Toussaint
La mort et Jésus-Christ
Gilles Castelnau
30 octobre 2019
Recueillons‑nous et puisons au plus profond de nos cœurs le courage et l'harmonie qui y sont déposés par Celui qui est à la source de toute vie.
La Toussaint est, à tort ou à raison l’occasion de penser aux défunts et d’apporter des fleurs au cimetière.
Halloween aussi fait penser à la mort en se déguisant et en la profanant.
Durant cette demi-heure d’Actuelle, pensons donc à la mort.
Je ne vous propose pas de fantasmer sur la réalité du monde au-delà où vont les morts, ni sur la réincarnation où on reprend vie sous une autre forme. Ni sur les modalités de la résurrection, de la nôtre ou de celle de Jésus : la Bible ne nous révèle rien de concret.
Je vous propose plutôt de partir de bases solides : les paroles des hommes de la Bible qui nous disent leur foi : ils disent tous qu’en nous surgit toujours la force, le courage, le dynamisme créateur, l’esprit de vie, la lumière qui nous rend capables d’affronter constamment l’obscurité des malheurs, des angoisses, des souffrances, des inquiétudes du mal, de la destruction, de la mort.
Les hommes de la Bible nous disent tous et nous répètent qu’en nous, au fond de notre être, de notre esprit, de notre âme, surgit toujours un élan de vie qui se mêle à nos pensées pour les rendre plus positives, plus créatives. Pour nous détourner des pensées négatives, pessimistes qui usent notre élan vital.
O notre Père, nous ne pensons pas souvent à Toi,
à ta présence, à ta paix, à l'encouragement qu'il y a en Toi.
De sorte que devant le mystère de la mort,
Seigneur, que te dire ?
Il y a en nous une force qui est plus forte, plus persévérante, plus tonique que tout l’élan humain que nous avons déjà en nous. Une force qui est en nous, qui n’est pas sans nous mais qui est plus que nous.
Une fore qui, quelles que soient les circonstances, nous souffle que nous pouvons résister quand même. Que toujours nous pouvons « nous lever et marcher », comme Jésus l’avait dit au paralytique.
O Père, quelque chose en moi est capable de croire mais je t'appelle au secours car je n'ai plus l'habitude de vivre dans la familiarité de ta présence.
Une force de vie plus forte que tout esprit destructeur, plus forte que le mal, plus forte que la dépression, que la tristesse et que le désespoir. Plus forte que la mort elle-même.
Ésaïe 43. 1 : Ne crains rien, dit l'Éternel, car t'appelle par ton nom, tu es à moi.
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Si vous me dites que quand quelque chose est fini, c’est fini, si vous me dites que les forces du malheur sont toujours les plus fortes, qu’il faut bien en prendre son parti et que l’espérance n’est qu’une illusion d’enfant, alors je me dis à moi-même que le cri de Pâques
« Le Seigneur est ressuscité, en vérité il est ressuscité »
ne peut pas être une illusion. Je l’ai senti trop souvent vibrer en moi, j’ai trop souvent réussi à continuer ma lutte pour la vie en laissant son écho murmurer doucement dans mon cœur qu’en vérité, moi aussi je peux me relever et mon prochain aussi, comme moi-même. Me relever et marcher comme disait justement Jésus.
Et si vous me dites que ce tombeau vide, ces apparitions à Marie-Madeleine, à Pierre, à Thomas et aux autres ne sont que des images, des symboles, des métaphores, parce qu’un cadavre ne peut pas se lever dans sa tombe, que celui qui a été crucifié ne peut pas cheminer après sa mort toute un après-midi sur le chemin d’Emmaüs, cela ne me gêne en rien. Car ce sont précisément ces « images » qui vivent dans mon cœur, ce sont ces « métaphores » et ces « symboles » qui me parlent et me permettent de garder l’espérance quand l’obscurité menace et que j’ai vraiment besoin de lumière et me disent à moi aussi :
Luc 5.23 : Lève-toi et marche !
1 Thessaloniciens 5.5 : Vous appartenez à la lumière, vous appartenez au jour. Nous ne vivons pas dans la nuit, nous ne vivons pas dans l'obscurité.
Jérémie 30.11 : Je suis avec toi, dit l'Éternel.
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Le petit texte de Matthieu sur les oiseaux est parfois dévoyé lorsque les traducteurs croient devoir préciser :
iI n'en tombe pas un à terre sans la volonté votre Père ou sans que votre Père le permette.
Comme si Dieu avait voulu ou avait permis que les oiseaux (et les hommes) tombent.
Mais Jésus n’a pas dit cela. Il a simplement dit : Sans votre Père.
Jésus parle d’une présence de Dieu auprès des oiseaux et à plus forte raison auprès de nous.
C’est bien ce que dit le psaume :
Psaume 23.4 : Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi.
Il y a beaucoup de vallées obscures dans nos vies, de diverses sortes. La vallée de la mort elle-même aussi bien sûr. C’est en pensant à cette présence apaisante de Dieu que nous chantons ce cantique :
Prends ma main dans la tienne et qu’en tous lieux
T
a droite me soutienne Seigneur mon Dieu
Cette image est effectivement apaisante : Il nous conduit près des eaux paisibles, dans de verts pâturages
Ce n’est, certes pas pour nous préserver des souffrances, des angoisses, des malheurs, du chômage, des délocalisations, des problèmes conjugaux ou d’éducation de nos enfants. Ni pour nous préserver des maladies, du Sida, de la grippe, des deuils, de la mort. Mais, dit le psalmiste : il restaure mon âme.
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Les textes bibliques que je cite ici nous détournent de nous cantonner dans des conjectures abstraites sur une existence après la mort. Ils ne cherchent pas non plus à nous consoler par la promesse de retrouver dans l’au-delà les êtres chers que nous avons perdus ou que nous retrouverons nous-mêmes une vie victorieuse de la mort. Ils disent que notre vie actuelle et dès maintenant marquée par la présence du Dieu de vie. L’au-delà est, au fond, déjà présent en nous dès cette vie-ci. C’est notre vie actuelle qui reçoit comporte une présence transcendante : nous avons de quoi affronter la mort, la souffrance, les problèmes.
Comme disait Paul :
Romains 8.39 : La mort, la vie, les puissances, les choses présentes, les choses à venir, la hauteur, la profondeur, ne pourront nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur.
Dieu nous accompagne dans notre vie quotidienne, nos luttes de chaque jour, pouvoir de la vie résistant à la mort.
Si vous vous croyez faibles, aujourd’hui, rappelez-vous que Dieu vous a toujours donné la force du lendemain.
Si vous vous sentez angoissés, aujourd’hui rappelez-vous que Dieu vous a toujours donné la paix du lendemain.
Si vous êtes dans l’épreuve aujourd’hui, rappelez-vous que Dieu vous a toujours gardés dans l’épreuve.
Si la route vous est cachée aujourd’hui, rappelez-vous que Dieu vous a toujours tracé à temps la route du lendemain.
Dieu nous rend capables de dire oui courageusement à la vie et non à tout ce qui est désespoir, accablement, laisser-aller.
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Ouvrir notre cœur à Dieu : On parle souvent du sourire de Dieu, maintenant je parle de notre sourire à Dieu.
Dieu est en nous, et il est plus que nous mais il n’est pas sans nous
Ésaïe rapporte l'interpellation de Dieu :
Esaïe 50.2 : Je suis venu, pourquoi n’y avait-il personne. J’ai appelé, pourquoi personne n’a-t-il répondu ?
Elle est à notre portée, cette vie d’enfants de Dieu. Fragile certes mais bien réelle. Encore faut-il lui ouvrir nos cœurs !
Psaume 31. 6 et Luc 23.46 : Mon Dieu, je remets mon esprit entre tes mains.
C'est la parole du psaume que Jésus reprends en mourant sur la croix.
Dieu n’élimine pas la souffrance et la mort. La souffrance demeure. Nous le savons bien. L’évangile n’est pas anesthésiant. Jésus l’a bien su, sur la croix.
C'est cette familiarité de la souffrance que médite le père Boris Bobrinskoy, prêtre orthodoxe, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris, lorsqu'il parle de la descente du Christ « aux enfers », descente qui symbolise sa présence au fond de nos souffrances : Il en donne comme exemple, le saint starets Silouane du mont Athos, qui traversait une période de souffrance morale, de vide spirituel.
Le Christ lui a dit :
Ton esprit est pour le moment en enfer. Accepte cela et ne désespère pas.
La promesse n’est pas que la puissance de Dieu va nous libérer de nos « enfers » d’aujourd’hui mais que nous pourrons y accueillir sa présence de Vie.
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Et si vous ne croyez pas trop en Dieu, si vous ne pouvez pas trop croire en Dieu, cela n’a pas tellement d’importance. Dieu ne demande pas qu’on lui proclame des confessions de foi, qu’on le flatte en lui répétant qu’il est le plus grand, qu’on le supplie d’avoir pitié. Si, avec notre tête, nous ne pouvons pas expliquer Dieu et si nous tournons en rond en supputant la probabilité de son existence, ouvrons alors notre cœur et puisons au plus profond de vous-même l’élan vital, la force, le courage de relever votre menton et de tenir le coup à travers les malheurs de l’existence que nous connaissons bien.
Romains 8. 38 : Ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l'avenir, ni les puissances, ni les êtres d'en-haut, ni ceux d'en-bas, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur.
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Que dire de l’au-delà ? Dire avant tout que si nous ne pouvons pas y croire, cela n’a pas grande importance, car Jésus n’est pas venu pour nous décrire le fonctionnement de l’au-delà mais pour nous annoncer le dynamisme créateur du Dieu de vie qui monte en nous. Ce n’est pas la croyance en un au-delà qui nous donne la force d’affronter la vie, ses problèmes et la mort, c’est la présence de Dieu.
C’est en lui que nous avons à puiser l’élan de vie, de force, de courage, de paix intérieure, d’amour fraternel que nous pouvons manifester dans l’attitude ouverte, positive qui caractérise les enfants de Dieu, comme Jésus nous l’a fait voir.
Esprit qui est en nous, qui est plus que nous et... qui n’est pas sans nous.
Esprit qui nous fait rencontrer la mort dans un esprit en paix.
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Le courage d’affronter la mort. Ceux qui ne peuvent pas croire à une vie après la mort peuvent néanmoins être de fidèles enfants de Dieu. Jésus n’a jamais dit qu’il fallait croire à telle ou telle affirmation historique ou dogmatique. En effet l’Évangile enseigne la présence aimante et dynamisante de Dieu en nous. Il n’a pas de révélation spécifique à faire sur l’au-delà mais une promesse sur la présence actuelle de Dieu nous donnant la force d’affronter la vie du lendemain à travers les angoisses et drames du temps présent. En présence de la mort nous n’avons pas à spéculer sur l’existence de l’au-delà mais à saisir la présence actuelle qui nous est offerte et qui nous comble. Maître Eckhart disait que dans notre âme se trouve un endroit où la présence de Dieu vient nicher comme un oiseau de vie. Si on a pris l’habitude de s’ouvrir à cette présence créatrice durant la vie, on n’a pas peur d’affronter la mort : on a l’expérience de cette présence qui ne nous est jamais enlevée :
Psaume 23 : Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi
Romains 8.38 : J'ai l'assurance que ni la mort ni la vie [...] ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur.
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Être « sauvé ». Un souffle printanier parcourt les évangiles, c'est un vrai bonheur que de les lire. Tous ceux qui croisaient Jésus trouvaient « grâce » à ses yeux, sans qu'il leur pose jamais de question embarrassante et sans qu'il attende une éventuelle demande ; et toujours, un élan rafraîchissant, un dynamisme créateur dont nous comprenons qu'il est celui de Dieu, les relevait, s'ils en avaient besoin, les regonflait, les apaisait, les réorientait, les guérissait.
Ces gens étaient « sauvés » de leur lèpre, de leur paralysie, de leur culpabilité, de la lapidation légale ainsi que de l'observance pointilleuse des anciens rituels de purification et des règles du sabbat et des règles alimentaires juives.
On ne parlait pas, à cette époque, en Galilée, de tous les problèmes que nous connaissons aujourd'hui, avec les délocalisations, la récession, le sida, le racisme, les immigrés, le réchauffement climatique, les jeunes des banlieues et les pays en voie de développement ruinés par les jeux de la Bourse et du prix des matières premières.
On n'avait pas l'idée, en ce temps, de critiquer le système politique de l'Empire romain ou de refuser l'esclavage. Et d'ailleurs, autant qu'on sache, Jésus ne s'est jamais écarté de la Palestine rurale.
Mais nous voyons bien que l'élan vital qui l'animait est celui du Dieu éternel, actif en tous temps, dans tous les pays, sous tous les régimes, renouvelant toujours la vie des hommes.
C'est évidemment à nous d'imaginer maintenant sa présence dans notre monde et quel élan il apporte à nos contemporains dans tous les milieux sociaux et professionnels, familiaux, avec les problèmes actuels de santé, de stress, de solitude, ou... de bousculade.
Encore faut-il ouvrir notre cœur à sa présence créatrice.
Le salut de Dieu est une présence en nous qui est plus que nous mais qui n'est pas sans nous.
- Comment le comprendre si nous sommes toujours au top, sans problèmes ; sans manque, sans projets et sans espérance ?
Si nous croyons ne pouvoir compter que sur nous.
- Comment le comprendre si, quand vient l'obscurité de la vie, on prend des euphorisants, de la drogue, de l'alcool, ou l'on demande un congé maladie pour déprime ?
- Comment le comprendre si on passe son temps à calculer le « niveau du moral des ménages » en pensant qu'il devrait « normalement » augmenter continuellement ?
- Comment le comprendre si on oublie la foi et l'espérance et qu'on ne peut que répéter : « Moi je suis déprimé »
et d'ailleurs « quand on voit ce qu'on voit et qu'on sait ce qu'on sait, on a bien raison de penser ce qu'on pense ! »
- Comment comprendre Pâques si l'on croit qu'avec le gouvernement actuel et la situation dans laquelle on est, rien ne peut aller.
Le « péché » qui nous tue et qui empêche les autres de vivre du salut de Dieu c'est négliger l'énergie de Dieu en nous. C'est ne pas être amoureux de la vie, se dessécher, admettre la laideur, l'ennui, la médiocrité. C'est se réfugier dans une immobilité sécuritaire, dans un pessimisme amer et désabusé, s'enfermer dans un petit groupe sectaire, ne pas transmettre à la jeune génération la conscience de la vie agissante dans le cosmos entier, l'amour de la beauté. C'est laisser à la mort et au pessimisme leur victoire sur la vie et la joie !
Jésus-Christ qui nous a révélé le salut n'était pas un être divin se promenant provisoirement sur la terre sans être engagé dans les conflits de l'existence et les ambiguïtés de notre vie (on pourrait alors lui demander des miracles sans nous sentir impliqués nous-mêmes dans son dynamisme créateur puisqu'il ne serait pas, lui, véritablement engagé dans notre détresse).
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Psaume 121
Je lève mes yeux vers les montagnes : d'où me viendra le secours ?
Le secours me vient de l'Eternel qui a fait le ciel et la terre.
Il ne permettra pas que ton pied chancelle ; celui qui ta garde ne sommeillera pas.
Voici, il ne sommeille ni ne dort Celui qui garde son peuple.
L'Eternel est Celui qui te garde. L'Eternel est ton ombre à ta main droite.
Pendant le jour le soleil ne te frappera pas, ni la lune pendant la nuit.
L'Eternel te gardera du mal ;
il gardera ton cœur ; il gardera ton départ et ton arrivée, dès maintenant et à jamais.
Pasteur Charles Wagner
Quand je dormirai du sommeil qu'on nomme la mort, c'est dans ton sein que j'aurai mon repos.
Tes bras me tiendront comme ceux des mères tiennent les enfants endormis.
Et Tu veilleras.
Sur ceux que j'aime et que j'aurai laissés, sur ceux qui me chercheront et ne me trouveront plus, sur les champs que j'ai labourés, Tu veilleras.
Ta bonne main réparera mes fautes.
Tu feras neiger des flocons tout blancs sur les empreintes de mes pas égarés, tu mettras ta paix sur les jours évanouis passés dans l'angoisse ; tu purifieras ce qui est impur.
Et de ce j'aurai été moi, pauvre apparence, ignorée de moi‑même et réelle en Toi seul, tu feras tout ce que Tu voudras.
Ta volonté est mon espérance, mon lendemain, mon au‑delà, mon repos et ma sécurité.
Car elle est vaste comme les cieux et profonde comme les mers ; les soleils n'en sont qu'un pâle reflet et les plus hautes pensées des hommes n'en sont qu'une lointaine image.
En Toi je me confie et je remets tout.
Jean de la Croix
Ce qui se passera de l’autre côté quand tout pour moi aura basculé dans l’éternité, je ne le sais pas :
Je crois, je crois seulement qu’un amour m’attend.
Je sais pourtant qu’alors il me faudra faire, pauvre et sans poids, le bilan de moi.
Mais ne pensez pas que je désespère : Je crois, je crois tellement qu’un amour m’attend.
Ne me parlez pas des gloires et des louanges des bienheureux et ne me dites rien non plus des anges…
Tout ce que je peux : c’est croire obstinément qu’un amour m’attend.
Maintenant mon heure est si proche et que dire ? Oh ! mais sourire...
Ce que j’ai cru, je le croirai plus fort au pas de la mort ;
C’est vers un amour que je marche en m’en allant, c’est dans un amour que je descends doucement.
Si je meurs, ne pleurez pas ; c’est un amour qui me prend. Il va m’ouvrir tout entier (e) à sa joie, à sa lumière.
Si j’ai peur, et pourquoi pas ? rappelez-moi simplement qu’un amour, un amour m’attend.
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