnaître : c’est celui qu’elle a vidé
sur les pieds nus de Jésus.
Remarquons à ce propos que Philippe Lejeune
est plus attaché à représenter l’histoire qui
court traditionnellement dans
la mémoire collective que les récits
évangéliques eux-mêmes.
Ce qui est
saisissant est la transposition de la scène
biblique dans le monde d’aujourd’hui,
à la manière dont le pasteur Roger Parmentier
« actualise » la
Bible.
- Philippe
Lejeune a été sensible au bien-être tranquille
de Marie-Madeleine qu’il a imaginée
prolongeant aux pieds du Christ l’apaisement
que procure la douceur et la tendresse qu’il
manifeste aux hommes.
- Jésus
est représenté étrangement pour nous, en
humbles vêtements modernes : pantalon
court, simple pull-over bleu, chemise à col
ouvert, cheveux courts bien peignés dans le
style adolescent des années 1950. Il a
les mains ouvertes. Il désigne la femme mais
son geste est peut-être une bénédiction. Il ne
la regarde pas. Son visage est calme et son
regard perdu dans une méditation.
La petite table devant lui n’a qu’un seul
couvert. Elle ressemble plus à un autel qu’à
une table de repas. Son assiette est vide et
son verre aussi. C’est son corps et c’est son
sang qui seront le repas.
- Simon
le pharisien, lui, regarde la femme et la
désigne du doigt. Mais l’immobilité de son
visage est insensibilité et froideur. Tout son
corps se détourne d’elle. Il est vêtu comme
les garçons des années 1950, il n’est pas
un de ces étroits pharisiens des siècles
passés à l’idéologie primitive ; il est
l’un de nous !
- Quant
à la femme qui apparaît à la porte et semble
servir, ne serait-elle pas Marthe, la sœur de
Lazare et de cette Marie dont Jean dit dans
son chapitre 12 que c’est elle qui a
apporté du parfum à Jésus ?
- Les
murs ne sont pas tapissés, aucun tableau n’y
est accroché. Ils ne semblent pas réels, ils
ne ferment pas la pièce, ils ouvrent plutôt la
scène - la cène - à l’ensemble du
monde où nous sommes aussi.
Philippe
Lejeune a peint de nombreuses scènes
bibliques. Il est d’ailleurs membre
de l'Académie pontificale des sciences (il est
aussi membre
de l'Institut).

Philippe Lejeune,
La Nativité

Philippe Lejeune, Un Royaume pour ceux qui
leur ressemblent
C’est en
effet à 17 ans qu’il apprenait la
peinture dans l’ « atelier d’art
sacré » que le peintre Maurice Denis tenait
place Fürstenberg à Paris et qu’il y acquérait
le goût de la peinture symbolique.

Maurice Denis, L’Annonciation
Philippe
Lejeune a dit :
« Ce
n'est pas ce que nous regardons qui compte,
mais le lieu, en nous-même, d'où nous
regardons. »
Et le Père
Virgil Gheorghiù (1916-1992),
romancier roumain a dit ce lui :
« Que
les anges te protègent, toujours et partout,
Philippe Lejeune,
car toi tu fais le même travail qu'eux,
le même travail que les anges. »