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Vierge à l’Enfant, vers 1475

 


Giovanni Bellini


musée Jacquemart-André


jusqu’au 17 juillet 2023



Gilles Castelnau

 

Voir aussi sur ce site Andre Mantegna



On est à Venise dans le Quattrocento italien
. C’est le début de la Renaissance. On découvre l’humanisme, la prise de conscience de l’existence autonome de l’esprit humain. Jusqu’ici les peintres ne représentaient les personnages que dans leur participation à une scène biblique ou religieuse sans jamais suggérer qu’ils aient pu avoir une pensée personnelle. Cet emprisonnement dans une pensée unique est en train de disparaître. Justement Giovanni Bellini se trouve à la jointure de ces deux manières de penser et de peindre.

 


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Vierge d’Humilité adorée par un prince de la maison d’Este (1435-1440)

 


Cette exposition le montre clairement, il est encore dans le giron de l’Église : il ne peint que des Madones avec l’Enfant Jésus !

Mais quelques années ont suffi pour qu’il évolue. Voyez le style encore gothique de cette « Vierge d’Humilité » : sa magnifique auréole porte une inscription latine lui attribuant le titre de « Mère Reine ». Son visage n’exprime aucun sentiment, non plus que celui de l’Enfant Jésus dont le geste de bénédiction est stéréotypé. Certes, en arrière-plan, un désir de réalisme a poussé Bellin à peindre des paysages de montagnes (il n’en avait manifestement jamais vu !) et de villes orientales. Mais ce n’est qu’un très petit élan novateur.

 

Vierge à l’Enfant, vers 1475
ci-dessus en exergue


Par contre, 40 ans après,
cette Vierge à l’Enfant nous situe en pleine spiritualité humaniste. L’Enfant Jésus s’est éveillé à la vie : son regard tourné vers le haut révèle une pensée personnelle : elle suggère peut-être une réflexion tournée vers son avenir, son ministère ou tout simplement vers la découverte du monde. Se cheveux sont joliment bouclés, les manches retroussées de son polo indiquent un certain dynamisme musculaire un peu mouvementé.

Quant à Marie, son regard est attentif révélant une présence souriante à son fils si vivant.

On est dans la vraie vie.

 

 

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Vierge à l’Enfant, vers 1475-1480


Les couleurs dominantes rouge et bleue donnent à cette scène une ambiance dynamique. La Vierge est étrangement méditative. On se demande à quoi elle pense et le spectateur est sans doute invité à entrer avec elle dans sa méditation.

 

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Vierge à l’Enfant Jean-Baptiste et une sainte, vers 1500


Le spectateur se demandera si le peintre est vraiment concerné par la signification religieuse des saints qu’il représente. Jean-Baptiste ne regarde pas Jésus et demeure plongé dans une profonde méditation personnelle. La Vierge semble saisie par des préoccupations qui la surprennent, quant à la « sainte » son regard en coin ne suggère pas des pensées très religieuses ! Les hommes de la Renaissance, surtout dans la libre Venise, se sentaient libres des attitudes les plus profanes !


 

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Christ portant la croix, vers 1508

 

Avec les années, Bellini arrête de ne peindre que des Madones et s’ouvre à d’autres scènes. Cet étonnant visage de l’homme agressant Jésus nous frappe beaucoup plus que le visage très neutre de celui-ci.  L’agresseur n’est manifestement pas un des soldats menant Jésus au Calvaire. Il est d’ailleurs âgé et sa barbe en force de bouc accompagnant son crâne chauve lui donne une allure qui interroge.

Le cartel nous apprend que dès le XVIe siècle, on attribuait à cette image des pouvoirs miraculeux : elle devint, de fait, une source inépuisable d’aumônes pour la confrérie de la Scuola Grande di San Rocco.


 

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Dieu le Père, vers 1505-1510

 

On comprend que les Vénitiens aient manifesté un tel attachement à la douce, tendre et… immobile Madone quand on découvre la terrible image qu’ils se faisaient de Dieu : Vieillard au visage fermé et insensible, aux sourcils froncés et ne manifestant ni compréhension ni indulgence pour ceux vers qui il baisse le regard. Le Dieu de Michel-Ange au plafond de la chapelle Sixtine, tout critiquable qu’il soit, sera tout de même moins menaçant.

 

Quelques années plus tard le protestantisme naitra de la redécouverte du Dieu de la grâce que l’on ne doit pas craindre et encore moins acheter par les scandaleuses « indulgences » et d’un Jésus-Christ tout de même plus vivant et sauveur qu’un bébé sur les genoux d‘une femme passive.

 

 

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Dérision de Noé, vers 1515


Cette scène choquante est une des dernières toiles de Bellini. Manifestement celui-ci s’est plu à une représentation aussi païenne et immorale. On se souviendra que le livre de la Genèse raconte l’ivresse de Noé dont la nudité moquée par deux de ses fils, a été pudiquement couverte par le troisième. On est loin des paisibles Madones que Bellini a peintes toutes sa vie.




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