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Homosexualité

et traditions monothéistes


Vers la fin d’un antagonisme ?

 


Rémy Bethmont et Martine Gross (dir)


Éditions Labor et Fides
392 pages - 24 €

 

2 mai 2017

16 grands textes par des universitaires sociologues qui rendent compte de leurs études approfondies dans les milieux religieux catholiques, protestants, musulmans et juifs.

Les lecteurs habitués aux formulations théoriques et abstraites en décrypteront le sens : ces rapports révèlent une ouverture générale et une compréhension nouvelle des religions à l’égard de l’homosexualité.

En voici quelques exemples :

 

 

Préface

Philippe Portier
directeur d’études à l’École pratique des hautes études (Paris-Sorbonne)

page 7

[...]

Cet ouvrage entend aborder, quant à lui
, le thème, encore trop peu étudié du traitement religieux de l'homosexualité. La perspective est de large amplitude. Synchroniquement, il s'agit de prendre en compte les trois monothéismes - le judaïsme, le christianisme, l'islam - en s'arrêtant sur les productions normatives de leurs magistères, et sur les stratégies de leurs fidèles, et notamment de leurs fidèles homosexuels. Diachroniquement, ce n'est pas seulement l'époque contemporaine qui est prise en compte. On s'installe ici dans la profondeur des temps en reconstituant, dans la succession de leurs figures historiques, les principes de régulation de l'homosexualité constitués par les trois univers monothéistes.

Si le livre de Rémy Bethmont et de Martine Gross innove par son approche de l'objet - fondée sur la méthode, chère à la socio-histoire, de la « remontée rétrospective », il se distingue aussi par la ligne interprétative qui le sous-tend. Ses contributeurs valident certes ce que Michel Foucault appelait, dans La volonté de savoir, l'« hypothèse répressive » : l'histoire révèle globalement, en effet une antinomie entre la norme monothéiste et le fait homosexuel. Leur analyse est plus complexe cependant : ils montrent aussi, contre les thèses qui font de la croyance dans le Dieu unique le soubassement nécessaire d'une axiomatique de l'intolérance, que l'adhésion aux religions du Livre n'empêche pas, tant du côté des clercs que du côté des laïcs, des usages latitudinaires de la loi.


 

I

Identités religieuses et LGBT : du conflit à la réconciliation

 

Les stratégies sociales du Queer Muslims en France

 

Jean-François Brault
étudiant de Master en sciences religieuses à l’EPHE et l’EHESS

page 69

[...]

On l'a vu précédemment, c'est parce qu'il y a bien souvent un dilemme identitaire entre l'identité sexuelle et l'identité musulmane des Queer Muslims que l'association HM2F existe. L'accompagnement des personnes musulmanes sexuellement minoritaires par HM2F s'est principalement concrétisé dans les premières années de l'association par une permanence bimensuelle.
Celle-ci consistait en des tours de parole et des échanges sur les difficultés que chacun éprouve à concilier son identité musulmane et son identité sexuelle.
Un membre d'HM2F formé pour « accueillir » animait habituellement le permanence qui durait une heure trente. Si besoin est, l'un des bénéficiaires de la permanence pouvait se voir obtenir un temps d'écoute individualisé.
Zora, 28 ans, lesbienne, membre d'HM2F, revient sur ces permanences qui se tenaient au centre LGBT de Paris, situé dans le Marais, quartier historiquement « gay » du IVe arrondissement de la capitale.

 

 

II

Les traditions herméneutiques en question

 

Concilier unité de référence et diversité de convictions : exégèse biblique et homosexualité dans les Églises protestantes françaises

 

Anne-Laure Zwilling

docteur en sciences religieuses, habilitée à diriger les recherches, ingénieure de recherche en anthropologie des religions, Université de Strasbourg

page 220

Or, toutes les Églises protestantes partagent la conviction que la Bible est la seule autorité pour les questions relatives à la foi et à la pratique, principe connu sous le nom de Sola scriptura (« l'Écriture seule »). Elles sont clairement loin d'avoir déduit de ce principe commun une doctrine éthique unifiée, car ces Églises se caractérisent également par la diversité de leurs prises de position, notamment quant aux questions sociales et éthiques.


Le rapport au texte
Herméneutique et autopositionnement

page 235

Herméneutique et autopositionnement

Il faut aussi souligner que tous ces documents contiennent des éléments d'autopositionnement (des explicitations quant au rapport au texte biblique qui est mis en œuvre). Deux documents affirment ainsi qu’une approche « neutre, totalement objective de l'Écriture est illusoire » ; ou qu'« il n'existe pas d'interprétation qui serait objective, univoque, valable pour tous ».

Les autres ne vont pas jusque là, mais parlent plutôt d'une sorte de hiérarchisation des critères de lectures, posant en premier des valeurs comme « la conviction, qui se situe au centre de la révélation biblique, qu’en Christ tout être humain est inconditionnellement aimé de Dieu » ou que « Dieu est Dieu et que l'humain, lui, en est fondamentalement distinct ». On peut appeler cela le « critère surplombant » ; il représente d'ailleurs le lieu d'émergence de la conviction religieuse des auteurs des documents. Ces documents proviennent aussi bien d'institutions affirmant leur ouverture à la bénédiction de couples de même sexe (Mission populaire, EPUdF par exemple) que d'institutions plus réticentes (comme I'UEPAL). Malgré les divergences de pratiques exégétiques, donc, une unanimité émerge dans l'autopositionnement, pour tenter de rendre compte de la subjectivité de lecture.

 

 

IV

Réappropriations de la tradition liturgique

 

Mariage juif et kidouchin : des cérémonies queer ou égalitaires ?

L’alternative du judaïsme reconstructionniste

[...]

page 343

La cérémonie est remarquable en ce qu'elle manifeste la volonté de reconnaître l'amour entre deux hommes ou deux femmes comme digne de reconnaissance religieuse et communautaire. Le rituel le spécifie avec audace, encourageant le rabbin à dire :

Trop longtemps au cours de l'histoire de notre peuple, on ne s’est pas réjouis de l'amour entre deux hommes ou deux femmes. Aujourd'hui, nous nous réjouissons - nous remercions la source de la vie de nous avoir donné la vie et la capacité d’aimer, de nous soutenir au cours de notre existence et de nous permettre d’en arriver à ce moment de joie.

Mais une différence substantielle distingue cette cérémonie d'un mariage juif légal, ou kidouchin. Au cours de cette cérémonie, on ne prononce pas le vœu de mariage traditionnel habituellement formulé lors de l'échange des alliances. Ce changement reflète ce que le propos introductif à la cérémonie qualifie de « tension difficile entre le système halachique (ou légal) et l'aspiration, partagée par nombre de lesbiennes et de gays, d'être participants à part entière en tant que juifs pratiquants ». Cette réticence à laisser les gays et les lesbiennes employer la formule traditionnelle des vœux l'atteste : les rabbins à l'origine de la liturgie se sont longuement interrogés sur la possibilité de mettre sur le même plan mariages juifs hétérosexuels et cérémonies religieuses destinées aux gays et aux lesbiennes.

La déclaration est remplacée par un vœu entre deux hommes : « Avec toi je fais cette alliance, car je t'aime comme mon âme. Marche à mes côtés sur le chemin de la paix et Dieu sera avec toi et avec moi », et un vœu différent pour l'union entre deux femmes : « Où tu iras j'irai, où tu demeureras je demeurerai. Ton peuple sera mon peuple, ton Dieu sera mon Dieu. Où tu mourras je mourrai, et j'y serai enterrée. » Ces vœux sont adaptés de versets bibliques : celui pour deux hommes, de l'histoire de David et Jonathan dans le premier livre de Samuel (1 S 18,3 et 20,42), et celui pour les femmes d'un vœu que Ruth adresse à sa belle-mère Naomi dans le livre de Ruth (Rt 1,16).




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