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Les fondamentalistes et les athées

nous les aimons

 

Fundamentalists and the Atheists Who Love Them

 

 

Ross Douthat

Journaliste religieux au New York Times

 

 

 

5 décembre 2011

D’une manière générale j’essaye d’éviter d’écrire à propos de Pat Robertson et de Richard Dawkins car leur prêter attention ne fait que les encourager. Mais l’article de Dawkins Haïti et l’hypocrisie de la théologie chrétienne met en cause les chrétiens modérés qui choqués par l’idée du télévangéliste que le tremblement de terre d’Haïti a été une punition divine. Et ceci illustration l’étroite relation que les athées entretiennent avec les fondamentalistes.

Je cite Dawkins :

Quelque détestables que soient incontestablement ses idées, Robertson se tient toujours au centre du christianisme. Les théologiens de la théodicée qui disent que la souffrance est un insoluble « mystère », qui « reconnaissent l’œuvre de Dieu » dans les dons et la bonne volonté qui affluent maintenant sur Haïti, ou qui affirment (ce sont les plus écœurants) que Dieu « souffre sur la croix » dans les ruines de Port-au-Prince, ces hypocrites faussement désolés récusent le cœur même de leur propre théologie. 
Le vrai chrétien est bien cet odieux Pat Robertson.

Où était Dieu lors du Déluge de Noé ? Il noyait systématiquement le monde entier, les animaux comme les hommes, pour les punir de leur « péché ».

Où était Dieu quand Sodome et Gomorrhe étaient consumées par le feu et le soufre ? Il passait en délibérément les citoyens au barbecue en punition pour le « péché ».

Cher chrétien moderne, éclairé, à la théologie sophistiquée, votre religion tout entière est fondée sur une obsession du « péché », de la punition et du salut.

Comment aurez-vous l’effronterie de condamner Pat Robertson alors que vous avez mis au cœur de votre théologie l’odieuse doctrine de l’incarnation de Jésus torturé comme le bouc émissaire pour le « péché » de l’humanité passée, présente et future…

Et son article continue dans la même veine. Dawkins a évidemment raison de dire que la chrétienté insiste lourdement sur le péché, le salut et – c’est aussi vrai – sur la possibilité d’être damné. Mais en tirer la conclusion que les chrétiens interprètent obligatoirement les désastres de ce monde comme des punitions divines pour des péchés spécifiques est une autre question.

Consultons l’autorité théologique incontestable qu’est la Bible (les passages en gras le sont à mon initiative).

Je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. (Matthieu 5.44-45).

En ce même temps, quelques personnes qui se trouvaient là racontaient à Jésus ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices. Il leur répondit :
Croyez-vous que ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu'ils ont souffert de la sorte ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également.
Ou bien, ces dix-huit personnes sur qui est tombée la tour de Siloé et qu'elle a tuées, croyez-vous qu'elles fussent plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également. (Luc 13.1-5)

Il leur proposa une autre parabole, et il dit : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla.
Lorsque l'herbe eut poussé et donné du fruit, l'ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire :
- Seigneur, n'as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ? Il leur répondit :
- C'est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent :
-  Veux-tu que nous allions l'arracher ?
Non, dit-il, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et, à l'époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier. (Matthieu 13.24-30)

Ce textes souligne fortement le poids du péché et la menace d’un châtiment ultime. (Richard Dawkins dira que c’est « odieux »).

Mais Jésus a aussi souligné fortement l’idée qu’il ne faut pas interpréter les vicissitudes de la vie comme des occasions où Dieu distingue les gagnants et les perdants, où il punit les pécheurs particulièrement scandaleux : Jusqu’à « la moisson » le blé et l’ivraie poussent ensemble, la pluie tombe pareillement sur les justes et les injustes et les survivants des désastres naturels sont soumis au jugement comme ceux qui ont péri.

Il est vrai que beaucoup de récits de la Bible – dont Sodome et Gomorrhe – correspondent plus précisément avec ce que Dawkins appelle le « véritable christianisme » de Pat Robertson. Mais il est important de souligner que la religion chrétienne n’est pas identique à la Bible. Elle est une foi « basée » sur la Bible lue à la lumière de la raison et (c’est ce que croient les chrétiens) sous l’inspiration du saint Esprit. Les catholiques soulignent l’autorité de l’Église pour l’interprétation de l’Écriture et les protestants parlent plutôt de l’autorité du croyant individuel. Mais l’un et l’autre rejettent la conception fondamentaliste selon laquelle aucune interprétation n’est nécessaire car chaque passage est également transparent et chaque histoire a la même importance.

Ainsi le Catéchisme de l’Église catholique :

« ... la foi chrétienne n’est pas une « religion du livre ». Le christianisme est la religion de la « Parole » de Dieu, qui n’est pas « une parole écrite et muette mais la Parole incarnée et vivante ».
Si les Écritures ne sont pas destinées à demeurer une lettre morte, le Christ, éternelle Parole du Dieu vivant, doit ouvrir nos esprits par l’Esprit saint, afin que nous comprenions les Écritures [...]
Dans l’Écriture sainte, Dieu parle à l’homme de manière humaine. Pour interpréter l’Écriture correctement, le lecteur doit être attentif à ce que l’auteur humain a voulu dire et à ce que Dieu veut nous révéler par ses mots. [...]
Afin de découvrir l’intention de l’auteur sacré, le lecteur doit prendre en compte son époque et sa culture, le genre littéraire qu’il a utilisé et les manières de sentir, de parler et de raconter courants en sont temps. En effet, la vérité est présentée et exprimée différemment dans les différentes sortes de textes, historiques, prophétiques, poétiques et autres ».

De même la Confession de Westminster d’inspiration protestante, note cette mise en garde à propos de l’interprétation de l’Écriture :

Tout le Conseil de Dieu, c'est-à-dire tout ce qui est nécessaire à la gloire du Seigneur ainsi qu'au salut, à la foi et à la vie de l'homme, est expressément consigné dans l'Écriture ou doit en être déduit comme une bonne et nécessaire conséquence [...]
Néanmoins, nous reconnaissons que l'illumination intérieure de l'Esprit de Dieu est nécessaire pour une compréhension à salut de ce qui est révélé dans la Parole [...]
Tout dans l'Écriture n'est pas également évident, ni également clair pour tous [...]
C'est pourquoi, lorsque se pose une question au sujet du sens véritable et complet d'un texte quelconque de l'Écriture (qui n'est pas incohérente mais une), la réponse doit être cherchée et trouvée à l'aide d'autres textes plus clairs

C’est pourquoi il est raisonnable de croire que les passages des évangiles cités ci-dessus sont « plus clairs » que, disons, ceux de Sodome et Gomorrhe, lorsqu’il est question de savoir si les événements d’Haïti doivent être interprétés comme la punition de Dieu pour un péché (imaginaire) commis au 18e siècle.

C’est ainsi que raisonnent de nombreux théologiens, anciens et modernes, protestants et catholiques. Et le fait que Richard Dawkins et Pat Robertson soient tous deux également en désaccord avec cette conception, en dit long sur la collusion du nouvel athéisme et du fondamentalisme. Les nouveaux athées sont imprégnés de l’idée qu’un littéralisme stupide serait la forme la plus véritable de la foi et que celle-ci n’est représentée que par des fous et des fanatiques convaincus que la religion est forcément cruelle, sectaire et intellectuellement nulle.

Traduction Gilles Castelnau

 


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