Dieu : un surnaturel infantile ?

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Dire Dieu aujourd’hui   sortir enfin du surnaturel infantile

En hommage au professeur André Gounelle (1933-2025)

On ne peut plus parler de Dieu comme d’un super-être planqué derrière les nuages, prêt à intervenir pour les uns, punir les autres et bricoler des exemptions aux lois de la nature. Cette théologie du merveilleux — héritée du catéchisme de nos arrières-grands-mères — n’est pas seulement dépassée : elle infantilise, elle déglingue la pensée et elle empêche d’être adulte.

Le vrai problème n’est pas l’athéisme.

Le vrai problème, c’est de continuer à parler de Dieu comme si le monde était une BD cosmique.

Parce que si Dieu doit être encore audible aujourd’hui, il faut le libérer de ce fatras mythologique : pas de main invisible, pas de suspensions de lois physiques, pas de « plan de Dieu » qui distribuerait les cancers et les guérisons comme des tickets de loterie. Cette idée d’un Dieu-interventionniste n’est pas la foi : c’est de la magie, et une magie dangereuse, parce qu’elle nie la réalité et déresponsabilise les humains.

Dire Dieu aujourd’hui, c’est refuser le surnaturel comme on refuse une addiction.

C’est accepter de vivre dans un monde adulte, sans Père Noël métaphysique.

Alors, que reste-t-il de Dieu ?

Justement : ce qui ne relève pas de la crédulité mais de l’expérience humaine la plus exigeante.

Dieu n’est pas un « être » avec des pouvoirs.

C’est le nom que nous donnons à ce qui nous tire vers la vie quand tout en nous penche vers la résignation.

Le souffle qui nous empêche de céder à la peur, la haine, ou au cynisme ambiant.

Un horizon éthique, pas une intervention magique.

Le catholicisme continue de faire croire que Dieu gère la météo, les miracles, les canonisations et les examens de conscience. Grand bien lui fasse : mais qu’on ne vienne pas dire que c’est l’Évangile. Jésus n’a jamais demandé d’adorer une puissance surnaturelle : il a demandé de vivre debout, responsables, libres – pas de confier notre maturité à un Dieu-superhéros.

Dire Dieu aujourd’hui, c’est dire le courage de vivre sans béquille mythique.

Un Dieu qui n’agit pas à notre place, mais qui ouvre un espace pour devenir humain, vraiment humain.

Autrement dit : Dieu n’est pas « celui qui intervient », mais celui qui inspire.

Et c’est sans doute ce qui, aujourd’hui encore, dérange le plus les religions installées : un Dieu qui rend adultes est un Dieu qui rend libres.

Et un croyant libre, pour beaucoup d’institutions, c’est déjà un schismatique.

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