Le religieux dans la presse

Par

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa

L’Afrique du Sud et Trump

La saga des meurtres de Blancs Afrikaners en Afrique du Sud s’est enrichie considérablement avec la visite à la Maison Blanche du président sud-africain Cyril Ramaphosa, la semaine passée.  Et l’embuscade préparée par Trump dans le bureau Ovale de la Maison Blanche a fonctionné à merveille, comme avait déjà fonctionné celle du président ukrainien Zelensky. A une nuance près d’importance : cette fois-ci le vice-président J.D. Vance n’était pas présent, comme le remarque la presse, son doigt accusateur pointé en permanence contre Zelinsky pour « donner des coups bas ».

Et Cyrill Ramaphosa qui était venu pour discuter diplomatie avec son hôte a dû subir une séquence filmée, soi-disant véridique et documentée, sur ces Afrikaners assassinés, victimes de racisme anti-blanc et leurs tombes sans que personne, à commencer par le président Ramaphosa ne sache la provenance de ces images. Ce qui comptait, pour Trump, c’est que c’était des « fermiers blancs morts ». Et l’invité a bien suggéré, sans grand succès, que cela relevait d’une fake news. D’ailleurs, les membres de la délégation, comme le ministre de l’Agriculture, John Steenhuisen, un Blanc, dont le nom hollandais dit tout de suite qu’il est d’origine afrikaner, ont réfuté qu’il y ait un génocide blanc en cours en Afrique du Sud. Et ils ont tenté d’expliquer à Donald Trump l’histoire nuancée et mouvementée de leur pays et que les agriculteurs blancs n’avaient pas l’intention de fuir aux États-Unis.  « Tous les Sud-Africains qui ont pris la parole lors de cette réunion ont dit une variante de la même chose : il n’y a pas de génocide. Il n’y a qu’un pays qui lutte contre un passé incroyablement tragique qui nourrit un présent parfois instable dans lequel, oui, des attaques contre des fermes se produisent, mais les victimes de cette violence sont à la fois blanches et noires.

Des agriculteurs blancs ont été assassinés en Afrique du Sud. Mais ces meurtres représentent moins de 1 % des plus de 27 000 meurtres annuels à l’échelle nationale. » Et que la plupart des meurtres liés aux fermiers blancs étaient dus à des vols et non à des motivations raciales. Et que la population noire est aussi et bien plus victime de violences horribles, à commencer par les très nombreux viols de femmes noires. Et, comme conclut   ironiquement Politifact, le site américain de « vérification des faits »« toute la compréhension de la situation et de l’histoire sud-africaine de Donald Trump semble avoir été glanée au cours de dégustation de Coca Light [le Président ne boit pas d’alcool] avec Elon Musk ».

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Trente ans après la fin de l’apartheid, la question du partage des terres et des richesses reste sensible dans le pays le plus inégalitaire au monde, selon le Laboratoire sur les inégalités mondiales, et où 72 % des terres agricoles sont encore aux mains de propriétaires blancs, une communauté qui représente 7 % de la population, écrit Le Monde.

Si Elon Musk relaye certaines des peurs blanches sud-africaines, il sait aussi ce que fut le pire de l’apartheid vécu par ses compatriotes noirs. Né en 1971, il est adolescent lorsque en 1985, le Parti national, architecte de l’apartheid, décrète l’état d’urgence. Les townships où sont parqués les Noirs, s’enflamment. La répression se durcit. Alors que des campagnes internationales prônent le boycott, le régime raciste agite la « menace rouge ». Cinq ans plus tard, Nelson Mandela sortira de prison. Il sera élu président de l’Afrique du Sud en 1994. Comme l’immense majorité des garçons blancs nés en Afrique du Sud à cette période, Elon Musk grandit dans une bulle préservée des violences raciales

Grâce aux succès dans les affaires de son père ingénieur, issue d’une lignée anglaise, il vit dans une maison cossue de la capitale, Pretoria, un bastion afrikaner, une communauté héritière des premiers colons néerlandais et français. En septembre 2024, M. Ramaphosa avait rencontré Elon Musk pour l’inciter à investir dans son pays d’origine, sans succès apparemment. Après la charge du président américain, Cyril Ramaphosa  a tenté d’apaiser le débat, affirmant que « le gouvernement sud-africain n’a confisqué aucune terre » et que la signature, fin janvier, d’une loi sur l’expropriation « garantit l’accès du public à la terre d’une manière équitable et juste, conformément à la Constitution ». Car 30 ans après la fin de l’apartheid « la question du partage des terres et des richesses reste sensible dans le pays le plus inégalitaire au monde, selon le Laboratoire sur les inégalités mondiales, et où 72 % des terres agricoles sont encore aux mains de propriétaires blancs, une communauté qui représente 7 % de la population. » Les horreurs de l’apartheid, le racisme, la pauvreté de la communauté noire cruellement malmenée, Elon Musk le sait, comme il sait très bien que les dérapages de Noirs radicaux appelant à tuer « les Boers » [les fermiers blancs descendants de Hollandais], ne reflète en rien « un génocide » programmé des Blancs par le gouvernement sud-africain actuel.

Et qu’en réalité, s’il y des meurtres de Blancs ce n’est en rien du racisme mais l’expression de la terrible violence que vit l’Afrique du Sud et qui touche les Noirs dix fois plus.  Alors, pourquoi avoir infusé ce mensonge dans l’oreille de Trump que l’on sait incapable de trier le vrai des fake news dont il se nourrit lorsque cela l’arrange. Le Monde cite, William Isaac son auteur d’une biographie autorisée d’Elon Musk qui le décrit comme « une de ces personnes qui se sentent en vie quand la tempête approche » et « se nourrit des crises ». Et un autre qui l’a côtoyé de près dans le monde des affaires « Elon Musk recherche le pouvoir […] Il veut montrer que son influence sur Trump déborde à l’étranger ». Et Le Monde conclut : « L’attaque d’Elon Musk [contre le gouvernement sud-africain] intervient également au moment où il tente de déployer son réseau Internet satellitaire Starlink en Afrique du Sud, mais se heurte à une réglementation qui impose aux entreprises cherchant à obtenir une licence dans le secteur des télécommunications que leur capital soit détenu à 30 % au moins par des individus issus de groupes historiquement désavantagés. » Comme des Noirs.

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Enfin, lors d’une interview, Elon Musk s’est décrit comme « un chrétien culturel ». « Bien que je ne sois pas une personne particulièrement religieuse, je crois que les enseignements de Jésus sont bons et sages ».  De même « avoir un enfant est un vote pour l’avenirselon Musk qui en a 12. C’est la chose la plus optimiste que quelqu’un puisse faire. » Et il a expliqué que ses croyances, si elles étaient une religion ce serait  « la religion de la curiosité, la religion de l’illumination supérieure, dont le but est d’élargir la conscience »,  un objectif qui s’inscrit dans sa recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle. 

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La Turquie frappe à la porte de l’Union européenne

Le patriarche œcuménique Bartholomée de Constantinople

La Turquie frappe à la porte de l’Union européenne depuis des années. Dans son rapport annuel sur le processus d’adhésion de ce pays à l’UE, le Parlement européen a appelé les autorités turques à reconnaître « la personnalité juridique » et « l’usage public du titre ecclésiastique » du patriarche œcuménique Bartholomée de Constantinople, le « primus inter pares » (premier parmi les égaux) du monde orthodoxe. Et depuis 1973, il siège au Conseil Œcuménique des Églises qui regroupe 352 Églises dont l’Église orthodoxe. L’hebdomadaire anglican Church Times y consacre un long article, le 23 mai. Le Parlement européen a reconnu le « dialogue accru » du gouvernement turc avec les minorités chrétiennes sur son sol mais relève qu’« aucun progrès significatif » n’a été réalisé dans la protection des minorités ethniques et religieuses et appelle « au respect du Patriarcat œcuménique d’Istanbul » et à celui qui préside actuellement, Bartholomée de Constantinople. Le rapport du 7 mai de l’Union européenne concernant l’adhésion de la Turquie relève la détérioration de l’État de droit de la Turquie ce qui a entraîné la suspension des négociations. Celle-ci ne pourront être relancées que si la Turquie s’engage à respecter et protéger Sainte-Sophie, une ancienne église transformée en mosquée récemment et classée au patrimoine mondial de l’Unesco, ainsi que l’église Saint-Sauveur-in-Chora l’un des plus beaux exemples d’église byzantine transformée en mosquée au 16e siècle puis en musée au 20e siècle et reconvertie en mosquée en août 2020 par décret présidentiel du chef d’État turc Recep Tayyip Erdoğan. 

Enfin, autre contestation celle de groupes conservateurs orthodoxes (comme celui du patriarche russe Kirill de Moscou, qui pour des raisons à la fois politiques et de pouvoir (le patriarche Bartholomée a reconnu l’indépendance vis-à-vis de Moscou d’Églises orthodoxes ukrainiennes) contestent le droit du Patriarche à détenir le titre d’« œcuménique ». Enfin, l’archevêque orthodoxe Elpidophoros d’Amérique et citoyen turc et successeur pressenti de Bartholomée a été la cible de contestation de sa citoyenneté turque, indispensable à son élection au siège de Constantinople, la Turquie ne reconnaissant pas le titre « œcuménique »  mais uniquement celui de chef religieux de la communauté grecque orthodoxe de Turquie. Enfin, il y a la réouverture du séminaire théologique orthodoxe de Halki, fermé en 1971, et qui serait prévue pour cette année.

Une réouverture réclamée depuis des années par la communauté internationale, qui en a fait l’un des principaux symboles de la démocratisation du pays, candidat à l’adhésion à l’Union européenne. Bruxelles a fait de la remise en service de l’école théologique l’une des mesures démocratiques emblématiques des négociations d’adhésion de la Turquie et un signe de tolérance à l’égard des minorités religieuses sur le sol turc.

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