La sainteté n’est pas perfection mais accueil

Par

Prêtre de l’Église épiscopalienne californienne

traduction Gilles Castelnau

Howard Zinn, le célèbre penseur américain, a déclaré : « L’histoire humaine n’est pas faite que de violence et de cruauté. Elle est aussi pleine de compassion, d’esprit de sacrifice, de courage et de bonté. Mais les éléments que nous choisissons de valoriser sont ceux qui déterminent le style de nos vies : nous pouvons parfaitement choisir la bonté plutôt que la cruauté et la cupidité. »

On entend pourtant des remarques faisant penser que nous sommes tous corrompus et que seules de très rares personnes sont parvenues à la perfection. Ainsi ceux qui s’exclament : « je ne suis pas un saint », pour dire « je ne suis pas parfait », alors que, naturellement, personne n’attend d’eux qu’ils soient des saints.

Matthew Fox s’est toujours opposé à la notion que la sainteté s’obtienne par la perfection morale, idée dominante dans le catholicisme comme aussi la pensée courante. Il considère que la quête de perfection ne peut être que néfaste pour la santé mentale individuelle comme, d’ailleurs collective. 


Il en est de même pour le cosmos. Le mot lui-même signifie « ordre », mais n’implique pas « perfection » et l’imperfection n’est pas un signe d’absence de Dieu. 

Que penser donc de la sainteté ? Matthew Fox suggère qu’elle réside dans l’hospitalité cosmique, dans l’accueil quotidien. C’est-à-dire, d’une part, reconnaître que notre place dans le monde est celle d’invités au banquet de la création divine. « Un banquet de rivières et de lacs, de pluie, de vent et de soleil, de terre fertile et de fleurs, de beaux arbres, de poissons et d’animaux magnifiques. » 

Et d’autre part, dit Matthew Fox, la sainteté est d’être accueillant aux autres créatures. Hildegard de Bingen disait : « accueillir toutes les créatures du monde avec grâce. » Et j’ajouterai : « accueillir absolument tout, donc aussi nos propres imperfections ainsi qu’envers celles des autres êtres humains. »

Ce n’est évidemment pas plus facile à réaliser que l’idéal de perfection mais c’est un effort de guérison, y compris de nous-même et non de renoncement. Notre relation avec les autres est davantage faite de compassion et de bienveillance et nous résistons mieux aux vagues d’indifférence et de cruauté du monde qui nous entoure et nous nous trouvons en harmonie avec l’élan vital qui anime le cosmos.

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