Dieu et la nature
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Dieu et la vie de la
nature
Gilles
Castelnau
T'es-tu déjà rendu aux sources de la mer
et as-tu explor é le fond de l'océan ?
Les portes de la mort t'ont-elles été
ouvertes ?
La porte de la Mort t'a-t-elle été
montrée ?
T'es-tu fait une idée des dimensions du
monde ?
Renseigne-moi, si tu connais toutes ces choses.
Sais-tu de quel côté habite la lumière
A quelle adresse on peut trouver
l'obscurité ?
Tu pourrais les chercher jusque dans leur
domaine,
si tu comprends vraiment comment on va chez
elles.
Tu dois bien le savoir
Toi qui as vu le jour il y a si longtemps !
Vois les constellations :
Pourrais-tu maintenir les Pléiades ensemble,
Dénouer les cordes qui retiennent Orion,
Faire apparaître à temps les signes du zodiaque,
Conduire la Grande Ourse avec tous ses
petits ?
Sais-tu à quelles lois le ciel doit
obéir ?
Est-ce à toi de régler leur action sur la
terre ?
Suffit-il que tu cries tes ordres aux nuages
Pour qu'une masse d'eau vienne te
recouvrir ?
Est-ce toi qu envoies les éclairs quand ils
partent ?
Tu disent-ils alors : « nous voici à
tes ordres » ?
Qui annonce à l'ibis que le Nil va
monter ?
Qui fait savoir au coq que la pluie va
venir ?
Job 38. 16 ss
Je commençais mon
premier texte en pensant que la
présence de Dieu se manifestait simultanément
dans le temple où se déroulait le culte avec ses
prières habituelles de confiance en Dieu et
d'espérance et devant le temple où une dame
guettait dans un petit télescope les
faucons-crécerelles qui nichaient un peu plus
loin dans le trou d'une façade.
Jésus a dit :
Ne vend-on pas deux moineaux pour un
sou ?
Cependant il n'en tombe pas un à terre sans
votre Père Matthieu 10.29
C'est aussi ce que suggère le texte du
livre de Job en montrant Dieu en train de
s'impliquer dans la vie de la nature :
Qui annonce à l'ibis que le Nil va
monter ?
Qui fait savoir au coq que la pluie va
venir ?
Albert Schweitzer
invite à s'émerveiller devant le mystère de
la vie :
Quelle différence y a-t-il entre le savant
qui observe au microscope les manifestations
les plus infimes et les plus insoupçonnées de
la vie - et un vieux paysan peu instruit
qui, au printemps, va dans son jardin et
contemple, absorbé dans es pensées, les
bourgeons qui éclatent aux branches de
arbres ?
Tous deux sont en face de l'énigme de la vie,
l'un peut en faire une description plus
détaillées que l'autre, mais tous deux sont à
égalité devant l'insaisissable.
Qu'est-ce que cette force qui fait naître,
exister et mourir, qui rejaillit dans d'autres
existences, meurt et renaît à nouveau, sans
jamais s'arrêter, d'éternité en
éternité ?
(Vivre, Paroles pour une éthique du temps
présent, p. 168. 1995 Albin Michel)
Il est une Force, une Présence dont le
livre de Job dit qu'elle va jusqu'aux « sources de la
mer » et « au fond de
l'océan ».
•
Si en levant les yeux
vers le ciel on se demande
s'il y a un Dieu qui entend nos
prières,
s'il compte vraiment nos péchés,
s'il fera un jour régner la justice,
s'il a ses raisons de laisser les cataclysmes se
produire, la famine et le sida dépeupler
l'Afrique, les lions dévorer les gazelles et les
chats torturer les souris, les Irakiens
s'entre-tuer, les mères de famille mourir d'un
cancer, la jeune Chahrazad brûlée vive par
l'amoureux qu'elle éconduisait,
on trouve peut-être des raisons à tout cela.
Mais si les
explications ne semblent finalement pas
très convaincantes, si on
s'interroge sur la crédibilité des dogmes, et
surtout si on trouve qu'ils ne donnent guère de
sens à notre existence, s'ils ne nous
encouragent pas vraiment à construire un monde
meilleur, s'ils ne nous aident pas à vivre, à
aimer notre prochain et... à mourir en paix,
alors regardons autour de nous et soyons
sensibles à la Présence qui va jusqu'aux « sources de la
mer » et « au fond de
l'océan », qui « annonce à l'ibis que
le Nil va monter et fait savoir au coq
que la pluie va venir » :
Autour de nous, tout vit, tout bouge, tout
change et se développe, meurt pour renaître à
nouveau. Nous sommes emportés par le grand
fleuve de la vie.
Le ciel et la terre tournoient avec les planètes
et les galaxies, voici que l'hiver succède à
l'été, les migrations des oiseaux
s'accomplissent, au printemps les bêtes
s'accoupleront et leurs petits transmettront la
vie à leur tour. Nous avons des enfants et leurs
enfants qui trouveront, comme nous l'avons fait
avant eux un monde toujours nouveau.
La nature telle qu'elle est, avec ses beautés,
ses émerveillements, ses drames aussi, avance
vers sa joie, comme
disait le théologien américain John Cobb, animée
d'une sorte de puissance d'immortalité.
En nous aussi monte
cet élan vital que nous
ressentons au plus profond de nous, ce dynamisme
créateur qui nous permet d'affronter les combats
de cette vie, de défier les forces du mal qui
entravent notre marche en avant, de
toujours puiser en nous cette force intérieure
dont nous avons tant besoin, dont nous pensons
parfois qu'elle nous fait défaut et qui pourtant
nous a toujours permis, à travers nos
difficultés les plus grandes et nos
souffrances les plus insurmontables de sortir
toujours vainqueurs.
Éprouvés, meurtris, en lambeaux peut-être mais
intérieurement vainqueurs.
« Lève-toi et
marche », disait Jésus au
paralysé alors que ce semblait humainement
impossible.
C'est le maître mot de la Bonne Nouvelle de la
Présence divine en nous.
Lorsque nous tombons à
terre, saurons-nous nous relever ?
Un moineau ne tombe pas à terre sans la
présence de Dieu.
Si Dieu est avec nous, en nous, oui,
certainement.
« Je suis vie qui
veut vivre parmi d'autres vies qui veulent
vivre » disait Albert
Schweitzer sur le fleuve de l'Ogooué au milieu
d'un groupe d'hippopotames sous le ciel rouge
d'un coucher de soleil au Gabon.
.
Ne cherchons pas Dieu
dans des « miracles »,
dans l'extraordinaires et le surnaturel, dans un
cours des événements modifié de l'extérieur. On
le rencontre dans l'habituel, le normal, là où
se trouve sa Présence quotidienne, aimante,
capacité de nous
« lever et de marcher ».
Tout vient de lui, toute vie est par lui. Rien
n'est plus normal que de croire en lui.
Dieu se trouve au
coeur du monde,
comme le levain, disait Jésus, qu'une femme a
mis dans la farine et qui fait lever toute la
pâte » Matthieu 13.33.
Dieu ne vient pas du dehors mais du dedans. Il
est présent dans la vie de notre monde, il en
est le moteur, il en est l'âme, l'élan.
C'est pourquoi le
psalmiste s'adresse à tous les êtres :
Louez l'Éternel
Animaux et tout le bétail,
Reptiles et oiseaux,
Rois de la terre et tous les peuples,
Princes et tous les juges de la terre,
garçons et filles,
vieillards et enfants...
Car il renouvelle la force de son peuple. Psaume 148
Dieu est en
nous, Il n'est pas sans nous, et voyez
comme il est plus que nous.
.
Dieu oriente et donne
l'élan de vie à « tout ce qui
respire ».
Si à son appel la réponse est négative, Dieu ne
renonce jamais, demeure fidèle, proposer alors
d'autres possibilités.
Dieu donne la vie aux plantes mais si un rocher
écrase la plante, Dieu lui permet de s'adapter
et de trouver un autre chemin vers la lumière.
Si on ôte le rocher, elle changera à nouveau le
sens de sa croissance.
Il en est de même avec les hommes et les
civilisations.
Le pasteur Andew
Linzey, professeur à
Oxford a raison de voir en la croix le
symbole de la souffrance et de la mort non
seulement des hommes mais aussi des animaux et bien sûr
aussi, du dynamisme créateur de la Résurrection.
La croix, signe de la manière dont Dieu regarde
le monde et s'y implique
.
Nous faisons tout
notre possible pour laisser
l'Esprit de Dieu nous animer, nous apaiser, nous
encourager, nous réorienter afin que nous
collaborions de tout notre coeur à son grand
dessein de vie :
- Nous
nous efforçons d'être des justes et non pas des
méchants car il est écrit :
Le juste a le souci du bien-être de ses
bêtes ; mais le méchant ne respire que
cruauté. Proverbes 12.10
- Nous ne
voudrions pas verser inutilement le sang, car
nous nous souvenons de la phrase de Dieu à
Caïn :
le cri du sang de ton frère est monté de la
terre jusqu'à moi. Genèse 4. 10
- Nous
élargirons notre foi à la véritable grandeur de
Dieu,
Nous élargirons notre
dynamisme créateur à la dimension de celui de
Dieu,
Nous élargirons notre coeur à
l'exemple du coeur de Dieu.
- Nous
éviterons de faire souffrir nos frères les
hommes et les autres créatures en prenant une
place qui n'est pas la nôtre
Nous ne vivrons pas aux dépens
de nos enfants qui viennent après nous.
Nous ne serons pas passifs,
nous ne manquerons pas de volonté.
Notre idéal de fraternité et
d'amour du prochain est réel et nous ne
manquerons pas de courage pour le mettre en
pratique.
- En fait,
nous respecterons et nous aimerons la vie !
L'Éternel fait rayonner l'habit de lumière dont
il revêt chacun de nous, comme aussi la nature,
les animaux et les plantes.
Tous, tant que nous
sommes, il demeure créateur de vie en
nous !
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