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Comment et pourquoi
Jésus
est-il devenu Dieu ?

 

 

How Did Jesus Become God - and Why ?

 

Sir Lloyd Geering 

 

5 mars 2003

Comment Jésus est-il devenu Christ ?

C'est le titre d'un livre du théologien catholique Peter de Rosa. On peut comprendre la question et y répondre de deux façon différentes : une objective et une façon subjective. En voici un exemple.

A la question : « Comment Mrs Jenny Shipley est-elle devenue Premier ministre de Nouvelle Zélande ? » voici une réponse objective :

- Elle a tout d'abord été choisie par le parti National de Nouvelle Zélande comme candidate pour la circonscription d'Ashburton, près de Christchurch. Elle y a été élue député. Elle fut ensuite choisie par le Premier ministre Jim Bolger pour être ministre dans son gouvernement. Elle y a acquis une telle influence qu'elle a réussi, en profitant d'une absence outre-mer de Jim Bolger, à se faire nommer Premier ministre à sa place.

Voici maintenant deux réponses subjectives différentes.

- Les opposants à Mrs Jenny Shipley diraient qu'elle est parvenue à ce poste par des moyens détournés et qu'elle ne l'occupe que de façon intérimaire dans l'attente des prochaines élections.

- Ses partisans diraient au contraire que ses qualités sont telles qu'il était évident, dès son entrée au Parlement, qu'elle serait Premier ministre.

La réponse objective se base donc sur les étapes qu'a effectivement franchies Jenny Shipley et dont tout le monde a pu être témoin ; les réponses subjectives dépendent, par contre, des diverses opinions que l'on peut se faire et qui dépendant de chacun.

 

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Il est clair que la question « Comment Jésus est-il devenu Christ ? » appelle plutôt des réponses subjectives. Il n'existait aucun poste officiel de « Messie » auquel Jésus aurait pu poser sa candidature et être nommé. Ce sont des disciples que leur foi a poussés à utiliser ce titre.
Mais les générations suivantes, en répétant cette confession de foi, lui ont par là même donné une apparence d'objectivité.
C'est bien cela que nous trouvons dans la Bible : les diverses affirmations du Nouveau Testament, qui sont fréquemment présentés comme des vérités objectives, sont en fait des affirmations subjectives.

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Quand Jésus est-il devenu Christ ?

- Première réponse. Après sa mort.
A la première Pentecôte, Pierre dit :

« Israélites, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, cet homme approuvé de Dieu devant vous par les miracles, les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous... vous l'avez fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies. Dieu l'a ressuscité... nous en sommes tous témoins... Que toute la maison d'Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié ». Actes 2.22, 32, 36.

En affirmant que c'est Dieu qui a ressuscité Jésus, ce texte suggère que c'est après sa mort sur la croix que Jésus est devenu le Christ. Parler d'un « acte de Dieu » signifie qu'il ne s'agit pas là d'événements historiques que tout le monde pourrait constater et qui pourraient être méthodiquement enregistrés, mais d'une interprétation subjective.

 

- Deuxième réponse. Durant son ministère.
A Césarée de Philippe, Jésus demande à ses disciples ce que l'on dit de lui et ceux-ci lui donnent plusieurs réponses différentes.
En citant la réponse de Pierre « Tu es le Christ » Marc 8.27-29, l'évangéliste Marc était évidemment convaincu que Jésus était déjà le Christ durant son ministère, donc avant sa mort et sa résurrection.

 

- Troisième réponse. A son baptême.
Au baptême, nous raconte Marc,

« Au moment où il sortait de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir et l'Esprit descendre sur lui comme une colombe. Et une voix se fit entendre des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé, objet de mon affection ».

Ce récit fut l'occasion de la naissance, dans l'Église primitive, de la théorie dit « adoptianiste » selon laquelle Dieu « adopta » ce jour-là comme son Fils Jésus qui n'était encore qu'un humain ordinaire.

 

- Quatrième réponse. A sa naissance.
Cette conception apparaît clairement dans les récits de la naissance miraculeuse de Jésus que des évangélistes Matthieu et Luc.

On remarque une gradation des titres attribués à Jésus : de « Christ » dans la bouche de Pierre après sa mort à « Fils de Dieu » lors de la naissance.

 

- Cinquième réponse. Dès la création du monde.
Le quatrième Évangile ne rapporte pas la naissance de Jésus car il commence son récit dès la création du monde. Un peu comme si l'on disait que Jenny Shipley était prédestinée à être Premier ministre depuis l'origine des temps.

« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu... Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle... Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique, venu du Père... La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Personne n'a jamais vu Dieu. Le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, nous l'a fait connaître ». Jean 1.1-18

 

Dans ce texte la question n'est plus comment Jésus est devenu le Christ mais comment le Logos, le Fils unique de Dieu s'est incarné dans la chair humaine de Jésus.

A l'époque des conciles œcuméniques qui ont formulé la doctrine de la Trinité, l'affirmation originelle que Jésus était le Christ avait évolué jusqu'à devenir que la seconde personne de la Trinité incarnée en l'homme Jésus. En moins de soixante-dix ans, Jésus était devenu « consubstantiel au Père, engendré et non pas créé. »
Qu'en est-il sur le plan subjectif ? Bien que ces titres aient été formulés comme des vérités objectives, ils correspondent néanmoins aux confessions de foi personnelles et subjectives des disciples et non pas à des événements constatables aux yeux de tous.

La certitude des disciples d'avoir eu la vision de Jésus glorifié après sa mort sur la croix entraîna leur conviction qu'il était forcément ressuscité des morts. Les récits de Pâques s'en suivirent naturellement ; ils furent, avec le temps, rédigés de façon de plus en plus « réalistes » et c'est sur la base de ces derniers textes (Évangiles de Matthieu, de Luc et de Jean) que les chrétiens conservateurs d'aujourd'hui défendent ce qu'ils appellent « la résurrection corporelle du Christ ». Mais cette élaboration progressive a bien suivi un processus subjectif et n'a rien de réellement objectif au sens que nous avons donné à ce mot. L'affirmation que « Jésus est ressuscité des morts » ne désigne pas à un événement survenu objectivement au corps de Jésus mais à une conviction survenue subjectivement dans l'esprit des disciples.

Maurice Goguel écrivait dans « la Naissance du Christianisme » :

« la signification religieuse de la Résurrection n'est pas dans le fait que le corps de Jésus a repris provisoirement vie sur terre, mais qu'il fut rendu à la vie au ciel. C'est la glorification du Christ qui nous donne le salut, non le retour à la vie de son corps. Si ce retour à la vie devint à son tour objet de foi, ce fut parce qu'il fut considéré comme le symbole, la preuve, la matérialisation de la glorification du Christ » pages 39-40.
« La résurrection de Jésus est en réalité la résurrection de la foi que ses disciples avaient eue durant son ministère »
page 61

Les apparitions de Jésus aux disciples ont été progressivement considérées comme des événements historiques.

Rudolf Bultmann a également écrit dans « Mythologie du Nouveau Testament » :

« La résurrection de Jésus n'est pas en soi un événement historique, elle est l'expression de la foi au Seigneur ressuscité... elle est tout simplement la foi en l'efficacité de la croix » pages 41-42

 

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Comment et pourquoi Jésus est-il devenu Dieu ?

 

Jésus n'est pas devenu Dieu, nous venons de le montrer, par un événement personnel, mais par une évolution progressive de la pensée humaine qui s'est poursuivie bien au-delà de la rédaction du Nouveau Testament, jusqu'au concile de Chalcédoine en l'an 451.
Des différences de conceptions se sont bien entendu fait sentir, dont certaines apparaissent déjà à la lecture du Nouveau Testament. Ainsi les pagano-chrétiens dont le nombre grandissait rapidement sous l'influence de Paul, se séparaient des judéo-chrétiens, avec Jacques et Pierre.

- Les judéo-chrétiens regardaient Jésus avec des yeux juifs. Il demeurait pleinement humains comme les disciples eux-mêmes. Il remplissait le rôle de Messie sans être aucunement divin. Les judéo-chrétiens rejetaient les récits tardifs de la naissance virginale et la doctrine de l'incarnation. L'épître de Jacques est sans doute l'exemple caractéristique de leur théologie. Ils furent expulsés de Jérusalem lors de sa destruction par les Romains en même temps que les juifs et trouvèrent refuge au-delà du Jourdain à Pella. Ils étaient exclus des synagogues à cause de leur attachement à Jésus et étaient rejetés par les pagano-chrétiens à cause de leur fidélité aux traditions juives. Ils disparaissent de l'histoire à partir du 5e siècle.

- Les pagano-chrétiens et Paul, constituèrent le christianisme devenu classique. Ils regardaient Jésus avec des yeux grecs. Paul lui-même, bien que fier de son appartenance judaïque, était fortement hellénisé, comme le Nouveau Testament le montre clairement.
L'hellénisme n'avait aucune difficulté à diviniser Jésus et à voir en lui le Fils de Dieu par excellence. Contrairement aux juifs, les hellénistes n'attendaient pas de Messie : pour eux, le vocable de « Christ »qui traduit en grec l'hébreu « Messie » n'était que le nom propre de Jésus. « Jésus le Messie » devint dans leur bouche « Jésus Christ » ou simplement « Christ ». Leur problème n'était pas de croire en sa divinité mais bien de défendre son humanité. Pour les gnostiques chrétiens, Jésus étaient pleinement Dieu et l'était en permanence. Son humanité n'était qu'une apparence.

L'Église a dès lors connu une série de controverses théologiques qu'elle a traversées en maintenant toujours simultanément la pleine divinité et la pleine humanité de Jésus.
Dans le but de préciser les relations de Jésus et de Dieu, elle a élaboré la doctrine de la Trinité selon laquelle Jésus était la seconde personne de la Trinité.
Il s'agissait ensuite de déterminer comment la nature humaine et la nature divine pouvaient être unies en une seule personne, question qui n'a jamais été vraiment résolue. Les théologiens en désaccord avec les décisions des conciles oecuméniques se voyaient purement et simplement excommuniés. C'est ainsi que les Nestoriens (qui séparent les deux natures dans la personne de Jésus) et les Églises coptes (qui n'admettent en lui que la nature divine), furent exclus de la chrétienté.

Le concile de Chalcédoine produisit le texte qui mettait un point final au processus par lequel Jésus devint Dieu :

« Suivant les saints Pères, nous enseignons tous d'une seule voix, un seul et même Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, le même parfait en humanité, le même Dieu vraiment, et homme vraiment, d'une âme raisonnable et d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l'humanité, semblable à nous en tout hormis le péché.
Engendré du Père avant tous les siècles selon la divinité, et le même dans les derniers temps né de la Vierge Marie, la Mère de Dieu, pour notre salut selon l'humanité, un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Monogène, que nous reconnaissons être en deux natures, sans confusion ni changement, sans division ni séparation, sans que l'union supprime en rien la différence des natures, mais au contraire les propriétés de chacune des deux natures restant sauves et rencontrant l'autre en une seule personne et une unique hypostase.
Nous confessons, non pas un Fils partagé ou divisé en deux personnes, mais un seul et même Fils, Monogène, Seigneur, Jésus-Christ, comme jadis l'ont annoncé les prophètes, comme Jésus-Christ lui-même nous en a instruit et comme le symbole des Pères nous l'a transmis. »

Evidemment cette formulation de l'orthodoxie chrétienne coulée dans le moule de concepts hellénistiques qui nous sont étrangers, n'a aujourd'hui plus guère de signification. La plupart des chrétiens n'en ont d'ailleurs sans doute jamais entendu parler. Et si l'on demandait à un quelconque membre d'Église d'expliquer la divinité de Jésus, il est bien possible que, sans le savoir, sa réponse correspondrait à l'une des anciennes hérésies.

Il était largement temps de se livrer à ce travail de déconstruction de l'affirmation selon laquelle Jésus est le Fils unique de Dieu. Reimarus (1694-1768) s'y est attelé le premier. Il fut suivi par David Strauss (1808-1874), Albert Schweitzer (1875-1965) et Rudolf Bultmann (1884-1976). Actuellement les groupes du « Séminaire de Jésus » s'y emploient.

 

Traduction résumée Gilles Castelnau

 

Voir aussi de Lloyd Geering

Dieu, Gaïa et nous

Foi et doute

 

 

 

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