24 mars 2021
J’ai découvert l’œuvre prophétique de l’évêque Spong, il y a 34 ans au Jesus Seminar (sur ce site) alors que j’étais encore un prêtre dominicain de Chicago.
Entendre un évêque pratiquer une lecture savante historico-critique des Écritures tout en promouvant les droits des homosexuels et les droits des femmes, a été pour moi, inutile de le dire, une bouffée d’air frais.
Et lorsque l’évêque Spong m’a invité à venir dans son diocèse de Newark pour y animer une journée de retraite pour ses prêtres, j’en ai été très heureux. Je me souviens de mes premiers mots lorsqu’il est venu me chercher dans sa voiture à l’aéroport : « Nous, hérétiques, devons nous soutenir mutuellement. » Je ne me souviens pas de sa réponse, mais après la journée de travail que j’ai dirigée, il m’a dit : « Dans ces sessions, les prêtres ne restent pour la plupart que le matin, mais vous les avez tellement passionnés, qu’ils sont tous restés jusqu’à la fin. »
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L’évêque Spong m’a fait connaître Marcus Borg (sur ce site) et John Dominic Crosson qui m’ont aussi beaucoup apporté. Il a donné son approbation à plusieurs de mes livres, ce qui m’a aussi encouragé : « Matt Fox est un pèlerin à la recherche d’un chemin pour l’Église de demain. Nombreux seront ceux qui le suivront. »
Lorsqu’après 34 ans de service, j’ai été exclu de l’Ordre des Dominicains par le cardinal Ratzinger, qui était à la tête de la nouvelle inquisition lancée par le pape Jean-Paul II, je dois reconnaître que je n’ai été que l’un des 109 théologiens ainsi réduits au silence, exclus ou autrement marginalisés du temps des papes JP II et Benoît XVI.
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C’est ainsi que je fus admis comme prêtre dans l’Église épiscopalienne.
Une Église qui a toute mon admiration par son ouverture aux nouveautés théologiques ainsi qu’aux initiatives liturgiques que la pratique m’avait fait découvrir et qui rebutait les dirigeants de l’Église catholique.
C’est incontestablement l’évêque Spong qui m’a fait découvrir l’Église épiscopalienne. Que celle-ci aborde librement la question de l’ordination des femmes et la question de l’homosexualité m’a paru remarquable.
On ne dira jamais assez l’importance du rôle joué à cet égard par l’évêque Spong sur les plans théologique, liturgique et historique. Il a montré un courage peu commun dans les débats les plus importants concernant le fondamentalisme biblique, la place des femmes et les droits des homosexuels et il l’a fait de manière ouverte et transparente, ce qui est rare dans ces milieux ecclésiastiques.
En tant que théologien de la spiritualité, j’ai souvent affirmé que le premier signe de la présence de l’Esprit est le courage. Sans courage, rien de grand ne peut survenir et notamment pas la justice. Martin Luther King avait du courage, Gandhi avait du courage, Jésus avait du courage, Dorothy Day (journaliste et militante catholique américaine) avait du courage.
Et c’est aussi le cas de l’évêque Spong. S’opposer aux idoles de la religion de l’intérieur du système religieux exige du courage et nombreux sont ceux qui, consciemment ou inconsciemment, admirent l’évêque Spong, non seulement pour la voie qu’il ouvre mais pour son courage et par conséquent pour la profondeur de la spiritualité que celui-ci révèle.