La Fête du mouton au Maroc
L’absence de pluie et la flambée des prix ont eu raison de la Fête du mouton, remarquait Le Monde le 2 mars. Dans un message lu à la télévision par le ministre marocain des affaires islamiques, le roi Mohammed VI, qui se pare du titre de Commandeur des croyants, a appelé les Marocains « à s’abstenir d’accomplir le rite du sacrifice de l’Aïd el Adha cette année ». Dans ce message, le roi explique que « les défis économiques et climatiques » qu’affronte le Maroc ont provoqué une diminution importante du cheptel d’où l’augmentation des prix « susceptible de porter préjudice » à de nombreux Marocains. C’est la première fois au Maroc, que le roi exhorte, très à l’avance, ses sujets à renoncer au sacrifice lors de la fête de l’Aïd el Adha l’une des plus importantes en islam, qui tombe cette année le 6 juin. On chiffre à deux cinquièmes de leurs effectifs la diminution de nombre de troupeaux au Maroc or, habituellement, 5 millions de bêtes sont abattues pour cette fête qui tombe 70 jours après la fin du ramadan et représente un tiers du budget annuel des ménages consacré à l’achat de viande. Le roi du Maroc demande de renoncer à ce sacrifice rituel, le plus souvent d’un mouton. Célébrée dans l’ensemble de la communauté musulmane, cette fête rappelle l’épreuve à laquelle fût soumis Abraham lorsque Dieu aurait exigé de lui qu’il sacrifie son fils, Isaac, ou, selon le Coran, Ismaël, fils qu’Abraham a eu avec la servante égyptienne de Sarah. Un récit étrange et qui a été abondamment commenté par les exégètes. Est-ce que ce sacrifice évoqué rappellerait les sacrifices d’enfants parfois pratiqués aux temps bibliques en terre d’Israël alors que les textes les interdisaient formellement ? Le livre biblique de la Genèse raconte (au chapitre 22) que le dévouement d’Abraham fut mis à l’épreuve par Dieu lui-même qui lui demanda de sacrifier son fils Isaac. Mais alors qu’il y était prêt, Dieu lui cria : « Ne fais pas de mal à l’enfant ! ». L’interdiction définitive était prononcée et Abraham sacrifia alors un bélier qui se trouvait pris dans un buisson sur le lieu. »
Quant au sacrifice rituel d’un mouton, on se souvient que dans les années passées, un imam de la Grande Mosquée de Paris avait suggéré de remplacer le mouton par un poulet. Sans grand succès.
Et les Gazaouis
Les responsables religieux chrétiens de Jérusalem ont déclaré, dans un communiqué commun, leur opposition à un déplacement de masse des Gazaouis hors de la bande de Gaza, comme le président américain Donald Trump l’a envisagé. Ces responsables religieux n’hésitent pas à parler de « la grave menace et de l’injustice qui frapperait au cœur la dignité humaine, si ce projet était mis en œuvre. » D’autres parlent carrément de « nettoyage ethnique » et de « crime de guerre » au nom d’un alignement aveugle sur les positions israéliennes, « que constituerait le transfert forcé des Palestiniens hors de Gaza ».
Les gens de Gaza, les familles qui ont vécu ici depuis des générations sur la terre de leurs ancêtres,« ne doivent pas être forcés à l’exil, séparés de ce qui reste de leur héritage, de leurs maisons [même en ruines], et leur droit à rester sur la terre qui est l’essence même de leur identité. »
En fait une prise position des leaders religieux de Jérusalem alors que Donald Trump n’a pas hésité, un mois plus tard, à déclarer que « les Gazaouis n’auraient pas de droit de retour dans le cadre de son plan de paix pour la bande de Gaza. » Dans une interview sur Fox News, le président américain a dit vouloir début février construire pour les Gazaouis un « endroit permanent » au motif que la bande de Gaza n’est actuellement « pas habitable ». Ce qui est l’évidence même après l’acharnement destructeur et meurtrier de son ami le président israélien Netanyaou… Ce plan Trump a été évidemment rejeté par le monde arabe (Jordanie et Égypte au premier rang) et la communauté internationale.
Les Églises d’Ukraine
Alors que Donald Trump fait pression sur Vladimir Poutine pour un accord avec l’Ukraine et l’arrêt des hostilités meurtrières, les responsables religieux ukrainiens locaux craignent pour leurs fidèles dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie et qui seraient éventuellement annexés. Christianity Today, un mensuel évangélique américain, note que si, comme le réclame Poutine entre autres choses, des territoires ukrainiens occupés par les troupes russes devaient être cédés à la Russie, une conséquence moins connue aurait un retentissement sur la vie des Églises orthodoxes de ces territoires. Des Églises qui se sont séparées du patriarcat de Moscou et de son chef le patriarche Kirill pour se rattacher, à la grande fureur de ce dernier, au patriarcat de Constantinople, grand rival de Kirill dans le monde orthodoxe de l’Est. Moscou cible aussi les chrétiens non-orthodoxes, comme les baptistes, pentecôtistes ou autres, auxquels elle mène la vie dure en Russie. Le mois dernier, les responsables d’Églises en Ukraine avaient exprimé leur inquiétude face à la volonté des États-Unis de mettre fin à la guerre dans leur pays par le biais de négociations bilatérales avec Moscou, et avaient appelé les chrétiens occidentaux à poursuivre leur soutien au peuple ukrainien. « Nous croyons que la paix sera rétablie un jour, mais une paix fondée sur la vérité, et non sur une capitulation inconditionnelle face au mal et un compromis avec l’injustice ». D’autres responsables d’Églises en Ukraine ont dit leur exigence « d’une paix juste, une paix fondée sur les droits et les principes établis par l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, qui ont prouvé leur efficacité au fil des décennies, et non sur une paix qui respecte les aspirations néo-impérialistes et coloniales d’un tyran [Poutine] qui a incité à la destruction massive de populations innocentes. »
Le métropolite Épiphane Doumenko, chef de l’Église orthodoxe indépendante d’Ukraine, a confirmé que des sites religieux orthodoxes étaient la cible de tirs, malgré les affirmations russes selon lesquelles ils « défendaient l’Église ». Il a accusé les troupes d’invasion de « bafouer les règles de droit », reproduisant ainsi des scènes de la Seconde Guerre mondiale.
« Je comprends qu’il soit absurde de se tourner vers les occupants russes ; je tiens donc à les avertir que chacun d’entre eux devra personnellement répondre devant Dieu du sang versé, des souffrances, des larmes et des vies brisées », a déclaré le métropolite Épiphane dans un message après avoir rendu visite aux militaires ukrainiens blessés à l’hôpital. « Que la colère de Dieu et l’inévitable châtiment promis à ces meurtriers s’abattent sur eux ! »

Sortie d’église baptiste en Ukraine
Un responsable évangélique ukrainien a averti qu’un accord de paix cédant des territoires à Moscou signifierait « une persécution continue pendant des années » pour les minorités chrétiennes : « Si la Russie maintient le contrôle sur certaines parties du territoire ukrainien, de nombreuses atrocités et persécutions se produiront, principalement contre les croyants évangéliques, et la situation s’aggravera chaque année », a-t-il prévenu. Et le primat de l’Église gréco-catholique ukrainienne en visite aux États-Unis a été aussi net en rappelant aux chrétiens américains que « son pays avait survécu grâce aux prières et au soutien de « millions de personnes à travers le monde », et qu’« un cessez-le-feu qui laisserait des populations souffrir sous l’occupation [russe] serait une cruelle parodie [de paix] ». D’autres responsables d’Églises en Ukraine ont exhorté les gouvernements européens à éviter les erreurs du passé en voulant l’apaisement russe à tout prix et à rechercher « une paix fondée sur les principes du droit international et des droits de l’homme » qui respecte « l’indépendance et la liberté données par Dieu. Ne méprisez pas les victimes innocentes de cette guerre et ne trahissez pas l’héroïsme du peuple ukrainien, ni les attentes des Européens qui ont fait preuve d’une solidarité sans précédent envers les Ukrainiens pendant des années », a rappelé un évêque ukrainien. Et pour le troisième anniversaire de l’attaque russe, en février 2022, une Journée nationale de prière a été organisée, par le Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, avec le soutien de toutes les Églises du pays.

Katya
Et pour finir, une photo trouvée dans l’hebdomadaire anglican Church Times, qui dit mieux qu’un long texte l’angoisse de la situation : La petite fille photographiée s’appelle Katya, elle est de Bakhmut, une ville de l’est de l’Ukraine tombée aux mains des Russes après de longs combats en décembre dernier. Katya a 5 ans, elle sourit de toutes ses dents au photographe de World VisionInternational, une organisation humanitaire chrétienne. Interrogée sur ce qu’elle aimerait, elle répond : « Je veux que l’Ukraine ne soit plus bombardée. »
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