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Miracles dans le monde antique

 

Gilles Castelnau

 

 

8 janvier 2012

Ce serait une erreur de lire les récits des miracles de Jésus comme des événements historiques prodigieux démontrant une puissance dominant les lois de la nature marque incontestable de sa divinité. Une telle lecture fondamentaliste pourrait d’ailleurs prouver pareillement que puisque de telles choses sont évidemment impossibles, les évangiles sont des contes de fées qui n’ont aucune réalité ni aucun sens admissible et que de plus Jésus n’a probablement jamais existé !
Il est plus raisonnable de faire une lecture critique des évangiles en les replaçant dans leur contexte historique. Les hommes du 1er siècle vivaient dans un monde enchanté où le surnaturel n’avait pas l’aspect étonnant que la science a suscité par la suite.

Les récits de miracles étaient courants aussi bien dans le monde juif que dans l’univers hellénistique. Ce n’est pas leur historicité qui suscite la réflexion mais le sens qu’en donne lui-même le rédacteur dans sa narration.

Le lecteur des récits qui suivent distinguera sans peine la différence frappante entre la personnalité et le message du Jésus des évangiles et celui d’Honi le Traceur de cercles et de rabbi Hanina ben Dosa dans le monde juif ou d’Apollonios de Tyane dans le monde hellénistique.

 

Dans le monde juif

Christian Grappe, professeur de Nouveau Testament 
à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg mentionne les récits de miracles que voici dans son Initiation au monde du Nouveau Testament (page 86) présenté ici-même :

Les miracles et les exorcismes qui sont attribués à Jésus permettent d’effectuer des rapprochements avec des personnages contemporains, Ainsi, Honi, le Traceur de cercles.

Un jour, on dit à Honi le Traceur de cercles :
-  Prie pour que tombe la pluie.
Il leur dit :
-  Allez et rentrez les fours pascaux de peur qu'ils ne se dissolvent dans l'eau.
Il pria mais il ne plut pas. Que fit-il ? Il traça un cercle, se tint au milieu et dit devant Lui :
-  Seigneur du monde, tes enfants placent leur confiance en moi parce que je suis devant Toi comme un fils de la maison. Je jure par Ton grand Nom que je ne bougerai pas d'ici jusqu'à ce que tu aies miséricorde de tes enfants.
Des gouttelettes de pluie se mirent à tomber. Il dit :
-  Je n'ai point demandé cela, mais de quoi remplir les citernes, les puits et les cavernes.
La pluie se mit à tomber à torrent. Il dit :
-  Je n’ai point demandé cela, mais une pluie agréable, de bénédiction et de faveur.
Il se mit à pleuvoir régulièrement jusqu'à ce que les Israélites soient obligés de sortir de Jérusalem pour (gagner) la montagne de la Maison devant la montée des eaux. On lui dit :
-  Tout comme tu as prié pour qu'elles viennent, prie maintenant pour qu'elles cessent.
Il leur dit :
-  Allez voir si la Pierre des [Objets] égarés est immergée.
Siméon ben Shétah lui adressa [ce message] :
-  Si tu n’étais pas Honi, je t’aurais placé sous anathème, mais que faire contre toi puisque tu pèches devant le Lieu [Dieu] et qu’Il fait cependant tes (quatre) volontés, comme un fils qui se conduit mal envers son père qui fait (cependant) ses (quatre) volontés. C'est pour toi qu'il est écrit : « Que se réjouissent ton père et ta mère et que soit joyeuse celle qui t'a enfanté » (Pr 23,25) » (Mishna Ta'anit 3,8).

Ainsi aussi Hanina ben Dosa célébré dès la Mishna pour les vertus de sa prière et le pouvoir de guérison qui était le sien :

On raconte que rabbi Hanina ben Dosa quand il priait pour des malades disait : « Celui-ci vivra ; celui-là mourra. » On lui dit :
-  D'où le sais-tu ?
Il leur répondit :

-  Si je sens la prière couler sur mes lèvres, je sais qu'elle est reçue. Sinon, je sais qu'elle est repoussée (Mishna Berakhot 5.5).

Dans le Talmud de Babylone il lui est attribué un récit de guérison à distance qui n'est pas sans faire penser au récit de la guérison à distance du fils du centurion de Capernaüm (Mt 8.5-13 // Lc7,1-10 ; Jn 4,46-53)

Il arriva une fois que le fils de Rabban Gamaliel tomba malade. Celui-ci envoya deux disciples chez Rabbi Hanina ben Dosa pour qu'il implore la miséricorde divine sur son fils. Dès que Hanina les vit, il monta à la chambre haute [comparer I Rois 17.19] et implora la miséricorde pour lui. A sa descente, il leur dit :
-  Allez, la fièvre l’a quitté.
Ils lui demandèrent :
-  Es-tu un prophète ?
Il répondit :
-  Je ne suis pas prophète et je ne suis pas fils de prophète ; mais je sais de tradition que si ma prière coule dans ma bouche, elle est acceptée ; si c’est le contraire, elle est rejetée.
Ils s’assirent pour écrire et notèrent l’heure précise. Quand ils revinrent chez Rabban Gamaliel, il leur dit :
-  Par le culte du Temple ! Vous n’avez ni retranché ni ajouté, mais le fait s’est bien passé ainsi : à l’heure même (que vous avez notée) la fièvre l’a quitté et il nous a demandé à boire.
(Talmud, Berakhot, 34b).

 

Dans le monde hellénistique

En l'an 2I7 ap. J.C. Philostrate écrit une Vie d’Apollonios de Tyane de plus de 300 pages qui contient une vingtaine de miracles. Apollonios, décédé en 98 ap. J.C. parcourait le monde comme prédicateur itinérant, de Rome à l'Inde en passant par l’Égypte.

Apollonios attendit le moment du banquet de noces et, se présentant aux hôtes qui venaient juste d'arriver :
- « Où est le femme élégante qui vous a invités, demanda-t-il.
- Ici, répondit Ménippe, tout en se levant de son siège et en rougissant.
-  Et cet argent, cet or, et tout ce qui décore cette salle, auquel de vous deux tout cela appartient-il ?
- A ma femme, dit l'autre, moi, je ne possède que cela, ajouta-t-il en montrant son manteau de philosophe.

Alors Apollonios reprit :
- Vous connaissez les jardins de Tantale, qui existent sans exister ?
- Oui d'après Homère, car nous ne sommes pas descendus aux Enfers.
- Eh bien, sachez que tous ces ornements sont pareils à eux ; ce n'est pas de la matière, mais l'apparence de la matière. Et pour que vous compreniez bien ce que je dis, apprenez que cette belle mariée est une vampire. Elles sont amoureuses et désirent les plaisirs de l'amour, mais surtout la chair des humains, et elles séduisent en leur procurant des jouissances amoureuses, ceux dont elles veulent se repaître.

Alors, la dame dit d'un air horrifié :
- Tais-toi, va-t-en !
Et elle se mit à railler les philosophes, assurant qu’ils ne disaient que des sottises. Mais lorsque les gobelets d’or et ce qui semblait être de l’argent se révélèrent n'être que du vent et s'envolèrent, disparaissant aux regards, que les échansons, les cuisiniers et toute la troupe des domestiques s'évanouirent devant les objurgations d'Apollonios, le fantôme fit semblant de pleurer et le pria de ne pas la torturer et de ne pas la contraindre à avouer qui elle était ; mais Apollonios insista et ne voulut pas la laisser aller ; alors elle avoua qu'elle était une vampire qu'elle gorgeait Ménippe de plaisirs dans l'intention de dévorer son corps, car elle avait coutume de se repaître de corps beaux et jeunes, parce que leur sang était pur et sans mélange.

J’ai raconté tout au long cette histoire qui est peut-être la mieux connue de toutes celles qui concernent Apollonios ; je l'ai fait par nécessité, car presque tout le monde la connait étant donné que l'incident se déroula en plein cœur de la Grèce, mais on n'en a qu’une idée générale, à savoir qu’il a, un jour, à Corinthe, vaincu une vampire, mais ce qu'elle faisait et les détails concernant Ménippe, cela, on l'ignore encore ; ce que j'en ai dit vient de Damis et du récit qu'il en fait.

[...]

Un jour qu'Apollonios discutait de la question des libations, il se trouva assister à l'entretien un jeune élégant qui avait une telle réputation de débauché qu'il était devenu le sujet de couplets grossiers… Voici que le jeune homme interrompit ce discours d'un rire épais et indécent ; Apollonios le regarda et dit :
- Ce n'est pas toi qui m'insultes ainsi, mais le démon qui te pousse à ton insu.
En fait le jeune homme était bien, sans le savoir, possédé par le démon. Car il riait à ce qui ne faisait rire personne et brusquement fondait en larmes sans aucune raison et il se parlait à lui-même et chantait tout seul. Les gens croyaient que c’était l'ardeur de la jeunesse qui l'entrainait à faire tout cela mais en réalité il n'était que l'interprète du démon, et l'on s'imaginait que son extravagance présente était le résultat de l'ivresse.
Donc, lorsqu'Apollonios le regarda, le démon poussa des cris de terreur et de colère comme ceux des suppliciés que l'on brûle ou que l’on fouette, et jura qu'il abandonnerait le jeune homme et ne possèderait plus aucun être humain. Mais Apollonios, lui parlant comme un maître à un esclave rusé, vicieux et sans vergogne, d'une voix irritée, lui ordonna de montrer par un signe visible qu'il était bien parti ; et le démon répondit :
- Je vais renverser cette statue là-bas désignant l'une de celles du Portique Royal devant lequel avait lieu cette scène ; lorsque la statue commença de remuer, puis tomba à terre, qui pourrait décrire le tumulte qui se produisit alors et les applaudissements émerveillés de la foule ?
Quant au jeune homme, il se frotta les yeux comme s'il venait de s'éveiller et regarda la lumière du soleil ; et il gagna la considération de tous ceux qui tournaient maintenant les yeux vers lui, car il n'avait plus l'air débauché son regard n’était plus égaré somme avant, mais il était revenu à lui-même, comme s'il avait été traité avec une drogue ; il renonça à ses manteaux légers, à ses tuniques fines et à toute sa vie de jouisseur, il se prit de passion pour l'austérité et le costume des philosophes et adopta, désormais, la façon de vivre d'Apollonios.

[…]

Voici un miracle d'Apollonios : une jeune fille passa pour morte au moment de son mariage, et le fiancé suivait le brancard, se lamentant de ces noces inachevées, et Rome entière gémissait avec lui car cette jeune fille appartenait à une famille consulaire. Apollonios témoin de ce deuil, approcha et dit :
- Posez le brancard, je vais arrêter les larmes que vous versez sur cette jeune fille.
Il demanda comment elle s'appelait. Les assistants pensèrent qu'il allait leur adresser un discours, comme ceux qui sont de tradition et qui provoquent des lamentations, mais il ne fit rien d'autre que toucher la jeune fille et prononcer sur elle quelques paroles mystérieuses. Et il éveilla la jeune fille de ce qui semblait être la mort. Elle prit la parole et revint dans la maison de son père, comme Alceste ressuscitée par Héraclès. Et lorsque ses parents lui offrirent un présent de 150 000 sesterces, Apollonios répondit qu’il les donnait à la jeune fille comme dot.

Découvrit-il en elle quelque étincelle de vie qui avait échappée à ceux qui lui rendaient les derniers devoirs - on rapporte en effet qu'il tombait une pluie fine et qu'une vapeur s'élevait de son visage -, ralluma-t-il et restaura-t-il la vie qui était éteinte il est impossible d'en décider, et cela demeure mystérieux non seulement pour moi, mais aussi pour les personnes présentes.

 

Voir aussi

Gilles Castelnau La foi des « païens » au temps du Nouveau Testament

 

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