Spiritualité
Jésus-Christ est
le sauveur
De quoi sommes-nous « sauvés » ?
Gilles
Castelnau
14 décembre 2005
Les textes des évangiles nous
montrent Jésus rencontrant les hommes les plus
divers. Il ne tenait pas compte des distinctions que les Pharisiens
étroits et légalistes établissaient entre les « purs » et les « impurs »,
les « justes » et les « injustes ». Les
évangiles, évidemment, décrivaient les maladies
et les problèmes de l'époque. Jésus rencontrait
des lépreux, des paralysés, et des aveugles, des
collecteurs d'impôts et des prostituées, des
démoniaques, comme on disait.
Tous trouvaient
« grâce » à ses yeux
sans qu'il leur pose de question embarrassante et sans qu'il attende
une éventuelle demande. Toujours, un esprit de
fraternité rayonnait de lui et les apaisait ; un dynamisme de
vie les guérissait. Le monde d'alors était, comme
d'ailleurs celui d'aujourd'hui, plein de guérisseurs et de
marabouts. Le monde grec connaissait les prodigieuses
guérisons d'Apollonius de Tyane, contemporain de Jésus,
qui avait même, ressuscité des morts au nom du Dieu
Esculape. Le monde juif bourdonnait des miracles accomplis par les
rabbins les plus pieux. C'est dans ce langage-là que, tout
naturellement, on proclamait le « salut » que
Jésus apportait, au nom de Dieu.
Ce n'était pas une
réputation de guérisseur ou d'exorciste qui
faisait l'importance de Jésus. C'est qu'il
révélait une nouvelle manière d'être de
Dieu. Pas totalement nouvelle d'ailleurs. Les paroles des anciens
prophètes d'Israël reprenaient vie en sa personne :
L'Esprit du Seigneur est sur
moi,
parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux
pauvres,
pour guérir ceux qui ont le coeur brisé,
pour proclamer aux captifs la délivrance,
et aux aveugles le recouvrement de la vue,
pour renvoyer libres les opprimés,
pour publier une année de grâce du Seigneur. Luc 4.18
On ne parlait pas, à cette
époque, en Galilée de
délocalisations, de grèves, de sida, de racisme, du
problème des banlieues et des pays en voie de
développement ruinés par les subventions agricoles. On
n'avait même pas l'idée de critiquer le système
politique de l'Empire romain ou de refuser l'esclavage. Et
d'ailleurs, autant qu'on sache, Jésus ne s'est jamais
écarté de la Palestine rurale.
Mais nous croyons que l'Esprit qui
l'animait est celui du Dieu éternel qui est chez
lui dans tous les temps, dans tous les pays, sous tous les
régimes et qui, s'exprime en une action toujours nouvelle,
afin de renouveler la vie des hommes de façon toujours
identique. C'est à nous, maintenant, d'imaginer sa
volonté de salut dans le monde qui est le nôtre pour le
moment. Ce sera évidemment différent selon les
continents, les pays, les milieux sociaux et professionnels, les
problèmes familiaux, de santé, la solitude ou la
bousculade...
Le professeur Paul Tillich
proposait trois mots d'ordre pour réorienter notre
pensée. Nous laisserons l'Esprit saint, disait-il, nous
détourner de l'incroyance,
de la prétention et de l'esprit de possession :
- L'incroyance est cette attitude qui nous
détourne de la Présence divine, pourtant à
l'oeuvre en nous, comme les évangiles la décrivaient
dans le ministère de Jésus. Présence qui
toujours nous apaise, nous dynamise, réoriente nos
décisions. Par son attitude, Jésus nous
révèle que nous ne devons pas nous croire seuls avec
nos problèmes, que Dieu nous accompagne dans les
méandres de notre destinée, que nous pouvons puiser en
nous le dynamisme créateur et la paix que l'Esprit divin y
renouvelle toujours, envers et contre tout. Certes la souffrance, la
maladie et la mort demeurent, les problèmes, l'injustice du
monde, la fatigue et le stress aussi. Mais avec la puissance qui agit
en nous, c'est un esprit de calme et de force qui nous regonfle
toujours.
En nous révélant que nous sommes enracinés,
comme lui, dans le fondement de la Vie, le Christ nous sauve de la
mélancolie qui nous guette.
- La prétention est cette fausse
conception de la vie, selon laquelle pour être heureux il nous
faut être plus forts que nous ne sommes, plus grands, plus
beaux et supérieurs, comme les héros antiques, les
mannequins de nos magazines ou les stars de notre
télévision. Jésus, dans sa vie en Galilée
et dans son ministère souriait de cet esprit de
supériorité et c'est fraternellement qu'il
fréquentait les hommes de son entourage. Les trois
récits - très symboliques - de sa Tentation
(Luc 4.1) en sont un bon exemple, comme aussi le dépouillement
de la crèche et de la croix.
En nous révélant que nous sommes enracinés,
comme lui, dans le fondement de la Vie, le Christ nous sauve de la
double tentation de l'arrogance et de l'humiliation qui nous guette.
- L'esprit de possession est cette soif
obsédante - et fantastiquement développée
par la publicité qui nous assiège - d'une
abondance sans limite. Certes il est bien nécessaire d'avoir
de l'argent ; il est agréable de s'offrir un joli voyage,
des vacances au soleil, un nouvel ordinateur ou des fringues ! Jamais
Jésus n'a dit le contraire ! Mais il a dit surtout que
« l'homme ne vivra pas de pain
seulement » (Luc 4.4), ce qui nous recentre sur
l'essentiel.
En nous révélant que nous sommes enracinés,
comme lui, dans le fondement de la Vie, le Christ sauve de la folie
de l'argent qui nous guette.
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