Zachée aujourd’hui

Par

Luc 19, 1-10

1 Jésus, étant entré dans Jéricho, traversait la ville.

2 Et voici, un homme riche, appelé Zachée, chef des publicains, cherchait à voir qui était Jésus ;

3 mais il ne pouvait y parvenir, à cause de la foule, car il était de petite taille.

4 Il courut en avant, et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu’il devait passer par là.

5 Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit : Zachée, hâte-toi de descendre ; car il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison.

6 Zachée se hâta de descendre, et le reçut avec joie.

7 Voyant cela, tous murmuraient, et disaient : Il est allé loger chez un homme pécheur.

8 Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit : Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple.

9 Jésus lui dit : Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d’Abraham.

10 Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

– Raconte encore l’histoire, raconte encore !

– Mais vous la savez par cœur, je vous l’ai racontée plus de cent fois !

– Justement, raconte-là encore, nous t’en prions, raconte !

… J’étais bien jeune alors. Votre grand-père et moi étions fiancés et nous travaillions dans la même maison. Lui s’occupait des chevaux, des ânes et des mulets, moi je devais veiller au linge. La maison était grande, une belle maison en vérité, toute blanche au milieu des arbres, ombreuse d’oliviers, de cyprès et de sycomores. Mais si la maison était grande et nombreux les serviteurs, le maître était sévère, parfois injuste : une fois il m’avait même fait tort de ce qu’il me devait sous prétexte d’une faute insignifiante. On le disait très riche, toutes sortes de rumeurs couraient sur son compte, c’était un mauvais homme, vraiment un mauvais homme. Et nous les jeunes filles nous nous moquions de lui en secret car il était petit, ridiculement petit, et pour tout dire fort laid.

Et puis un jour… un jour d’été je crois (nous ne sortions guère en ces temps-là mais il y avait du monde en ville comme un jour de marché) la femme qui avait la confiance du maître nous réunit tous et nous dit : vous devez préparer un repas pour quinze personnes au moins, dans deux heures d’ici, et je vous avertis que le maître a l’air d’y tenir. Vous ne pouvez imaginer le remue-ménage, ces pas précipités de la cuisine au cellier, du jardin à la basse-cour, ces voix grondeuses, ces ordres criés : en si peu de temps, préparer un repas, c’était une folie ! Nous avions peur que rien ne fût prêt. Enfin le repas eut lieu.

 Dans la soirée le maître nous rassembla. Comment vous expliquer ? Son visage était celui d’un enfant ; son regard se posait sur nous comme le fait un père ; on aurait dit qu’il avait grandi. Sur la table, devant lui, s’empilaient des pièces d’argent, autant de piles que nous étions de serviteurs. Chacun en reçu une, et moi de surcroît cet anneau qui ne m’a jamais quittée et qui valait bien quatre fois le salaire de tout un mois. Vraiment, je ne sais pas ce qui s’était passé ce jour-là, un jour d’été je crois…

– Mais si, dit la petite fille, mais tu le sais bien…

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