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Les nouveaux mystères de la Bible

racontés par des historiens, archéologues,
scientifiques, théologiens




Clémentine Portier-Kaltenbach


Ed. Plon

272 pages - 24,90 €


Recension Gilles Castelnau



16 décembre 2022


 

Sous le titre « une fascinante histoire », Clémentine Portier-Kaltenbach introduit ce beau livre dont elle est manifestement l’initiatrice et la réalisatrice. Les spécialistes qu’elle a sollicités et dont elle a su tirer les excellents enseignements qui font la valeur de cet ouvrage demeurent anonymes mais la précision et la justesse de ces pages révèle leur présence active permanente.


Clémentine Portier-Kaltenbach introduit chacune des grandes questions qu’elle soulève à la manière d’un journaliste curieux, rappelle tout ce que l’on en pense habituellement dans le grand public, puis donne la parole aux scientifiques. Ceux-ci montrent d’une part que les événement n’ont pas pu se passer réellement comme on vient de le suggérer et ils expliquent d’autre part les raisons de la naissance de la légende.


Clémentine Portier-Kaltenbach traite ainsi :
Sur les pas de Jésus
Les miracles de Jésus
A la recherche de l’Arche d’alliance
La quête du Saint-Graal
La toute-puissance du roi Salomon
Le mystère de Fâtima.


Chaque page ou presque est illustrée d’une image en couleurs qui ajoute une atmosphère de vie souriante. Le papier est beau. L’ensemble est plaisant. L’ouverture à des questions inattendues aussi. Nul doute qu’un autre tome suivra...



 

 Sur les pas de Jésus



Où se trouve le tombeau ?

Où le corps de Jésus fut-il déposé après la Crucifixion ? D'après la tradition chrétienne, le tombeau du Christ se trouverait sur le mont Golgotha, à l'emplacement aujourd'hui occupé par la basilique du Saint-Sépulcre, le lieu le plus sacré de la chrétienté. Cependant, comme celui de tout criminel politique, le corps de Jésus était a priori destiné à terminer à la fosse commune, ou dans un charnier quelconque. Les évangélistes affirment que Joseph d'Arimathie aurait convaincu Ponce Pilate de l'autoriser à déposer le corps de Jésus dans un tombeau. Mais la plupart des historiens pensent qu'il s'agit là d'une création littéraire d'un récit de légitimation théologique, visant à attribuer à Jésus une sépulture d'hommage.

 


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D’après la tradition chrétienne, le tombeau du Christ
se trouverait sur le mont Golgotha,
à l’emplacement aujourd’hui occupé par la basilique du Saint-Sépulcre,
le lieu le plus sacré de la chrétienté

 

Si la mise au tombeau semble déjà dénuée d’historicité, l'emplacement même du mont Golgotha, du tombeau supposé du Christ, fait l'objet de débats au sein même de la communauté de croyants. En effet, la fondation de l'église du Saint-Sépulcre sur le lieu supposé du Tombeau et du mont Golgotha ne remonte qu'au IVe siècle. C'est seulement en 326, alors que l'empereur Constantin s'était lui-même converti au christianisme, que l'impératrice Hélène fonde la basilique.


Mais alors que trois siècles se
sont écoulés depuis la crucifixion, il est extrêmement improbable que l’emplacement du Golgotha ait été encore connu. En effet, à la suite de révoltes juives, la ville de Jérusalem avait été détruire une première fois en l'an 70, puis entièrement rasée en 135. La totalité des habitants juifs avaient alors été expulsés de Judée, tandis que l'empereur Hadrien faisait construire sur son emplacement une cité romaine, Aelia Capitolina.


La localisation des sites mentionnés dans les textes chrétiens a ainsi été perdue : on sait aujourd'hui que même l'emplacement du mont Sion n'avait pas été reconnu, le toponyme étant passé d'une colline à une autre. En outre, dès le IVe siècle, certaines traditions identifiaient le Golgotha à d'autres lieux : au nord du mont Sion, selon Eusèbe de Césarée, au sommet du mont des Oliviers ou de la montagne de Gibéon, selon Épiphane de Salamine. Il est donc bien improbable que l'emplacement retenu par l'impératrice Hélène concernant le Golgotha corresponde au lieu historique de la crucifixion de Jésus.

 

 



A la recherche de l’Arche d’alliance

 

Les réformes du roi Josias, une réécriture de l'histoire de l'Arche ?
En 722 avant notre ère, la destruction de Samarie par les Assyriens bouleverse la géopolitique locale. Profitant de l'affaiblissement, puis de la disparition du royaume de Samarie, absorbé par les Assyriens, le royaume de Juda se maintient tout au long du VIIe siècle. Face aux grandes puissances toutefois, l'équilibre reste précaire, de sorte que la royauté judéenne ressent le besoin de renforcer son identité et son pouvoir. Et pour cela il faut non seulement
procéder à des réformes politiques et religieuses, mais aussi faire en sorte que Jérusalem, la capitale du royaume, l'emporte sur tous les autres sanctuaires.


Cette période charnière correspond au règne du roi Josias, autour des années 620 avant notre ère, alors que l'empire assyrien se trouve affaibli par la nouvelle menace babylonienne. C'est peut-être seulement à cette époque que l'Arche est transférée à Jérusalem, et non près de quatre siècles plus tôt comme le prétend la Bible. Mais désormais, les textes bibliques sont écrits dans une perspective sudiste, de sorte qu'il importe aux scribes de Jérusalem non seulement de faire oublier le royaume de Samarie et les anciens sanctuaires, mais surtout de légitimer le choix de Jérusalem comme nouveau sanctuaire pour l'Arche.


 Pour eux, il serait donc inconcevable d'affirmer que l'Arche a séjourné ailleurs qu'à Jérusalem durant des siècles. On invente donc l'idée selon laquelle le roi David en personne l'aurait apportée à Jérusalem plusieurs siècles plus tôt.


Si Josias tient tant à établir la légitimité de Jérusalem en tant que sanctuaire suprême, c’est aussi pour mieux faire accepter ses réformes. Car les années 620 sont celles d'un grand ménage politico-religieux ; désireux de consolider son propre pouvoir face aux Assyriens, Josias veut renforcer l'identité du peuple israélite, ce qu'il fait en opérant une profonde transformation de la religion israélite : les cultes des divinités parèdres ou associées à Yahvé sont interdits. Désormais, Yahvé n'est plus le dieu suprême, il est le seul Dieu. La religion israélite devient un pur monothéisme, doublé d'aniconisme, car les représentations divines sont interdites également. La rédaction du Deutéronome vient entériner ces réformes, qui sont présentées dans le récit comme un rétablissement de la religion originelle, un retour à la conformité des origines, ce qu'elles ne sont évidemment pas historiquement : si elles concrétisent probablement des tendances déjà puissantes dans certains milieux, les réformes de Josias constituent bel et bien une nouveauté, et le fondement d'un nouveau monothéisme hébraïque. Avec le Deutéronome, Josias fait rédiger une sorte de nouvelle Loi, qui s'impose comme la base de la religion juive.

 

 

 


La toute-puissance du roi Salomon



Le fantasme d’un grand royaume unifié ?

Le premier livre des Rois affirme que Salomon se trouve à la tête d'un grand royaume unifié, comprenant à la fois Israël et Juda, et que ce serait seulement après son règne que ce royaume unifié se serait effondré pour donner naissance à deux royaumes distincts. Mieux encore, les rédacteurs du livre des Rois prétendent que Salomon aurait imposé sa domination sur tous les royaumes alentour, depuis l'Euphrate jusqu'à la Méditerranée.
En outre, Salomon apparaît à la tête d'un royaume centralisé et doté d'une puissante administration, comprenant notamment douze préfectures. Enfin, le roi semble maîtriser le commerce international dans la région : caravanes en provenance du désert, commerce avec la Phénicie et l'Égypte, commerce maritime de haute mer... Rien ne semble échapper à la puissance du roi Salomon !

 


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Le royaume unifié et prospère du temps de Salomon
correspond à une pure construction de la part des rédacteurs de la Bible

 


D'après l'archéologue Israël Finkelstein en effet, « si Salomon avait vraiment été à la tête d'un immense royaume tel que le décrit le récit biblique, les nombreuses archives des pays voisins n'auraient pas manqué de le dire et il est impensable qu’aucun des nombreux documents retrouvés ne contienne la moindre allusion à ce royaume ». A l’évidence, David et Salomon ne pouvaient régner que sur le territoire correspondant à la Judée, autour de Jérusalem, et sur les terres du Nord, qui allaient devenir le royaume de Samarie.  Et il n’est évidemment pas question d'une quelconque domination extérieure. Comme le résume Israël Finkelstein, l'idée que la modeste Jérusalem du Xe siècle, avec son arrière-pays à l’habitat clairsemé, ait régné sur les riches et prospères cités-États des lointaines vallées du Nord est tout à fait absurde ».

 

[...]


Un constat similaire peut être observé à propos de la population du « royaume ». Les chiffres astronomiques avancés par la Bible pour les effectifs participant à la construction du Temple n'ont évidemment rien de réaliste. Les fouilles archéologiques montrent qu'au Xe siècle, la Judée n'abrite que des cités très modestes, qui ne sont au mieux que des grosses bourgades. Montagneuse et sèche, la région ne comporte probablement que quelques milliers d'habitants vers

l'an 1000 avant J.-C.

Le royaume unifié et prospère du temps de Salomon correspond aux besoins idéologiques du moment, c'est-à-dire celui de la rédaction du livre des Rois aux VIIe et VIe siècles avant J.-C.

 

 


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