Enfance religieuse

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Protestantisme libéral, catholicisme libéral :
deux façons de sortir de l’enfance religieuse

On caricature souvent le protestantisme libéral comme une « foi à la carte ». En réalité, c’est tout l’inverse : c’est la seule forme de christianisme qui assume enfin que croire n’a rien à voir avec avaler des dogmes comme on avale des hosties. Le libéral protestant refuse de se laisser intimider par les vieilles peurs théologiques. Il lit la Bible comme un adulte, pas comme un enfant terrorisé par le surnaturel. Il sait que les récits bibliques ne décrivent pas la météo du ciel, mais l’expérience humaine de la liberté, de la justice et du courage.

Le protestantisme libéral, c’est le christianisme qui a osé passer au XXᵉ siècle. Le catholicisme officiel, lui, y est à peine entré.

Y a-t-il un catholicisme libéral ? Oui, mais c’est un sport de combat. Car être catholique libéral, c’est tenter l’impossible : faire respirer l’Évangile dans une institution qui confond encore la foi avec la magie, la théologie avec la discipline, la vérité avec l’obéissance.

Loisy, Tyrrell, Pohier, Schillebeeckx, Küng et tant d’autres l’ont payé cher : dès qu’un catholique commence à dire que la Résurrection n’est pas un phénomène de laboratoire, que la transsubstantiation n’est pas de la chimie sacrée, ou que le pape peut se tromper — Rome lève un sourcil, puis la hache.

Soyons honnêtes : le protestantisme libéral n’a pas eu besoin de renverser sa propre institution pour respirer. Le catholicisme libéral, lui, doit commencer par un acte de désobéissance intellectuelle. Il doit débrancher la prise du surnaturalisme, refuser le cléricalisme sacralisé, et rappeler cette évidence : on ne défend pas l’Évangile en infantilisant les consciences.

Ce que montrent les libéraux, protestants comme catholiques, c’est que la foi survit très bien à la chute des dogmes — mais rarement à leur rigidité.

Au fond, la question n’est plus : « qui a raison ? »

La vraie question est : qui ose enfin penser, lire, croire et vivre comme un adulte ?

Le protestantisme libéral a déjà franchi le pas.

Le catholicisme libéral essaie encore de convaincre que le XXIᵉ siècle a commencé.

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