Protestants dans la Ville

Page d'accueil    Liens    

 

Gilles Castelnau

Images et spiritualité

Libres opinions

Spiritualité

Dialogue interreligieux

Généalogie

 

Claudine Castelnau

Nouvelles

Articles

Émissions de radio

Généalogie

 

Libéralisme théologique

Des pasteurs

Des laïcs

 

Réseau libéral anglophone

Renseignements

John S. Spong

 


Introduction à l'Ancien Testament

Introduction au Nouveau Testament

 

 

 

VIIIe  siècle avant Jésus-Christ

A la fin du siècle, en 721, Israël du Nord sera vaincu et détruit, sa population déportée par la puissante Assyrie. Les tribus du nord disparaîtront alors en tant que telles, aucune pensée théologique et religieuse n'ayant pu être élaborée par des penseurs qui auraient ainsi pérennisé dans l'Exil leur identité religieuse comme ce sera le cas au VIe siècle pour le royaume de Juda exilé à Babylone.
Néanmoins lors du drame de 721, des habitants d'Israël se sont réfugiés au sud, en Juda en emportant leurs traditions et leurs textes religieux qui ont été incorporés aux textes de Jukda. C'est ainsi, par exemple, que la tradition d'un lieu saint à Béthel sera inclue en Genèse 35 alors que la tradition de Juda est clairement qu'aucun lieu saint n'est permis en dehors de Jérusalem.

Le VIIIe siècle est le siècle des grandes prophètes : Ésaïe (chapitres 1 à 39), Michée à Jérusalem, Amos, Osée, en Israël du Nord. Les prophètes Elie et Elisée qui n'ont pas écrit et dont le cycle est rapporté dans les deux livres des Rois.

 

.


Les prophètes

 

Ils ne mentionnent jamais les événements fondateurs rapportés dans la Genèse et l'Exode : Adam et Eve, Noé, les Patriarches, la sortie d'Égypte avec Moïse, le don de la Loi au Sinaï, les quarante ans au désert. L'histoire du salut n'est pas encore élaborée.

On remarquera notamment dans leurs livres :
- L'absence du cycle deutéronomiste : alliance - désobéissance - châtiment - repentance - salut.
- L'absence de l'idée que la sortie d'Égypte est fondatrice de l'identité du Peuple.
- L'absence de la promesse d'une descendance nombreuse et du don de la terre d'Israël.

Quelques mentions en apparaissent seulement, sans que leur importance soit marquée :

Ainsi parle l'Éternel à la maison de Jacob, lui qui a racheté Abraham : maintenant Jacob n'aura plus honte, son visage ne pâlira plus. Esaïe 29. 22

Caractérisons ainsi les prophètes du VIIIe siècle :

- Ce sont de puissantes personnalités ayant une relation forte avec Dieu. Les récits de leur vocation en témoignent.

L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun six ailes ; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler.
Ils criaient l'un à l'autre, et disaient :
- Saint, saint, saint est l'Éternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire !
Les portes furent ébranlées dans leurs fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée.
Alors je dis :
- Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l'Éternel des armées.
Mais l'un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente, qu'il avait prise sur l'autel avec des pincettes. Il en toucha ma bouche, et dit :
- Ceci a touché tes lèvres ; ton iniquité est enlevée, et ton péché est expié.
J'entendis la voix du Seigneur, disant :
- Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ?
Je répondis :
- Me voici, envoie-moi.
Esaïe 6

- Conviction de la présence secrète de Dieu dans le cours de l'histoire.
Affirmation du calme que procure la foi en sa présence.

- Dénonciation de l'orgueil du peuple, de son idolâtrie et notamment du culte de Baal

Si vous ne tenez pas ferme vous ne serez pas affermis Esaïe 7. 9

 

L'actualisation de leurs textes est possible et heureuse pour nous aujourd'hui. Leur message semble convenir particulièrement à notre époque où l'on conçoit volontiers, comme eux, une Présence divine universelle, faisant surgir des réalités nouvelles et inattendues du chaos ; dynamisme cosmique qui n'est pas lié, comme dans les théologies des VIIe et VIe siècles à un peuple particulier (ou une Église), à sa fidélité, à un système dogmatique élaboré.
A cette époque où le monothéisme n'est pas encore clairement affirmé, la doctrine de Dieu est, alors, davantage celle d'un champ d'énergie dynamique que celle d'un satellite espion...

 

- Le prophète Elie, qui n'a pas écrit lui-même, et dont l'histoire est rapportée en 1 Rois 18ss a vécu à cette époque. Alors que Baal tue Môt, dieu de la mort pour faire venir la pluie bienfaisante, Elie tue les prophètes de Baal et la pluie vient, prouvant ainsi que Baal appoorte la mort et non la vie.

 

Le prophète Osée

Quand Israël était jeune, je l'aimais, et j'ai appelé mon fils hors d'Égypte.
Mais ils se sont éloignés de ceux qui les appelaient ;
ils ont sacrifié aux Baals, et offert de l'encens aux idoles.
C'est moi qui ai guidé les pas d'Éphraïm, le soutenant par ses bras.
Et ils n'ont pas reconnu que je les soignais.
Je les ai tirés avec des liens d'humanité, avec des chaînes d'amour.
Je fus pour eux comme celui qui tient un nourrisson contre sa joue,
je lui donnais sa nourriture.
Osée 11. 1

 

Le prophète Amos

Écoutez ceci, vous qui dévorez l'indigent, et qui ruinez les malheureux du pays !
Vous dites : Quand la nouvelle lune sera-t-elle passée, afin que nous vendions du blé ?
Quand finira le sabbat, afin que nous ouvrions les greniers ?
Nous diminuerons la mesure, nous augmenterons le prix, nous falsifierons les balances pour tromper ;
Puis nous achèterons les misérables pour de l'argent,
et le pauvre pour une paire de sandales.
Nous vendrons même la criblure du blé.
L'Éternel l'a juré par la gloire de Jacob :
Je n'oublierai jamais aucune de leurs oeuvres. La terre n'en frémit-elle pas ?
Amos 8. 4

 


 

Relectures du texte d'Amos

 

Les recueils des prophètes ont subi au cours des siècles une série de relectures. Voici ce que l'on peut penser, par exemple du texte d'Amos.

1. Une première édition du corpus a probablement vu le jour durant la seconde moitié du 8e siècle. Ce rouleau prophétique, à mettre vraisemblablement au compte des disciples d'Amos, s'ouvrait sur l'oracle contre Israël et s'achevait par la cinquième vision, tous deux annonçant un tremblement en écho à la suscription première du livre (Am 1,1). Dans cette collection initiale de « Paroles d'Amos de Téqoa », se fait jour sa prédication de jugement à l'encontre de la classe possédante de Samarie.

 

2. Entre la chute de Samarie et la destruction de Jérusalem, le livre d'Amos a été transféré en Juda, dans le Royaume du Sud, où une partie de la population samaritaine s'était réfugiée. Les porteurs du rouleau ont alors jugé nécessaire d'actualiser les annonces de malheur, au vu des événements survenus (Am 3,3-6.8 ; 5,3.27 ; 6,7, etc.).

 

3. Une deuxième relecture significative a dû être entreprise au lendemain de la déportation des élites judéennes à Babylone. Cette édition exilique du corpus amosien est notamment identifiable dans le cantique contre les nations (Am 1,3-2,16), en Am 4,6-12, ainsi que dans le cycle visionnaire (Am 7,1-3.4-6.7-8 ; 8, 1 -2).

 

4. A notre avis, le corpus amosien témoigne également de retouches postexiliques (époque perse). Ainsi, I'ample polémique développée à l'encontre des sanctuaires du Nord, particulièrement de Béthel (Am 3,13-14 ; 4,4-5 ; 5,4-6a.14 ; 7,10-17), pourrait avoir été intégrée au recueil durant cette époque marquée par un sentiment anti-samaritain croissant

 

Thomas Römer
Introduction à l'Ancien Testament
Labor et Fides, 2004



Le prophète Ésaïe

Écoutez la parole de l'Éternel, chefs de Sodome !
Prête l'oreille à la loi de notre Dieu, peuple de Gomorrhe !
Qu'ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? dit l'Éternel.
Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux.
Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs.
Quand vous venez vous présenter devant moi,
qui vous demande de souiller mes parvis ?
Cessez d'apporter de vaines offrandes :
J'ai en horreur l'encens, les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ;
je ne puis voir le crime s'associer aux solennités.
Mon âme hait vos fêtes ; elles me sont à charge ; je suis las de les supporter.
Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ;
quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas :
Vos mains sont pleines de sang.
Lavez-vous, purifiez-vous, apprenez à faire le bien, recherchez la justice,
protégez l'opprimé, faites droit à l'orphelin, défendez la veuve.
Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ;
s'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine.
Esaïe 1. 10

 

 

« Prophéties »

 

Les ténèbres ne régneront pas toujours sur la terre où il y a maintenant des angoisses :
Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière ;
sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort une lumière resplendit.
Car un enfant nous est né, un fils nous est donné,
on l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix.
Ésaïe 9.1

 

 

Ésaïe s'adresse à la Samarie du VIIIe siècle av. J.-C ; il annonce la venue imminente d'un sauveur sans que l'on puisse préciser s'il parlait d'un nouveau fils du roi ou peut-être de son propre fils. Il ne faisait pas allusion à Jésus-Christ qui devait naître huit cents ans plus  ; mais ces paroles ont repris vie lorsque les évangélistes ont voulu rendre compte du ministère du Christ, comme elles ont rempli d'espérance bien d'autres générations de croyants jusqu'à notre propre époque.

Les prophètes ne sont pas ceux qui révéleraient un avenir décidé à l'avance. Dieu ne fixe pas un destin immuable comme on le dit dans l'Islam ou dans certains horoscopes. Rien n'est « écrit ». Un prophète est un homme qui est sensible à la présence divine, qui sait en rendre compte, et dont les paroles sont écoutées, reçues, mises par écrit et transmises.

 

Puis un rameau sortira du tronc de Jessé,
l'Esprit de l'Éternel reposera sur lui :
Il jugera les pauvres avec équité, la justice sera la ceinture de ses flancs,
et la fidélité la ceinture de ses reins...
Le loup habitera avec l'agneau, et la panthère se couchera au côté du chevreau ;
le veau, le lionceau, et le bétail seront ensemble et un petit enfant les conduira.
La vache et l'ourse auront un même pâturage, leurs petits un même gîte ;
et le lion, comme le b�uf, mangera du foin.
Le nourrisson s'ébattra sur le nid du cobra,
le jeune garçon mettra sa main sur le trou de la vipère.
Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte ;
car la terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel,
comme le fond de la mer est rempli par les eaux qui le couvrent.
En ce jour, le rejeton de Jessé sera comme une bannière pour les peuples ;
les nations se tourneront vers lui et la gloire sera sa demeure.
Esaïe 11. 6

 

 

Le culte cananéen de Baal

 

Baal est le dieu sauveur de la nature, de sa fécondité.

Dieu de l'eau, il lutte contre Yam, dieu de l'eau salée, du désordre, du chaos.
Dieu de la vie, il lutte contre Môt, dieu de la mort : Môt fait que le soleil brûle tout et Baal arrose sans relâche. Baal meurt en juin et la nature se dessèche. Il ressuscite en automne, tue Môt et reprend son activité créatrice.

Le culte de Baal est participation passionnée et émotionnelle aux forces de la nature par des rites et des prières. Essentiellement « religieux » il est sans connotations éthiques. Le fidèle de Baal s'implique dans l'action du dieu qui agit indépendamment de lui.

Les prophètes bibliques ont un message fortement social et politique.Ils appellent les hommes à créer eux-mêmes le monde heureux et fraternel voulu par Dieu.

Certains passages de la Bible portent la trace des caractéristiques traditionnelles de Baal que les auteurs bibliques ont pensé pouvoir attribuer à Dieu :

C'est toi qui domines l'orgueil de la mer.
Quand ses vagues se soulèvent, c'est toi qui les apaises.
C'est toi qui écrases le monstre comme un cadavre
Psaume 89.10

Exemple d'une prière cananéenne

Que le cœur en fureur de mon Seigneur s'apaise
que le dieu, je ne sais lequel, s'apaise
que la déesse, je ne sais laquelle, s'apaise
que le dieu qui, dans sa colère, s'est détourné de moi, s'apaise
que la déesse qui, dans sa colère, s'est détournée de moi, s'apaise.
La faute que j'ai dû commettre, je ne la connais pas
j'ai dû enfreindre sans le savoir la volonté de mon dieu
j'ai dû toucher sans le savoir ce que réprouve ma déesse.
Mon Seigneur, mes fautes sont certainement nombreuses, grands sont mes manquements.
Mon Dieu, mes fautes sont certainement nombreuses, grands mes manquements.

 

Suite

 

Retour
Retour vers "Spiritualité"
Vos commentaires et réactions

 

haut de la page

 

 

Les internautes qui souhaitent être directement informés des nouveautés publiées sur ce site
peuvent envoyer un e-mail à l'adresse que voici : Gilles Castelnau
Ils recevront alors, deux fois par mois, le lien « nouveautés »
Ce service est gratuit. Les adresses e-mail ne seront jamais communiquées à quiconque.