Textes bibliques
Luc 5. 17-6.11
Un jour Jésus enseignait. Des pharisiens et des docteurs de la loi étaient là assis, venus de tous les villages de la Galilée, de la Judée et de Jérusalem; et la puissance du Seigneur se manifestait par des guérisons.
- Le paralysé descendu du toit.
Et voici, des gens, portant sur un lit un homme qui était paralytique, cherchaient à le faire entrer et à le placer sous ses regards. Comme ils ne savaient par où l'introduire, à cause de la foule, ils montèrent sur le toit, et ils le descendirent par une ouverture, avec son lit, au milieu de l'assemblée, devant Jésus. Voyant leur foi, Jésus dit : Homme, tes péchés te sont pardonnés.
Les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner et à dire : Qui est celui-ci, qui profère des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul ?
Jésus, connaissant leurs pensées, prit la parole et leur dit : Quelles pensées avez-vous dans vos cœurs ? Lequel est le plus aisé, de dire : Tes péchés te sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi, et marche ?
Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison.
Et, à l'instant, il se leva en leur présence, prit le lit sur lequel il était couché, et s'en alla dans sa maison, glorifiant Dieu.
Tous étaient dans l'étonnement, et glorifiaient Dieu ; remplis de crainte, ils disaient : Nous avons vu aujourd'hui des choses étranges.
- Le repas avec des pécheurs.
Après cela, Jésus sortit, et il vit un publicain, nommé Lévi, assis au lieu des péages. Il lui dit : Suis-moi. Et, laissant tout, il se leva, et le suivit. Lévi lui donna un grand festin dans sa maison, et beaucoup de publicains et d'autres personnes étaient à table avec eux.
Les pharisiens et les scribes murmurèrent, et dirent à ses disciples : Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les gens de mauvaise vie ?
Jésus, prenant la parole, leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs.
- Le jeûne et la prière.
Ils lui dirent : Les disciples de Jean, comme ceux des pharisiens, jeûnent fréquemment et font des prières, tandis que les tiens mangent et boivent.
Il leur répondit : Pouvez-vous faire jeûner les amis de l'époux pendant que l'époux est avec eux ? Les jours viendront où l'époux leur sera enlevé, alors ils jeûneront en ces jours-là.
Il leur dit aussi une parabole: Personne ne déchire d'un habit neuf un morceau pour le mettre à un vieil habit ; car, il déchire l'habit neuf, et le morceau qu'il en a pris n'est pas assorti au vieux.
Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le vin nouveau fait rompre les outres, il se répand, et les outres sont perdues ; mais il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves. Et personne, après avoir bu du vin vieux, ne veut du nouveau, car il dit : Le vieux est bon.
- La petite moisson.
Il arriva, un jour de sabbat appelé second-premier, que Jésus traversait des champs de blé. Ses disciples arrachaient des épis et les mangeaient, après les avoir froissés dans leurs mains.
Quelques pharisiens leur dirent : Pourquoi faites-vous ce qu'il n'est pas permis de faire pendant le sabbat ?
Jésus leur répondit : N'avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu'il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ; comment il entra dans la maison de Dieu, prit les pains de proposition, en mangea, et en donna à ceux qui étaient avec lui, bien qu'il ne soit permis qu'aux sacrificateurs de les manger ? Et il leur dit : Le Fils de l'homme est maître même du sabbat.
- La main de l'homme.
Il arriva, un autre jour de sabbat, que Jésus entra dans la synagogue, et qu'il enseignait. Il s'y trouvait un homme dont la main droite était sèche.
Les scribes et les pharisiens observaient Jésus, pour voir s'il ferait une guérison le jour du sabbat : c'était afin d'avoir sujet de l'accuser.
Mais il connaissait leurs pensées, et il dit à l'homme qui avait la main sèche : Lève-toi, et tiens-toi là au milieu. Il se leva, et se tint debout. Et Jésus leur dit: Je vous demande s'il est permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une personne ou de la tuer. Alors, promenant ses regards sur eux tous, il dit à l'homme : Etends ta main. Il le fit, et sa main fut guérie.
Ils furent remplis de fureur, et ils se consultèrent pour savoir ce qu'ils feraient à Jésus.
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Luc 9.52-56
Il envoya devant lui des messagers, qui se mirent en route et entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement. Mais on ne le reçut pas, parce qu'il se dirigeait sur Jérusalem.
Les disciples Jacques et Jean, voyant cela, dirent : Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume ?
Jésus se tourna vers eux, et les réprimanda, disant : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés.
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Le Saint-Esprit est le souffle de Dieu, c’est cette présence qui monte en nous et se mêle à notre souffle. J’apprécie ces mots de dynamisme créateur qui sont ceux de la théologie du Process, plutôt que de me centrer comme on le faisait autrefois sur l'idée du « Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre », garant de l’ordre du monde.
Je comprends mieux le dynamisme créateur intérieur de Dieu.
Dans les années 1970 on aimait se centrer sur le « Fils », leader charismatique, fraternel, multipliant les pains dans le désert pour la foule affamée, le Fils premier communiste.
Aujourd’hui, je suis plutôt sensible à l’Esprit saint, à ce dynamisme créateur dont la force de vie monte en nous, le Dieu de la Vie, présence qui nous relève, et qui fait de nous avec puissance, lorsqu’on veut bien s’ouvrir à elle, des enfants de Dieu fraternels et rayonnant sur nos contemporains une humanité retrouvée comme Jésus nous l’a montré.
NB : Parler ainsi du Saint-Esprit, du Fils et du Père, n’oblige d’ailleurs en rien à entrer dans la formulation d’un dogme trinitaire, comme l’ont fait au 4e siècle les théologiens byzantins, parlant de 3 personnes qui n’en sont qu’une mais d’une même « substance ». Je pense à un ami musulman avec qui je parlais de Dieu qui m’a dit : « Nous musulmans, la Trinité, le Saint-Esprit, nous sommes tout à fait comme les chrétiens : nous n’y comprenons rien ! ».
Dieu en nous, Dieu qui n’est pas sans nous, Dieu qui est plus que nous.
Dieu en nous et pas au ciel. Il est aussi au ciel, mais je propose de le chercher premièrement en nous, en moi, en vous, parmi nous.
Dieu qui n’est pas sans nous, qui agit par nous et auquel il ne faut pas demander d’intervenir dans nos vies sans nous, alors que nous regardons sans bouger et qu’il devrait ramener la paix en Afghanistan et au Pakistan, réparer nos erreurs écologiques, que sais-je ?
Dieu qui intervient dans la réussite des examens en rendant probablement les examinateurs fous, au lieu de faire monter en nous la capacité d’étudier. La capacité aussi d’affronter un bac raté dans une vie qui continue néanmoins.
Et Dieu qui est plus que nous. Car s’il était seulement en nous, si nous accomplissions seulement ce que notre éducation, nos traditions nous amènent à faire, nous ne nous dépasserions pas nous-même. Je pense au pasteur Albert Schweitzer, docteur en philosophie à Strasbourg, en théologie, musicien de renom, que le Saint-Esprit, le dynamisme créateur de Dieu a amené à tout abandonné pour partir au Gabon, à Lambaréné, une région des plus déshéritées d’Afrique.
L’esprit des Pharisiens auquel Jésus se heurte dans les textes auxquels je me réfère, est un esprit dont Jésus dit, comme à ses disciples : « vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés». Esprit légaliste, sec, froid, esprit de mort.
L’évangile de Matthieu rapporte que lorsque Jésus a été mis à mort sous l’influence des Pharisiens, ceux-ci ont scellé de leur sceau de Pharisiens la pierre tombale de Jésus et l’ont fait garder par leur propre garde.
Je n’aimerais pas sceller de mon sceau une pierre tombale alors que le dynamisme créateur de Dieu est un esprit de vie.
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L’Évangile de Luc nous présente ces cinq actions de Jésus qui nous font connaître le dynamisme créateur du Saint-Esprit de Dieu qui monte dans les vies des hommes. A cinq reprises ses actes et ses paroles sont réprouvées par les Pharisiens.
- Le paralysé descendu du toit. Cet homme n’a rien demandé, ne s’est pas « repenti de se péchés ». Pourtant Jésus lui dit : « tes péchés sont pardonnés ». On ne sait pas quels étaient les péchés de cet homme. Peut-être les mêmes que les vôtres et les miens. A cet homme qui ne s’est pas repenti, le dynamisme créateur de Dieu donne la libération de ses fautes ; Puis Jésus lui dit cette parole magnifique : « lève-toi et marche ». Cet homme paralysé qui ne pouvait pas se lever s’est pourtant levé et a marché. Tant il est vrai que l’on est capable de faire ce que l’on ne pourrait pas faire si l’on ne s’ouvrait pas à cette Présence créatrice de vie.
Les Pharisiens critiquent : on ne doit pas pardonner ainsi. On ne pardonne pas. Le poids du passé demeure. On ne pardonne qu’une fois par an, le jour du Kippour. Mais Jésus pardonne tout le temps, à tout le monde.
Esprit de justice des Pharisiens, esprit de ceux qui enferment les hommes dans le poids de leur passé, au nom de leur religion, au nom de Dieu : « savez-vous de quel esprit vous êtes animés ? » lorsque vous dites qu’on ne pardonne pas ainsi ?
- Le repas avec des pécheurs. Jésus participe à ce repas de fraternité Et les Pharisiens disent : « cet homme mange avec des publicains et des pécheurs ». Ils pensent que quand on est un enfant de Dieu, on a un minimum de recherche de pureté. On ne se mélange pas avec les pécheurs. Il y a des lieux où on ne va pas.
Il y a des gens qu’on ne fréquente pas quand on est pur, quand on est enfant de Dieu, disent les Pharisiens. « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés » avec votre pureté qui vous coupe des autres qui, à leur manière sont aussi enfants de Dieu.
« Hommes de bonne volonté » comme chantaient les anges de Noël « hommes de mauvaise volonté » aussi, comme les pécheurs avec lesquels Jésus va manger dans la maison de Lévy, le publicain.
- Le jeûne et la prière. Le 3e point sur lequel Jésus est condamné par cet esprit de mort qui le mènera à la croix est lorsque les Pharisiens lui reproche qu’à l’heure du jeûne et de la prière, il mange et boit avec ses disciples. Quand on est enfant de Dieu, pensent les Pharisiens, on est pieux, on jeûne et on prie, on ne fait pas la fête en buvant du « vin vieux », comme le revendique Jésus. Ils ne savent pas de quel esprit ils sont animés.
- La petite moisson. Le jour du sabbat, les disciples ont ce geste de froisser dans leurs mains des épis de blé pour manger parce qu’ils ont faim. Les Pharisiens jugent qu’il s’agit là d’une sorte de petite moisson, tout à fait interdite par la loi de Dieu le jour du sabbat. Lorsqu’on est enfant de Dieu, pensent les Pharisiens, on est fidèle aux détails, on est scrupuleux et attentif. On prend garde à ce qu’on fait le jour du sabbat et notamment on ne froisse pas dans les mains des épis de blé pour les manger. Ils ne savent pas de quel esprit ils sont animés ! Les disciples de Jésus, quand ils ont faim, ils mangent , dans le dynamisme créateur de vie de Dieu.
- La main de l'homme. L’homme à la main sèche. La maladie de cet homme est sa main droite, le membre le plus important signifiant sa vie et son mouvement. Jésus lui dit de se lever au milieu, dans le même geste que le paralysé descendu du toit « au milieu de l’assemblée ». Le jour du sabbat, ce ne sont pas les rouleaux de la Torah que l’on met au milieu de l’assemblée. Nous mettons il est vrai une bible ouverte au milieu de notre assemblée, mais nous y lisons que c’est l’homme qui doit être au centre de notre attention. Nous ne sommes pas les fidèles du Livre, de la loi, du règlement, mais de l’Homme et de la vie.
Jésus guérit la main droite de cet homme pour nous signifier le dynamisme créateur du Dieu de la vie et non de la loi.
Et les Pharisiens décident alors de le mettre à mort. « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés ».
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Le Dieu que Jésus nous fait connaître n’est pas le Dieu du Livre, de la loi, du règlement, de la justice stricte, de la piété, de la fidélité scrupuleuse.
Dieu n’est pas le Dieu de la justice.
Ne dites même pas le Dieu de l’amour car ce mot est trop galvaudé et la vie est plus que l’amour.
Dieu est le Dieu de la vie.
Quand vous aidez votre prochain à vivre, comme vous-même, c’est de l’amour mais c’est aussi plus que de l’amour : c’est de la résurrection intérieure.
Le dynamisme créateur est l’Esprit qui souffle déjà dans l’Ancien Testament.
Souvenez-vous la parole répétée à plusieurs reprises à Gédéon : « Va avec cette force que tu as » (Juges 6.14).
La parole « lève-toi et marche » dit au paralysé a déjà été dite au prophète Élie couché sous son genêt, lorsqu’il voulait mourir : l’ange lui dit « lève-toi, mange car le chemin est trop long pour toi » (I Rois 19.7).
Ce n’est pas « Oh Dieu, donne-moi mon bac ! », c’est « Oh Dieu donne-moi la force, le dynamisme créateur, de préparer mon bac, malgré tout, et si je le rate, d’affronter néanmoins le lendemain ».
Dans la souffrance, dans l’inquiétude qui demeurent – car Dieu ne nous empêche pas de traverser les malheurs, les souffrances, les maladies, les drames de l’existence que nous connaissons tous. Il ne faut pas lui demander de nous libérer de notre cancer, mais demandons-lui, à travers ce cancer, à travers ce chômage, à travers ce deuil, à travers ce divorce, à travers toute l’obscurité de la vie, de nous donner la force de continuer quand même.
Dieu veut la vie. Ce n’est pas un esprit de justesse, de pureté, de piété, de fidélité dans les détails, de religion, c’est l’esprit de vie.
------ N’utilisez pas les mots que je prononce ici de « Dieu de la vie » pour confondre avec Zeus qui donne la vie et qui la reprend, qui fait mourir comme il fait vivre : le règlement de Zeus est alors : pas d’IVG, pas d’euthanasie, pas de contrôle des naissances.
Le Dieu de la vie n’est pas celui qui nous donne une vie biologique, physiologique et une religion légaliste qui enseigne seule Dieu peut reprendre cette vie matérielle. La vie de Dieu est la vie d’amour et de bonheur.
Dieu n’empêche pas d’avorter cette pauvre fillette brésilienne violée à l’âge de 13 ans et ne l’oblige pas à garder l’enfant qui doit survenir. Je comprends qu’il est un moindre mal de la laisser avorter. Dieu est le Dieu de la vie et non pas comme Zeus qui, d’une certaine manière, reprend la tradition légaliste que Jésus reproche aux Pharisiens.
------ Des anarchises ont écrit, une fois, sur la porte du temple de Montrouge dont j’étais pasteur le slogan qui me plait plutôt : « Ni Dieu ni maître ». J’ai rajouté un x à Dieu et un s à maître car je crois précisément que Dieu est celui qui nous libère de tous les Dieux dominateurs, écrasants, aliénants et de tous les maîtres qui nous accablent d'un esprit de mort.
------ Si vous avez de la peine à croire en un Dieu personnel, en ce vieillard à barbe blanche assis sur un nuage qui dirige tout, fait arriver les tsunamis, les cancers et les malheurs, alors centrez-vous plutôt sur ce dynamisme créateur qui monte en vous, un peu dépersonnalisé : une force, un élan, une sève, un souffle et puisez en vous la force, la paix et la fraternité.
J’ai visité à l’hôpital une jeune fille mourante dont on m’avait prévenu qu’elle ne croyait pas en Dieu. Lorsqu’elle m’a dit que la nuit elle avait peur, je ne lui ai pas parlé du Dieu personnel. Je lui ai dit de puiser en elle le courage qui lui permet de ne pas avoir peur. Lorsque je suis retourné la voir, elle m’a dit : « ce que vous m’avez dit est vrai ! ». Je pense bien : c’est le Dynamisme Créateur du Saint-Esprit.
Lorsque vous parlez avec une fille mourante et qui ne croit pas en Dieu, lorsque vous avez des doutes sur le Dieu que vous avez de la peine à comprendre, ne vous focalisez pas sur la Trinité, ni sur les récits de la Naissance Miraculeuse, dont la vérité gynécologique vous parait difficile à admettre, ni sur la réalité matérielle, corporelle, de la résurrection de Jésus mais focalisez-vous sur cette présence qui est en vous, dans votre âme. Maître Eckhart disait que l’on a dans son âme un endroit où la présence de Dieu vient nicher comme un oiseau de vie.
C’est la présence de Dieu. Dieu qui nous dit « lève-toi et marche », sois fraternel, sois heureux, ta main est guérie malgré tout !
Dieu en nous, qui n’est pas sans nous et qui est plus que nous. Dieu de la vie !
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