Le Dieu auquel je ne crois pas

Par

pasteur de l’Église Unie du Christ,
  États-Unis


traduction Gilles Castelnau

Un membre non-pratiquant de mon Église m’a dit :
– Je ne crois plus en Dieu.

Je lui ai alors demandé : 

– Parlez-moi de ce Dieu auquel vous ne croyez plus.

Il m’a dit qu’autrefois il venait au culte avec sa femme et ses deux jeunes enfants. Mais elle a été atteinte d’un cancer. Malgré leurs prières – et le meilleur traitement médical possible – elle a fini par mourir. Il dit :

– Quand j’ai perdu ma femme, j’ai aussi perdu ma foi. Je ne peux pas croire en un Dieu qui tue d’un cancer une jeune femme de 28 ans. 

J’ai répondu : 

– Je ne crois pas non plus en un tel Dieu.

Dans cet article je vais parler du Dieu en qui je ne crois PAS. J’en écrirai un autre ensuite pour dire en quel Dieu JE CROIS.

Je ne crois pas en un Dieu exclusif

Quand j’étais à l’école du dimanche, un pasteur missionnaire est venu nous parler de son ministère qui était d’annoncer l’Évangile aux peuples qui l’ignoraient. Il dit que cela était très important car les hommes qui n’acceptaient pas Jésus comme leur Seigneur et Sauveur personnel étaient perdus et ne seraient pas sauvés.
Je lui ai demandé : 

– Et ceux qui n’ont jamais entendu parler de lui ?

Il m’a répondu :  

– Séparés de Dieu, ils passeront l’éternité en enfer
J’ai dit :
– Vous plaisantez !
Mais il ne plaisantait pas. Quand on pense que seuls 29 % de la population du monde est chrétienne, que 24 % n’ont ps de religion et que les autres 47 % sont musulmans, hindouistes, bouddhistes ou juifs, affirmer que donc les 71 % de  non-chrétiens sont « perdus » sans espoir ni pour cette vie ni pour l’au-delà, me semble d’une prétention théologique intolérable.

Je ne crois pas en un tel Dieu qui ressemble à une divinité tribale mesquine et jalouse qui rejetterait la grande majorité de l’humanité.
Je ne crois pas au Dieu de l’enfer et de la damnation.


Je ne crois pas en un Dieu protecteur                 .

Pendant des décennies, j’ai cru en un Dieu providentiel qui protégeant du mal. Mais j’ai fini par renoncer à cette idée lorsqu’un ami a été tué dans un accident de voiture, avec sa femme et leurs deux jeunes enfants. J’ai pensé alors : 
« Il n’aurait pas fallu grand-chose pour éviter ce drame : Un Dieu tout-puissant, omniscient et infiniment bon aurait pu faire appuyer le chauffeur du camion sur son frein quelques secondes avant l’impact. Cela aurait suffi mais c’est ce qu’il n’a pas fait. »

Dans un monde ravagé par les accidents, les maladies, les guerres, les violences, les famines, les génocides, les pandémies, les malformations congénitales, les maltraitances infantiles, les ouragans, les tremblements de terre, les tornades, les tsunamis, la démence il m’est devenu impossible de croire en un Dieu protecteur providentiel et interventionniste, faisant des miracles et exauçant les prières. 

Je ne crois pas au Dieu de la providence.

Je ne crois pas au Dieu de la Droite religieuse

La droite religieuse se trompe. Je ne crois pas en un Dieu homophobe, xénophobe, anti-science, islamophobe, misogyne, anti-intellectuel, hostile au progrès social, colérique, intolérant, négatif, moralisateur, borné, militariste, partisan, hypernationaliste et malveillant, un Dieu qui se préoccupe plus du salut personnel que de la justice sociale.

Cette conception erronée est clairement contredite par l’exemple, les enseignements et l’esprit de Jésus. Elle détourne des millions de personnes du Christ et de l’Église. C’est une vision parfaitement toxique de Dieu.

Je ne crois pas en un Être suprême là-haut dans le ciel

Création d’Adam, Michel-Ange, chapelle Sixtine

Dans son livre God: A Human History (Dieu : Une histoire humaine), Reza Aslan (maître de conférences à l’université de Californie) observe que pour la majorité des gens, « Dieu est une image divinisée de nous-mêmes, dotée de pouvoirs surhumains ».
Selon Brian McClaren (docteur en théologie de Virginie, États-Unis), beaucoup se représentent Dieu comme « un vieil homme blanc imposant, assis sur un trône céleste ». 

Quant à Michel-Ange, il peint le plafond de la chapelle Sixtine pour le pape Jules II en y représentant Dieu comme un vieil homme blanc et barbu, enveloppé dans un manteau tourbillonnant et tendant sa main droite pour donner vie à Adam. (photo en tête de cet article)

Mais pour un nombre croissant de personnes au XXIe siècle, cette conception de Dieu ne passe plus : Robin Meyers, pasteur de l’Église Unie du Christ des États-Unis raconte avoir rêvé que le plafond de la Sixtine s’écroulait et que l’image de Dieu se dispersait en mille morceaux et ne pouvait pas être jamais restaurée ! 

Le Dieu du théisme traditionnel qui tient le monde entre ses mains, n’est plus crédible.

J’aborderai dans un prochain article la question de savoir en quel type de Dieu peut-on désormais croire.

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