Introduction à l'Ancien
Testament
Ve siècle av. J.C.
Époque perse
En 538 avant
Jésus-Christ, le puissant empire Perse,
sous l'impulsion du roi Cyrus, domine tout le
Moyen-Orient et le réunit en une vaste unité
multi-ethnique et relativement respectueuse des
particularités de chaque peuple. Cyrus libère
notamment les Juifs, autorise leur retour en
Palestine et participe même à la reconstruction
du Temple de Jérusalem : ce sera le Second Temple.
L'expansion perse est arrêtée en 490 à la
bataille de Marathon,
près d'Athènes.
Israël a reconstruit
son Temple, le « Second
temple », mais n'a pas retrouvé son
roi-messie. Ce sont les prêtres qui fondent
désormais l'identité spirituelle et morale du
peuple. Ils rédigent le Lévitique, qu'ils
placent sous l'autorité de Moïse.
On peut se demander si les
règles édictées par des prêtres étaient
plus obéies que celles d'aujourd'hui et si
l'Empire perse autorisait réellement les
exécutions capitales dont ils menaçaient
certains contrevenants !
Le
monothéisme
C’est à ce
moment qu’il naît : il n’existe qu’un
seul Dieu, unique, pour tous les peuples. A
l’exemple sans doute du roi de Perse régnant
sans rival sur tout le monde.
Jusque là, la
théologie d’Israël était
« hénothéiste », c’est-à-dire
que l’on ne rendait un culte qu’à Yahvé seul,
tout en admettant que d’autres Dieux existaient
pour les autres peuples.
Michée 4.5 : Si
tous les peuples marchent chacun au nom de son
Dieu, nous, nous marchons au nom de Yahvé,
notre Dieu à tout jamais.
Exode 20.3 : Tu
n’auras pas d’autre Dieu devant ma face.
D’ailleurs,
jusqu’à la grande réforme du roi Josias,
à la fin du 7e
siècle av. JC, il semble bien que Yahvé était
associé à d’autres divinités qui lui étaient
plus ou moins subordonnées :
Deutéronome 32.8
: Quand le Très-Haut (Eliôn) donna aux nations
leur patrimoine, quand il sépara les fils de
l’homme, il fixa le territoire des peuple
suivant le nombre des fils d’Israël.
La LXX dit : « suivant le nombre des anges
»
et les manuscrits de Qumran : « suivant le nombre des fils
de Dieu ».
Ces deux formulations suggèrent l’existence
d’autres divinités dont les Massorètes ont gommé
la mention.
Il existe
plusieurs mention d’Ashéra, parèdre associée à
Yahvé : des ostraca de Kuntillet Ajrud
trouvés au Sinaï et datant du 8e siècle av. JC
disent : « Je vous
ai bénis par Yahvé de Samarie et son Asherah »
ou « Je vous ai bénis par Yahvé notre gardien
et son Asherah »
On trouve aussi la mention
« Yahvé et son Ashera » sur une
inscription datant des environs de l’an 600
av. JC, dans la région de la Shefelah (royaume
de Juda).
Le roi Josias
s’est efforcé d’éliminer tout autre
mention que celle de Yahvé :
2 Rois
23.4 : Le roi Josias ordonna de faire
sortir du temple de Yahvé tous les objets
qu’on avait faits en l’honneur de Baal,
d’Ashéra et de toute l’armée des cieux.
(Aussi en 2 Rois 23.14-15)
Puis l’idée
est venue qu’en fait, les autres Dieux
n’existaient pas :
Esaïe 41.23-24.
(Yahvé s’adresse aux autres Dieux) : Faites
seulement quelque chose de bien ou de mal,
Pour que nous le voyions et le regardions
ensemble. Voici, vous n'êtes rien Et votre
œuvre est le néant.
Le
Lévitique
La Loi est sociale
Quand vous ferez la moisson
dans votre pays, tu laisseras un coin de ton
champ sans le moissonner, et tu ne ramasseras
pas ce qui reste à glaner.
Tu ne cueilleras pas non plus les grappes
restées dans ta vigne, et tu ne ramasseras pas
les grains qui en seront tombés. Tu
abandonneras cela au pauvre et à l'étranger.
Je suis l'Éternel, votre Dieu.
Vous ne déroberez point, et vous n'userez ni
de mensonge ni de tromperie.
Tu n'opprimeras pas ton prochain, et tu ne
retiendras pas jusqu'au lendemain la paye d'un
salarié.
Tu ne maudiras point un sourd, et tu ne
mettras devant un aveugle rien qui puisse le
faire tomber.
Tu ne commettras point d'iniquité dans tes
jugements : tu n'auras point égard à la
personne du pauvre, et tu ne favoriseras point
la personne du grand ; tu jugeras ton
prochain selon la justice...
Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas
point de rancune. Tu aimeras ton prochain
comme toi-même. Je suis l'Éternel...
Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous
comme un autochtone ; vous l'aimerez
comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers
dans le pays d'Égypte. Je suis l'Éternel,
votre Dieu. 19. 9
La terre ne se vendra pas à
titre définitif, car le pays est à moi, car
vous êtes chez moi comme immigrants et comme
résidents temporaires. 25. 23
Si ton frère devient pauvre près de toi et que
les ressources lui manquent, tu le
soutiendras, même s'il est immigrant ou
résident temporaire, afin qu'il vive avec toi.
Tu ne tireras de lui ni intérêt ni usure, tu
craindras ton Dieu et ton frère vivra avec
toi. Je suis l'Éternel ton Dieu qui vous ai
fait sortir du pays d'Égypte, pour vous donner
le pays de Canaan afin que je sois votre Dieu.
25. 35
La loi est rituelle
L'Éternel parla à Moïse et à
Aaron et leur dit :
Parlez aux Israélites et
dites-leur : Vous mangerez de tout animal
qui a le sabot fourchu et qui rumine. Mais
voici parmi ceux qui ruminent ou qui ont le
sabot fendu ceux dont vous ne mangerez
pas : le chameau qui rumine, mais qui n'a
pas le sabot fendu, vous le considérerez come
impur ; le lièvre qui rumine, mais qui
n'a pas le sabot fendu, vous le considérerez
comme impur ; le porc qui a le sabot
fendu et le pied fourchu mais qui ne rumine
pas... 11.1
L'Éternel parla à Moïse et à
Aaron et dit : Si je mets une plaie de
lèpre sur une maison, celui à qui appartiendra
la maison ira la déclarer au prêtre... Si le
prêtre voit que la plaie s'est étendue dans la
maison, celle-ci est impure. On abattra la
maison, ses pierres, sa charpente et tout le
mortier de la maison. On les emportera hors de
la ville dans un lieu impur... 14. 33
L'Éternel parla à Moïse et
dit :
Tu n'accoupleras pas des bestiaux de
deux espèces différentes ; tu
n'ensemenceras pas ton champ de deux espèces
de semences et tu ne porteras pas un vêtement
tissé de deux espèces de fils. 19. 19
Vous ne mangerez rien avec du sang. Vous ne
vous livrerez pas à des pratiques occultes et
vous ne tirerez pas de présage. Vous ne
couperez pas en rond le bord de votre
chevelure. Tu ne raseras pas les bords de ta
barbe. 19. 26
Si un homme couche avec un homme comme on
couche avec une femme, ils ont commis tous
deux une horreur ; ils seront punis de
mort. 20. 13
NB : Nous proposons de classer le
commandement sur l'homosexualité dans la liste
des lois rituelles plutôt que sociales car la
manière dont il est présenté le fait
ressembler davantage aux autres commandements
que nous avons cités dans cette rubrique qu'à
ceux que nous avons mentionnés comme sociaux.
Le 3e Ésaïe (chapitres 56 à 66)
C’est une
communauté composite qui, à Jérusalem et
autour de la Ville sainte, essaye de se
reconstituer. On distingue quatre
éléments dans la communauté israélite :
Les Juifs revenus d’Exil.
Les Juifs restés dans le pays, qui comprennent
très mal le zèle religieux des nouveaux
arrivants.
Les étrangers installés dans le pays pendant
l’Exil.
Les Juifs réfugiés en Égypte et partout dans le
bassin méditerranéen et qui pourraient revenir
en Israël :
57.19 :
Paix, paix à celui qui est loin et à celui
qui est près ! dit l'Eternel.
57.14 : Frayez, frayez, préparez le chemin,
enlevez tout obstacle du chemin de mon
peuple !
62.10 : Franchissez, franchissez les portes,
préparez un chemin pour le peuple !
56.8 : Le Seigneur, l'Eternel, parle, lui
qui rassemble les exilés d'Israël : Je
réunirai d'autres peuples à lui, aux siens
déjà rassemblés.
60.1 : Lève-toi,
sois éclairée, car ta lumière arrive,
la gloire de l'Eternel se lève sur toi.
Voici, les ténèbres couvrent la terre et
l'obscurité les peuples ;
mais sur toi l'Eternel se lève, sur toi sa
gloire apparaît.
Des nations marchent à ta lumière et des rois
à la clarté de tes rayons.
61.1
: L'esprit du Seigneur, l'Eternel, est sur
moi,
car l'Eternel m'a oint pour porter de bonnes
nouvelles aux malheureux.
Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur
brisé,
Pour proclamer aux captifs la liberté et aux
prisonniers la délivrance ;
Pour publier une année de grâce de l'Eternel
et un jour de vengeance de notre Dieu ;
Pour consoler tous les affligés, pour accorder
aux affligés de Sion,
Pour leur donner un diadème au lieu de la
cendre,
une huile de joie au lieu du deuil,
Un vêtement de louange au lieu d'un esprit
abattu,
Afin qu'on les appelle des térébinthes de la
justice,
une plantation de l'Eternel, pour servir à sa
gloire.
Ils rebâtiront sur d'anciennes ruines,
ils relèveront d'antiques décombres,
Ils renouvelleront des villes ravagées,
dévastées depuis longtemps.
Des étrangers seront là et feront paître vos
troupeaux,
des fils de l'étranger seront vos laboureurs
et vos vignerons.
Malachie
Le prophète Malachie retrouve
les accents politiques des prophètes du VIIIe
siècle :
Je viendrai au milieu de vous
pour un jugement...
Contre ceux qui paient mal leurs salariés, qui
oppriment la veuve et l'orphelin, qui font
tort à l'étranger, qui ne me respectent pas,
dit l'Éternel des armées. 3. 5
Néanmoins ce qu'il attend de Dieu est tourné
vers la purification du culte du Temple et du
sacerdoce :
Voici, j'enverrai mon
messager, dit l'Éternel des armées.
Il préparera le chemin devant moi.
Et soudain entrera dans son temple le Seigneur
que vous cherchez.
Qui pourra soutenir le jour de sa
venue ?...
Il s'installera pour fondre l'argent au feu et
le rendre pur.
Il purifiera les prêtres de la famille de
Lévi,
il les rendra purs comme on rend purs l'or et
l'argent.
Alors ils pourront présenter à l'Éternel les
offrandes avec justice. 3. 1
Esdras,
Néhémie
Ces deux
livres, qui n’en faisaient qu’un à l’origine
racontent le retour de l’Exil. Ils sont composés
à partir de documents officiels (listes,
statistiques, correspondance diplomatique,
décrets officiels), des mémoires d’Esdras et
ceux de Néhémie. La rédaction finale de ces
livres se situe entre la fin du 4e siècle av. JC et le
milieu du 3e
siècle.
Ces livres présentent la réalité telle qu'elle a
été comprise par les Juifs revenus de l'Exil à
Babylone. La déportation n'avait pas été
également dure pour tous et un bon nombre
avaient choisi de demeurer en Babylonie où ils
s'étaient intégrés ; ils ont formé la
première diaspora. D'autres, les plus pauvres
n'avaient pas été déportés ; ils étaient
demeurés en Palestine et n'avaient pas suivi
l'évolution spirituelle et religieuse de leurs
compatriotes exilés. Ceux-ci les traitaient avec
mépris de « Samaritains » et ne
voulaient pas de mariage avec eux : c'est,
sans doute, à cette époque que fut ajouté au
cycle d'Abraham le récit de Genèse 24, où il
refuse de marier son fils Isaac avec une fille
du pays de Canaan mais envoie Éliézer lui
chercher une épouse en Babylonie.
Esdras 9
Les
chefs s'approchèrent de moi, en disant : Le
peuple d'Israël, les sacrificateurs et les
Lévites ne se sont point séparés des peuples
de ces pays, et ils imitent leurs
abominations, celles des Cananéens, des
Héthiens, des Phéréziens, des Jébusiens, des
Ammonites, des Moabites, des Égyptiens et
des Amoréens : ils ont pris de leurs
filles pour eux et pour leurs fils, et ont
mêlé la race sainte avec les peuples de ces
pays et les chefs et les magistrats ont été
les premiers à commettre ce péché.
Lorsque
j'entendis cela, je déchirai mes vêtements et
mon manteau, je m'arrachai les cheveux de la
tête et les poils de la barbe, et je m'assis
désolé. Auprès de moi s'assemblèrent tous ceux
que faisaient trembler les paroles du Dieu
d'Israël, à cause du péché des fils de la
captivité ; et moi, je restai assis et désolé,
jusqu'à l'offrande du soir.
Puis, au moment
de l'offrande du soir, je me levai du sein de
mon humiliation, avec mes vêtements et mon
manteau déchirés, je tombai à genoux,
j'étendis les mains vers l'Eternel, mon Dieu
et je dis : Mon Dieu, je suis dans la
confusion, et j'ai honte, ô mon Dieu, de lever
ma face vers toi ; car nos iniquités se
sont multipliées par-dessus nos têtes, et nos
fautes ont atteint jusqu'aux cieux. Depuis les
jours de nos pères nous avons été grandement
coupables jusqu'à ce jour, et c'est à cause de
nos iniquités que nous avons été livrés, nous,
nos rois et nos sacrificateurs, aux mains des
rois étrangers, à l'épée, à la captivité, au
pillage, et à la honte qui couvre aujourd'hui
notre visage.
Et cependant
l'Eternel, notre Dieu, vient de nous faire
grâce en nous laissant quelques réchappés et
en nous accordant un abri dans son saint lieu,
afin d'éclaircir nos yeux et de nous donner un
peu de vie au milieu de notre servitude. Il
nous a rendus les objets de la bienveillance
des rois de Perse, pour nous conserver la vie
afin que nous puissions bâtir la maison de
notre Dieu et en relever les ruines, et pour
nous donner une retraite en Juda et à
Jérusalem. Maintenant, que dirons-nous après
cela, ô notre Dieu ? Car nous avons
abandonné tes commandements, que tu nous avais
prescrits par tes serviteurs les prophètes, en
disant : Le pays dans lequel vous entrez
pour le posséder est un pays souillé par les
impuretés des peuples de ces contrées, par les
abominations dont ils l'ont rempli d'un bout à
l'autre avec leurs impuretés ; ne donnez
donc point vos filles à leurs fils et ne
prenez point leurs filles pour vos fils, et
n'ayez jamais souci ni de leur prospérité ni
de leur bien-être, et ainsi vous deviendrez
forts, vous mangerez les meilleures
productions du pays, et vous le laisserez pour
toujours en héritage à vos fils.
Néhémie 5
Il s'éleva de la
part des gens du peuple et de leurs femmes de
grandes plaintes contre leurs frères les
Juifs. Les uns disaient : Nous, nos fils
et nos filles, nous sommes nombreux ;
qu'on nous donne du blé, afin que nous
mangions et que nous vivions.
D'autres disaient : Nous engageons nos
champs, nos vignes, et nos maisons, pour avoir
du blé pendant la famine.
D'autres disaient : Nous avons emprunté
de l'argent sur nos champs et nos vignes pour
le tribut du roi. Et pourtant notre chair est
comme la chair de nos frères, nos enfants sont
comme leurs enfants ; et voici, nous
soumettons à la servitude nos fils et nos
filles, et plusieurs de nos filles y sont déjà
réduites ; nous sommes sans force, et nos
champs et nos vignes sont à d'autres.
Je fus très
irrité lorsque j'entendis leurs plaintes et
ces paroles-là. Je résolus de faire des
réprimandes aux grands et aux magistrats, et
je leur dis : Quoi ! vous prêtez à
intérêt à vos frères ! Et je rassemblai
autour d'eux une grande foule, et je leur
dis : Nous avons racheté selon notre
pouvoir nos frères les Juifs vendus aux
nations ; et vous vendriez vous-mêmes vos
frères, et c'est à nous qu'ils seraient
vendus ! Ils se turent, ne trouvant rien
à répondre.
Puis je
dis : Ce que vous faites n'est pas bien.
Ne devriez-vous pas marcher dans la crainte de
notre Dieu, pour n'être pas insultés par les
nations nos ennemies ? Moi aussi, et mes
frères et mes serviteurs, nous leur avons
prêté de l'argent et du blé. Abandonnons ce
qu'ils nous doivent ! Rendez-leur donc
aujourd'hui leurs champs, leurs vignes, leurs
oliviers et leurs maisons, et le centième de
l'argent, du blé, du moût et de l'huile que
vous avez exigé d'eux comme intérêt.
Ils
répondirent : Nous les rendrons, et nous
ne leur demanderons rien, nous ferons ce que
tu dis. Alors j'appelai les sacrificateurs,
devant lesquels je les fis jurer de tenir
parole. Et je secouai mon manteau, en
disant : Que Dieu secoue de la même
manière hors de sa maison et de ses biens tout
homme qui n'aura point tenu parole, et
qu'ainsi cet homme soit secoué et laissé à
vide !
Toute
l'assemblée dit : Amen ! On célébra
l'Eternel. Et le peuple tint parole.
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