
Creation Spirituality
What is Creation
Spirituality

Sid Hall
pasteur de l’église de la
Trinité d’Austin (Texas)
membre de l’Église unie du Christ et de
l’Église méthodiste unie.
président des communautés Creation
Spirituality
Voir sur ce
site
Matthew Fox
et notamment
« Chute-rédemption »
ou « Creation Spirituality »
Traduction
Gilles Castelnau
Le mouvement
« Creation Spirituality » a été lancé
en 1995 en Californie par Matthew Fox.
Il se structure actuellement sous la présidence
du pasteur Sid Hall
La Creation Spirituality a
l’idée que le divin pénètre toute chose
et que toute chose porte l’empreinte du divin
mais que pourtant le divin dépasse toute chose.
Matthew Fox écrit : « Si, durant
13,5 milliards d’année, la Création avait
pu murmurer l’histoire de sa propre
spiritualité, nous appellerions cette histoire
"Creation Spirituality" »
Au cœur de la pensée de la Creation
Spirituality se trouve le concept théologique de
« pan-en-théisme ». Il
signifie littéralement « tout est en
Dieu ».
Le théisme, qui est le concept traditionnel de
Dieu en Occident, dit que Dieu est « au
ciel », « là haut ».
Le panthéisme dit au contraire que toutes choses
sont divines.
Le pan-en-théisme combine les deux. Il est
l’idée de Paul Tillich et des
théologiens du Process.
Matthew Fox fait remarquer que le concept de
panenthéisme est présent aujourd’hui dans la
plupart des grandes religions et l’a souvent été
dans le passé. Par exemple au 13e siècle, Maître
Eckhart, disait que l’on rencontrait Dieu en
toute chose car Dieu est en toute chose. Dieu
est en chaque créature et chaque créature est un
livre révélant Dieu. Chaque créature est une
parole de Dieu : les forêts, la biosphère,
nos rivières, les fleuves, les océans. Nous
avons à préserver et à restaurer la Terre et
l’ordre cosmologique.
Nous avons deux tâches primordiales :
• Intégrer dans notre pensée les sagesses des
peuples indigènes, des spiritualités orientales
et des sagesses occidentales, approfondir notre
connaissance de la science moderne qui nous
éveille au mysticisme, régénère notre culture et
promeut la justice sociale et écologique.
• Développer les arts sacrés. Valoriser les
expressions de la spiritualité de la création
qui s’exprime dans le cosmos. Considérer la
recherche spirituelle, la créativité et l’action
prophétique comme notre grande œuvre sacrée en
ce monde.
La « Creation Spirituality » a
développé six « essentiels »

Essentiel 1
la bénédiction
Essential One
Toute vie dans l’univers et
l’univers lui-même sont
fondamentalement des bénédictions. Mais nombreux
sont ceux qui sont familiers du concept de
« péché originel », l’idée que tous
les humains sont « pécheurs » dès leur
naissance. Ceci est, malheureusement, une
doctrine centrale de l’Église :
La désobéissance d’Adam et Ève au Jardin d’Eden
a provoqué, pour l’éternité, la
« chute » de l’humanité. Et les
humains sont désormais séparés de la grâce de
Dieu. Dieu a envoyé le Christ mourir pour nos
péchés. Ceux qui y croient sont dès lors sauvés
du Péché originel et de la damnation éternelle.
Mais les Juifs n’ont jamais admis l’idée du
péché originel. Ils disent que l’histoire du
jardin d’Eden a pour but d’expliquer pourquoi
rien n’est parfait. Notamment pourquoi les
hommes « travaillent à la sueur de leur
front » et les femmes « accouchent
dans la douleur ». Mais plus globalement
les Juifs en demeurant au texte de la Création
de Genèse 1 où Dieu déclare que tout ce
qu’il a créé est « très bon ».
Pourtant, alors que la théologie du péché
originel de saint Augustin était devenue la
doctrine officielle de l’Église, nombre de
croyants s’attachaient à une autre tradition,
clairement exprimée par un moine celtique nommé
Pélage, frontalement opposé à Augustin. Il
disait que lorsqu’on contemple le visage d’un
enfant nouveau-né, on y voit le visage de Dieu
nouveau-né parmi nous. Pour lui « le Christ
est venu plein de grâce pour nous réconcilier
avec notre nature humaine ». et celle-ci
fait partie de la bonté, de la grâce originelle
de Dieu.
Du temps même d’Augustin, tout le monde
n’adhérait pas à la doctrine du péché originel.
« Creation Spirituality » se fait
l’écho des idées du judaïsme et de Pélage selon
lesquelles les humains sont une bénédiction
originelle. Il est clair que nous ne sommes pas
parfaits et que nous agissons mal les uns envers
les autres et envers la Terre mais le point de
départ de l’humanité et de toute la création est
le « très bien ».
Augustin disait que ce ne sont pas seulement
Adam et Ève qui ont traversé la
« chute » du péché originel mais que
c’est le cas de toute la création. Celle-ci,
disait-il, est souillés, déformé, brisée et
viciée. Cela signifie que – du moins en
Occident – nous pensons depuis
1700 ans la Terre comme viciée. Nous
aspirons au céleste mais le temporel rabaisse
tout. Nous apprécions le spirituel et nous
dévalorisons le charnel. Une telle conception
affecte toute notre pensée, depuis la sexualité
jusqu’à notre crainte de la mort et notre
attitude vis-à-vis de la Terre.
Mais si nous considérons que la Terre est
« autre », comment au monde,
pourrons-nous nous impliquer dans la guérison et
la libération dont elle a besoin ?
Voir dans l’humanité et le cosmos une
« bénédiction originelle » permet à
notre spiritualité de commencer à guérir du mal
causé par la doctrine du péché originel.
.

Essentiel 2
la peur
Essential Two
C’est en travaillant notre
pratique spirituelle que nous pouvons
dépasser la crainte, œuvrer dans la compassion
et découvrir ainsi notre authentique être
profond.
Selon la légende, peu après son Éveil, le
Bouddha croisa, sur le chemin, un homme qui fut
frappé par son rayonnement et sa présence
apaisante. L’homme lui demanda :
- Qu’êtes-vous ? Êtes-vous un dieu ?
- Non, dit le Bouddha
- Êtes-vous un sorcier, un magicien ?
- Non, dit le Bouddha.
- Alors, qu’êtes-vous ?
le Bouddha lui répondit :
- Je suis éveillé.
A la Creation Spirituality nous disons que nous
ne sommes jamais déchus de la grâce. Nous
l’avons seulement oubliée. Nous devons être
éveillés et attentifs à ce qui est en nous afin
d’être réellement conscients de ce qui est
devant, à l’extérieur de nous. Nous sommes trop
soumis aux idéaux de la société de
consommation qui nous incitent à avoir
plus, à monter plus haut, à acheter une plus
grande maison ou une voiture plus performante.
Les mystiques médiévaux de la Création étaient
convaincus que la qualité de notre vie ne
dépendait pas tellement des additions que des
soustractions que nous effectuions. Si nous
sommes nés comme des bénédictions originelles,
notre union avec le divin ne dépend pas de ce
que nous aurions à ajouter à ce que nous n’avons
pas encore. Notre seule préoccupation est de
laisser s’enfuir nos désirs, notre ego et tous
les pièges de notre culture et de notre
religion.
Les théologiens nomment
« apophatique » la spiritualité dans
laquelle il est question de ne rien affirmer
plutôt que de formuler des déclarations
assurées, de laisser s’enfuir les choses plutôt
que de chercher à les accroître, d’être attentif
au souffle de notre petite voix intérieure
plutôt que de remplir notre tête de dogmes, de
liturgies et d’idées.
Une spiritualité du non-dit peut naitre à
partir de la prière contemplative, de
l’interprétation des rêves, du travail sur le
corps, de la pratique de l’art, de la danse etc.
Une telle spiritualité influence évidemment
l’attitude que nous avons avec notre
environnement. Les océans et les continents
sont-ils des objets qui nous appartiennent ou
des entités sacrées à sanctifier ? Ne
conviendrait-il pas que notre vivre ensemble et
notre consommation y laissent des empreintes
aussi petites que possible et que nous
laissions notre Mère la Terre vivre à son propre
rythme naturel ?
La Spiritualité de la Création est sensible à
la profonde relation qui unit la Terre et nos
engagements spirituels. Sans eux et sans un
effort persévérant à reconnaître notre identité
fondamentale, nous ne pourrons pas dépasser la
crainte et vivre dans la compassion pour
nous-même, pour nos communautés, pour les autres
hommes, pour tous les êtres sensibles et pour le
Cosmos lui-même. Car tout est connecté.
.

Essentiel 3
le chemin
Essential Three
Le chemin spirituel est
comme une danse impliquant tour à tour
les quatre sentiers mystiques :
• Via positiva : contemplation, bonheur,
gratitude, joie
• Via negativa : incertitude, obscurité,
souffrance, acceptation
• Via creativa : naissance, créativité,
passion
• Via transformativa : justice, guérison,
célébration, renouveau, résurrection.
1. La via positiva
Les mystiques dont la pensée est centrée sur la
création commencent toujours par la
contemplation et la gratitude : la via
positiva. Le premier chemin est centré sur la
théologie de la bénédiction originale et la
conscience du « très bon » prononcé
sur la création : il s’agit plus d’une
prise de conscience que d’une action à
effectuer.
Nous avons tous été créés à l’image du Créateur
et nous avons tous l’empreinte du cosmos dans
notre ADN. Reconnaître ceci en nous-même, en
notre prochain, en notre ennemi et en chaque
élément de l’univers signifie que tout, dans le
ciel et sur la terre est sacré et ne peut être
considéré comme un objet. Cette manière de voir
récuse nos conceptions étroites et nous montre
le présence de la divinité absolument partout.
J’ai vu quelque chose de merveilleux, lors d’un
coucher de soleil sur les bords du lac
Michigan : deux jeunes amoureux se
promenaient main dans la main, un couple âgé
était assis sur un banc, des adolescents
s’éclaboussaient dans l’eau et des enfants
cherchaient des galets qui leur conviennent. Ils
étaient tous chacun dans leur monde. Et
brusquement, lorsque le ciel s’est embrasé de
rouge, tous se sont figés sur place à la vue de
cette beauté.
Pourquoi regarde-t-on le coucher de
soleil ? Sa beauté est-elle inscrite dans
notre ADN ? Je le crois. Il y a une
profondeur qui suscite en nous contemplation et
recueillement.
La Creation Spirituality considère que nous
sommes tous des mystiques, quelle que soit notre
foi ou non-foi, notre culture ou notre
spiritualité. Et nous entrons dans le premier
chemin avec recueillement et bonheur.
2. La via negativa
C’est le deuxième chemin. Celui où on laisse
aller les choses, accepter l’obscurité pour un
temps. Mechtild de Magdebourg (13e siècle) décrivait
la vie spirituelle comme « se laisser
couler ». Les mystiques sont de tendance
apophatique (la connaissance de Dieu passe par
la négation et le non-dit) et non par le
cataphatique (la connaissance de Dieu passe par
l’expression de mots, d’images, de symboles, de
dogmes).
Affronter l’obscurité et la violence, vivre
dans l’incertitude n’est certainement pas simple
mais représente une vérité universelle et en
nier la réalité ne la supprime pas et risque
d’ailleurs de rendre les choses plus difficiles
par la suite.
A propos de l’Holocauste, Thomas Merton écrit
que nier la folie meurtrière est une attitude
réellement la plus folle imaginable. Reconnaître
notre folie est, par contre, l’attitude la plus
sage car sinon notre folie se trouve projetée
sur les plus petits, les plus vulnérables, les
plus brisés. Et ceci vaut aussi bien pour nous
que pour la Terre elle-même.
Le deuxième chemin nous permet de nommer les
moments arides de notre vie, ceux où nous avons
été abattus de manière inattendue. Moments de
trouble provoqués par une perte, un manque, un
deuil.
C’est la lutte intérieure qui survient dans
l’obscurité de notre esprit lorsqu’une
souffrance sans cesse ravivée surgit de notre
passé. Nous sommes sur le chemin où on laisse
aller, on laisse être les choses telles qu’elles
sont lorsque nous voulons voir la peine du monde
qui nous entoure et que nous la partageons.
Le deuxième chemin est source de richesse pour
notre spiritualité dans la mesure où il nous
donne l’occasion de prendre conscience de nos
valeurs humaines et de nos désirs profonds.
La contemplation et la gratitude de la via
positiva nous mènent inévitablement à
l’acceptation et au laisser faire de la via
negativa. On ne peut marcher sur l’un sans aussi
marcher sur l’autre.
3. La via creativa
Le troisième chemin, la via creativa, est celui
du renouveau, de la nouvelle naissance. Dans son
introduction à Maître Eckhart, Matthew Fox
disait : « Après le vide du deuxième
chemin, il y a l’union, la naissance. »
Pour Eckhart, toute union porte du fruit –
« c’est à leurs fruits que vous les
reconnaîtrez » - et la créativité est
donc le résultat d’une vraie spiritualité et la
preuve de sa valeur.
Les mystiques utilisent différents termes pour
désigner le troisième chemin : renouveau,
nouvelle naissance, union, créativité,
conversion, transformation, sentiment
artistique.
J’ai personnellement expérimenté le troisième
chemin en contemplant une aurore boréale, en
recevant la communion, en étant arrêté par la
police pour mon soutien aux LGBT, en tenant la
main d’un mourant et en voyant mon petit-fils me
sourire.
4. La via transformativa
Le quatrième chemin, que Maître Eckhart nommait
via transformativa, est celui de la compassion
et de la justice. Matthew Fox dit :
« Notre vie spirituelle ne se contente pas
de la créativité. Nous devons encore utiliser la
créativité pour notre transformation
individuelle et collective. La compassion et la
justice en sont la marque. »
Une caractéristique fondamentale de la mystique
de la création est la transformation du chagrin
en joie, de l’oppression en libération, du
désespoir en espérance.
A la différence des mystiques ascétiques qui se
détournent du monde pour se rapprocher de Dieu,
les mystiques de la création veulent incarner
leur union avec le divin dans des actes
créateurs de compassion et de justice à l’égard
de l’humanité et de la Terre.
Un exemple en est celui du rabbin Abraham
Joshua Heschel. Dans un discours sur la religion
et le racisme prononcé en 1963 à Chicago, il a
déclaré : « L’Exode a commencé mais il
est loin d’être accompli. Il était finalement
plus facile aux enfants d’Israël de franchir la
mer Rouge qu’à un Noir de traverser certains
campus d’université. »
Deux ans plus tard, après que Martin Luther
King, Jr., John Lewis et d’autres courageux
manifestants furent brutalement battus à
Montgomery le « Dimanche sanglant »,
le rabbin Heschel organisa une manifestation qui
groupa 800 personnes, juifs pour la plupart,
devant le Quartier général du FBI à New York.
Sachant qu’il avait un vigoureux allié en la
personne de Heschel, King l’invita à se joindre
à lui lors de sa marche de 1965 de Selma à
Montgomery en faveur du droit de vote. En
souvenir de cette expérience transformative, le
rabbin Heschel écrivit : « pour
beaucoup d’entre nous, cette marche était
protestation et prière. Certes les jambes ne
sont pas des lèvres et marcher n’est pas
s’agenouiller mais il semblait néanmoins que nos
jambes chantaient et priaient : notre
marche se faisait culte. »
Le quatrième chemin est le mysticisme en
action, action pour la justice, compassion
vécue, régénération du monde et incarnation de
la Bénédiction Originelle.
Matthew Fox résume tout ceci en écrivant :
« La Création est ce à quoi le mystique
s’éveille et ce que le prophète protège. »
Lorsqu’il s’agit de lutter pour les droits de
l’homme et de sauver la planète, il nous faut
prière avec nos jambes !
De plus, à la différence de la structure
linéaire et hiérarchique de la spiritualité
classique, les quatre chemin de la Creation
Spirituality composent une spirale en expansion.
Notre engagement pour la justice nous ouvre à
une plus grande gratitude et davantage de
contemplation, à une plus profonde capacité
d’acceptation, davantage de créativité et de
possibilité de transformation.
.

Essentiel 4
La personne
Essential Four
Chacun de nous a, en soi,
la capacité d’être un mystique, un
artiste, un visionnaire, un prophète.
Notre société a tendance à projeter nos plus
grands désirs et nos capacités sur d’autres
personnes dont elle fait des héros ou des
célébrités. Mais cela nous exempte de notre
responsabilité et nous fait croire que nous
n’avons pas les même qualités.
Un de mes koans bouddhistes zen préférés
dit : « Si le Bouddha est face à toi
sur la route, tue-le. » Il signifie qu’il
vaudrait mieux de tuer le Bouddha que d’arrêter
son chemin et de l’adorer ou de le transformer
en gourou. Le Bouddha exhortait ses disciples à
être eux-mêmes des héros et non pas à se reposer
sur lui.
Lorsqu’un homme s’approcha de Jésus et lui
dit :
- Bon maître, que dois-je faire pour
hériter la vie éternelle ? (Marc
10.17)
Au lieu de lui répondre directement, Jésus fit
ce que tout bon maître doit faire, rectifier son
langage :
- Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il n'y
a de bon que Dieu seul.
Cela signifie : « Ne parle pas
ainsi. Ne fais pas de moi un héros car cela te
déresponsabilise. »
Où est, en effet, le sentiment de
responsabilité de celui qui centre tout sur la
personne de Jésus ?
C’est malheureusement exactement ce qu’a fait la
première Église. Pourtant je crois que, comme
dans le cas du Bouddha, l’intention de Jésus
était de rendre ses disciples capables d’incarner
son enseignement et son éthique jusqu’à devenir
eux-mêmes « corps du Christ »
et certainement pas d’adorer un zombie Jésus qui
les déchargerait de leur propre responsabilité.
Nous aimons nos célébrités, nos héros, nos
dirigeants (jusqu’à ce que nous les rejetions).
Mais Creation Spirituality pense que nous sommes
tous potentiellement des mystiques, des
artistes, des visionnaires et des militants de
la justice sociale. Il est temps de faire
disparaître l’âge des célébrités. C’est
maintenant le temps de l’engagement et de la
responsabilité personnelle.
La théologie de la Bénédiction originelle
enseigne que c’est au-dedans de soi que chacun
de nous peut trouver sa connexion avec le Divin,
sa capacité d’être créateur, visionnaire,
ferment de renouveau. Il est de notre
responsabilité de cultiver ces dons au bénéfice
de la Terre et de toutes ses créatures.
Chacun de nous est appelé à être instrument
d’amour, d’émancipation et d’espoir.
La Creation Spirituality nous permet de
réveiller notre mysticisme, de retrouver notre
créativité, de régénérer notre sagesse
visionnaire et de rallumer notre attitude
prophétique.
.

Essentiel 5
la diversité
Essential Five
Nous sommes heureux de la
belle diversité présente dans le Cosmos
et nous en faisons grand cas. Elle se remarque
dans chaque individu et s’incarne dans les
multiples cultures, religions et traditions
ancestrales du monde.
Comme cela est dit au début de cet article, le
panenthéisme qui se trouve au cœur de la
Creation Spirituality promeut l’idée théologique
selon laquelle Dieu est en
toutes choses et que celles-ci sont toutes en Dieu mais
que le mystère de Dieu est au-delà d’elles
toutes. Dieu emplit le Cosmos et toutes les
choses du Cosmos sont Paroles de Dieu.
Comme le dit le Psalmiste :
« La Terre appartient à Dieu et tout ce
qu’elle contient ! » (Ps 24.1)
La Creation Spirituality reconnaît la manière
dont l’Esprit est incarné dans les multiples
cultures, religions et traditions ancestrales.
C’est l’idée d’inter-spiritualité ou de
syncrétisme, de « profond
œcuménisme ».
Notre propre tradition spirituelle peut être
chrétienne, bouddhiste ou wiccan mais Dieu n’est
lui-même ni chrétien, ni bouddhiste, ni wiccan,
pourtant sa divinité s’exprime pleinement dans
toutes ces traditions et dans d’autres. La
Creation Spirituality reconnaît l’empreinte de
la spiritualité qui est à l’origine et précède
toutes les religions du monde.
Maître Eckhart a dit : « Dieu est la
grande rivière souterraine qu’on ne peut ni
endiguer ni arrêter ».
Nous y puisons tous à partir des différents
puits que nous indiquent les histoires, les
mythologies, les rites et les structures
dogmatiques.
Les fondamentalistes qui se rassemblent autour
de ces puits tendent à croire que celui auquel
ils puisent est le seul vrai. Mais les mystiques
et les prophètes qui y puisent l’eau vivante
entendent son grondement souterrain et
comprennent que c’est la rivière elle-même qui
est la véritable Source.
La Creation Spirituality peut être pratiquée
dans n’importe quelle religion mais elle
reconnaît l’interconnexion qui unit toutes les
spiritualités vivantes et elle enseigne que nous
pouvons apprendre beaucoup à nous honorer et
nous célébrer les uns les autres.
.

Essentiel 6
la justice
Essential Six
La justice écologique est
notre priorité. Elle est aussi
importante pour la guérison, l’entretien et
l’harmonie parmi toute la communauté des espèces
de la Terre.
La Creation Spirituality reconnaît que l’univers
entier est une Bénédiction ainsi que tout ce qui
s’y trouve. Cela signifie évidemment demeurer
attentif à tout ce qui peut porter atteinte à
cette Bénédiction et à tenter d’y porter remède.
Par exemple pour la déforestation, l’agriculture
inadaptée, l’utilisation folle du pétrole.
Starhawk, prêtresse Wiccan et militante sociale
écrit :
« La Déesse pourrait être considérée
comme un être extérieur, objet d’un culte
aussi hiérarchique et dominateur que dans les
religions patriarcales. Mais en l’appelant
Déesse, je ne pense pas à un être demeurant
quelque part à l’extérieur du monde et je
n’invente pas un nouveau système religieux. Je
dis que le monde vivant, les hommes et toutes
les créatures représentent la signification
ultime et le but de la vie et qu’ils sont
sacrés. »
Je prolonge personnellement cette idée en disant
que l’univers est comme une grande matrice et
que chacun de nous, chaque créature, chaque
particule, chaque molécule, tout ce qui vit et a
vécu, fait et fera partie de cet univers et
qu’elles sont toutes connectées les unes avec
les autres.
Comme Marie de Nazareth, la mère de Jésus, a
donné mythologiquement naissance au Sacré
(d’après les textes de Matthieu et de Luc) nous
sommes, nous aussi, appelés à donner naissance
au Sacré par nos paroles et nos actes. De plus
nous reconnaissons que l’univers lui-même donne
toujours naissance à toutes choses et pur
paraphraser Genèse 1 : « c’est
très bon ».
Tout est béni d’une ADN sacrée.
Et nous sommes représentants de l’énergie
créatrice de l’univers. Nous avons à donner vie
au divin en œuvrant à l’écologie et la justice
sociale.
La Creation Spirituality enseigne que la
compassion et la justice sont les guides ultimes
de notre chemin spirituel. Matthieu Fox le dit
très bien : « La création est ce à
quoi le mystique est éveillé et ce que le
prophète s’efforce de promouvoir. »
Notre préoccupation ne se borne pas à la
sauvegarde de notre Mère la Terre mais aussi à
tous les êtres vivants qui y demeurent.
Nous ne pouvons naturellement pas tout faire
nous-même. Mais les autres s’impliquent
eux-mêmes dans d’autres causes et c’est ensemble
que nous créons le monde que nous souhaitons.
Par exemple, on ne peut pas s’impliquer dans la
lutte pour l’environnement en ignorant
l’importance du soutien aux LGBT, aux Noirs ou
aux défavorisés. Il y a une interconnexion de
toutes les oppressions et donc de tous les
mouvements de libération.
Martin Luther King l’exprimait de façon
douloureuse en disant :
« L’injustice envers un seul est
injustice envers tous. »
Combattons donc tous les
réseaux d’oppression en célébrant la
Bénédiction Originelle de toute la Création.
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