Respect de la Nature
Dieu et les
animaux
12 septembre 2005
La manière dont la Bible parle
des animaux révèle un
Dieu dont la principale préoccupation est la vie de la
création, dont l'homme fait partie au même titre que les
animaux et même les éléments naturels que sont
les vents ou la neige.
On est loin de conception moralisante,
étriquée et d'ailleurs peu crédible, d'un Dieu
surtout attentif à surveiller la conduite des hommes
Voici quelques textes qui en sont des
exemples :
(L'Éternel dit
:...)
Où étais-tu quand je
fondais la terre ?
Dis-le, si tu as de l'intelligence.
Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu ?
Ou qui a étendu sur elle le cordeau ?
Sur quoi ses bases sont-elles appuyées ?
Ou qui en a posé la pierre angulaire,
Alors que les étoiles du
matin éclataient en chants d'allégresse,
Et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ?
...
As-tu pénétré
jusqu'aux sources de la mer ?
T'es-tu promené dans les profondeurs de
l'abîme ?
...
Où est le chemin qui conduit
au séjour de la lumière ?
Et les ténèbres, où ont-elles leur
demeure ?
...
Es-tu parvenu jusqu'aux amas de
neige ?
As-tu vu les dépôts de grêle
...
Chasses-tu la proie pour la
lionne,
Et apaises-tu la faim des lionceaux,
Quand ils sont couchés dans leur tanière,
Quand ils sont en embuscade dans leur repaire ?
Qui prépare au corbeau sa pâture,
Quand ses petits crient vers Dieu,
Quand ils sont errants et affamés ?
Sais-tu quand les chèvres
sauvages font leurs petits ?
Observes-tu les biches quand elles mettent bas ?
Comptes-tu les mois pendant lesquels elles portent,
Et connais-tu l'époque où elles enfantent ?
Elles se courbent, laissent échapper leur
progéniture,
Et sont délivrées de leurs douleurs.
Leurs petits prennent de la vigueur et grandissent en plein air,
Ils s'éloignent et ne reviennent plus auprès d'elles.
Job 38.4-39.4.
On remarquera l'enthousiasme
manifesté par les étoiles du matin qui
éclataient en chants d'allégresse, et les anges qui
poussaient des cris de joie lors de la création !
Mon âme, bénis
l'Eternel !
Éternel, mon Dieu, tu es infiniment grand !
Tu es revêtu d'éclat et de magnificence !
...
Il conduit les sources dans des
torrents
Qui coulent entre les montagnes.
Elles abreuvent tous les animaux des champs;
Les ânes sauvages y
étanchent leur soif.
Les oiseaux du ciel habitent sur leurs bords,
Et font résonner leur voix parmi les rameaux.
De sa haute demeure, il arrose les
montagnes;
La terre est rassasiée du fruit de tes oeuvres.
Il fait germer l'herbe pour le
bétail,
Et les plantes pour les besoins de l'homme,
Afin que la terre produise de la nourriture,
Le vin qui réjouit le cœur de
l'homme,
Et fait plus que l'huile resplendir son visage,
Et le pain qui soutient le coeur de l'homme.
Les arbres de l'Eternel se
rassasient,
Les cèdres du Liban, qu'il a plantés.
C'est là que les oiseaux font leurs nids ;
La cigogne a sa demeure dans les cyprès,
Les montagnes élevées
sont pour les boucs sauvages,
Les rochers servent de retraite aux damans
...
Les lionceaux rugissent après
la proie,
Et demandent à Dieu leur nourriture.
Le soleil se lève : ils se retirent,
Et se couchent dans leurs tanières.
L'homme sort pour se rendre à son ouvrage,
Et à son travail, jusqu'au soir.
Que tes oeuvres sont en grand
nombre, ô Éternel !
Tu les as toutes faites avec sagesse.
La terre est remplie de tes biens.
Voici la grande et vaste
mer :
Là se meuvent sans nombre
Des animaux petits et grands ;
Là circulent les navires,
Et le léviathan que tu as formé pour se jouer dans les
flots.
Tous les animaux espèrent en
toi,
Pour que tu leur donnes la nourriture en son temps.
Tu la leur donnes, et ils la recueillent ;
Tu ouvres ta main, et ils se rassasient de biens.
Tu caches ta face : ils sont tremblants ;
Tu leur retires le souffle : ils expirent,
Et retournent dans leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés,
Et tu renouvelles la face de la terre.
Que la gloire de l'Éternel
subsiste à jamais !
Que l'Éternel se réjouisse de ses oeuvres !
Mon âme, bénis l'Éternel !
Louez l'Éternel !
Psaume 104
Le 1er récit de
la création (Genèse 1) mentionne la « bénédiction » de Dieu le 5e jour sur les
oiseaux du ciel et les bêtes de la mer (y compris les « grands
monstres »), comme sur les
animaux de la terre le 6e jour.
J'ai le souvenir d'un pêcheur qui
remontait au bout de sa ligne, sur la jetée de Dieppe, un
petit crabe qui en pinçait obstinément le fil : il
avait crié « sale
bête ! » et
avait écrasé sous sa botte cette créature « bénie de
Dieu ».
.
Le Nouveau Testament parle moins des
animaux et de la nature car les
persécutions de l'Empire et la polémique avec la
Synagogue mettaient l'Église primitive dans une situation
souvent tendue et l'obligeait à d'autres
préoccupations. On peut tout de même mentionner le
cantique cosmique entendu par le voyant de l'Apocalypse :
Toutes les créatures qui sont
dans le ciel,
sur la terre, sous la terre, sur la mer
et tout ce qui s'y trouve,
je les entendis qui disaient :
A celui qui est assis sur le trône, et à l'agneau,
soient la louange, l'honneur, la gloire, et la force,
aux siècles des siècles !
Apocalypse 5.11-14
Pensons aussi à la mention
émouvante de la
présence paternelle de Dieu auprès des moineaux
mourants :
Ne vend-on pas deux moineaux pour un
sou ?
Cependant il n'en tombe pas un à terre sans votre
Père
Matthieu 10.29
(Certaines traduction croient devoir ajouter
au texte : « sans la volonté de votre
Père », comme si c'était Dieu qui faisait
mourir les oiseaux et tomber les cheveux des chauves !)
D'ailleurs Paul parle de Dieu aux
Athéniens, non pas comme
gardien de la morale ou organisateur tout-puissant des
événements du monde mais comme Dieu de la vie :
Il donne à tous la vie, le
souffle et toutes choses...
en lui nous avons la vie, le mouvement et l'être.
Actes 17.25 et 28.
Il est clair que cette « vie », ce « souffle » inclut toutes les vies.
.
Albert Schweitzer a particulièrement été sensible
à ce thème biblique du Dieu de la vie.
Je dus entreprendre un assez
long voyage sur le fleuve... Nous naviguions lentement à
contre-courant, cherchant notre voie, non sans peine, parmi les bancs
de sable. C'était la saison sèche. Assis sur le pont,
je faisais des efforts pour saisir cette notion
élémentaire et universelle de l'éthique que je
n'avais trouvée dans aucune philosophie. Noircissant page
après page des phrases sans suite, je n'avais d'autre
intention que de fixer mon esprit sur ce problème dont la
solution toujours se dérobait.
Deux jours passèrent. Au soir du
troisième, alors que nous avancions dans la lumière du
soleil couchant, en dispersant au passage une bande d'hippopotames,
soudain m'apparurent, sans que je les eusse pressentis ou
recherchés les mots « Respect de la vie »
A gauche et à droite, une grande
étendue de terre et d'eau, qui, aussi longtemps qu'il y aura
un monde, sera là pour rien, car dans ces zones
marécageuses continuellement inondées on ne pourra
jamais ni construire ni cultiver.
Mais que veut dire : « pour
rien » ? Cette
luxuriante végétation a son but en
elle-même.
...
Ouvrez bien les yeux afin de ne manquer
aucune occasion de vous comporter comme un sauveur ! Ne passez
pas, indifférent, devant un malheureux insecte, qui est
tombé dans l'eau, mais représentez-vous cette lutte
désespérée contre une mort par noyade et
aidez-le à se dégager en lui tendant un bout de
bois.
Et quand vous l'observerez ensuite comme il
secoue ses ailes et puis s'envole, vous ressentirez un moment la
satisfaction d'avoir agi dans le sens de la vie, dans le sens et
comme au nom de la puissance créatrice de Dieu.
« Toutes les fois que vous avez
fait ces choses pour l'un de ces plus petits de nos frères,
c'est à moi que vous l'aurez fait » cette parole de
Jésus vaut maintenant pour nous tous.
« Humanisme et
mystique »
textes choisis et
présentés par Jean-Paul Sorg
Albin Michel
Une telle notion de Dieu et de sa
création de la vie dépasse largement l'attachement sentimental que l'on peut
légitimement avoir à l'égard de nos animaux
familiers et de la préoccupation maintes fois exprimées
par les amis des chiens et des chats de les retrouver dans le
paradis !
Cette conception de la vie s'oppose aussi
à l'idée que la
supériorité évidente des hommes sur les animaux
est le signe de sa prééminence. Les animaux ne sont
pas « un bon
produit » comme le disait
un agriculteur au journal télévisé. Ils ne sont
pas un « bien » dont l'homme aurait le « droit » de disposer. C'est le code Napoléon qui pense
tout en terme de « propriété » et de « droit ». La Bible parle des vivants en termes de
communauté de vie et les textes cités situent les
animaux et les hommes comme des partenaires unis dans la joie
créatrice de Dieu.
Citons encore Albert
Schweitzer :
Lorsque par un sombre soir
d'hiver les chevaux ne parviennent pas, en raison de la glace et de
la neige à grimper la voûte d'un pont et qu'apparus
à côté de la voiture, des passants
spontanément donnent un coup de main en poussant, ne vous
semble-t-il pas, à vous qui avez participé à la
scène, que la ténébreuse nuit d'hiver se dissipe
et que poursuivant votre chemin vous marchez maintenant dans une
autre nuit, plus claire, plus belle ?
Le lecteur de la Bible ne pourra que se
scandaliser des chevaux mourant dans
les wagons qui les amènent de Pologne, des poussins
asphyxiés dans la chaleur de plomb de la gare de Florence, de
l'impossibilité du moindre mouvement dont souffrent les veaux
et les poulets « produits » en batterie.
La pasteur Eric Ackroyd, de Northampton en
Angleterre, propose de prononcer cette action de grâce avant
nos repas :
Que la vie que allons vivre
justifie la mort
que nous avons donnée
à ces aliments
.
Cette relation de partenariat des hommes,
des animaux et des plantes (les
plantes aussi, bien sûr !) ne règle
évidemment pas la question de la cruauté de la
vie.
La Bible ne dit pas que la vie soit
« sacrée » en tant que telle. Dans la pensée biblique
rien n'est sacré. Rien n'appartient par nature ou par
destination au monde de Dieu. Tout est profane et séculier. Le
végétarisme est une discipline de recherche de
pureté personnelle qui n'a pas de fondement dans la
pensée biblique. La hantise de l'avortement et du
contrôle des naissances s'enracinent dans le fameux serment
d'Hippocrate qui relève de la pensée grecque du
4e siècle av. J.C.
Dans la Bible, la vie n'est pas un don sacré et intouchable
que Dieu nous aurait fait. Elle est la marque de sa Présence
créatrice agissant en « tout ce qui respire » Psaume 150.
A Lambaréné un jour, des
chasseurs avaient blessé et abandonné un
pélican. Albert Schweitzer
paya un homme pour que tous les jours, jusqu'à la
guérison de l'animal, il lui pêche deux poissons, tout
en s'exclamant : « pauvres
poissons » !
Les antilopes sont dévorées par les lions, nous
mangeons les boeufs et les poulets. Nous chassons les mouches et les
serpents.
Nous mettons des hommes en prison.
Nous tuons les embryons des femmes qui ne supporteraient pas une
naissance qu'elles ressentent comme dramatique. Nous recherchons
toujours le « moindre
mal » mais nous
n'approuvons rien de tout cela. Dieu non plus sans aucun doute.
Nous vivons dans un monde où la souffrance est universelle et
personne ne peut lui échapper. La croix du Christ en est le
symbole. Elle l'est pour nous. Elle l'est aussi pour les
animaux.
Le pasteur Andrew Linzey
écrit :
La croix du Christ nous a
révélé que Dieu s'identifie aux créatures
vulnérables, faibles, sans pouvoir et particulièrement
à tous les êtres innocents sans protection ni sans
défense.
La souffrance du Christ est symbole de
toutes les souffrances des hommes. Elle est aussi symbole de toutes
les souffrances des animaux. Nous qui avons compris, à cause
de la croix de notre Seigneur, notre solidarité avec tous les
crucifiés et l'horreur de leur sort, nous comprenons aussi
notre solidarité avec les animaux innocents et l'horreur de
leur sort.
.
Ce n'est donc pas l'homme qui est au
cœur des préoccupations de Dieu. L'homme n'est pas le maître de la
création, ce n'est pas en lui que l'univers trouve son centre,
sa raison d'être et son aboutissement. Dieu aime l'homme et
s'en occupe comme il aime et s'occupe des animaux, des plantes
d'aujourd'hui, d'hier et de demain, d'ici et d'ailleurs.
Bien longtemps avant que l'homme
surgisse, Dieu trouvait sa joie dans
les animaux et les plantes existant alors. (l'auteur de Job dit que
les étoiles du matin éclataient en chants
d'allégresse, et que tous les anges poussaient des cris de
joie)
Il y a 200 millions d'années, les
dinosaures nous ont précédé dans l'amour de Dieu
et dans 200 millions d'années nos lointains descendants
qui auront évidemment évolué au delà de
toute notre imagination jugerons que nous étions vraiment
proches des animaux !
Dans les milliards de systèmes
solaires contenus dans les milliards
de galaxies existantes dans le cosmos, il y a toutes les chances
d'exister des quantités de planètes où la vie
intelligente se développe. Là aussi la
créativité divine fait monter le souffle en des
êtres dont nous n'aurons jamais aucune idée.
Jésus-Christ est bien le prototype
de l'humanité parfaite révélant le dessein de Dieu, mais il ne l'est
certainement pas à la manière de ce qui se passe aux
quatre coins du cosmos. Ce n'est pas lui qui trône au centre du
paradis et la Vierge Marie n'est pas la « reine du
ciel » !
Célébrations avec des
animaux. Andrew Linzey pratique ces
célébrations. Le Père Ronald Cosic, dans
l'Église catholique de Meudon le fait aussi ainsi que la
cathédrale américaine de Paris et l'Église
catholique dissidente du Père Philippe dans le 15e
arrondissement de Paris. Ailleurs aussi sans doute.
Même si l'on peut sourire de telles
initiatives et se demander si les liturgies ecclésiastiques
sont vraiment le lieu d'épanouissement des animaux, il demeure
qu'elles sont un symbole fort du partenariat des hommes avec les
animaux sous le regard amusé et heureux de Celui qui est le
Dieu de tous.
Nous élargirons notre foi à
la véritable grandeur de Dieu,
nous reconnaîtrons et nous
éviterons les élans religieux étroits et
mesquins,
nous apprendrons à nos enfants à respecter la
création,
à réprouver la souffrance des animaux et la pollution
des océans, des forêts et de l'atmosphère,
à lutter contre le réchauffement climatique.
Nous leur dirons que la présence du loup et de l'ours au fond
de nos forêts est un symbole bien meilleur que la chasse et la
pêche d'amusement.
Nous leur parlerons de la situation des animaux dans les zoos et dans
les cirques, des corridas et des combats de chiens et de coqs.
Et nous leur apprendrons à réciter le
Psaume 148 :
Louez l'Éternel du bas de la
terre,
Monstres marins, et vous tous, abîmes,
Feu et grêle, neige et brouillards,
Vents impétueux, qui exécutez ses ordres,
Montagnes et toutes les collines,
Arbres fruitiers et tous les cèdres,
Animaux et tout le bétail,
Reptiles et oiseaux ailés,
Rois de la terre et tous les peuples,
Princes et tous les juges de la terre,
Jeunes hommes et jeunes filles,
Vieillards et enfants !
Qu'ils louent le nom de l'Eternel
Psaume 148.7-13
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