
Les deux petites amies, 1918
Foujita
peindre dans les années folles
musée Maillol
jusqu’au 15 juillet 2018
Gilles Castelnau
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« Foujita » à la Maison de la culture du Japon
15 mars 2018
Tsugouharu Foujita (1886-1968) débarque à Paris en 1913. Il a 27 ans et vient du Japon. Il s’installe à Montparnasse et y retrouve un grand nombre de jeunes peintres enthousiastes venus de tous les pays du monde et qui vont former ensemble l’École de Paris : le Hollandais van Dongen est là depuis 16 ans, l’Espagnol Picasso depuis 9 ans, le Roumain Brancusi depuis 7 ans, l’Italien Modigliani (qui sera son ami) et l’Espagnol Juan Gris depuis 4 ans, le Russe Chagall depuis 3 ans, le Hollandais Mondrian depuis 2 ans et Soutine vient d’arriver.
Ils sont unis dans une fraternité heureuse et leur peinture exprime une paix tranquille. L’image de l’homme qu’ils nous donnent est apaisée et sensible.
Tous n’avaient pourtant pas la vie facile. La peinture tragique de Soutine le montre bien. Pourtant ils ne sont ni scandaleux ni politiquement révolutionnaires. Le regard qu’ils jettent sur la ville de Paris et la vie du monde est calme et tranquille. La Belle Époque vit ses dernières années sereine avant le cataclysme de la Grande Guerre.

Portrait de petit écolier, 1918
Ces deux petites amies, cet écolier, sont effectivement calmes et tranquilles, pensifs. Ils n’ont rien d’exubérant, de vivant, d’enfantin. Il semble qu’ils aient vu des horreurs inoubliables, qu’ils aient vécu des moments indicibles. Pourtant Foujita n’a connu dans son enfance ni misère ni angoisse. Serait-ce le malheur qu’ont pu vivre, la pauvreté que peuvent connaître d’autres membres du groupe de Montparnasse ? Serait-ce la menace de la guerre prochaine que Foujita place dans les yeux de ces enfants ? Ou est-ce tout simplement ainsi que l’on représente les enfants japonais ? De toutes façons leur sensibilité aux aléas de la vie ne pouvait que toucher les Parisiens de la Belle Époque qui, eux-mêmes, n’étaient pas sans inquiétude.

Le Saké, 1917
Au café La Rotonde de Montparnasse, Foujita rencontre la ravissante Fernande Barrey qui sert de modèle à qui veut. Il en tombe instantanément éperdument amoureux, oublie une « fiancée » qui l’attend pourtant au Japon et l’épouse 13 jours plus tard. Ils s’installent ensemble naturellement à Montparnasse, rue Delambre.

Entrée de l'atelier, 5 rue Delambre, 1921
Il a du succès avec ses peintures. Sa première exposition est un triomphe : il y expose 110 aquarelles douces et dans un genre un peu japonais. A la différence de tant d’autres il vend tout ce qu’il peint. Le succès est là. Sa fortune est rapidement faite.

Nu allongé, 1922
Sa 2e femme est la belle Youki, qu'il représente ici. Il la rencontre à Montparnasse. Elle a 20 ans. Il l’appelle de ce nom qui signifie « neige rose » en japonais. Ils s’adorent. Ils sont de tous les bals et les stars des années folles. Il l’installe à Passy dans un luxueux appartement. Il lui offre une voiture décapotable, avec chauffeur, dont le bouchon de radiateur est un bronze de Rodin. Il est très riche. Il lui donne tout ce qu’elle désire.

« autoportrait » : Autoportrait au chat, 1927
Il est désormais une personnalité importante. Il est connu à l’étranger, à Bruxelles, en Allemagne, aux Etats-Unis et... au Japon. Il a reçu la Légion d’honneur…

Portrait de Suzy Solidor, 1927
Sa 3e femme sera Madeleine qu’il emmènera pour un voyage de deux ans en Amérique latine. Elle meurt d'une overdose à Tokyo en juin 1936. Heureusement Foujita fait la connaissance de Kimiyo Horiuchi, une charmante Japonaise auprès de qui il trouve le réconfort. Elle sera sa dernière épouse.
Pendant la Seconde Guerre mondiale il est au Japon, et adhère à l’idéologie malsaine de son nationalisme.
De retour à Paris après la guerre, il acquiert la nationalité française, se convertit au catholicisme mystique, change son prénom pour celui de Léonard, et peint, entre autres, les fresques de la chapelle à Reims

Le Salon à Montparnasse, 1928
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