Pourquoi l’aide à mourir réveille tant de peurs
L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) défend une idée radicale : chacun doit pouvoir choisir le moment et les conditions de sa mort. Ce combat s’inscrit dans une vision profondément laïque et moderne : la mort n’est plus sacrée, ni gérée par l’Église, l’État ou la médecine, mais rendue à la liberté individuelle. La dignité n’est plus une notion abstraite imposée de l’extérieur, elle devient ce que la personne elle-même décide pour sa propre fin de vie.
Alors pourquoi tant de résistances ? Parce que ce débat touche au plus intime de nos angoisses collectives. Freud l’avait vu : personne ne croit à sa propre mort. En parlant de mourir, et pire encore de choisir de mourir, l’ADMD force chacun à affronter ce qu’il préfère refouler. Derrière l’argument éthique ou religieux, se cache la peur d’un monde où l’interdit fondamental — « tu ne tueras point » — serait ébranlé. Et l’ombre des crimes nazis nourrit l’imaginaire collectif : et si l’aide à mourir ouvrait la porte à une société qui pousserait subtilement les plus fragiles vers la sortie ?
Mais il y a aussi une dimension familiale et inconsciente. Consentir à la mort d’un parent, ou demander à ses proches d’y consentir, réveille des culpabilités archaïques : parricide, matricide, trahison. À l’inverse, pour certains, refuser la légalisation permet de maintenir une illusion protectrice : que la famille, la médecine et l’État sauront toujours nous sauver de la déchéance et du chaos.
En réalité, l’ADMD ne se contente pas de demander une loi : elle brise plusieurs tabous à la fois. Elle défie l’ordre religieux, l’ordre médical et l’ordre symbolique qui structure nos liens. C’est peut-être cela qui dérange le plus : une société qui accepterait que chacun reprenne la main sur sa mort, sans attendre la bénédiction d’un pouvoir supérieur. Les politiciens conservateurs comme le député Philippe Juvin ne s’y sont pas trompés.
« Reprendre la main sur sa mort, c’est la dernière liberté qu’il nous reste. »
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