Introduction à l'Ancien Testament
VIe
siècle avant Jésus-Christ, suite
Exil à
Babylone
587-538
4
Genèse - Exode
Nombres
C'est Jean Astruc, le
médecin de Louis XV, qui découvrit le
premier la pluralité des sources de la Genèse et de l'Exode. Fils de
protestants ayant été contraints à l'abjuration,
il était donc lui-même catholique, mais avait
conservé de son éducation une pensée libre et
ouverte. Il publia en 1753 ses « Conjectures sur les
mémoires originaux dont il paraoit que Moyse
s'est servi pour composer le Livre de la
Genèse ». Il fonda ses conjectures
sur la constatation que les appellations de Dieu
variaient : certains passages utilisent, en
effet, le terme générique de « Dieu » :
on les attribue généralement à un auteur anonyme
que l'on appelle « l'auteur
sacerdotal », ou « P »,
abréviation de « prêtre ».
D'autres passages nomment Dieu par son nom
propre imprononçable dont les consonnes sont JHWH, que certains
cherchent à transcrire en Yahvé,
certainement pas en Jéhovah,
que l'on tente de traduire parfois par « l'Éternel »
et que les versions modernes rendent par le SEIGNEUR en lettres
majuscules. On nomme les auteurs de ces
passages-là « auteur
Yahviste » d'où l'abréviation
d'origine allemande « J ».
« J »
était considéré, récemment encore, comme un
auteur génial écrivant à la cour du roi Salomon
au Xe siècle.
Aujourd'hui, les biblistes pensent plutôt à un
ensemble de textes d'origine variée. Ils en
datent la publication du temps de l'Exil à
Babylone au VIe
siècle, contemporain donc et rival de « P ».
• Le professeur Thomas
Römer préfère ne plus le nommer J mais non-P
La « Traduction
Œcuménique de la Bible » dans son
édition déjà ancienne de 1975 date encore
« J » du Xe
siècle et propose également de distinguer une
autre source, nommée « E »
abréviation de
« Elohiste » (« Dieu »), qui
aurait été mise par écrit au VIIIe siècle en Israël du
Nord. Cette hypothèse est aujourd'hui
généralement abandonnée.
« J »
est dans la ligne du Second Esaïe et des
prophètes du VIIIe
siècle. Il ne donne pas d'explications
théoriques mais fait vivre ses personnages en
présence de Celui qu'il nomme toujours « l'Éternel »
et non pas
« Dieu ».
On ne mentionne plus guère aujourd'hui le nom
de Yahviste. On dit plutôt deutéronomiste.
Ainsi le second récit
de la création
(Genèse 2. 4) présentée comme un
jardin animé par tous les animaux ; les
récits d'Adam et Eve, Caïn et Abel, la tour de
Babel, le déluge, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph.
Et dans l'Exode la sortie d'Égypte et la vie au
Désert.
Abraham, tel que le
Yahviste le présente, ressemble
beaucoup aux Israélites exilés à Babylone :
il vit par la foi, sans posséder la terre
promise habitée par « les
Cananéens ». Il est originaire
d'Ur en Babylonie et parcourt la Palestine sans
pouvoir s'y fixer.
Certains pensent plutôt que cycle yahviste
d'Abraham a été élaboré, certes pendant l'Exil,
mais en Palestine, dans la partie pauvre de la
communauté israélite que Nabuchodonosor n'a pas
déportée à Babylone, l'ayant jugée trop faible
pour être dangereuse. Ces gens menaient dès lors
une existence misérable et précaire, devaient
conserver de bonnes relations avec leurs
nouveaux voisins amenés en Palestine par
Nabuchodonosor et ont dépeint à leur image, un
Abraham sans force militaire, paisible et
courtois avec son entourage.
Les récits des
patriarches se réfèrent à des
traditions que l'histoire ne peut
atteindre : on ne peut dire à quelle époque
Abraham a pu vivre. Certains pensent qu'il a pu
passer par la vallée de l'Euphrate pendant sa
migration et qu'il a pu séjourner dans la cité
de Mari. Mais on ne peut pas savoir quand il l'a
fait ni même s'il l'a fait. On ne peut le situer
dans le temps. A-t-il même vécu sous la forme
qui nous est rapportée dans la Genèse ? On
n'en sait rien.
La fixation de tels
récits à l'époque de l'Exil israélite à
Babylone au VIe siècle av. J.-C.
fait évidemment beaucoup plus appel à ce que
l'on connaissait au VIe
siècle qu'à des traditions orales qui auraient
été, évidemment oubliées depuis des siècles. A
la lecture des textes de la Genèse, il est clair
que les auteurs de ces récits étaient enracinés
dans les problèmes du peuple juif qui vivait la
foi en Dieu sans posséder réellement la terre
promise. Les événements qu'ils nous racontent ne
sont pas historiques selon la notion que nous
avons aujourd'hui de la science
historique : ils s'enracinent dans un passé
qui a pour eux une valeur exemplaire.
L'Éternel dit à Abram :
va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la
maison de ton père
et va dans le pays que je te montrerai.
Je ferai de toi une grande nation, et je te
bénirai. Je rendrai ton nom grand, et tu seras
une source de bénédiction.
Je bénirai ceux qui te béniront, et je
maudirai ceux qui te maudiront.
Toutes les familles de la terre seront bénies
en toi.
Abram partit, comme l'Éternel le lui avait
dit, et Lot partit avec lui.
Abram était âgé de soixante-quinze ans,
lorsqu'il sortit de Charan.
Il parcourut le pays jusqu'au lieu nommé
Sichem, jusqu'aux chênes de Moré.
Les Cananéens étaient alors dans le pays.
L'Éternel apparut à Abram, et dit : je
donnerai ce pays à ta postérité.
Abram bâtit là un autel à l'Éternel, qui lui
était apparu.
Il se transporta de là vers la montagne, à
l'orient de Béthel, et il dressa ses tentes,
ayant Béthel à l'occident et Aï à l'orient. Il
bâtit encore là un autel à l'Éternel, et il
invoqua le nom de l'Éternel.
Abram continua ses marches, en s'avançant vers
le midi. Genèse 12
L'Exode présente Moïse
comme un libérateur par la foi :
lui non plus ne connaîtra jamais la terre
promise, vers laquelle il fera marcher le peuple
pendant les quarante ans de la traversée du
désert, vivant de la présence de Dieu, exemples
pour les Israélites exilés.
Pharaon approchait. Les
enfants d'Israël levèrent les yeux, et voici,
les Égyptiens étaient en marche derrière eux.
Et les enfants d'Israël eurent une grande
frayeur, et crièrent à l'Éternel. Ils dirent à
Moïse : n'y avait-il pas des sépulcres en
Égypte, sans qu'il fût besoin de nous mener
mourir au désert ? Que nous as-tu fait en
nous faisant sortir d'Égypte ? N'est-ce
pas là ce que nous te disions en Égypte :
laisse-nous servir les Égyptiens, car nous
aimons mieux servir les Égyp-tiens que de
mourir au désert ?
Moïse répondit au peuple : ne craignez rien,
restez en place, et regardez la délivrance que
l'Éternel va vous accorder en ce jour ;
car les Égyptiens que vous voyez aujourd'hui,
vous ne les verrez plus jamais. L'Éternel
combattra pour vous ; et vous, gardez le
silence. Exode 14. 10
A
propos du yahviste ( J )
J n'est pas indépendant de
la tradition deutéronomiste (dtr). Pour
les uns, J est un théologien appartenant
totalement à cette tradition deutéronomiste.
Pour les autres, il en connaît la pensée et le
langage mais il est plus « libéral »
qu'elle et s'oppose à son orthodoxie.
Il faut encore distinguer les textes de J de la
Genèse et de l'Exode. Les textes de J de l'Exode
s'accordent bien avec la présentation
« militaire » que le dtr fait de la
promesse du pays liée à l'expulsion des peuples
autochtones. Par contre l'ambiance patriarcales
des patriarches Abraham, Isaac et Jacob de la
Genèse ne correspondent pas à l'école dtr.
On a affaire de toute évidence à deux
traditions antagonistes des origines du peuple
d'Israël. Selon la tradition des patriarches de
la Genèse, cette origine remonte à
l'installation d'ancêtres lointains sur la terre
de Canaan, alors que selon la tradition de
l'Exode, elle remonte à la sortie d'Égypte. Le
conflit entre ces deux traditions correspond
ainsi au conflit entre deux conceptions opposées
de l'origine. A la conception
« généalogique » de la Genèse s'oppose
une conception « vocationnelle » de
l'Exode. Dans le premier cas l'identité d'
« Israël » repose sur l'ascendance,
dans le second cas sur son obéissance à la Loi.
D'ailleurs plusieurs textes dans les récits
patriarcaux de la Genèse contiennent des
allusions souvent ironiques à la tradition de
l'Exode. Ainsi en Genèse 12.10-20, Abraham
fait passer Saraï pour sa sœur, le Pharaon la
prend pour concubine tout en couvrant Abraham de
cadeaux ; mais y renonce lorsque l'Éternel
le « frappe de grandes plaies ». Ainsi
aussi en Genèse 16, Agar la servante égyptienne
est maltraitée par Saraï et s'enfuit au désert
où elle est protégée par Dieu !
Un texte comme celui d'Ézéchiel :
Fils de l'homme, ceux qui
habitent ces ruines dans le pays d'Israël
disent : Abraham était seul, et il a
hérité le pays; à nous qui sommes nombreux,
le pays est donné en possession.
Ez. 33.24
suggère que l'affrontement entre ces deux
mythes d'origine se situe essentiellement au
moment de l'Exil et du retour, où il a dû être
particulièrement violent.
Le rédacteur (sans doute P) qui a réuni ces
deux traditions aurait alors cherché à surmonter
ce conflit.
On ne peut donc plus admettre l'existence d'un
long récit de J allant des origines jusqu'à
l'entrée en Canaan. On est obligé d'envisager
pour J la juxtaposition d'une quantité de
fragments divers qui ont été regroupés après
l'Exil.
On pourrait alléguer contre cette
« théorie des fragments » le fait que
les textes dtr mentionnent les
« Pères » du peuple, qui pourraient
être Abraham, Isaac et Jacob, les patriarches de
la Genèse, car ceci justifierait l'unité de J
depuis la Genèse jusqu'à dtr. Mais le professeur
Römer a démontré que ces « Pères » ne
sont pas les patriarches mais sont les ancêtres
sortis d'Égypte.
Thomas
Römer
Introduction à l'Ancien Testament
Labor et Fides, 2004
Lorsque nous
disons « J » pour désigner un
des auteurs de la Genèse et de l'Exode nous
devons donc penser soit à un deutéronomiste
écrivant au 7e
siècle, donc avant l'Exil, soit à un
historien-théologien vivant sous l'Empire perse,
après la fin de l'Exil (cette période s'étend de
538 à 332 lors de l'arrivée d'Alexandre)
5
Ézéchiel
Prêtre exilé avec le
peuple à Babylone, il appelle à
la pureté éthique :
Le juste, celui qui pratique
droiture et justice,
ne mange pas sur les montagnes, ne lève pas
les yeux vers les idoles de la maison
d'Israël,
ne déshonore pas la femme de son prochain, ne
s'approche pas d'une femme pendant son
impureté,
n'opprime personne, rend au débiteur son gage,
ne commet point de rapines,
donne son pain à celui qui a faim et couvre
d'un vêtement celui qui est nu,
ne prête pas à intérêt, ne tire point d'usure,
détourne sa main de l'iniquité et juge selon
la vérité entre un homme et un autre,
suit mes lois et observe mes ordonnances en
agissant avec fidélité,
celui-là est juste, il vivra, dit le Seigneur,
l'Éternel. 18. 5
Espérance, dynamisme
créateur, profondeur spirituelle
Je vous ramènerai sur votre terre.
Je verserai sur vous de l'eau pure, et vous
serez purs.
Je vous purifierai de toutes vos actions
impures que vous faites pour les faux dieux.
Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai
en vous un Esprit nouveau.
J'enlèverai votre cœur de pierre, et je vous
donnerai un coeur de chair.
Je mettrai en vous mon Esprit.
Ainsi je vous rendrai capables d'obéir à mes
lois, de respecter et de faire ce que je vous
ai commandé...
Grâce à moi vos arbres donneront beaucoup de
fruits,
et vos champs produiront des récoltes
abondantes.
Alors vous ne connaîtrez plus la honte d'avoir
faim devant les autres peuples.
A ce moment-là vous vous souviendrez de votre
conduite mauvaise
et de vos actes qui n'étaient pas bons.
Vous devez le savoir, ce n'est pas à cause de
vous que j'agirai.
Je le déclare, moi l'Éternel.
Vous devriez plutôt avoir honte et regretter
votre conduite, gens d'Israël !
Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel :
Je vais ouvrir vos tombes et je vous en ferai
sortir, vous, mon peuple.
Je vous ramènerai sur la terre d'Israël.
Quand j'ouvrirai vos tombes, quand je vous en
ferai sortir, vous, mon peuple,
Vous saurez que l'Éternel,c'est moi !
Je mettrai en vous mon Esprit, et vous vivrez.
Je vous installerai sur votre terre.
Alors vous le saurez : c'est moi,
l'Éternel, qui ai parlé
et je fais ce que je dis, dit l'Éternel.
37. 12
6
« L'auteur
sacerdotal » ( P )
Genèse - Exode
Nombres
L'auteur sacerdotal
est un groupe de prêtres que l'on
désigne par l'abréviation usuelle de « P ». On
attribue à « P »
une partie des livres de la Genèse et de l'Exode
qui ont été ultérieurement édités en les
entrecroisant avec les textes de « J » dont
nous avons parlé plus haut.
Ainsi le premier récit de la création, en Genèse 1. Il y est
précisé que chaque soir
« Dieu vit que cela était bon»,
sous le ciel et sur la terre créée par Dieu
alors que les exilés avaient tendance à penser
au contraire que la terre de Babylone était
invivable !
Dieu y fonde le repos du sabbat en terminant son
oeuvre le sixième jour ; les fêtes
religieuses sont inscrites dans les astres créés
le quatrième jour dont le texte dit qu'il s'agit
d'une de leurs principales raisons d'être...
Un tel pensée ouvrait
les exilés à une pratique religieuse
dont les jalons étaient le repos du sabbat, le
respect des fêtes (Pâque, Pentecôte), le rite de
la circoncision attribué au grand Abraham
Gen. 17 et la séparation d'avec les
nations, selon les lois du culte, de
l'alimentation et de l'habillement.
Cette séparation se trouvant déjà fondée lors de
la fondation du monde de Genèse 1 dans la
séparation plusieurs fois répétée entre la
lumière et les ténèbres, entre les eaux
d'en-haut et celles d'en-bas, ainsi qu'entre les
espèces des plantes et des animaux.
Prenons en exemple
l'alliance de Dieu avec Noé : il est
l'ancêtre de toute l'humanité, y compris, bien
sûr, les Babyloniens ; de plus
l'arc-en-ciel est parfaitement visible aussi en
Babylonie !
Noé
Dieu dit à Noé et à ses
fils : Je fais alliance avec vous,
avec vos enfants et avec les enfants de
leurs enfants. C'est aussi une alliance avec
tous les êtres vivants qui sont avec
vous : avec les oiseaux, les animaux
domestiques ou sauvages, donc avec tous ceux
qui sont sortis du bateau et tous ceux qui
vivront sur la terre. Je fais alliance avec
vous : l'eau de la grande inondation ne
détruira plus jamais la vie sur la terre.
Dieu dit : Voici le signe de mon
alliance. Je le mets entre moi et vous,
entre moi tous les êtres vivants qui sont
avec vous ? Ce sera un signe valable pour
tous ceux qui naîtront après vous. Je mets
mon arc dans les nuages, il sera le signe de
l'alliance entre moi et la terre.
Quand je ferai venir les nuages au-dessus de
la terre, quand l'arc-en-ciel apparaîtra
dans les nuages, je me souviendrai de mon
alliance avec vous et avec tous les êtres
vivants. Il n'y aura plus jamais de grande
inondation pour détruire la vie. Quand l'arc
sera dans les nuages, je le verrai. Et je me
souviendrai de l'alliance que j'ai faite
pour toujours avec tous les êtres vivants de
la terre.
Et Dieu redit à Noé : L'arc-en-ciel est
le signe de l'alliance que je fais entre moi
et tous les êtres vivants qui sont sur la
terre. Genèse 9. 8-17
Abraham, Isaac et
Jacob
Abram tomba sur sa face et
Dieu lui parla en ces termes :
Voici l'alliance que je fais avec toi :
tu deviendras le père de beaucoup de peuples.
Tu ne t'appelleras plus Abram. Ton nouveau nom
sera Abraham. En effet, je fais de toi le père
de beaucoup de peuples.
Ceux qui naîtront de toi seront très nombreux.
Ils formeront des peuples, et des rois
naîtront de toi.
Je vais faire alliance avec toi, avec tes
enfants et les enfants de leurs enfants, de
génération en génération. Cette aliance durera
toujours. Ainsi, je serai ton Dieu et je serai
le Dieu de tous ceux qui naîtront de toi.
Maintenant tu vis en Canaan, mais ce pays
n'est pas à toi. Eh bien, je vais donner tout
ce pays, à toi, à tes enfants et aux enfants
de leurs enfants. Il sera à eux pour toujours,
et je serai toujours leur Dieu.
Dieu dit encore à Abraham : Toi, tes
enfants et les enfants de leurs enfants, de
génération en génération, vous respecterez mon
alliance. Voici le commandement que je vous
donne, à toi, à tes enfants et aux enfants de
leurs enfants : tous les garçons devront
être circoncis. Votre circoncision sera le
signe de l'alliance entre moi et vous. Tous
vos garçons seront circoncis quand ils auront
huit jours, de génération en génération.
Genèse 17.3-11
Ce passage est de la même origine que celui qui
vient d'être cité de l'alliance avec Noé. Son
style, froid et didactique contraste avec la
verve du Yahviste narant la rencontre d'Abraham
avec ses trois visiteurs, en Genèse 18.
On peut s'essayer à
distinguer les deux sources « J » et « P » particulièrement
enchevêtrées dans le récit d'Exode 14.
(NB : voir la note concernant « J
» page 15.
Texte yahviste
13 Moïse dit au peuple :
Ne craignez rien, restez en place,
et regardez la délivrance que l'Eternel va vous
accorder en ce jour ;
car les Egyptiens que vous voyez aujourd'hui,
vous ne les verrez
plus jamais. 14 L'Eternel combattra pour vous;
et vous, gardez le silence.
Texte sacerdotal
15 L'Eternel dit
à Moïse : Pourquoi ces cris ? Parle
aux enfants d'Israël,
et qu'ils marchent. 16 Toi, lève ta verge,
étends ta main sur la mer,
et fends-la ; et les enfants d'Israël
entreront au milieu de la mer à sec.
17 Et moi, je vais endurcir le cœur des
Egyptiens, pour qu'ils y entrent
après eux: et Pharaon et toute son armée, ses
chars et ses cavaliers,
feront éclater ma gloire. 18 Et les Egyptiens
sauront que je suis l'Eternel,
quand Pharaon, ses chars et ses cavaliers,
auront fait éclater ma gloire.
19 L'ange de Dieu, qui allait
devant le camp d'Israël, partit et alla
derrière eux; et la colonne de nuée qui les
précédait, partit et se
tint derrière eux. 20 Elle se plaça entre le
camp des Egyptiens et
le camp d'Israël. Cette nuée était ténébreuse
d'un côté, et de l'autre
elle éclairait la nuit. Et les deux camps
n'approchèrent point l'un
de l'autre pendant toute la nuit.
21 Moïse étendit
sa main sur la mer.
Et l'Eternel refoula la mer par
un vent d'orient, qui souffla
avec impétuosité toute la nuit; il mit la mer à
sec,
et les eaux se
fendirent. 22 Les enfants d'Israël entrèrent au
milieu
de la mer à sec, et les eaux formaient comme une
muraille à leur
droite et à leur gauche. 23 Les Egyptiens les
poursuivirent; et tous
les chevaux de Pharaon, ses chars et ses
cavaliers, entrèrent après
eux au milieu de la mer.
24 A la veille du matin,
l'Eternel, de la colonne de feu et de nuée,
regarda le camp des Egyptiens, et mit en
désordre le camp des
Egyptiens. 25 Il ôta les roues de leurs chars et
en rendit la marche
difficile. Les Egyptiens dirent alors: Fuyons
devant Israël,
car l'Eternel combat pour lui contre les
Egyptiens.
26 L'Eternel dit
à Moïse: Etends ta main sur la mer; et les
eaux reviendront sur les Egyptiens, sur leurs
chars et sur
leurs cavaliers. 27 Moïse étendit sa main sur la
mer.
Et vers le matin, la mer reprit
son impétuosité, et les Egyptiens
s'enfuirent à son approche; mais l'Eternel
précipita
les Egyptiens au milieu de la mer.
28 Les eaux
revinrent, et couvrirent les chars, les
cavaliers et
toute l'armée de Pharaon, qui étaient entrés
dans la mer après les
enfants d'Israël; et il n'en échappa pas un
seul. 29 Mais les enfants
d'Israël marchèrent à sec au milieu de la mer,
et les eaux
formaient comme une muraille à leur droite et à
leur gauche.
30 En ce jour, l'Eternel
délivra Israël de la main des Egyptiens ;
et Israël vit sur le rivage de la mer les
Egyptiens qui étaient
morts. 31 Israël vit la main puissante que
l'Eternel avait dirigée
contre les Egyptiens. Et le peuple craignit
l'Eternel,
et (le peuple)
crut en l'Eternel et en Moïse, son serviteur.
On remarque que
chacune des deux « moitiés » du
texte est en réalité un texte autonome qui a sa
propre logique.
- Ainsi
le yahviste mentionne la « main »
de l'Éternel (verset 31) alors que le
sacerdotal marque une certaine distance en
parlant plutôt de la « main » de
Moïse (versets 16 et 26).
- Le
yahviste dit que c'est un un grand vent d'est
qui fait reculer la mer, alors que le sacerdotal
voit celle-ci fendu par un couteau par le geste
de la main de Moïse.
- La
conclusion du yahviste est sur l'autorité de
l'Éternel, alors que le sacerdotal y ajoute
celle de Moise.
- Le
yahviste décrit une scène à laquelle l'Éternel
participe directement, alors que le sacerdotal
place toute l'action sous l'intermédiaire de
Moïse, qui fonctionne comme un prêtre (ce qui
est une des raisons qui font supposer que les
auteurs sont bien un groupe de prêtres).
- On
peut noter que l'éditeur final qui a ainsi réuni
ces deux textes a unifiés l'appellation de Dieu
qui est ici toujours nommé « l'Éternel ».
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