Angela Tilby
Article de Church Times, hebdomadaire de l’Église d’Angleterre
2 mai 2025
Traduction Gilles Castelnau
Dans une récente interview sur Fox News, le président Trump a affirmé que les droits de douane qu’il décidait « rendraient l’Amérique si riche qu’elle ne saurait plus comment dépenser son argent ». Mais ils ont, en réalité, provoqué une chute de 500 points de l’indice Dow Jones et la confusion et le chaos dans le monde des banques. Cette incitation à la rapacité pure a provoqué un retour à la réalité, qui n’est toujours pas résolu, alors qu’en fait le président change déjà de cap en annonçant conclure de « beaux accords » avec certains partenaires commerciaux.
Ce qui me semble le plus choquant dans les propos du Président est son éloge de la rapacité. Le désir d’enrichissement illimité a toujours été mal vu dans le monde occidental. Le poète romain Ovide ridiculisait le roi Midas qui avait voulu transformer tout ce qu’il touchait en or, ce qui l’avait évidemment empêché de saisir nourriture et boisson.
S’il est vrai que la Bible qualifie parfois la richesse de bénédiction, elle condamne systématiquement la rapacité qu’elle considère aussi dangereuse que la luxure ou la colère. L’idéal occidental, chrétien ou laïc, a toujours été la sobriété.
Certes, le Président Trump bénéficie du soutien de nombreux évangéliques, pour qui la course à la richesse est purifiée dans « la théologie de la prospérité ». Celle-ci promeut, d’ailleurs, la nécessité d’utiliser une partie de la richesse acquise au service de l’Évangile.
Margaret Thatcher a été critiquée pour avoir dit « l’ambition est bonne ». Alors même que ses efforts en faveur du développement de la richesse étaient cadrés par sa conception protestante traditionnelle de la participation au bien commun et qu’elle exprima sa déception lorsqu’elle constata que ce n’était pas le cas de sa politique économique.
Les propos du président Trump s’adressent à ses partisans dont il a, lui-même, provoqué des pertes financières en leur promettant qu’ils seront « si riches qu’ils ne sauront plus comment dépenser leur argent. »
En observant le Président aux funérailles du pape, dans son costume bleu de style « M’as-tu vu ? », je me demandais s’il écoutait vraiment l’homélie du cardinal Re sur l’amour que le pape François exprimait pour les pauvres et les opprimés. Et je me souvenais de sa critique de l’homélie de la Rev. Mariann Edgar Budde, évêque de Washington, lors de la cérémonie d’investiture, qui condamnait sa politique d’immigration.
Mais j’ai l’impression qu’il n’écoute rien. Il a la Droite chrétienne dans sa poche et, malgré ses 78 ans, n’exclut pas un troisième mandat.
Bien sûr, finalement, sa rapacité se retournera contre lui. Catherine Belton, ancienne correspondante du Financial Times à Moscou, a démontré en 2021 dans son livre « Putin’s People » (le monde de Poutine) qu’à partir des années 1970, Trump a eu ses lucratives opérations immobilières soutenues financièrement par des responsables russes liés au KGB. Aurait-il déjà vendu les États-Unis à son plus grand rival ?
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