Introduction à l'Ancien
Testament
Introduction au Nouveau
Testament
VIIIe siècle avant
Jésus-Christ
A la fin du siècle, en
721,
Israël du Nord sera vaincu et
détruit, sa
population déportée par la puissante Assyrie.
Les
tribus du nord disparaîtront alors en tant que
telles, aucune
pensée théologique et religieuse n'ayant pu être
élaborée par des penseurs qui auraient ainsi
pérennisé dans l'Exil leur identité religieuse
comme ce sera le cas au VIe
siècle pour le royaume de Juda exilé à Babylone.
Néanmoins lors du drame de 721, des habitants
d'Israël se sont réfugiés au sud, en Juda en
emportant leurs traditions et leurs textes
religieux qui ont été incorporés aux textes de
Jukda. C'est ainsi, par exemple, que la
tradition d'un lieu saint à Béthel sera inclue
en Genèse 35 alors que la tradition de Juda est
clairement qu'aucun lieu saint n'est permis en
dehors de Jérusalem.
Le VIIIe siècle est le siècle
des grandes
prophètes : Ésaïe
(chapitres 1 à
39), Michée à
Jérusalem, Amos,
Osée, en Israël du
Nord. Les
prophètes Elie et
Elisée qui
n'ont pas écrit et dont le cycle est rapporté
dans les
deux livres des Rois.
.
Les prophètes
Ils ne mentionnent
jamais les
événements fondateurs rapportés dans la Genèse et l'Exode :
Adam et Eve, Noé,
les Patriarches, la sortie d'Égypte avec Moïse,
le don de
la Loi au Sinaï, les quarante ans au désert.
L'histoire
du salut n'est pas encore élaborée.
On remarquera notamment dans leurs
livres :
- L'absence du cycle
deutéronomiste :
alliance - désobéissance -
châtiment - repentance - salut.
- L'absence de l'idée que la sortie
d'Égypte est
fondatrice de l'identité du Peuple.
- L'absence de la promesse d'une
descendance nombreuse et du
don de la terre d'Israël.
Quelques mentions en apparaissent seulement,
sans que leur
importance soit marquée :
Ainsi
parle l'Éternel
à la maison de Jacob, lui qui a racheté
Abraham :
maintenant Jacob n'aura plus honte, son
visage ne pâlira plus. Esaïe 29. 22
Caractérisons ainsi
les prophètes du VIIIe siècle :
- Ce sont de puissantes
personnalités ayant une relation forte avec
Dieu. Les récits de leur vocation
en témoignent.
L'année de la mort
du roi Ozias, je vis le Seigneur assis
sur un trône très élevé, et les pans de
sa robe remplissaient le temple. Des
séraphins se tenaient au-dessus de
lui ; ils avaient chacun six
ailes ; deux dont ils se couvraient
la face, deux dont ils se couvraient les
pieds, et deux dont ils se servaient
pour voler.
Ils criaient l'un à l'autre, et
disaient :
- Saint, saint, saint est l'Éternel des
armées ! toute la terre est pleine
de sa gloire !
Les portes furent ébranlées dans leurs
fondements par la voix qui retentissait,
et la maison se remplit de fumée.
Alors je dis :
- Malheur à moi ! je suis
perdu, car je suis un homme dont les
lèvres sont impures, j'habite au milieu
d'un peuple dont les lèvres sont
impures, et mes yeux ont vu le Roi,
l'Éternel des armées.
Mais l'un des séraphins vola vers moi,
tenant à la main une pierre ardente,
qu'il avait prise sur l'autel avec des
pincettes. Il en toucha ma bouche, et
dit :
- Ceci a touché tes lèvres ;
ton iniquité est enlevée, et ton péché
est expié.
J'entendis la voix du Seigneur,
disant :
- Qui enverrai-je, et qui marchera
pour nous ?
Je répondis :
- Me voici, envoie-moi. Esaïe 6
- Conviction de la
présence secrète de Dieu dans le cours de
l'histoire.
Affirmation du calme que procure la foi en sa
présence.
- Dénonciation de
l'orgueil du peuple, de son idolâtrie et
notamment du culte de Baal
Si vous ne tenez pas
ferme vous ne serez pas affermis
Esaïe 7. 9
L'actualisation de
leurs textes est possible et
heureuse pour nous aujourd'hui. Leur message
semble convenir particulièrement à notre époque
où l'on conçoit volontiers, comme eux, une
Présence divine universelle, faisant surgir des
réalités nouvelles et inattendues du chaos ;
dynamisme cosmique qui n'est pas lié, comme dans
les théologies des VIIe
et VIe siècles à un
peuple particulier (ou une Église), à sa
fidélité, à un système dogmatique élaboré.
A cette époque où le monothéisme n'est pas
encore clairement affirmé, la doctrine de Dieu
est, alors, davantage celle d'un champ d'énergie
dynamique que celle d'un satellite espion...
- Le prophète Elie,
qui n'a pas écrit lui-même, et dont l'histoire
est rapportée en 1 Rois 18ss
a vécu à cette époque. Alors que Baal tue Môt,
dieu de la mort pour faire venir la pluie
bienfaisante, Elie tue les prophètes de Baal et
la pluie vient, prouvant ainsi que Baal appoorte
la mort et non la vie.
Le prophète Osée
Quand Israël
était jeune, je l'aimais, et j'ai
appelé mon fils hors d'Égypte.
Mais ils se
sont éloignés de ceux qui les
appelaient ;
ils ont sacrifié aux Baals, et
offert de l'encens aux idoles.
C'est moi qui ai guidé les pas
d'Éphraïm, le soutenant par ses
bras.
Et ils n'ont pas reconnu que je
les soignais.
Je les ai tirés avec des liens
d'humanité, avec des chaînes
d'amour.
Je fus pour eux comme celui qui
tient un nourrisson contre sa
joue,
je lui donnais sa nourriture. Osée 11. 1
Le prophète Amos
Écoutez
ceci, vous qui dévorez
l'indigent, et qui ruinez les
malheureux du pays !
Vous
dites : Quand la
nouvelle lune sera-t-elle
passée, afin que nous
vendions du blé ?
Quand finira le sabbat, afin
que nous ouvrions les
greniers ?
Nous diminuerons la mesure,
nous augmenterons le prix,
nous falsifierons les
balances pour tromper ;
Puis nous achèterons les
misérables pour de l'argent,
et le pauvre pour une paire
de sandales.
Nous vendrons même la
criblure du blé.
L'Éternel l'a juré par la
gloire de Jacob :
Je n'oublierai jamais aucune
de leurs oeuvres. La terre
n'en frémit-elle pas ?
Amos 8. 4
Relectures
du texte d'Amos
Les recueils des prophètes
ont subi au cours des siècles une série
de relectures. Voici ce que l'on peut penser,
par exemple du texte d'Amos.
1. Une première édition du corpus a
probablement vu le jour durant la seconde moitié
du 8e siècle. Ce
rouleau prophétique, à mettre vraisemblablement
au compte des disciples d'Amos, s'ouvrait sur
l'oracle contre Israël et s'achevait par la
cinquième vision, tous deux annonçant un
tremblement en écho à la suscription première du
livre (Am 1,1). Dans cette collection
initiale de « Paroles
d'Amos de Téqoa », se fait jour sa
prédication de jugement à l'encontre de la
classe possédante de Samarie.
2. Entre la chute de Samarie et la destruction
de Jérusalem, le livre d'Amos a été transféré en
Juda, dans le Royaume du Sud, où une partie de
la population samaritaine s'était réfugiée. Les
porteurs du rouleau ont alors jugé nécessaire
d'actualiser les annonces de malheur, au vu des
événements survenus (Am 3,3-6.8 ;
5,3.27 ; 6,7, etc.).
3. Une deuxième relecture significative a dû
être entreprise au lendemain de la déportation
des élites judéennes à Babylone. Cette édition
exilique du corpus amosien est notamment
identifiable dans le cantique contre les nations
(Am 1,3-2,16), en Am 4,6-12, ainsi que
dans le cycle visionnaire
(Am 7,1-3.4-6.7-8 ; 8, 1 -2).
4. A notre avis, le corpus amosien témoigne
également de retouches postexiliques (époque
perse). Ainsi, I'ample polémique développée à
l'encontre des sanctuaires du Nord,
particulièrement de Béthel
(Am 3,13-14 ; 4,4-5 ;
5,4-6a.14 ; 7,10-17), pourrait avoir été
intégrée au recueil durant cette époque marquée
par un sentiment anti-samaritain croissant
Thomas Römer
Introduction à l'Ancien Testament
Labor et Fides, 2004
Le prophète
Ésaïe
Écoutez
la parole de l'Éternel, chefs de
Sodome !
Prête l'oreille à la loi de notre Dieu,
peuple de Gomorrhe !
Qu'ai-je affaire de la multitude de vos
sacrifices ? dit l'Éternel.
Je suis rassasié des holocaustes de
béliers et de la graisse des veaux.
Je ne prends point plaisir au sang des
taureaux, des brebis et des boucs.
Quand vous venez vous présenter devant
moi,
qui vous demande de souiller mes
parvis ?
Cessez d'apporter de vaines
offrandes :
J'ai en horreur l'encens, les nouvelles
lunes, les sabbats et les
assemblées ;
je ne puis voir le crime s'associer aux
solennités.
Mon âme hait vos fêtes ; elles me
sont à charge ; je suis las de les
supporter.
Quand vous étendez vos mains, je détourne
de vous mes yeux ;
quand vous multipliez les prières, je
n'écoute pas :
Vos mains sont pleines de sang.
Lavez-vous, purifiez-vous, apprenez à
faire le bien, recherchez la justice,
protégez l'opprimé, faites droit à
l'orphelin, défendez la veuve.
Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils
deviendront blancs comme la neige ;
s'ils sont rouges comme la pourpre, ils
deviendront comme la laine.
Esaïe 1. 10
« Prophéties »
Les ténèbres ne régneront
pas toujours sur la terre où il y a
maintenant des angoisses :
Le peuple qui
marchait dans les ténèbres voit une grande
lumière ;
sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre
de la mort une lumière resplendit.
Car un enfant nous est né, un fils nous
est donné,
on l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu
puissant, Père éternel, Prince de la paix.
Ésaïe 9.1
Ésaïe s'adresse à la
Samarie du VIIIe siècle
av. J.-C ; il annonce la venue
imminente d'un sauveur sans que l'on puisse
préciser s'il parlait d'un nouveau fils du roi
ou peut-être de son propre fils. Il ne faisait
pas allusion à Jésus-Christ qui devait naître
huit cents ans plus ; mais ces paroles ont
repris vie lorsque les évangélistes ont voulu
rendre compte du ministère du Christ, comme
elles ont rempli d'espérance bien d'autres
générations de croyants jusqu'à notre propre
époque.
Les prophètes ne sont pas ceux qui révéleraient
un avenir décidé à l'avance. Dieu ne fixe pas un
destin immuable comme on le dit dans l'Islam ou
dans certains horoscopes. Rien n'est « écrit ». Un
prophète est un homme qui est sensible à la
présence divine, qui sait en rendre compte, et
dont les paroles sont écoutées, reçues, mises
par écrit et transmises.
Puis
un rameau sortira du tronc de Jessé,
l'Esprit de l'Éternel
reposera sur lui :
Il jugera les pauvres avec équité, la
justice sera la ceinture de ses flancs,
et la fidélité la ceinture de ses reins...
Le loup habitera avec l'agneau, et la
panthère se couchera au côté du
chevreau ;
le veau, le lionceau, et le bétail seront
ensemble et un petit enfant les conduira.
La vache et l'ourse auront un même
pâturage, leurs petits un même gîte ;
et le lion, comme le b�uf, mangera du
foin.
Le nourrisson s'ébattra sur le nid du
cobra,
le jeune garçon mettra sa main sur le trou
de la vipère.
Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute
ma montagne sainte ;
car la terre sera remplie de la
connaissance de l'Éternel,
comme le fond de la mer est rempli par les
eaux qui le couvrent.
En ce jour, le rejeton de Jessé sera comme
une bannière pour les peuples ;
les nations se tourneront vers lui et la
gloire sera sa demeure.Esaïe 11. 6
Le culte
cananéen de Baal
Baal est le dieu
sauveur de la nature, de sa
fécondité.
- Dieu
de l'eau, il lutte contre Yam, dieu de l'eau
salée, du désordre, du chaos.
- Dieu
de la vie, il lutte contre Môt, dieu de la
mort : Môt fait que le soleil brûle tout et
Baal arrose sans relâche. Baal meurt en juin et
la nature se dessèche. Il ressuscite en automne,
tue Môt et reprend son activité créatrice.
Le culte de Baal est participation passionnée
et émotionnelle aux forces de la nature par des
rites et des prières. Essentiellement « religieux »
il est sans connotations
éthiques. Le fidèle de Baal s'implique
dans l'action du dieu qui agit indépendamment de
lui.
Les prophètes bibliques ont un message fortement social et politique.Ils
appellent les hommes à créer eux-mêmes le monde
heureux et fraternel voulu par Dieu.
Certains passages de
la Bible portent la trace des
caractéristiques traditionnelles de Baal que les
auteurs bibliques ont pensé pouvoir attribuer à
Dieu :
C'est
toi qui
domines
l'orgueil de
la mer.
Quand ses
vagues se
soulèvent,
c'est toi qui
les apaises.
C'est toi qui
écrases le
monstre comme
un cadavre Psaume 89.10
Exemple d'une prière
cananéenne
Que le
cœur en fureur de mon Seigneur s'apaise
que le dieu, je ne sais lequel, s'apaise
que la déesse, je ne sais laquelle, s'apaise
que le dieu qui, dans sa colère, s'est
détourné de moi, s'apaise
que la déesse qui, dans sa colère, s'est
détournée de moi, s'apaise.
La faute que j'ai dû commettre, je ne la
connais pas
j'ai dû enfreindre sans le savoir la volonté
de mon dieu
j'ai dû toucher sans le savoir ce que
réprouve ma déesse.
Mon Seigneur, mes fautes sont certainement
nombreuses, grands sont mes manquements.
Mon Dieu, mes fautes sont certainement
nombreuses, grands mes manquements.
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