Les miracles et les exorcismes qui sont
attribués à Jésus permettent d’effectuer des
rapprochements avec des personnages
contemporains, Ainsi, Honi, le Traceur de
cercles.
Un jour, on dit à Honi
le Traceur de cercles :
- Prie pour que tombe la pluie.
Il leur dit :
- Allez et rentrez les fours pascaux de
peur qu'ils ne se dissolvent dans l'eau.
Il pria mais il ne plut pas. Que fit-il ?
Il traça un cercle, se tint au milieu et dit
devant Lui :
- Seigneur du monde, tes enfants placent
leur confiance en moi parce que je suis devant
Toi comme un fils de la maison. Je jure par
Ton grand Nom que je ne bougerai pas d'ici
jusqu'à ce que tu aies miséricorde de tes
enfants.
Des gouttelettes de pluie se mirent à tomber.
Il dit :
- Je n'ai point demandé cela, mais de
quoi remplir les citernes, les puits et les
cavernes.
La pluie se mit à tomber à torrent. Il
dit :
- Je n’ai point demandé cela, mais une
pluie agréable, de bénédiction et de faveur.
Il se mit à pleuvoir régulièrement jusqu'à ce
que les Israélites soient obligés de sortir de
Jérusalem pour (gagner) la montagne de la
Maison devant la montée des eaux. On lui
dit :
- Tout comme tu as prié pour qu'elles
viennent, prie maintenant pour qu'elles
cessent.
Il leur dit :
- Allez voir si la Pierre des [Objets]
égarés est immergée.
Siméon ben Shétah lui adressa [ce
message] :
- Si tu n’étais pas Honi, je t’aurais
placé sous anathème, mais que faire contre toi
puisque tu pèches devant le Lieu [Dieu] et
qu’Il fait cependant tes (quatre) volontés,
comme un fils qui se conduit mal envers son
père qui fait (cependant) ses (quatre)
volontés. C'est pour toi qu'il est
écrit : « Que se réjouissent ton
père et ta mère et que soit joyeuse celle qui
t'a enfanté » (Pr 23,25) » (Mishna
Ta'anit 3,8).
Ainsi aussi Hanina ben Dosa célébré dès la
Mishna pour les vertus de sa prière et le
pouvoir de guérison qui était le sien :
On raconte que rabbi
Hanina ben Dosa quand il priait pour des
malades disait : « Celui-ci vivra ; celui-là
mourra. » On lui dit :
- D'où le sais-tu ?
Il leur répondit :
- Si je sens la
prière couler sur mes lèvres, je sais qu'elle
est reçue. Sinon, je sais qu'elle est
repoussée (Mishna Berakhot 5.5).
Dans le Talmud de Babylone il lui est attribué
un récit de guérison à distance qui n'est pas
sans faire penser au récit de la guérison à
distance du fils du centurion de Capernaüm (Mt
8.5-13 // Lc7,1-10 ; Jn 4,46-53)
Il arriva une fois que
le fils de Rabban Gamaliel tomba malade.
Celui-ci envoya deux disciples chez Rabbi
Hanina ben Dosa pour qu'il implore la
miséricorde divine sur son fils. Dès que
Hanina les vit, il monta à la chambre haute
[comparer I Rois 17.19] et implora
la miséricorde pour lui. A sa descente, il
leur dit :
- Allez, la fièvre l’a quitté.
Ils lui demandèrent :
- Es-tu un prophète ?
Il répondit :
- Je ne suis pas prophète et je ne suis
pas fils de prophète ; mais je sais de
tradition que si ma prière coule dans ma
bouche, elle est acceptée ; si c’est le
contraire, elle est rejetée.
Ils s’assirent pour écrire et notèrent l’heure
précise. Quand ils revinrent chez Rabban
Gamaliel, il leur dit :
- Par le culte du Temple ! Vous
n’avez ni retranché ni ajouté, mais le fait
s’est bien passé ainsi : à l’heure même
(que vous avez notée) la fièvre l’a quitté et
il nous a demandé à boire. (Talmud, Berakhot, 34b).
Dans le
monde hellénistique
En l'an 2I7 ap. J.C. Philostrate écrit une Vie d’Apollonios de Tyane
de plus de 300 pages qui contient une
vingtaine de miracles. Apollonios, décédé en
98 ap. J.C. parcourait le monde comme
prédicateur itinérant, de Rome à l'Inde en
passant par l’Égypte.
Apollonios attendit le
moment du banquet de noces et, se présentant
aux hôtes qui venaient juste d'arriver :
- « Où est le femme élégante qui vous a
invités, demanda-t-il.
- Ici, répondit Ménippe, tout en se levant de
son siège et en rougissant.
- Et cet argent, cet or, et tout ce qui
décore cette salle, auquel de vous deux tout
cela appartient-il ?
- A ma femme, dit l'autre, moi, je ne possède
que cela, ajouta-t-il en montrant son manteau
de philosophe.
Alors Apollonios reprit :
- Vous connaissez les jardins de Tantale, qui
existent sans exister ?
- Oui d'après Homère, car nous ne sommes pas
descendus aux Enfers.
- Eh bien, sachez que tous ces ornements sont
pareils à eux ; ce n'est pas de la matière,
mais l'apparence de la matière. Et pour que vous
compreniez bien ce que je dis, apprenez que
cette belle mariée est une vampire. Elles sont
amoureuses et désirent les plaisirs de l'amour,
mais surtout la chair des humains, et elles
séduisent en leur procurant des jouissances
amoureuses, ceux dont elles veulent se repaître.
Alors, la dame dit d'un air
horrifié :
- Tais-toi, va-t-en !
Et elle se mit à railler les philosophes,
assurant qu’ils ne disaient que des sottises.
Mais lorsque les gobelets d’or et ce qui
semblait être de l’argent se révélèrent n'être
que du vent et s'envolèrent, disparaissant aux
regards, que les échansons, les cuisiniers et
toute la troupe des domestiques s'évanouirent
devant les objurgations d'Apollonios, le fantôme
fit semblant de pleurer et le pria de ne pas la
torturer et de ne pas la contraindre à avouer
qui elle était ; mais Apollonios insista et
ne voulut pas la laisser aller ; alors elle
avoua qu'elle était une vampire qu'elle gorgeait
Ménippe de plaisirs dans l'intention de dévorer
son corps, car elle avait coutume de se repaître
de corps beaux et jeunes, parce que leur sang
était pur et sans mélange.
J’ai raconté tout au long cette
histoire qui est peut-être la mieux connue de
toutes celles qui concernent Apollonios ;
je l'ai fait par nécessité, car presque tout le
monde la connait étant donné que l'incident se
déroula en plein cœur de la Grèce, mais on n'en
a qu’une idée générale, à savoir qu’il a, un
jour, à Corinthe, vaincu une vampire, mais ce
qu'elle faisait et les détails concernant
Ménippe, cela, on l'ignore encore ; ce que j'en
ai dit vient de Damis et du récit qu'il en fait.
[...]
Un jour qu'Apollonios discutait
de la question des libations, il se trouva
assister à l'entretien un jeune élégant qui
avait une telle réputation de débauché qu'il
était devenu le sujet de couplets grossiers…
Voici que le jeune homme interrompit ce discours
d'un rire épais et indécent ; Apollonios le
regarda et dit :
- Ce n'est pas toi qui m'insultes ainsi, mais le
démon qui te pousse à ton insu.
En fait le jeune homme était bien, sans le
savoir, possédé par le démon. Car il riait à ce
qui ne faisait rire personne et brusquement
fondait en larmes sans aucune raison et il se
parlait à lui-même et chantait tout seul. Les
gens croyaient que c’était l'ardeur de la
jeunesse qui l'entrainait à faire tout cela mais
en réalité il n'était que l'interprète du démon,
et l'on s'imaginait que son extravagance
présente était le résultat de l'ivresse.
Donc, lorsqu'Apollonios le regarda, le démon
poussa des cris de terreur et de colère comme
ceux des suppliciés que l'on brûle ou que l’on
fouette, et jura qu'il abandonnerait le jeune
homme et ne possèderait plus aucun être humain.
Mais Apollonios, lui parlant comme un maître à
un esclave rusé, vicieux et sans vergogne, d'une
voix irritée, lui ordonna de montrer par un
signe visible qu'il était bien parti ; et le
démon répondit :
- Je vais renverser cette statue là-bas
désignant l'une de celles du Portique Royal
devant lequel avait lieu cette scène ;
lorsque la statue commença de remuer, puis tomba
à terre, qui pourrait décrire le tumulte qui se
produisit alors et les applaudissements
émerveillés de la foule ?
Quant au jeune homme, il se frotta les yeux
comme s'il venait de s'éveiller et regarda la
lumière du soleil ; et il gagna la
considération de tous ceux qui tournaient
maintenant les yeux vers lui, car il n'avait
plus l'air débauché son regard n’était plus
égaré somme avant, mais il était revenu à
lui-même, comme s'il avait été traité avec une
drogue ; il renonça à ses manteaux légers,
à ses tuniques fines et à toute sa vie de
jouisseur, il se prit de passion pour
l'austérité et le costume des philosophes et
adopta, désormais, la façon de vivre
d'Apollonios.
[…]
Voici un miracle
d'Apollonios : une jeune fille passa pour
morte au moment de son mariage, et le fiancé
suivait le brancard, se lamentant de ces noces
inachevées, et Rome entière gémissait avec lui
car cette jeune fille appartenait à une famille
consulaire. Apollonios témoin de ce deuil,
approcha et dit :
- Posez le brancard, je vais arrêter les larmes
que vous versez sur cette jeune fille.
Il demanda comment elle s'appelait. Les
assistants pensèrent qu'il allait leur adresser
un discours, comme ceux qui sont de tradition et
qui provoquent des lamentations, mais il ne fit
rien d'autre que toucher la jeune fille et
prononcer sur elle quelques paroles
mystérieuses. Et il éveilla la jeune fille de ce
qui semblait être la mort. Elle prit la parole
et revint dans la maison de son père, comme
Alceste ressuscitée par Héraclès. Et lorsque ses
parents lui offrirent un présent de
150 000 sesterces, Apollonios répondit
qu’il les donnait à la jeune fille comme dot.
Découvrit-il en elle quelque
étincelle de vie qui avait échappée à ceux qui
lui rendaient les derniers devoirs - on
rapporte en effet qu'il tombait une pluie fine
et qu'une vapeur s'élevait de son visage -,
ralluma-t-il et restaura-t-il la vie qui était
éteinte il est impossible d'en décider, et cela
demeure mystérieux non seulement pour moi, mais
aussi pour les personnes présentes.
Voir aussi
Gilles Castelnau
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