États-Unis, La prière chrétienne dans les écoles publiques
Les Américains sont profondément divisés sur la question de la prière chrétienne dans les écoles publiques. Un peu plus de la moitié des adultes américains (52 %) estiment que les enseignants des écoles publiques devraient être autorisés à organiser dans leurs classes des prières faisant référence à Jésus, tandis que 46 % s’y opposent. C’est ce que révèle une enquête d’opinion réalisée en 2023-2024 dans les 50 États fédérés. Dans 22 des États américains, la majorité des adultes interrogés se déclarent majoritairement favorables à ce que les enseignants organisent dans leurs classes des prières faisant référence à Jésus tandis que dans 12 États et le District de Columbia où se trouve la capitale Washington, les adultes y sont majoritairement opposés. Dans les 16 États restants, les avis sont partagés.
Et chez les musulmans américains ? Ils ne sont que 1 % de la population, un chiffre jugé trop peu significatif dans une enquête. Pourtant, le Pew Research Center, un centre de recherche américain spécialisé dans les sondages d’opinion, statistiques et autres informations sur les Américains révèle, sur la même période, que les musulmans américains, plus jeunes que l’ensemble des Américains affichent des niveaux d’engagement religieux semblables à ceux des chrétiens américains. Ils déclarent dans des proportions équivalentes croire en Dieu [mais quel Dieu ?] et la religion a une place importante dans leur vie.
La presse américaine a un peu vite conclu que « la plupart des Américains sont favorables à la prière dirigée par les enseignants dans les écoles publiques, selon une enquête »…
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C’est un serpent de mer qui ressurgit régulièrement aux États-Unis : cette fois-ci, c’est le gouverneur du Texas qui a signé le 20 juin une loi imposant aux écoles publiques d’afficher les Dix commandements dans toutes les salles de classe à partir de la rentrée prochaine. Cette loi, jugée anticonstitutionnelle, sera sûrement contestée devant la justice d’ici là. Mais la polémique est déjà installée. De nombreuses voix se sont élevées contre l’obligation d’afficher le texte des Dix commandements dans les classes, une obligation qui viole la séparation de l’Église et de l’État, et qui est contraire à la Constitution américaine.
Plusieurs groupes de défenses des libertés civiles mais également des dizaines de responsables religieux chrétiens et juifs, s’opposent au projet de loi. Attachés au texte biblique ils ont averti que cette mesure pourrait discriminer les milliers d’élèves d’autres confessions ou sans confession, et ainsi porter atteinte à la liberté religieuse d’autrui. « Les représentants du gouvernement n’ont pas le droit de s’immiscer dans ces questions religieuses profondément personnelles », rappellent des groupes de défense des libertés civiles dans une déclaration commune le mois dernier. « Nous ne permettrons pas aux législateurs texans de diviser les communautés selon des critères religieux et de tenter de transformer les écoles publiques en écoles du dimanche », ont-ils déclaré.
Le Texas n’est pas le premier État a tenté d’imposer cette mesure, et ça ne serait pas non plus la première fois que la justice serait saisie sur le sujet. Dans l’Arkansas, un État du sud-ouest américain, la même mesure est contestée devant un tribunal fédéral. En Louisiane, voisin de l’Arkansas, la même loi a été jugée inconstitutionnelle et bloquée par une cour d’appel fédérale. Et la procureure générale de cet État, s’est dite prête à porter l’affaire devant la Cour suprême des États-Unis si nécessaire. En attendant, le gouverneur du Texas pavoise : « Aujourd’hui, j’ai signé une loi essentielle […] qui préserve les libertés individuelles sur lesquelles notre grand État a été fondé », a déclaré Abbott dans un communiqué. Il a dû oublier le 1er Amendement à la Constitution américaine qui depuis 1791 empêche le Congrès de faire des lois concernant l’établissement d’une religion.
Nétanyahou et la Bible
Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a nommé « Opération Lion attaquant » son attaque de l’Iran, selon un verset du livre de l’Ancien Testament, le livre des Nombres (23,24) : « C’est un peuple qui se lève comme une lionne et qui se dresse comme un lion ; Il ne se couche point jusqu’à ce qu’il ait dévoré la proie et qu’il ait bu le sang des blessés. » En tant que théologien, écrit le directeur de l’hebdomadaire protestant Réforme, je trouve problématique cette instrumentalisation des thèmes religieux pour justifier une politique d’agression, ce qui nous oblige à revisiter les passages guerriers de la Bible, que l’on trouve notamment dans l’Ancien Testament. Le livre de Josué pourrait être un des livres les plus encourageants de la Bible puisqu’il évoque la réalisation de la promesse faite à Abraham. Cependant la conquête est racontée selon des modalités qui sont inacceptables pour un lecteur moderne puisque Dieu déclare l’anathème, c’est-à-dire la purification par le vide des villes conquises.
Dès la prise de Jéricho, il est écrit : « Ils frappèrent d’anathème tout ce qui était dans la ville : hommes et femmes, enfants et vieillards, bœufs, moutons et ânes, ils les passèrent au fil de l’épée » (Jos 6,21).
Mais quelques siècles plus tard, après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor en 587 avant notre ère, le peuple a tout perdu, il n’a plus de terre, plus de Temple, il a été décimé et les survivants sont exilés à Babylone. Cet accident de l’histoire l’a conduit à revisiter sa compréhension de Dieu et à s’appuyer sur la mémoire. C’est dans cette perspective qu’ont été écrits les récits idéalisés de conquête afin de soutenir l’espérance des exilés. Dire à un peuple qui se sent menacé et qui a peur de disparaître de l’histoire qu’il est un lion, c’est lui redonner sa fierté et une confiance lorsque cette dernière est fragilisée, alors que dire la même chose à un peuple dominateur revient à cultiver son orgueil. Face à un Iran qui a écrit dans ses principes qu’il veut détruire Israël et qui est en passe de se doter de l’arme atomique, l’État hébreu peut se dresser comme un lion ; mais face à une population désarmée qui subit les bombardements, l’image du lion devient un signe d’arrogance.
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États-Unis, l’évêque propriétaire d’esclaves
Il existait en Louisiane jusqu’à récemment une base militaire américaine qui avait pour nom Fort Polk du nom du premier évêque épiscopalien de Louisiane Leonidas Polk né dans une famille de propriétaires d’esclaves, qui a combattu pour maintenir l’esclavage en Amérique.
Fort Polk est l’une des sept bases militaires américaines dont le président Trump a rétabli le nom. Les forts nommés en l’honneur de généraux confédérés avaient été débaptisés sous l’administration Biden. Le président Trump a annoncé que leurs noms seraient rétablis, mais pour éviter d’avoir besoin de l’approbation du Congrès, il a déclaré que les noms restaurés faisaient désormais référence à différents héros de guerre, qui portaient tous le même nom de famille qu’un général confédéré. Une entourloupe « à la Trump » !
Exit donc ce Leonidas Polk peu recommandable, qui a combattu dans l’armée confédérée comme général pour la préservation de l’esclavage, était surnommé « l’évêque combattant » et qui mourut sur le champ de bataille en 1864. Les monuments commémoratifs à sa mémoire dans les églises épiscopales ont été retirés ces dernières années. Le président Biden avait rebaptisé le Fort Polk en lui donnant le nom de William Henry Johnson, un soldat noir américain ayant servi pendant la Première Guerre mondiale. Exit le soldat noir américain, le Fort Polk est ressuscité, il portera désormais le nom de James H. Polk, récipiendaire de la Silver Star Medal pendant la Seconde Guerre mondiale, qui avait reçu cette distinction pour son courage au combat. Deux sénateurs de New York ont qualifié le changement de nom du fort d’« insulte aux Noirs américains ».
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