Protestants dans la Ville

Page d'accueil    Liens    

 

Gilles Castelnau

Images et spiritualité

Libres opinions

Spiritualité

Dialogue interreligieux

Hébreu biblique

Généalogie

 

Claudine Castelnau

Nouvelles

Articles

Émissions de radio

Généalogie

 

Libéralisme théologique

Des pasteurs

Des laïcs

 

Réseau libéral anglophone

Renseignements

John S. Spong

 


Le pasteur John Jackman brûle symboliquement les dettes médicales de milliers de Nord- Caroliniens
© WXII 12

États-Unis
Une Église annule les dettes médicales de milliers de personnes

Louis Fraysse



article publié dans l’hebdomadaire protestant
Réforme
du 18 mai 2023

 

 

La cérémonie, qui s’est déroulée au mois de mars dernier, est solennelle, comme en témoigne la vidéo qui l’a immortalisée. On y voit John Jackman, pasteur de la Trinity Moravian Church, en Caroline du Nord, brûler une feuille blanche symbolisant les dettes médicales de milliers d’Américains. En quelques secondes, près de 3,3 millions de dollars dus par 3 355 personnes partent en fumée. Dans la foulée, ces habitants des comtés de Davidson, Davie et Yadkin ont reçu une lettre les informant que leur dette médicale était annulée et ne pouvait plus être recouvrée.

Pour ce faire, la Trinity Moravian Church, une église protestante située à Winston-Salem, ville de 250 000 habitants, est parvenue à réunir plus de 15 000 dollars, essentiellement grâce à des dons faits à son Debt Jubilee Project (« projet de jubilé de la dette »). Organisée en partenariat avec l’ONG new-yorkaise RIP Medical Debt (« Que la dette médicale repose en paix »), l’initiative tire parti d’un mécanisme de recouvrement de créances bien particulier.

Aux États-Unis, lorsque des individus sont incapables de payer leurs factures médicales, ces dettes peuvent être vendues à des tiers à un prix parfois dérisoire– une pratique nommée affacturage. Certaines entreprises se sont spécialisées dans ce marché, alors que l’on estime à 195 milliards de dollars le total des dettes de santé des Américains. Une fois qu’elles ont acquis ces dettes pour une bouchée de pain – certains hôpitaux préférant les céder pour s’assurer une rentrée d’argent immédiate –, elles emploient des tactiques agressives pour les recouvrer à tout prix, allant du dépôt de plaintes jusqu’à la saisie de salaires ou de biens.

Cercle vicieux

Dans le pays le plus riche du monde, plus de 23 millions de personnes doivent au moins 250 dollars à une institution médicale. Trois millions d’entre eux, soulignait l’an dernier un rapport du Peterson-KFF Health System Tracker, ont une dette médicale supérieure à 10 000 dollars…

Ces familles se trouvent alors prises dans un cercle vicieux dont elles ne peuvent s’extraire : il leur est ainsi plus difficile d’obtenir une carte de crédit ou de souscrire un contrat de location. Mais ces difficultés ne touchent pas que les personnes les plus endettées, comme l’explique John Jackman à la chaîne de télévision locale WXII 12 « Les personnes pauvres que nous accompagnons ne peuvent pas faire face à une facture médicale de mille dollars, qui pourrait tout aussi bien s’élever à dix millions de dollars car ils ne peuvent tout simplement pas la payer. » 
­­­­«
 Les États-Unis sont le seul pays industrialisé dans lequel un accident ou une maladie peut vous conduire à la faillite ou à la pauvreté », déplore le pasteur, qui explique avoir voulu « utiliser le système contre lui-même » pour libérer le plus de familles possible de « l’esclavage » de la dette.

Si l’action sociale figure historiquement au cœur du témoignage de la Trinity Moravian Church, son Debt Jubilee Project a rencontré un écho bien au-delà de Winston-Salem. D’abord mentionnée dans la presse locale, l’action a été largement relayée sur les réseaux sociaux, attirant l’attention de CNN, qui lui a consacré un article. « Beaucoup de personnes nous ont écrit pour nous féliciter qu’une église fasse quelque chose de bien “pour une fois”, raconte John Jackman dans un entretien donné à la Commission morave sur le développement des congrégations. Elles n’entendent parler que des choses négatives au sujet de l’Église, comme les mégachurches et tout l’argent qui y est dépensé ; elles ne sont pas conscientes du bien que font autour d’elles tant de petites paroisses, mais cela ne fait pas la une des journaux… »

Une « parabole concrète »

La symbolique du jubilé est d’autant plus porteuse pour cette congrégation chrétienne. L’Ancien Testament rapporte qu’une année sabbatique était instituée tous les sept ans : la terre cultivable devait être laissée en jachère et, comme le précise le Deutéronome, cette pratique était associée à une remise des dettes. Cette prescription avait pour dessein de permettre à tout Hébreu d’obtenir une seconde chance, un nouveau départ. Fidèle à la discrétion qui caractérise les Frères moraves, John Jackman le dit avec pudeur « Imaginez l’effet sur une famille qui se débat avec ce type de dettes et qui reçoit une lettre inattendue lui annonçant que sa dette est effacée. C’est en quelque sorte une parabole concrète de ce que Dieu fait pour nous. »

Dans les années à venir, la Trinity Moravian Church affirme vouloir poursuivre son Debt Jubilee Project« Nous espérons que le système médical sera un jour réparé, mais cela dépasse nos compétences ! confie le pasteur à WXII 12. Ce que nous pouvons faire, en revanche, c’est racheter une partie de la dette et l’effacer. » Sur le site internet de l’Église, quelques messages de remerciement venus de tout le pays ont été publiés. « Merci de faire quelque chose de réellement christique dans un monde rempli de pharisiens », dit l’un d’eux.

 

gl1705.morav%20copie.png

Vitrail de l’église morave à Winston-Salem (Caroline du Nord)

 


Retour vefs libres opinions

Vos commentaires et réactions

 

haut de la page



 

 

Les internautes qui souhaitent être directement informés des nouveautés publiées sur ce site
peuvent envoyer un e-mail à l'adresse que voici : Gilles Castelnau
Ils recevront alors, deux fois par mois, le lien « nouveautés »
Ce service est gratuit. Les adresses e-mail ne seront jamais communiquées à quiconque.