Le religieux dans la presse

Par

Claudine Castelnau

Cérémonies funéraires d’animaux domestiques

Une église naguère méthodiste (une variété de protestantisme) dans le sud-ouest de l’Allemagne sera désormais destinée à des cérémonies funéraires d’animaux domestiques après avoir été désacralisée, c’est-à-dire rendue à un usage profane. La cérémonie funèbre dans ce lieu sera présidée par un célébrant spécialiste des animaux de compagnie et le mobilier comprendra un autel, une chaire, des bancs et un vitrail. Le premier service funéraire concerné a été un chien. La responsable d’un crématorium pour animaux domestiques dans cette ville de Albstadt a raconté : « Un vieil homme est venu me voir récemment et m’a dit qu’il était heureux de la création de ce lieu destiné aux cérémonies funéraires pour animaux de compagnie, on en avait besoin. Je veux pouvoir pleurer mon chien de la même façon que je pleurerai ma femme ».

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Du rififi chez les orthodoxes ukrainiens

Du rififi chez les orthodoxes ukrainiens rattachés à Moscou.  Les dirigeants de l’Église orthodoxe ukrainienne liée à Moscou ont refusé que le patriarche Kirill de Moscou nomme un Russe pour remplacer l’un des métropolites (ou archevêque) en Ukraine. D’où cette déclaration de 31 évêques qui protestent contre cette décision : « qui vise à saper l’indépendance de l’Ukraine et l’existence même de l’Église orthodoxe ukrainienne. Elle témoigne de la volonté de Moscou d’annexer le territoire canonique de l’Église orthodoxe ukrainienne (sous la juridiction de Moscou) et de détruire son indépendance et son autonomie », ont déclaré 31 évêques et métropolites des 53 diocèses de cette l’Église.

« Nous rejetons cette politique ecclésiastique agressive envers notre Église et ses fidèles qui souffrent depuis longtemps, et exigeons le respect des frontières canoniques et  la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »  Une déclaration de guerre à peine voilée… Les évêques réagissaient ainsi à l’annonce, fin mai, par le Saint Synode russe de la mise à la retraite du métropolite Hilarion de Donetsk au profit du métropolite Vladimir de Vladivostok. Une décision jugée unilatérale du côté ukrainien et une tentative d’une Église [celle de Moscou] de prendre le contrôle du territoire d’une autre [celle d’Ukraine]. 

Il semblerait que prêtres et laïcs de l’Église ukrainienne dépendant de Moscou seraient en faveur de couper les ponts avec l’Église orthodoxe russe. « Il y a de nombreuses raisons canoniques et évangéliques à cette rupture.  Mais si les théologiens ont encore besoin d’une justification, alors il est évident pour les gens ordinaires qu’ils ne peuvent pas faire partie d’une Église dont le primat déclare directement la destruction de la culture et de l’identité ukrainiennes. » 

Dans un nouveau livre, le patriarche Kirill de Moscou a redit son assurance selon laquelle « les soldats russes obtiendront la vie éternelle s’ils meurent en Ukraine. » Et le patriarche russe s’aligne inconditionnellement sur les revendications territoriales de Vladimir Poutine concernant le territoire ukrainien et sur la neutralité permanente de l’Ukraine.

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Et l’Estonie

Autre point de friction entre l’Église orthodoxe estonienne et le gouvernement en Estonie. Cette Église orthodoxe a gardé des liens canoniques étroits avec le patriarcat de Moscou et son patriarche Kirill. Et refuse de couper les liens avec l’Église orthodoxe russe, malgré la tension engendrée et la pression du gouvernement estonien tenté de suivre la législation ukrainienne récente qui restreint la liberté des organisations ayant un lien avec l’Église orthodoxe russe. 

Le ministre de l’Intérieur estonien a dénoncé la menace d’ordre public ou constitutionnel que représente l’Église russe en Estonie, une Église qui soutient l’agression militaire russe et appelle à la guerre ou à des conduites violentes. « L’État estonien ne peut accepter une situation où, à cause des liens de l’Église orthodoxe estonienne avec le patriarcat de Moscou, des douzaines d’églises et des dizaines de milliers de croyants orthodoxes estoniens sont forcés de reconnaître un ancien agent du KGB (Kirill de Moscou) comme leur plus haute autorité spirituelle », a déclaré récemment le ministre de l’Intérieur estonien. La société estonienne est partagée sur le sujet : lors d’une enquête récente, 59 % seraient d’accord pour couper tout lien avec l’Église orthodoxe de Moscou, dont 75 % d’Estoniens de souche tandis que 25 % d’Estoniens d’autres origines sont d’accord, 41 % sont contre et 34 % ne savent pas !

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Jambons dans la cathédrale de Saint-Flour

Enfin une histoire loufoque :

Une lutte est en cours pour permettre à la cathédrale de Saint-Flour, en Auvergne, de continuer à avoir des jambons de qualité supérieure séchés pendant qu’ils sont suspendus aux poutres de sa tour de 135 mètres de haut, ce que son ancien recteur, l’abbé Boyer, a décrit comme « un retour aux fondamentaux des grandes abbayes qui ont toujours travaillé avec le monde agricole ».

L’abbé Boyer avait déjà installé des ruches sur le toit de la cathédrale et a travaillé avec une coopérative agricole, en 2022, pour suspendre 50 jambons emmaillotés dans la tour, après une cérémonie de bénédiction qui les a placés sous la protection de Saint Antoine, saint patron des charcutiers. Les jambons sont vendus environ 150 € dans la boutique de la cathédrale et les bénéfices servent à financer la rénovation de l’orgue et des bâtiments de la cathédrale de Saint-Flour.

Les jambons sont séchés pendant un an minimum, dans des conditions jugées idéales non seulement par la hauteur du clocher – il s’agit de la plus haute cathédrale d’Europe – mais aussi par un emplacement qui capte les vents secs des hauts plateaux de la Planèze et de l’Aubrac. L’abbé Boyer et l’évêque de Saint-Flour, considèrent que l’entreprise œuvre « à la valorisation d’une filiale locale ».

Un représentant des Architectes des bâtiments de France a cependant demandé le retrait des jambons pour des raisons de sécurité. « Selon lui, la graisse qui se dégage du jambon détériorerait l’édifice et poserait des problèmes de sécurité en cas d’incendie », rapporte la presse, ce qui a provoqué un conflit avec une administration parisienne jugée tatillonne alors que la tour offre des conditions parfaites pour la maturation des jambons.  On ne voit pas bien pourquoi la DRAC [Direction régionale des affaires culturelles] s’oppose à ces amateurs de jambon sec… Finalement, il aura fallu l’intervention du ministre de la Culture qui a chargé le préfet du coin d’étudier les moyens de poursuivre cette expérimentation en toute sécurité, dans le respect de la préservation du patrimoine. Amen ! Et ce sont nos amis anglicans qui racontent l’histoire dans l’hebdomadaire Church Times !

https://www.churchtimes.co.uk/articles/2024/8-november/news/world/cathedral-fights-to-keep-hams

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Les Philippines

Le mensuel évangélique américain Christianity ToDay 

fondé par le pasteur et prédicateur baptiste Billy Graham a consacré une nouvelle à la décision du gouvernement des Philippines d’étendre l’application de la sharia à des régions majoritairement  chrétiennes, une décision qui a surpris les pasteurs et missionnaires installés dans ces régions, d’autant qu’ils ignoraient cette nouvelle loi et que l’islam était jusqu’ici majoritairement présent dans le sud des Philippines. 

La décision remonterait au mois d’août, et c’est le président Ferdinand Marcos junior qui a signé la loi créant trois nouvelles juridictions et 12  cours de justice dédiées à la sharia aux Philippines, sans consulter les responsables religieux chrétiens du pays. Certains d’entre eux s’inquiètent de cette décision, y voyant l’expansion de la loi islamique dans des régions traditionnellement à majorité chrétiennes comme une manière subtile d’augmenter graduellement l’influence islamique dans l’ensemble du pays y compris sur les chrétiens. 

Alors que d’autres responsables chrétiens y voient une décision positive pour leurs voisins musulmans qui auraient ainsi une justice plus accessible par ces Cours dédiées à la sharia. 

Les Philippines sont le seul pays à majorité catholique en Asie du Sud Est, du fait de la colonisation espagnole durant trois siècles.  Plus de 80 % des Philippins sont catholiques romains et l’on y compte quelque 80 000 pratiquants sur 117,3 millions d’habitants (chiffres de 2023).  9 % de protestants sont aussi présents, répartis en de nombreuses Églises et sectes, issus pour nombre d’entre eux de la colonisation américaine. Les musulmans, au sud, sont évalués à 5 % et les bouddhistes à 1 %. La Constitution des Philippines a institué une stricte séparation entre l’Église et l’État ainsi que la liberté de culte mais les Églises chrétiennes, catholique et autres ont de fait une influence certaine dans la vie publique. 

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