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Initiation au monde

du Nouveau Testament

 

 

Christian Grappe

professeur de Nouveau Testament
à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg

 

Edition Labor et Fides

320 pages

 

Recension Gilles Castelnau

 

1er octobre 2010

Ce manuel d’initiation s’adresse aux étudiants qui commencent une formation au Nouveau Testament sans connaissances préalables particulères. Il est très clair et facile à lire. Il donne des repères historiques sur la situation de l’Empire romain et de la Palestine au temps de Jésus, sur l’univers du Nouveau Testament, les manuscrits de l’Ancien Testament que citent Paul ou Matthieu et une introduction à l’histoire de la rédaction de chacun des livres du Nouveau Testament, son auteur, sa date de rédaction probable.

En voici quelques passages.
Les * indiquent des mots expliqués dans le glossaire en fin de volume.

 

 

.

 

page 62

Définitions

Septante : Version grecque de la Bible hébraïque, établie à partir du IIIe siècle avant notre ère et d'un modèle hébreu, à Alexandrie. Selon la légende, qui n'a cessé de s'amplifier à partir des affirmations relativement sobres de la Lettre d'Aristée, cette traduction aurait été faite simultanément et indépendamment en 72 jours par 72 traducteurs qui seraient parvenus exactement au même résultat. On sait aujourd'hui que la traduction s'est étalée sur plus de deux siècles, qu'elle s'est faite sur un texte qui n'est pas forcément le Texte massorétique* et qu'elle a été tout à fait progressive.

Texte massorétique : Le Texte massorétique a été fixé par les Massorètes qui, au cours d'un processus long de plusieurs siècles dont on peut fixer l'achèvement quelque peu après l'an 1000, ont arrêté le texte consonantique de la Bible hébraïque et y ont introduit les voyelles.

 

 

page 63

La Bible hébraïque en ses différents états

En ce qui concerne la Bible hébraïque, on a la preuve, depuis les découvertes de Qumrân*, qu'il y avait plusieurs formes du texte hébreu en circulation en Palestine au tournant de notre ère. On a retrouvé en effet, parmi les manuscrits bibliques de la mer Morte, des témoins non seulement d'un type de texte protomassorétique, mais aussi d'autres types de textes : présamaritain (parce que voisin du Pentateuque samaritain *) ; proche de la source hébraïque des Septante* ; non aligné (parce que fluctuant entre ces diverses formes de texte)... Il convient donc d'être prudent et en tout cas conscient que le texte scripturaire n'était pas encore définitivement fixé comme il le fut dès lors que les massorètes l'eurent verrouillé.

Définition

Pentateuque samaritain : Bible des Samaritains. C'est une version hébraïque, limitée au seul Pentateuque* et rédigée dans une forme d'hébreu dérivé de l'ancien alphabet préexilique. Elle établit notamment la légitimité du culte que les Samaritains rendent au mont Garizim, seul lieu saint qu'ils reconnaissent, en faisant de ce point le'dixième commandement.

Remarque. sur les 6000 variantes que présente le Pentateuque samaritain par rapport à la Bible hébraïque, 2000 environ se retrouvent dans la Septante*, ce qui illustre la complexité de l'histoire du texte ou des textes de l'Ancien Testament.

On a ainsi découvert, à Qumrân, un témoin d'un écrit biblique, 4QSama (= 4Q51), qui contient, entre la fin du chapitre 10 et le début de chapitre 11 de 1 Samuel, un passage, décrivant des atrocités commises par le roi des Ammonites Nahash avant qu'il ne s'en prenne à Yavesh de Galaad. Ce passage manque dans le Texte massorétique, mais Flavius Josèphe* en est également témoin puisqu'il le paraphrase. Il paraît donc avoir utilisé lui-même un manuscrit qui attestait cette leçon.

 

 

Page 66

Les découvertes de Qurnrân * ont montré que, dans l'établissement situé aux abords de la mer Morte, certains écrits, comme Le livre des Jubilés, disposaient d'une autorité comparable aux écrits « canoniques » et étaient cités comme eux. Le nombre de copies du livre d'Hénoch (1 Hénoch) et du livre des Jubilés que l'on a retrouvées dans l'établissement essénien montre d'ailleurs toute l'autorité qui devait revenir à ces œuvres en milieu qurnrânien.
On peut imaginer qu'elles y revêtaient un statut quasi « canonique », même si l'emploi du terme relève en l'occurrence de l'anachronisme.
Une telle situation ne doit pas surprendre. Au sein du Nouveau Testament, Jude 15 cite (1) Hénoch (1,9) comme s'il s'agissait d'un écrit faisant autorité, et les livres d' (1) Hénoch et des Jubilés ont été intégrés dans le canon de l'Église éthiopienne.

 

 

page 145

LA SOURCE Q

Une source archaïque dont les contours et l'extension demeurent hypothétiques

L'extension précise de la source Q demeure inconnue. On estime généralement qu'elle englobait tous les matériaux communs à Matthieu et Luc que l'on ne retrouve pas chez Marc, mais elle contenait peut-être aussi des matériaux présents seulement dans l'un ou l'autre de ces évangiles. On se souviendra ici que, si l'on s'efforçait de reconstituer Marc à partir de Matthieu et de Luc, on ne retrouverait qu'un peu plus de la moitié de cet évangile (environ 344 versets sur un total de 661).

On ne peut pas être sûr non plus que cette source soit parvenue aux auteurs respectifs de Matthieu et de Luc sous la même forme. Chacun d'entre eux l'a, par ailleurs, sans doute comprise et reprise dans une tradition interprétative et selon une perspective rédactionnelle propre.

Contrairement à l'Évangile selon Thomas, Q n'était pas simplement un recueil de paroles de Jésus. Elle contenait au moins un récit de miracle, celui de la guérison du serviteur du centurion de Capernaüm, et une version développée du récit de l'épreuve de Jésus au désert.

 

 

page 146

Milieu d'origine

La source Q paraît avoir été formulée en grec. On situe son origine entre 40 et 70, le plus souvent en Galilée, voire en Syrie, dans un milieu à la christologie bien affirmée mais en but à l'opposition et à une persécution réelle ou larvée (Q 6,22), émanant selon toute vraisemblance des milieux pharisiens qui sont la cible d'une vigoureuse polémique (Q 11,39-52).
Dans la mesure où le milieu porteur de Q paraît avoir été beaucoup plus audacieux en matière de christologie que d'attitude à l'endroit de la Torah (Q 16,16-18), il se pourrait que ce soit autour de cette première question que se soit cristallisée la polémique. Il pourrait avoir été plus soucieux d'observance et d'interprétation de la Loi que le Jésus historique, dont la narration marcienne nous rappelle la liberté qu'il était susceptible de prendre par rapport à elle.

 

 

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