Plénitude, intégrité

Par

Rubens

La doctrine du péché originel qui a été proposée initialement par saint Augustin à la fin du IVe siècle, puis confirmée par plusieurs synodes ecclésiastiques en Occident, a exercé sur tout le monde une influence considérable. Elle provient de l’obsession du problème du mal qui tourmentait saint Augustin et le conduisait à une interprétation erronée du récit d’Adam et Eve dans la Genèse.

Les personnes à qui j’en parle manifestent presque toutes un sentiment de soulagement et de joie en découvrant que l’on ne peut pas dire qu’elles sont, depuis leur naissance, souillées par le péché originel ni que leur âme était souillée indépendamment de leur propre conduite.

Augustin pensait que cette souillure originelle pouvait être effacée par le baptême et lui seul. Il est évidemment fort difficile d’admettre, si l’on y réfléchit, que le sacrement de baptême soit capable de rendre par lui-même son intégrité aux personnes souillées par le péché originel. D’autant plus que cette plénitude de vie ne serait pas recouvrée dans notre existence réelle mais seulement dans l’au-delà.

Matthew Fox critique notamment le sentiment permanent de culpabilité dans lequel la doctrine du péché originel tend à nous enfermer : Je suis fondamentalement imparfait, mais je dois devenir parfait.

Chacune des deux parties de cette affirmation est psychologiquement malsaine, source d’angoisse : l’idée qu’il y a en nous un mal, une imperfection impossible à véritablement éliminer ajoutée à l’idée que l’on doit en même temps s’efforcer d’être moralement parfait est une combinaison destructrice de vie. Matthew Fox a raison de toujours s’efforcer de la désamorcer.

Je suis convaincu que tant que ce dilemme psychologique ne sera pas résolu, aucun véritable chemin spirituel vers notre plénitude et notre intégrité ne nous sera ouvert.

Le chemin de notre vie est une quête d’épanouissement et de plénitude qui ne doit pas nous être rendu inaccessible. On doit pouvoir affronter librement les difficultés et les problèmes de l’existence lorsqu’ils se présentent. C’est alors, et alors seulement que l’on peut vivre la plénitude de la vie et jouir de l’intégrité humaine.

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