1933, le Père Couturier, la semaine de prière pour l’unité des Églises.
La Semaine de prière pour l’unité des Églises a été lancée par le Père Couturier, modeste professeur de mathématiques dans un établissement catholique, alors que la rupture était profonde entre catholiques et protestants. Pasteur et prêtre ne se saluaient dans la rue que d’un bref mouvement de tête. Lors d’un mariage mixte une forte pression s’exerçait sur le conjoint protestant pour qu’il se convertisse au catholicisme et s’il y consentait il était rebaptisé. Ainsi la protestante princesse Irène des Pays-Bas a été rebaptisée en 1964 lorsqu’elle est devenue catholique pour se marier avec un prince espagnol. L’éducation des futurs enfants devait absolument se faire dans le catholicisme et à l’église la célébration n’avait pas lieu devant le maitre autel mais dans une chapelle latérale, l’alliance du conjoint protestant n’était pas bénie et les cloches ne sonnaient pas. Si le mariage avait lieu au temple, le conjoint catholique était excommunié et son enterrement refusé.
Alors que chaque Église ne comprenait l’unité que comme le « retour » de l’autre vers l’unique vérité, le Père Couturier a eu l’idée de proposer de prier pour l’unité des Églises « telle que Dieu la veut », du 18 janvier (fête de saint Pierre) au 25 janvier (fête de saint Paul). Et cela fut pratiqué tant bien que mal, notamment par des groupes d’enseignants, comme celui de l’Amitié.
1958-1963, le pape Jean XXIII, le concile de Vatican II (1962-1965)
Le concile provoqua un tsunami de renouveau. Catholiques et protestants se découvrirent mutuellement et entrèrent en relations fraternelles et amicales. Des groupes œcuméniques naquirent partout. Des célébrations œcuméniques eurent lieu ainsi que des échanges de chaire où le pasteur disait l’homélie à la messe et le prêtre la prédication au culte. Voir son curé ou son pasteur célébrer dans l’église voisine apaisait évidemment les relations dans les familles.
Les célébrations de baptême, de mariage et d’enterrements se firent œcuméniques. Par exemple lors d’un baptême à l’église c’était le pasteur qui faisait le geste du baptême et vice versa. Les mariages œcuméniques n’exigeaient plus l’éducation des enfants à venir dans telle ou telle Église dans « selon l’Évangile ». Il y eut même des catéchismes œcuméniques.
Des célébrations de la Semaine de l’Unité avaient lieu partout, étaient très suivies. Les relations œcuméniques étaient si proches et fraternelles qu’on croyait voir surgir l’Unité absolue.
1978-2005, le pape Jean-Paul II, le « resserrement des boulons »
Le pape Jean-Paul II eut peur. Il « resserra les boulons » : L’Église catholique ne reconnut plus les parrains et marraines protestants, n’autorisa plus les pasteurs à prononcer l’« homélie » lors des messes, des célébrations œcuméniques de baptêmes et de mariages : ceux-ci durent se contenter d’une simple « prise de parole ». Lors des baptêmes œcuméniques seul le prêtre pouvait verser l’eau et le registre protestant n’entrait plus dans l’église. Le pasteur y était de plus en plus marginalisé.
Dans certains endroits les relations œcuméniques étaient si étroites et amicales qu’un petit groupe perdura néanmoins. Mais les jeunes prêtres qui surgissaient d’Afrique, de Pologne, ou des séminaires dont l’enseignement avait, lui aussi, été « reboulonné » sont désormais très ignorants du protestantisme, angoissés par l’effondrement de la pratique de la messe dominicale et peu portés à l’œcuménisme.
La Semaine de l’Unité ainsi que les groupes de réflexion œcuméniques ne disparaissent pas totalement mais deviennent plus rares et moins populaires.
Pourtant l’hostilité d’autrefois ne réapparaît heureusement pas dans les familles et entre amis, d’autant évidemment que nos contemporains ne se reconnaissent aujourd’hui plus guère dans les querelles doctrinales des Églises.
Il est néanmoins important que la Semaine de l’Unité demeure comme jalon des relations fraternelles enfin établies entre nos Églises.
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