|
Spiritualité
Dieu et la nature
1
Dieu de la
nature, des animaux
et... des
hommes

Cathédrale
épiscopalienne américaine de Paris
7 octobre 2006
Gilles
Castelnau
Psaume 104
Éternel, mon
Dieu, tu es infiniment grand ! Tu
t'habilles de splendeur et de
majesté
Tu conduis
l'eau des sources
dans les ruisseaux, elle se faufile entre
les montagnes.
Tous les animaux peuvent y venir boire et
l'âne sauvage y calme
sa soif.
Les oiseaux ont leur nid près de l'eau
et chantent à
l'abri du feuillage
C'est toi
qui fait pousser l'herbe
pour le bétail, et les plantes que les
hommes cultivent.
Ainsi la terre leur fournit de quoi
vivre.
Les
plus grands arbres ont
toute l'eau qu'il leur faut, les
cèdres du Liban, que tu a
plantés.
Les oiseaux y font leur nid, la
cigogne s'installe dans les
cyprès,
Les montagnes sont pour les bouquetins
et les rochers servent de
refuge aux damans.
Tu fais
tomber l'obscurité,
voici la nuit, c'est l'heure où les
bêtes des
forêts se mettent en mouvement
Les lionceaux rugissent après la
proie, ils comptent sur toi
pour leur nourriture.
Lorsque le soleil se lève, ils
returnent se coucher dans leur
tanière
Et l'homme sort de chez lui pour aller
à son travail, jusqu'au
soir.
Éternel, ton activité est
immense.
Voici la
vaste mer et les animaux
qui y vivent, les grands et les petits
Ils sont si nombreux qu'on ne peut les
compter.
Les navires la parcourent et le dragon
marin, le léviathan
que tu as inventé pour jouer avec lui.
Tous les animaux espèrent en toi, pour
que tu leur donnes leur
nourriture en son temps.
Tu la leur donnes, ils la prennent, tu
ouvres ta main, ils ont tout
ce qui leur faut
Tu te caches, ils sont terrifiés.
Tu reprends leur souffle, ils meurent
et retournent à la
poussière.
Tu envoies ton souffle et tu crées,
Tout est toujours nouveau
sur la terre.
.
Job 38.4
(L'Éternel
dit à
Job ...)
Où
étais-tu quand je
fondai la
terre ?
Dis-le, si tu as de
l'intelligence.
Alors que les
étoiles du matin
éclataient en chants
d'allégresse,
Et que tous les fils
de Dieu poussaient
des cris de
joie ?
.
Ce
que dit la
Bible
Devant
le temple une
la dame
guettait dans un
petit télescope
les faucons-crécerelle
qui nichaient sur la
façade du Louvre.
Dans le temple, le
culte se déroulait
avec ses prières
habituelles de
confiance en Dieu et
d'espérance en sa
présence.
Dieu était présent
auprès des fidèles qui
priaient comme il
l'était auprès des
oiseaux.
Jésus
a dit :
Ne
vend-on pas deux
moineaux pour un
sou ?
Cependant il n'en
tombe pas un à terre
sans votre Père
Matthieu 10.29
Certaines
traductions
croient devoir
préciser « sans
la volonté
de votre
Père »,
suggérant ainsi
que c'est Dieu
qui, par sa
volonté, fait
mourir les
oiseaux. Mais ce
n'est pas dans le
texte original.
Jésus dit tout
simplement que
lorsqu'un
moineau tombe à
terre Dieu
l'accompagne dans
sa chute. Dieu
est présent auprès
de lui comme il
l'est lorsqu'un
homme tombe.
C'est
ce que suggère
le
Psaume :
Les oiseaux font leur nid dans les
cèdres, la
cigogne
s'installe
dans les
cyprès,
Les montagnes
sont pour les
bouquetins et
les rochers
servent de
refuge aux
damans.
Tu amènes l'obscurité,
voici la nuit,
heure où
s'animent les
bêtes des
forêts
Les petits
lion rugissent
après la
proie, ils
attendent de
toi
leur
nourriture.
Puis le soleil
se lève, ils
se retirent et
vont se
coucher
dans leur
tanière.
Nous
avons souvent
dans nos
églises un
langage et une
piété trop
étriqués. La
Bible nous
montre la joie
de Dieu devant
la
magnificence
de sa
création.
C'est ainsi
que Job entend
Dieu
l'interpeller :
Où étais-tu quand je
fondai la
terre ?
Dis-le, si tu
as de
l'intelligence.
Alors que les
étoiles du
matin
éclataient en
chants
d'allégresse,
Et que tous
les fils de
Dieu
poussaient des
cris de
joie ?
J'y pensais
en visitant au
muséum
d'histoire
naturelle les
traces des
immenses
plantes
magnifiques
que
Dieu faisait
pousser il y a
des dizaines
de millions
d'années
et qui
servaient de
nourriture aux
seuls
dinosaures.
Dieu n'avait
alors pas de
péchés à
comptabiliser
et sa seule
occupation
- pour
ainsi
dire -
était de se
réjouir avec
les fils de
Dieu et les
étoiles du
matin
de la vie de
ces étonnantes
bêtes qu'il
avait
créées pour sa
joie.
Dieu
des plantes,
Dieu des
dinosaures, Dieu des anges et des étoiles du
matin.
On est loin de la conception
d'un Dieu
surtout attentif à surveiller la
conduite des hommes, faisant
basculer dans sa
« colère toute vie dans
la « Chute
à cause du « péché »
d'Adam et focalisant toute l'histoire du
monde sur
le
« salut » des
hommes centré sur la « croix » de
Jésus.
D'ailleurs le théologien
californien Matthew Fox proposait de ne
plus dire « péché
originel »
mais « grâce
originelle ».
Cet enthousiasme cosmique pour la
création fait référence au saisissement
que l'on
éprouve devant l'immensité de l'océan,
le rouge
des couchers de soleil, la pureté de la
montagne, la vie des
forêts et des champs, la diversité, la
beauté,
les couleurs des animaux et des plantes.
Même à Paris on peut contempler
le ciel et sa beauté, devant ce temple
une femme guette les
faucons crécerelle qui nichent dans la
façade du Louvre
(il y en a 30 couples à Paris) et
les fleurs des jardins
publics sont parmi les plus belles de
France.
Toutes ces bêtes, cette nature, devant
lesquelles les fils de
Dieu poussent des cris de joie et les
étoiles du matin
éclataient en chants d'allégresse...
C'est pourquoi je voudrais élargir
notre spiritualité et nous intéresser
davantage
à la grande œuvre de Dieu.
Le
Nouveau Testament parle moins des
animaux et de la
nature car les
persécutions
de l'Empire et la polémique avec la
Synagogue mettaient
l'Église primitive dans une situation
souvent tendue et
l'obligeait à d'autres préoccupations.
On peut tout de
même mentionner le cantique cosmique
entendu par le voyant de
l'Apocalypse :
Toutes les créatures
qui sont dans le ciel, sur la terre,
sous la terre, sur la mer
je les entendis qui disaient :
« A celui qui est assis sur le
trône, et à
l'agneau,
soient la louange, l'honneur, la
gloire, et la force,
aux siècles des
siècles ! »
Apocalypse 5.11-14
Jean commence
son évangile en
affirmant :
Tout a été fait
par la
Parole, rien n'a été fait sans
elle. Jean 1. 3
Paul
parle de Dieu aux
Athéniens, non
pas comme
gardien de la morale ou
organisateur tout-puissant des
événements du monde mais comme
Dieu de la
vie :
Il donne
à tous la vie,
le souffle et toutes choses...
en lui nous avons la vie, le
mouvement et l'être.
Actes 17.25
et 28
Et
dans l'épître aux
Colossiens :
Le Fils
de Dieu est le premier
né de toute la création.
En lui, tout a été créé
dans les cieux et
sur la terre,
tout a été créé par lui
et pour lui.
Col 1.15
.
Albert
Schweitzer
décrit ainsi
sa compréhension du sens
de la
vie :
Nous
naviguions lentement
sur le
fleuve. Nous
avancions dans la
lumière du soleil
couchant, en
dispersant au
passage une bande
d'hippopotames,
soudain apparurent
à mon esprit, les
mots « Je
suis vie qui veut
vivre parmi
d'autres
vies qui veulent
vivre »
Parler du Dieu de la
vie tel que la Bible
nous le présente nous
situe dans une autre
atmosphère
que penser au « Dieu
de la
justice et de la
rétribution » des
divers puritanismes.
Albert
Schweitzer disait
encore :
Lorsque
par un sombre soir
d'hiver les
chevaux ne
parviennent pas,
en raison de la
glace et de
la neige à grimper
la voûte d'un pont
et qu'apparus
à côté de la
voiture, des
passants
spontanément
donnent un coup de
main en poussant,
ne vous
semble-t-il pas, à
vous qui avez
participé à la
scène, que la
ténébreuse nuit
d'hiver se dissipe
et que poursuivant
votre chemin vous
marchez maintenant
dans une
autre nuit, plus
claire, plus
belle ?
Une
spiritualité
renouvelée
Je
suis
naturellement
d'accord avec
ceux
qui pensent
que centrer toutes
ses
préoccupations sur
son petit chien, le
nourrir de
croquettes
dont des millions
d'affamés du
Tiers-Monde
aimeraient se
rassasier et
l'habiller d'un
petit paletot s'il
fait un peu froid
manifeste un
dramatique
rétrécissement de
l'esprit.
Mais aimer la
nature et les bêtes
ne
nous empêche en rien
d'aimer notre
prochain comme
nous-même !
Et s'il est vrai
que les tragédies du
monde et les
malheurs des hommes
dont nous parlent
quotidiennement
les médias sont tout
de même plus
importants que les
malheurs des
animaux, je
répondrai que Dieu a
manifestement le
coeur assez grand
pour donner la vie à
« tout
ce qui
respire »
et les aimer
tous. Nous aussi
avons le coeur assez
grand.
Cette pensée
biblique qui nous
ouvre
de vastes horizons,
nous situe avec
Dieu, les animaux,
la nature et
toute la création
dans le grand fleuve
de la vie qui se
meut,
naît, se développe,
souffre, vit et
meurt pour
renaître, élargit
notre vision du
monde et de nos vies
qui manque parfois
de souffle et tourne
dans un petit rond
finalement
peu enthousiasmant.
Conséquences
Loups,
ours.
Nos contemporains
aspirent à une
redécouverte de la
Nature, signe d'une
vision nouvelle du
monde, des animaux
et finalement... de
l'humanité.
Alors qu'au 16e
siècle on
était
fondamentalement
préoccupé du salut
éternel de son âme
et de ne pas
offenser Dieu, il me
semble qu'en notre
21e
siècle
nous sommes plutôt
saisis par la
question : que
signifie
« vivre dans
le
monde et
comprendre la
nature » !
J'en veux comme
exemple le sentiment
d'approcher la joie
de la nature que
donne à nos
contemporains
- à commencer
par nos
ministres - la
présence
des ours dans les
Pyrénées et des
loups dans les
Alpes.
On ne les voit
jamais mais on sait
qu'ils sont là.
Malgré les réactions
- bien
compréhensibles -
des bergers...
Les
animaux
d'élevage.
La crise de
la
« vache
folle »
a suscité
un malaise quant à
la façon dont nous
traitons les
animaux d'élevage.
Elle a révélé
quelque
chose s'était rompu
dans les relations
que l'humanité
entretient depuis
des siècles avec ses
animaux
domestiques.
L'obligation de « produire »,
dont souffrent le
éleveurs, traite les
animaux comme des « produits »
dont il faut
améliorer le
rendement.
L'élevage
traditionnel
traitait l'animal en
tenant compte des
formes de hiérarchie
existant à
l'intérieur de
tout troupeau. On
prenait soin des
bêtes. Les volailles
ne sont
plus dans les cours
de ferme et les
vaches rarement dans
les
prés. On commence à
découvrir que la
nature
existe, on découvre
la communauté de vie
de tous les
êtres, unis dans la
joie créatrice de
Dieu.
Cathédrale
épiscopalienne
américaine de
Paris
7 octobre 2006
Célébrations
avec
des animaux.
Le pasteur Andrew
Linzey, d'Oxford,
pratique ces
célébrations où
les animaux sont
invités. Le Père
Ronald Cosic dans
l'Église
catholique
Sainte-Jeanne-d'Arc
de Meudon
(dimanche 8
octobre 2006, à
15h) le fait aussi
ainsi que la
cathédrale
américaine de
Paris (samedi 7
octobre 2006
à 11 h,
avenue
George V) et
l'Église
catholique
dissidente du Père
Philippe (dimanche
5 novembre
2006,
15 h 30,
Sainte Rita, 27
rue François
Bonvin,
Paris). Ailleurs
aussi sans doute.
Même si l'on peut
sourire de telles
initiatives et se
demander si les
liturgies
ecclésiastiques
sont vraiment le
lieu
d'épanouissement
des animaux, il
demeure
qu'elles sont un
symbole fort du
partenariat des
hommes avec les
animaux sous le
regard amusé et
heureux de Celui
qui est le
Dieu de tous.
Beaucoup de gens
qui aiment leurs
animaux se
permettent de
penser que Dieu en
fait autant !
Andrew
Linzey
estime que ces
célébrations
impliquant
des animaux
fournissent
l'occasion
d'exprimer des
vérité
théologiques
fondamentales
comme la
contemplation
émerveillée de la
création divine,
la prise de
conscience de
l'amour de Dieu
pour tous les
êtres
du monde et
l'incitation à y
entrer nous aussi
et aussi, bien
sûr, la nécessité
de nous repentir
de notre
prétention et de
notre avidité dans
l'exploitation
abusive du monde
animal.
De plus,
les gens qui ont
des animaux,
font fréquemment
la découverte
élémentaire mais
néanmoins
profonde, que
ceux-ci
ne sont ni des
machines ni des
marchandises
anonymes, mais des
êtres ayant reçu
de Dieu une vie,
une
individualité et
une personnalité
propres. C'est ce
genre de
découverte qui
peut nous aider à
progresser
dans la
connaissance
mutuelle avec nos
prochains, dans le
partage et
l'altruisme.
Loin de dénigrer
ces
célébrations en
les qualifiant,
comme c'est trop
fréquemment le
cas, d'obsession,
de sensiblerie et
d'exagération, les
Églises pourraient
s'appliquer
à en montrer la
signification
théologique et
l'exemple
qu'elles donnent
de l'amour divin.
On objecte
fréquemment le
désordre que
provoquent les
animaux dans les
célébrations. Mais
leur présence a
une profonde
importance
symbolique, à
laquelle
l'assistance est
généralement
sensible : c'est
le retour du monde
de la
Nature que les
théologiens
avaient exclu ;
c'est une occasion
concrète d'entrer
dans la louange
avec toute la
création.
Et le
bruit ? Même
lorsqu'un
aboiement
interactif se fait
entendre (et cela
arrive), je fais
souvenir aux
fidèles que si
saint François
d'Assise a
pu prêcher aux
oiseaux, Andrew
Linzey peut bien
se laisser
interpeller par un
chien !
Retour
vers Dieu et
la
nature
Retour
vers
"spiritualité"
Vos
commentaires
et réactions
haut de
la page
|