Matthew Fox
prêtre de l’Église épiscopalienne de Californie
traduction Gilles Castelnau
Comme promis lors de notre lancement il y a six ans, l’objectif de mes méditations quotidiennes est de nous aider à penser l’actualité dans un esprit de prière et de ne pas simplement la déplorer.
Cet objectif s’est renforcé en raison de la terreur que notre gouvernement fait régner dans nos rues.
Hier, dans un restaurant, notre voisin de table s’est joint à notre conversation pour raconter que des agents de la Police fédérale ont fait irruption dans une école d’Oakland, en Californie, et ont emmené de force des enfants et leurs parents : c’est quotidiennement que l’horreur décrétée à Washington se manifeste dans les villes du pays.
En effet, des manifestations se multiplient contre les rafles de l’ICE (la Police fédérale) et les opérations d’expulsion à Chicago, dans l’Illinois (ville natale du pape Léon XIV).
Il existe des formes diverses et variées de résistance à la dérive autoritaire de l’actuelle Maison-Blanche, du Parti républicain, de la Cour suprême et des médias contrôlés par les milliardaires.
En voici un exemple encourageant :
Titre : « Le pape Léon XIV dénonce avec véhémence le programme “extrêmement irrespectueux” de Trump »
Sous-titre : « Le pape a intensifié ses critiques à l’égard de la politique d’immigration de l’administration Trump. »
« Le premier Pape américain a lancé une nouvelle salve contre Donald Trump au sujet de la politique d’immigration de son administration, il semblerait que neuf personnes sur dix arrêtées lors de la campagne anti-migrants soient des catholiques d’Amérique latine. »
Récemment, la Conférence des évêques catholiques américains a publié un « message spécial » ce qui n’est pas fréquent : le dernier remontait à douze ans et une telle annonce requiert une majorité des deux tiers des évêques. Ce type d’unanimité faisait défaut depuis longtemps, car une pluralité d’évêques, y compris les dirigeants de la Conférence, sont influencés par l’Opus Dei et se préoccupent davantage du contrôle du corps des femmes que de la lutte contre les atteintes à l’environnement, les féminicides, les atteintes à la démocratie, le capitalisme débridé ou la limitation des intérêts des ultra-riches.
Ce « message spécial » des évêques a été adopté par 216 voix contre 5I et stipulait : « Nous nous opposons aux expulsions massives et indiscriminées de personnes. »
Les évêques se sont ainsi ralliés au pape Léon XIV, qui avait dit : « Il nous faut trouver des moyens de traiter les gens avec l’humanité et la dignité qui leur sont dues. Si des personnes se trouvent illégalement aux États-Unis, il existe des lois, il y a des tribunaux. Nous avons un système judiciaire […] Quand des personnes ont mené une vie exemplaire – souvent pendant 10, 15, 20 ans – les traiter d’une manière pour le moins extrêmement irrespectueuse, et parfois violente, est profondément choquant. »
Il faut, bien entendu, doter les tribunaux des moyens nécessaires et d’un nombre suffisant de magistrats, ce qui va à l’encontre des décisions actuellement prise par l’administration Trump.
Je n’ai pas entendu le vice-Président J.D.Vance, qui se dit catholique, réagir à la critique du Pape. Mais les récentes élections et les sondages révèlent que les électeurs hispaniques qui ont voté pour lui en 2024 en éprouvent de sérieux regrets et les élections législatives de l’année prochaine pourraient donner des résultats très différents.
Une autre forme de résistance est apparue cette semaine avec la diffusion d’un documentaire retraçant l’histoire complète de la naissance de l’Amérique et le caractère unique de la Révolution américaine. Il est essentiel de rappeler cette histoire aujourd’hui où nous assistons à la discréditation de la démocratie : en témoignent les discours de soutien à la vice-présidence de Peter Thiel dont la Société Palantir engrange des milliards grâce à la technologie d’espionnage qu’elle vend au Département de la Défense et que celui-ci utilise contre les citoyens américains et les immigrants.
Thiel, à l’instar de son ami milliardaire Elon Musk, est lui-même un immigrant qui rejette la démocratie comme voie d’avenir. Il souhaite que des milliardaires de la Silicon Valley, comme lui, dirigent le pays, au détriment des citoyens qui votent.
Le Président, la Cour suprême et le Congrès républicain, de mèche avec eux, feraient bien de tirer des leçons des idéaux et des sacrifices des premiers Américains : Se souvenir de la Révolution américaine et de son but est aussi une forme de résistance.
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