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Dieu n’est pas un vieil homme là-haut


La Hokma, la Rouah, le Logos

 

 

 

Gilles Castelnau

 

 

29 mars 2016

Depuis qu’on a identifié Dieu à Zeus, et qu’on s’est conduit avec Dieu comme avec l’Empereur de Rome puis avec les rois absolus, on s’est mis évidemment dans la posture d’un sujet qui craint son monarque, qui est toujours coupable de quelque chose et pourtant... attend tout de sa bonne volonté.

Mais Dieu n’est pas un souverain acariâtre et imprévisible sur l’Olympe : il est notre dynamisme intérieur.
Il n’est pas bienveillant pour ses fidèles seulement : Il fait monter la vie en tout ce qui respire.

Le livre des Proverbes de l’Ancien Testament décrivait déjà la Présence intérieure de Dieu :

Moi la Hokma (Sagesse),
Je suis l'intelligence, la force est à moi.
Par moi les rois règnent,
Et les princes ordonnent ce qui est juste;
Par moi gouvernent les chefs,
Les grands, tous les juges de la terre.
[...]
Avant que les montagnes soient affermies,
Avant que les collines existent, je fus enfantée ;
L’Éternel n'avait encore fait ni la terre, ni les campagnes,
Ni le premier atome de la poussière du monde.
Lorsqu'il disposa les cieux, j'étais là ;
Lorsqu'il traça un cercle à la surface de l'abîme,
Lorsqu'il fixa les nuages en haut,
Et que les sources de l'abîme jaillirent avec force,
Lorsqu'il donna une limite à la mer,
Pour que les eaux n'en franchissent pas les bords,
Lorsqu'il posa les fondements de la terre,
J'étais à l'œuvre auprès de lui,
Et je faisais tous les jours ses délices,
Jouant sans cesse en sa présence,
Jouant sur le globe de sa terre,
Et trouvant mon bonheur parmi les fils de l'homme. (Pv 8)


Ézéchiel dit que la Rouah de Dieu (on traduit souvent ce mot par « Esprit ») régénère le cœur humain et donne une force d’espérance intérieure

Je vous donnerai un cœur nouveau
et je mettrai en vous un esprit nouveau ;
j'ôterai de votre corps le cœur de pierre
et je vous donnerai un cœur de chair. (36.26)

Cette Rouah nous rend capables de voir une armée d’ossements desséchés reprendre vie comme une immense armée. (Ez 37)

Paul disait aux Athéniens :

Dieu donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses.
En lui nous avons la vie, le mouvement, et l'être. (Actes 17.25, 28)

Jean présentait ainsi le « Logos » de Dieu qui s’incarnerait en Jésus :

Au commencement était le Logos, et le Logos était avec Dieu, et le Logos était Dieu.
Il était au commencement avec Dieu.
Toutes choses ont été faites par Lui, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans Lui.
En elle Lui la vie, et la vie était la lumière des hommes. (Jean 1)


La Hokma est donc un élan intérieur qui anime, réoriente, dirige les êtres, rois ou princes, par exemple.
La Rouah dont témoigne Ézéchiel agit dans nos coeurs.
Il est à remarquer que ces deux mots hébreux sont du genre féminin.
Le Logos dont parle Jean est, lui aussi intérieur, dynamisme animant toute vie et prêt à s’incarner en Jésus.

 

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Le théologien Paul Tillich disait :

« Dieu est en nous, il est plus que nous, il n’est pas sans nous. »

Il ne faut donc pas penser l’action de Dieu comme une intervention provenant de l’extérieur du monde, d’un au-delà. Dieu avec sa Hokma, sa Rouah, son Logos, agit de l’intérieur.

 

Les théologiens du Process disent que Dieu n’est pas un être à côté et en plus des autres êtres mais qu’il est dans le processus permettant passer toute vie d’un avant défavorable à un après plus heureux, comme les Hébreux ont pu passer de la maison de servitude au pays où coulent le lait et le miel ou comme Jésus est passé de la mort du Vendredi-saint à la vie de Pâques. Dieu, disent-ils, veut la joie de toute vie et il s’implique dans ce mouvement créateur de renouveau.

 

Jésus-Christ
Cette action créatrice de l’Esprit de Dieu est manifestée de manière unique, par le ministère de Jésus, ses actions et ses paroles qui relevaient, régénéraient physiquement ou moralement les hommes et les femmes qu’il rencontrait. Il disait par exemple à la femme adultère « va en paix » et au paralysé « lève-toi et marche ».
Le dynamisme créateur divin qui l’animait pour ses contemporains l’a fait lui-même passer de la mort à la Vie lorsque, crucifié, Dieu l’a ressuscité. Comme le disait Pierre :

Vous l'avez crucifié, vous l'avez fait mourir par la main des impies, mais Dieu l'a ressuscité (Actes 2.23)

Jésus disait :

Un oiseau ne tombe pas à terre sans la présence de votre Père.

Paul Tillich disait que la présence de Dieu est, par conséquent, fondamentalement importante pour nous - il parlait de « préoccupation ultime » car elle concerne nos préoccupations les plus ultimes, celles qui concernent toute notre vie. Il est l’Esprit qui nous permet de résister aux forces destructrices du mal et de la mort.
Tillich disait que Dieu non seulement ne nous est pas extérieur, mais qu’il est le « fondement de notre être ». Il est le terreau vivifiant en lequel notre existence est enracinée. L’existence des animaux et des plantes aussi.

Spinoza disait : « Dieu c 'est la Nature »

La question de l’existence de Dieu n’est donc pas discutable de manière abstraite et théorique, extérieure à notre vie. Elle est la question de l’ultime qui régit notre existence.

Si nous avons la force de vivre, ne disons pas que c’est notre propre force mais reconnaissons que c’est la force de la Hokma, du Logos, de la Rouah qui se mêle à notre propre force et nous rend capables de faire « infiniment au-delà de ce que nous demandons ou pensons ».

 

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L’histoire du monde

Pv 8, Ez 36-37, Ac 17 et Jean 1 expriment clairement la conviction qu’il en est ainsi depuis l’origine du monde.

Selon ces textes, la Hokma, la Rouah et le Logos de Dieu étaient dans le big bang originel.
Ils animaient la première bactérie il y a 3,5 milliards d’années.
ils accompagnaient les premiers mammifères qui sont sortis des eaux il y a 400 millions d‘années.
Ils se réjouissaient de voir surgir les premiers dinosaures il y à 230 millions d’années et ils étaient là lors de leur disparition il y a 65 millions d’années lors du terrible cataclysme provoqué par la chute d’une énorme météorite dont les fumées ont obscurci l’atmosphère s’ajoutant à de fantastiques éruptions volcaniques.
Ils étaient intéressés et curieux il y a 7 millions d’années lors du surgissement des premiers êtres hominidés, puis, il y a 200 000 ans des hommes préhistoriques.

Dieu (c’était, en fait bien Lui) donnait la vie, la renouvelait, lui permettait de recommencer lorsqu’elle était détruite. Il n’était pas la force mortelle faisant tomber la météorite il y a 65 millions d’année, il n’était pas responsable de l’extinction de nombreuses espèces qui disparaissaient, mais il renouvelait la puissance de vie qui en faisait naître d’autres.
Il était (il est toujours) heureux lorsqu’il voit la lionne attraper la proie qui nourrira ses petits. Il est évidemment triste pour la jolie gazelle ainsi égorgée.

La souffrance des animaux.
Le pasteur John Cobb, professeur de théologie en Californie dit ceci :

« Il me semble que Dieu ne souhaite pas tant l'anesthésie que serait une absence totale de souffrance, mais plutôt une « intensité » de vie, faite à la fois de souffrance et de joie.
« Dieu s'implique dans l'existence de tous les êtres sensibles. Il souhaite bien sûr que leur joie surpasse leur souffrance. Et on peut penser qu'en général dans la vie sauvage, c'est le cas de la plupart des créatures, même si leur vie est fréquemment prématurément interrompue.
D'ailleurs la cruelle loi selon laquelle le fort dévore le faible a ceci de positif qu'ils développent simultanément un dynamisme et une passion que l'on ne constate pas autant chez les herbivores dont l'existence n'est pas menacée.
La mort violente de la nature sauvage ne me semble donc pas représenter le mal absolu.
 « Tout cela est vrai. Il n'en demeure pas moins que les choses étant ce qu'elles sont, l'éthique du Process se doit aujourd'hui de protester contre l'énorme souffrance infligée de nos jours aux animaux domestiques. De plus, notre agriculture n'est pas équilibrée entre bétail et cultures vivrières. Nous pratiquons la monoculture d'une part et l'élevage d'autre part avec les conséquences néfastes que l'on connaît aussi bien pour la terre que pour les bêtes. 
« La pensée du Process qui entend promouvoir une relation harmonieuse entre l'humanité et les autres espèces vivantes, ne peut que s'élever contre un tel dérèglement de la vie de la nature. »

 

.

 

Le saint Esprit créateur agit ainsi en tout être vivant.

Albert Schweitzer disait

« Je suis une vie qui veut vivre parmi d’autres vies qui veulent pareillement vivre ».

Et le Psaume 148

Louez Éternel du bas de la terre,
Monstres marins, et vous tous, abîmes […]
Animaux et tout le bétail,
Reptiles et oiseaux ailés,
Rois de la terre et tous les peuples,
Princes et tous les juges de la terre,
Jeunes gens et jeunes filles,
Vieillards et enfants !
[...] Louez Éternel !(v. 7-12)

et le Psaume 150 dit dans son dernier verset :

Que tout ce qui respire loue l’Éternel

Le souffle qui nous fait vivre est bien le Souffle, l’Esprit de Dieu.

 

La vocation humaine

Notre rôle, notre vocation est de participer pleinement au grand fleuve de la vie que renouvelle la Hokma, la Rouah, le Logos, l’Esprit.
Le péché, le mal n’est pas d’enfreindre des règles légaliste, sexuelles, rituelles, c’est de ne pas

Aimer son prochain comme soi-même

Le livre du Lévitique explicite de façon saisissante la participation à l’œuvre de la Hokma et du Logos de Dieu, nous invitant à ne pas nous opposer à la vie heureuse qu’ils font monter en « tout ce qui respire » et au contraire à la favoriser. Il est clair, qu’aux yeux de Dieu l’Amour n’est donc as un sentiment, une émotion mais la collaboration à la créativité de la Hokma.

Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu laisseras un coin de ton champ sans le moissonner, et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner.
Tu ne cueilleras pas non plus les grappes restées dans ta vigne, et tu ne ramasseras pas les grains qui en seront tombés. Tu abandonneras cela au pauvre et à l'étranger. Je suis Éternel, votre Dieu.
Vous ne déroberez point, et vous n'userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres.
Vous ne jurerez pas faussement par mon nom, car tu profanerais le nom de ton Dieu. Je suis Éternel.
Tu n'opprimeras pas ton prochain, et tu ne raviras rien par violence.
Tu ne retiendras pas jusqu'au lendemain le salaire de l'employé.
Tu ne maudiras pas un sourd, et tu ne mettras devant un aveugle rien qui puisse le faire tomber ; car tu auras la crainte de ton Dieu. Je suis Éternel.
Tu ne commettras pas d'iniquité dans tes jugements : tu n'auras pas égard à la personne du pauvre, et tu ne favoriseras pas la personne du grand, mais tu jugeras ton prochain selon la justice.
Tu ne répandras pas de calomnies parmi ton peuple.
Tu ne t'élèveras pas contre le sang de ton prochain. Je suis Éternel.
Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur ; tu auras soin de reprendre ton prochain, mais tu ne te chargeras pas d'un péché à cause de lui.
Tu ne te vengeras pas, et tu ne garderas pas de rancune contre les enfants de ton peuple.
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.   Lév. 19. 9-18

Être chrétien n’est donc pas de croire des vérités théoriques, d’admettre des credo et des doctrines particulières.
Ce n’est pas de croire que nous sommes les seuls à connaître les vérités théologiques et éthiques et que nous avons à en convaincre nos contemporains.
C’est de ne pas étouffer l’Esprit comme disait Paul, mais au contraire de le laisser délibérément nous animer. Laisser monter en nous sa Hokma, sa Rouah, son Logos, afin que fortifiés et apaisés, nous vivions la vie humaine que Dieu renouvelle en nos prochains comme en nous-mêmes.

 

 

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