Novembre, la tristesse et ses remèdes

Par

traduction Gilles Castelnau

J’aime le mois de novembre, les couleurs des feuilles des arbres, le crépitement de mon poêle à bois, les châtaignes et le chocolat chaud, et la brume du soir sur la colline. Et pourtant certains se dépriment.

Hildegarde de Bingen (1098-1179) disait qu’en novembre la tristesse a tendance à augmenter car notre corps, notre cœur, notre foie et nos artères se contractent et étouffent notre âme. C’est comme un nuage maléfique étreignant notre cœur et nous rendant tristes.

Il est vrai que le froid contracte les muscles et les vaisseaux sanguins, et la dépression saisonnière fait effectivement penser à un nuage noir qui nous enveloppe.

Hildegarde suggère alors une alimentation de plats chauds et bien cuits, comme des soupes à l’épeautre rustique ou à l’engrain, les châtaignes, de la tisane de fenouil : tout ce qui assèche nos organes et évite une production liquide comme, par exemple les fromages.

Le corps et l’esprit sont, à ses yeux, profondément liés et le corps agit sur l’esprit. Il serait vain de chercher à soigner l’esprit en négligeant le corps et de rechercher les causes de la tristesse en l’attribuant, par exemple, à des erreurs ou au péché avant d’avoir regardé du côté du corps.

Hildegarde percevait en toutes les créatures la viriditas (force naturelle de la vie) et la subtilitas (force subtile), chacune contribuant à la santé humaine. Sa conception de la viriditas est tout à fait proche de celle du Saint-Esprit comme présence immanente du divin dans le monde. Elle aurait peut-être pu être accusée d’hérésie sur ce point car elle ne distingue guère la subtilitas de l’unique viriditas qui imprègne tout l’univers.

Il me semble bien que, selon sa conception, Dieu est le guérisseur universel, non pas comme intervenant à l’occasion pour contrevenir aux lois naturelles, mais en renouvelant en permanence la vie de ses créatures. Quoi qu’il en soit, l’exactitude de bien des vertus curatives attribuées par Hildegarde à certaines plantes est reconnue aujourd’hui. Ainsi des vertus antiseptiques du galanga de Malaisie.

Prenons soin de nous, mes amis, et laissons Dieu prendre soin de nous au moyen de sa création et ne laissons pas l’actualité politique troubler notre esprit et par là même nuire à notre corps. Cultivons l’harmonie du moral par le physique.

Quant à moi, mon infusion de fenouil et mes châtaignes bouillies m’attendent.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *